Accueil Séances Plénières Tables des matières Biographies Livres numérisés Note d’intention

Au temps de l'unionisme
DE BUS DE WARNAFFE Charles - 1944

Retour à la table des matières

Charles DU BUS DE WARNAFFE, Au temps de l’unionisme

(Paru en 1944 à Tournai et Paris, chez Casterman)

Chapitre X. Le cabinet de Theux. L’effritement de l’Union (1839-1840)

La vie interne du cabinet de 1836 à 1840 - Sa démission : l'affaire Van der Smissen - Pétitions de certaines régences contre la loi électorale - Perturbations atmosphériques à la Chambre - Catholiques et libéraux - Naissance de la presse catholique

(page 212) Les développements que nous avons réservés la loi communale et au traité de 1839 n'ont évidemment pas épuisé l'histoire du cabinet de Theux jusqu'à cette dernière date. et notre intention n'est pas de la refaire dans le détail.

Toutefois nous serions incomplet si nous ne rappelions pas brièvement, d'abord, les mouvements internes qui en ont modifié la physionomie au cours des six années de son existence.

de Theux, de Muelenaere, Félix de Mérode (ministre sans portefeuille), du côté catholique, Ernst, d'Huart et Evain, du côté libéral, constituaient l'équipe originaire.

Le baron Evain se retira le 19 août 1836, et fut remplacé par Willmar.

Une seconde mutation survint le 13 décembre 1836, à la suite du départ du ministre des affaires étrangères, de Muelenaere. Ce dernier se retira après avoir, contre de Theux, Ernst et d'Huart, appuyé la demande faite par la Société Générale, et tendant à ce que son gouverneur, M. Meeus, et un de ses (page 213) directeurs, M. Coghen, fussent nommés ministres d'Etat.

Au principe. l'incident sembla prendre plus grave allure. François du Bus écrit en effet (18 novembre 1836) :

« Une nouvelle vient de se répandre : c'est celle de la démission de trois ministres. MM. de Theux, Ernst et d'Huart. plutôt que de contresigner un arrêté qui nommait MM. Meeus et Coghen ministres d'Etat. Cette nouvelle a mis en rumeur tous ceux des membres de la Chambre qui travaillaient en sections : ils se sont réunis vers onze heures à une cinquantaine au local de la première section ; on y discuta la convenance de faire une démarche pour prévenir l'acceptation de cette démission.

« Il a été reconnu que cette intervention serait intempestive et peu constitutionnelle ; qu'il était de la dignité de la représentation nationale de laisser le Roi libre dans son action. en se réservant l'exercice de son droit à elle, qui allait arriver incessamment. celui de refuser les subsides. Mais il n’y a qu'une voix pour louer la résistance des ministres démissionnaires et protester de la résolution de refuser toute confiance à un nouveau ministère dans le système de donner aux hommes de la banque de l'influence dans les conseils du Roi.

« Le résultat de cette discussion improvisée a été de faire porter immédiatement à l'ordre du jour de toutes les sections le nouveau traité avec la banque, afin d'avoir l'occasion de manifester l'opinion du pays sur cette société. »

de Theux prit le portefeuille délaissé par de Muelenaere, tout en conservant celui de l'Intérieur, et Nothomb entra dans le cabinet comme ministre des travaux publics, après quelques inévitables tractations dont François du Bus, en confidence, rapporte les mystères révélés bonne source (31 janvier 1837) :

« Maintenant, le dessous des cartes : il a été question après la retraite de de Muelenaere, de faire rentrer Rogier aux affaires. Une ouverture lui fut faite ; mats Rogier, qui se crut nécessaire et qui voulut en apparence et en réalité s'entourer d'une influence presque prépondérante, fit ses conditions et demanda que le nombre des ministres fut porté à six et que soit Devaux, soit Goblet, entrât avec lui au ministère, et mit la main sur le portefeuille des affaires étrangères ; or ce n'était (page 214) pas ainsi que l'entendait M. de Theux qui ne se sentait pas disposé à abdiquer purement et simplement en faveur de Rogier. Il se tourna donc d'un autre côté et fit des ouvertures à Nothomb, qui a de l'ambition pour son propre compte et qui, en conséquence, les écouta.

