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Le régime parlementaire belge de 1918 à 1940
HOJER Carl-Henrik - 1946

HÖJER Carl-Henrik, Le régime parlementaire belge de 1918 à 1940

(Edition originale parue en 1946. Réédition parue en 1969 à Bruxelles, aux éditions du CRISP)

Préface

(page VII) Le but du présent ouvrage n'est pas de commenter la Constitution belge, mais de décrire, dans la mesure du possible, le régime parlementaire belge tel qu'il a fonctionné de 1918 à 1940. Nous n'avons pas pu traiter tous les aspects qu'il présente : nous avons insisté sur ce qui fait le mieux ressortir le caractère d'un régime parlementaire, à savoir la constitution et la démission des gouvernements.

Cette tâche pouvait se concevoir soit comme une analyse historique soit comme une analyse systématique. Les deux méthodes présentent des avantages et des inconvénients. La première, si elle fait sans aucun doute mieux voir le régime en action, si elle le fait saisir sur le vif, risque de noyer les questions de principe dans le flot des événements. La seconde, si elle en fait ressortir plus nettement les traits fondamentaux, risque de trop systématiser aux dépens du concret. Nous nous sommes servi d'une méthode mixte, bien qu'elle entraîne fatalement des redites, consacrant la plus grande partie du livre à un aperçu historique, mais essayant ensuite de dégager des conclusions d'ordre systématique.

L'ouvrage se divise en trois parties. Dans les deux premiers chapitres, nous avons tâché d'exposer sommairement les données principales de la question linguistique et les caractéristiques des partis politiques. Evidemment, les faits et les appréciations qui s'y trouvent anticipent sur les chapitres suivants. Si nous avons néanmoins choisi cette manière de procéder, c'est qu'une orientation préalable nous a paru nécessaire à la compréhension de l'évolution historique.

(page VIII) Nous avons ensuite consacré huit chapitres à l'analyse des gouvernements belges qui se succédèrent de 1918 à 1940, plus particulièrement à l'analyse des crises gouvernementales. Le premier de ces chapitres se rapporte en grande partie à une époque antérieure à notre sujet, mais la crise de Lophem, en novembre 1918, nous a semblé demander un chapitre à elle parce que, d'une part, elle a joué un rôle considérable dans le débat politique en Belgique et que, d'autre part, elle est à la base même de l'évolution de l'après guerre.

Au sujet des chapitres historiques suivants, il faut souligner que nous n'avons la plupart du temps traité les questions politiques concrètes soumises au Parlement que dans la mesure dispensable à l'analyse du régime parlementaire ; dans bien des cas, nous n'avons mentionné qu'un certain aspect d'une question, ou qu'une certaine étape de son évolution.

Dans un dernier chapitre, nous nous sommes efforcé de dégager et d'analyser les facteurs fondamentaux du parlementarisme belge de l'entre deux guerres.


Quelques remarques s'imposent au sujet de notre documentation.

Les ouvrages de Charriaut, de Barthélemy, de Reed, de Pirenne et de de Lichtervelde cités dans notre bibliographie nous ont servi d'introduction à la vie politique de la Belgique.

Il est naturel qu'il n'existe encore que des aperçus relativement brefs au sujet de l'histoire politique de l'époque qui nous occupe. Pour la marche générale des événements, nous avons. sans les mentionner chaque fois, profité des ouvrages de v an Kalken, de A. Mélot, de Vandervelde (dans son histoire du P. O. B.) ainsi que des rapports que le Conseil général présente chaque année au congrès du P. O. B.

(page IX) Les mémoires et la correspondance des chefs politiques, et des biographies critiques manquent encore pour l'entre deux guerres, ou peu s'en faut. Il n'y a guère que les Souvenirs de Vandervelde, qui s'arrêtent en 1919, les Mémoires de Woeste, qui se terminent en 1921, et, la veille de 1939, les souvenirs de de Man. De nombreux livres furent consacrés au Roi Albert au lendemain de sa disparition, qui, d'une façon générale, ont le caractère d'un hommage rendu à un Souverain bien-aimé, et qui n'éclairent guère son rôle politique. L'ouvrage de Cammaerts donne en quelque sorte un summing up de ce qui a paru, en même temps qu'il présente l'image que les Belges se faisaient de leur Roi.

Nous avons puisé notre documentation avant tout dans les Annales parlementaires, d'une part, et, de l'autre, dans des revues, et dans des articles et notices de la presse.

Nous avons systématiquement utilisé les chroniques politiques de La Revue Générale, dues à A. Mélot et, plus tard, de la Vallée-poussin et à de Lichtervelde, ainsi que celles qui sont signées Taeda dans Le Flambeau et celles de Dumont et Garsou dans la Revue Politique et Parlementaire.

