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Frère-Orban de 1857 à 1896 (tome I : 1857-1878)
GARSOU Jules - 1946

Jules GARSOU, Frère-Orban de 1857 à 1896 (Tome I : 1857-1878)

(Paru à Bruxelles en 1946, aux éditions Vers l'Avenir)

(page 5) A MADAME PAUL HYMANS,

ce livre est respectueusement dédié.

Avant-propos

(page 7) II y a près d'un demi-siècle, à la fin de 1899, ma bonne étoile me fit faire la connaissance de Paul Hymans. Il songeait dès lors à écrire la vie de Frère-Orban. L'illustre homme d'Etat, frappé de l’intelligence exceptionnelle de son futur biographe. l'avait pris en affection et l’avait honoré de sa confiance. Il le considérait comme le prochain espoir du libéralisme alors profondément affaibli par la division, mais dont il n'avait jamais douté du relèvement, malgré l’ostracisme qui l’avait injustement meurtri à la fin de sa magnifique carrière. Paul Hymans, que le grand public ne connaissait pas encore, était pourtant à la veille de son entrée éclatante dans la vie parlementaire. Il cherchait un collaborateur pour le livre qu’il avait décidé de consacrer au grand chef libéral. Je lui fus indiqué par un ami commun et il me fit l’honneur de m'accorder son estime et son amitié. J'eus la bonne fortune de répondre à son attente. Ainsi commença cette longue et cordiale intimité, charme de mon âge mûr et souvenir attendri de ma vieillesse. Interrompue quelques années par la première invasion, elle s’est, hélas !, brisée en 1940-41 par une seconde catastrophe publique et privée. qui ne fut pas sans précipiter la fin de mon inoubliable ami.

Comme on sait, Hymans avait publié en 1905 et en 1910 deux volumes de la vie de Frère-Orban. qui le placèrent d’emblée au premier rang des historiens belges. Absorbé par les luttes politiques, leader reconnu du parti libéral. absent du pays de 1914 à 1918, presque constamment membre du Gouvernement depuis l’armistice, il dut différer la poursuite de l’œuvre qu’il avait entreprise.

Il songeait à la reprendre lorsque la nouvelle invasion l’obligea de quitter le pays. Nous ne devions plus le revoir...

Le troisième tome du « Frère-Orban » de Paul Hymans ne verra pas le jour. Ainsi l’a voulu la cruauté des temps.

(page 8) Paul Hymans m'avait laissé le soin d’en recueillir les matériaux. m'avait même prié de préparer une rédaction provisoire qu’il se proposait de réviser. Je me mis à la tâche en janvier 1936. A la fin de 1938, l’exposé détaillé des quarante dernières années de Frère-Orban était terminé.

Un grand point d’interrogation se posait. Fallait-il laisser incomplète, tel un monument inachevé. la biographie de l’homme d’Etat qui a le plus illustré notre époque contemporaine ? Je ne l’ai point pensé. Sans méconnaître les périls de cette détermination, qui pouvait me faire taxer de témérité, je me suis dit que l’effort de tant d’années ne devait pas rester vain.

Des juges bienveillants s'efforçaient d’écarter mes scrupules. Mon travail, estimaient-ils, constituerait un apport utile à la connaissance de cette période de notre histoire où la personnalité de Frère-Orban domina la vie politique en Belgique.

Le dé en est donc jeté. J’ai repris le flambeau. sans me dissimuler que l’indulgence du lecteur sera bien souhaitable. Puisse-t-il, appréciant mon intention, répéter avec le poète : Tamen est laudanda voluntas.

Bruxelles, 21 octobre 1946. Jules GARSOU.