« Cette négociation, à laquelle le Roi et les collègues de de Theux prirent naturellement part (chacun de la manière convenable en pareil cas), fut cependant tenue si secrète, que Rogier n'en fut informé que lorsque tout était réglé, et la veille seulement, je crois, du jour où parut l'arrêté royal. Grand fut son étonnement, et son désappointement et son regret : d'autant plus que son ami Devaux, par raison de santé ou pour autre motif, ne veut pas (dit-on) de ministère et que Rogier n'était pas homme à se dévouer pour Goblet.

« Vous comprendrez maintenant pourquoi, dans son discours si étudié et si long, Devaux, après avoir fait l'éloge de Nothomb et de ses idées politiques, après avoir exalté l'importance du département des affaires étrangères et la nécessité qu'un homme versé dans cette partie, y consacre toutes ses méditations, blâmait la réunion de ce département à celui de l'intérieur, ce qu'il appelait une quasi-suppression, et conseillait la création d'un sixième ministère ; cela pouvait se traduire ainsi : Donnez le ministère des affaires étrangères Nothomb et nommez mon ami Rogier ministre des travaux public. »

Il y a quelque apparence que ce changement-là, qui arrangerait Rogier, ne dérangerait pas Nothomb, dont l'ambition ne pourrait qu'être flattée du troc ; mais il ne conviendrait pas à de Theux, ni, je pense, au Roi, qui, sous le rapport de l'effet à l'extérieur, trouve vraisemblablement Nothomb en chemin seulement pour arriver à la considération dont doit être entouré celui à qui on confie un semblable portefeuille. Du reste c'est à tort, paraît-il encore, qu'on a dit que la (page 215) combinaison, qui place ce portefeuille sous l'un des deux bras de de Theux, a fait une fâcheuse impression sur la diplomatie et l'on m'a offert de me montrer des lettres qui prouvent complètement a le contraire. »

La troisième modification, - et cette fois la grave mutilation de l'équipe de Theux, ne demande plus qu'un rappel après ce que nous avons dit précédemment de la retraite de Ernst, d'Huart et F. de Mérode, au début de février 1839, au moment où s'amorçait à la Chambre la discussion du projet de loi autorisant la ratification du traité consacrant la séparation du Limbourg et du Luxembourg (voir page 197).

Réduit à trois membres pendant toute cette discussion, le cabinet fut ultérieurement complété par la nomination de Desmaisières (libéral) aux finances, le 5 avril 1839, et de Raikem à la justice, le 18 juin 1839.


Cette équipe reconstituée se maintint au pouvoir jusqu'au 6 avril 1840, date à laquelle sa démission fut acceptée après que le gouvernement eût été mis en minorité dans l'affaire Vandersmissen, c'est-à-dire sur une question relativement mineure dont le ministère fit une question de cabinet.

Ce fut au cours de la discussion du budget de la guerre. Le général Vandersmissen avait, du chef de conspiration orangiste, été condamné au bannissement et la déchéance militaire par la haute cour militaire, le 29 octobre 1831. Mats aux termes de l'article 20 du traité du 19 avril 1839, nul belge ne « pouvait être recherché ni inquiété en aucune manière, pour cause quelconque de participation directe ou indirecte aux événements politiques. » En conséquence un arrêté royal avait, le 15 juillet 1839, rétabli le général Vandersmissen sur les contrôles de l'armée, avec la solde de non-activité.

(page 216) Brabant, rapporteur de la section centrale, avait exprimé des regrets au sujet de cette mesure. Mais Dumortier aurait cessé d’être lui-même s'il n'avait pas été plus loin.

« Il paraît qu'il a y eu une réunion samedi ou dimanche chez Henri de Brouckère, où l'on a résolu de soutenir les propositions du ministre de la guerre (qui est le seul ministre qui ait les sympathies de ce parti), mais d'attaquer le cabinet, et de continuer travailler à le renverser. Faisaient partie de cette réunion, entre autres, Devaux, de Langhe, Delfosse, Verhaegen, Puissant, Sigard, Lange... On a su cela par Vandenbossche, esprit très singulier qui y était convoqué et qui y est allé ; ils étaient au plus une douzaine, mais beaucoup d'autres y avaient été appelés, qui n'ont pas pu ou voulu y aller.