Notre source principale, c'est toutefois la presse, plus particulièrement Le Soir de Bruxelles que nous avons suivi de 1918 à 1940. Ce journal offre au chercheur deux avantages. Dune part, ses informations politiques ainsi que sa revue de presse sont abondantes en temps de crise, et ses comptes rendus de réunions et de conférences politiques, nombreux ; d'autre part, lui-même neutre en matière politique, Le Soir ouvre chaque semaine sa Tribune libre (qui remplace l'article de tête des journaux politiques) à des représentants particulièrement qualifiés des catholiques conservateurs, des catholiques démocrates, des libéraux et des socialistes. Tout au long de l'entre deux guerres, un Carton de Wiart, un Crokaert, un Tschoffen, un van Overbergh, un Devèze, un Masson, un Hymans, un Coulonvaux, un Destrée, un Bertrand ont commenté régulièrement l'évolution politique, chacun du point de vue de son parti. La lecture du Soir (page X) correspond donc, en un sens, à celle de quatre journaux. Il faut ajouter qu'en temps de crise, bien des personnalités politiques ont fait des journalistes les confidents de leurs espoirs et de leurs déceptions. Nous avons aussi en général utilisé, en temps de crise, les correspondances bruxelloises du Temps de Paris. Au cours de nos séjours d'étude en Belgique - de novembre 1936 à juin 1937 et du mois de juin au mois d'août 1939 - nous avons suivi le cours des événements dans La Libre Belgique, dans L'Indépendance Belge, dans Le Soir, dans La Dernière Heure et dans Le Peuple.

En citant ou en résumant les communiqués officiels, les débats, les ordres du jour et les résolutions des partis et des groupes politiques, nous nous appuyons, à quelques exceptions près, sur Le Soir ; pour les périodes que nous avons passées en Belgique, nous nous sommes quelques fois servi d'un autre journal ; pour ce qui est des congrès du P. O. B. au sujet de la question de Burgos en 1938-39, nous avons utilisé Le Peuple.

Nous avons mentionné, dans notre bibliographie, en plus des ouvrages que nous avons cités dans les notes, un certain nombre de livres qui, tout en se rapportant des problèmes que nous n'avions pas à traiter directement, nous ont éclairé sur certains aspects de la vie politique belge.

Avant de terminer ces remarques, mentionnons un détail technique : les auteurs belges ont un usage assez personnel des lettres majuscules, usages que nous avons essayé de respecter dans nos citations tandis que nous normalisions l'emploi de la majuscule dans notre texte.


A l'occasion de nos séjours en Belgique ainsi que lors d'une courte visite au début de cette année, nous avons pu obtenir des renseignements et des éclaircissements précieux auprès de personnalités politiques, de savants et de hauts fonctionnaires ; sur quelques points importants, nous avons indiqué que nous nous appuyons sur de tels renseignements.

Nous prions ici le comte H. Carton de Wiart, ministre d'Etat, M. F. van Cauwelaert, ministre d'Etat. M. le ministre (page XI) A. Devèze, ministre d'Etat, le comte Lippens, ministre d'Etat, M. C. Huysmans, ministre d'Etat, M. le ministre H. Vos, M. le ministre A. Wauters, le comte L. de Lichtervelde, M. E. Maes, greffier du Sénat, M. G. Pulings, directeur général des services de la questure du Sénat, M. G.-J. Colsoul, directeur général des services de la questure de la Chambre des Représentants ainsi que M. J. Lespes, professeur à l'Université libre de Bruxelles, qui nous ont tous réservé le meilleur accueil en nous accordant les entretiens que nous avions sollicités, de bien vouloir agréer l'hommage de notre respectueuse reconnaissance. M. P. Hymans, ministre d'Etat, et M. H. Speyer, professeur à l'Université libre de Bruxelles, nous ont reçu avec une égale bienveillance ; l'expression de nos sentiments ne peut, hélas, plus les atteindre.

M. le ministre G. de Dardel et M. le ministre G. Hägglöf, anciens ministres de Suède à Bruxelles, nous ont donné de précieuses introductions au cours de nos séjours en Belgique, et nous les prions de trouver ici l'expression de notre respectueuse gratitude,


Avant de terminer, il m'est un devoir bien cher de présenter mes remerciements respectueux et amicaux à ceux qui m'ont aidé au cours de l'élaboration de cet ouvrage.

Ma profonde gratitude s'adresse en premier lieu à mon maître M. A. Brusewitz, Professor Skytteanus à l'Université d'Uppsala, qui a guidé mes études, qui m'a suggéré le sujet de ce livre et qui m'a prodigué ses encouragements et ses conseils, me faisant bénéficier de sa critique constructive. Mon ami, M. H. Tingsten, professeur à l'Université de Stockholm, a bien voulu discuter avec moi nombre de problèmes que j'ai rencontrés au cours de mon travail, et je garde un souvenir très reconnaissant de ces conversations. Mes remerciements vont aussi aux fonctionnaires de la bibliothèque du Parlement et à ceux de la Bibliothèque Royale, à Bruxelles, ainsi qu'à ceux de ma Bibliothèque du Riksdag, Stockholm, qui ont de bien des manières facilité mon travail ; (page XII il me faut en particulier mentionner le dévouement amical de M. l. Beskow, deuxième bibliothécaire à cette dernière institution, qui m'a laissé profiter de son érudition bibliographique.

La générosité de la Fondation Knut et Alice Wallenberg et celle de la Fondation Karl Staaf m'ont donné un appui matériel considérable dont je leur suis respectueusement reconnaissant.

Enfin, je remercie ma femme de tout le dévouement qu'elle a apporté à traduire mon manuscrit suédois. Il me faut souligner à ce que j'ai parfois remplacé une expression idiomatique dont je ne saisissais pas la portée exacte par une expression plus « traduite ». J'ai aussi introduit quelques termes politiques d'usage courant en Belgique.

Stockholm, mai 1946.

Carl-Henrik Höjer