« J'ai fait part de ce renseignement à Dumortier, qui est tout disposé leur donner un coup d'épaule pour renverser le ministère actuel ; faire les affaires du parti de de Brouckère et consorts uni aux doctrinaires lui paraît un inconvénient moindre que de laisser en place des ministres qui ont proposé l'acceptation des 24 articles.3

Dumortier n'allait pas tarder à jeter dextrement la pelure de banane sous les pas du ministère : François du Bus en informe son frère le 5 mars 1840.

« Voilà la question Vandermissen jugée contre le cabinet. La motion (de Dumortier) n'était pas d'exprimer un blâme, mais de refuser le crédit demandé pour payer le traitement de non-activité de Vandersmissen. Cependant le cabinet a mis les deux motions sur la même ligne, parce a que c'est toujours une motion désapprobatrice de l’arrêté du 15 juillet 1839, qui a été délibéré en conseil des ministres.

« Hier, un incident nouveau me paraissait ouvrir la porte un moyen conciliatoire. Vandersmissen a eu l'impudence de nous annoncer, par l'organe de Verhaegen son avocat, (page 217) qu'il n'avait pas demandé l'amnistie, qu'il n'en voulait pas et qu'il demandait encore aujourd'hui à être jugé ; (et il faut savoir que le méprisable personnage a jusqu'ici profité de l'arrêté d'amnistie, et touche le traitement que cet arrêté lui assigne en conséquence). N'était-ce pas une occasion toute trouvée de rapporter l’arrêté du 15 juillet ? Cela m'avait paru ainsi, et je suis allé de a place trouver de Theux à son banc pour lui proposer ce moyen de sortir d'embarras. Après avoir causé avec ses collègues, il est venu me dire que cela n'était pas possible.

« Je ne lui ai pas dissimulé cependant que je croyais que la motion de Dumortier, telle qu’il l'avait modifiée vendredi, passerait. Et elle passa en effet la majorité de 42 voix contre 38. Cinq membres s'abstinrent et de ces cinq membres, quatre dirent positivement que c'était parce que les ministres avaient fait de cette question une question de cabinet ; parmi les 38 non, il y en a beaucoup qui n'ont été déterminés que par cette considération.

« Je ne doute pas que, d'après ce vote, le cabinet ne se retire en masse, et J’en suis profondément affligé quant à Raikem et de Theux ; mais il ne me paraissait pas possible de dire non à une proposition telle que celle qui refusait le traitement d’un général en non-activité au traitre Vandersmissen ; il faut que des motifs très graves, et que j'ignore, aient influé sur la détermination du parti qu'ils ont pris d'attacher leur existence ministérielle au sort d'une question toute palpitante d'intérêt national.

« Dumortier est jubilant. Son principal but à lui était de renverser le cabinet, auquel il a juré une guerre à mort. Dans ses conversations particulières, il ne cesse de déclamer que ce sont des traîtres, qui ont proposé les 24 articles ; si comme l'opinion consciencieuse qu'il était de l'intérêt du pays d'accepter, opinion partagée par la majorité (page 218) des deux chambres, était un fait de trahison ! Comme s'il avait même l'espoir de composer un nouveau cabinet d'hommes qui ont rejeté les 24 articles ! »

Le résultat du vote inquiète François du Bus :

« Je ne suis pas gai, mon cher Edmond ; soit que je reste à mon logement, soit que j'aille à la Chambre, je ne rencontre que des sujets de chagrin. L’opposition se conduit d'une manière indécente ; elle interrompt par des rires, des exclamations, des huées, et l'Observateur met ça sur le compte des tribunes comme une manifestation de l'opinion publique, ce qui est tout à fait faux. Dumortier et Doignon ne sont pas les derniers à appuyer les Verhaegen et les de Brouckère dans l’emploi de pareils moyens. Cela est désolant.

« On veut intimider les bonnes gens de la Chambre, les menacer du ridicule ; ajoutez à cela le tot capita tot sensus ! Dechamps a sa manière de voir à part, etc., etc. J'ai bien peur que le ministère ne puisse se tirer de cette crise. Et nous n'avons devant nous que Lebeau et consorts ! Lebeau se concerte, m'a-t-on dit, avec Verhaegen ; et on m'a dit aussi que Verhaegen avait dit à quelqu'un qu'il considérait le ministère Lebeau comme un marchepied, un ministère de transition. Dieu sait où nous allons. »

Son frère Edmond profite de ces nouvelles pour rééditer une tentative qui, jusqu'alors, a toujours échoué - et qui échouera encore :

« Votre situation d'esprit nous inquiète ; nous craignons que vous ne vous rendiez malade de tout cela ; quand on ne peut s'occuper d'affaires publiques qu'en les prenant à cœur au point de a faire mal, il ne reste qu'un parti à suivre, c'est de rentrer dans la vie privée. » (4 avril 1840).

Observation qui, de la part de François du Bus, ne fait même pas l'objet d'une mention...

Il a un espoir encore : c'est qu'une proposition, (page 219) émanant de quinze députés, et qui sous le couvert d'une disposition d'ordre général aurait pour effet de pensionner le général Vandersmissen et de lui interdire de porter l'uniforme, trouve une majorité à la Chambre.

Mais de ce côté la désillusion ne tarde pas :

« Voici des nouvelles confidentielles et secrètes. Les ministres ne pouvaient demeurer aux affaires que pour autant qu'ils eussent obtenu demain, non seulement la majorité, mais une majorité notable. Or d'après les rapports que les députés ont eus les uns avec les autres et les communications qu'ils se sont réciproquement faites dans leurs conversations depuis trois jours, il paraît que beaucoup considèrent la proposition des députés comme contraire à celle qui a passé le 14 mars et que dès lors la majorité est douteuse et sera dans tous les cas très faible.

« Dès que les ministres ont pu acquérir cette conviction, Ils ont insisté auprès du Roi, (qui avait désiré une manifestation ultérieure de la Chambre) pour qu'il acceptât leur démission, et le Roi, cédant à leurs instances, vient de l'accepter aujourd'hui. personne ne le sait encore, et la Chambre en sera informée demain, et les 15 retireront leur proposition.

« Je suis extrêmement peiné de ce résultat ; mais je trouve cependant que puisque les ministres en n’obtenant qu'une faible majorité devaient encore se retirer, ils font sagement de prévenir un second échec, qui aurait pu les déconsidérer tout à fait.

« Quant à Dumortier, dont les violences vous sont déjà connues, je suis obligé d'ajouter que c'est un fou furieux, dont j'ai personnellement beaucoup à me plaindre. » (5 avril 1840).

Du lendemain :

« a lettre d'hier vous annonçait ce qui s'est réalisé aujourd'hui. Le ministère se retire définitivement et les 15 retirent aussi leur proposition (page 220) comme n'ayant plus d'objet. Certains députés témoignent maintenant des regrets, qui jusqu’alors n'avaient pas voulu s'engager à voter cette proposition. Au nombre des orateurs inscrits contre était Dechamps, qui, au dire de témoins auriculaires, se laisse cajoler par Lebeau, lequel lui a dit qu'un « homme d'avenir » comme lui ne pouvait se dispenser de prendre la parole dans une semblable discussion.

« Lebeau lui a demandé quel était son système en matière d'enseignement primaire, Dechamps l'aurait exposé et Lebeau aurait repris : ce système est précisément le mien. Quant à moi je surs convaincu que les doctrinaires useront de tous leurs moyens pour ruiner la majorité catholique, déjà si faible, de la Chambre ; et dans ce siècle d'égoïsme, des hommes d'Etat, à qui tous les moyens sont bons, peuvent plus que d'autres lorsqu'ils ont le pouvoir. »

Du 7 avril 1840, - et avant d'en venir plus tard à la combinaison Lebeau-Rogier contre laquelle François du Bus ne tardera pas à mener l'attaque :

« Les conséquences de la démission des ministres commencent à se dérouler. de Theux a contresigné la nomination de Nothomb à la mission de Francfort, (et déjà le Moniteur la donne), et peut-être celle de Willmar à la mission de Berlin. Il m'est revenu que cela contrarie nos doctrinaires ; mais ce qui les contrarie bien plus encore, c'est que le ministère sortant a accepté la démission donnée par Lebeau et Rogier de leurs fonctions de gouverneur. C'est au point que de leurs nouveaux amis, tels que Dumortier, se croient obligés d'aller leur faire un compliment de condoléance, accompagné d'une énergique expression de l'indignation que fait éprouver pareille conduite des ministres qui s'en vont. Apparemment que cette démission n'était pas destinée à être acceptée et que ces places de gouverneurs devaient demeurer au fond de leur patrimoine comme une ressource (page 221) pour l'époque plus ou moins prochaine de leur sortie des affaires. Si cela est, il faut avouer que de Theux a eu, cette fois-ci, la main heureuse. »

Tout cela ne révèle-t-il pas que l'unionisme ne bat plus que d'une aile ?


Nous n'allons pas relever en détail les activités de François du Bus sous le gouvernement de Theux, et en dehors de sa participation à l'élaboration de la loi communale. Présidences de sections et de commissions se succèdent comme par devant ; des problèmes aujourd'hui fort désuets absorbent une partie de son temps - les lits militaires, par exemple ! - ou de ses soucis, tel le problème du traitement des vicaires, auquel il est fort mêlé et consacre, pendant des mois, des démarches multipliées auprès de de Theux et à Malines. Les lois de douane retiennent sa spéciale attention.

En 1837, il est particulièrement alerté par la campagne de pétitions dirigée contre la loi électorale. Pour les élections générales, la Constitution avait fixé le cens à 100 florins au maximum, et 20 au minimum. La loi électorale de 1831 avait, entre ces limites, établi le cens gradué (de 20 à 30 florins à la campagne, de 50 à 80 dans les villes, suivant l'importance de la population).

Dans certaines grandes villes, des pétitions virent le jour, tendant à l'abaissement du cens dans les villes, aux fins d'appeler aux urnes un plus grand nombre d'électeurs urbains C'était en avril 1837.

« J'ai causé déjà avec un petit nombre de personnes, des pétitions de quelques villes pour la (page 222) réforme électorale ; je n'ai recueilli encore que l'expression du blâme que mérite une pareille démarche. Plusieurs m'en ont parlé les premiers ; M. Verdussen m'a demandé si je ne croyais pas que les conseils de Régence sortaient de leurs attributions ; le ministre des finances m'a dit qu'il croyait bien que la Chambre apprécierait ces pétitions-là à leur juste valeur.

« Cette brusque attaque contre la loi électorale, au signal donné par une Régence qui a fait tout haut profession d’orangisme (Gand) peut d'autant moins être considérée comme ayant un fondement quelconque dans la véritable opinion publique, que de 1833 à 1836, quand on a élaboré si péniblement, discuté, voté, revoté même les lois provinciale et communale, on a consacré dix fois, vingt fois de nouveau le principe de la loi électorale, celui d'un cens qui varie suivant les localités, sans opposition de qui que ce soit. Et pourtant c'était u une occasion de soulever la question et de la discuter et même juger par les Chambres. Il n'est pas même venu une pétition sur ce point.

« Cela n'empêche pas que je conçois fort bien comment la majorité des Régences des villes importantes se décide très facilement à pétitionner, dès qu'il se trouve un membre de ces régences qui leur en fait la proposition ; on leur dit : voulez-vous que les électeurs, qui vous ont envoyé ici, dominent dans les élections générales ? On leur répond : bien volontiers.

« Au reste, ce que je désire, c'est que la Chambre ne fasse pas grand bruit de ces pétitions, et les enterre tout doucement au greffe, sans discussion si cela se peut. Ce serait, selon moi, en faire le cas qu'elles méritent. » (6 avril 1837).

En fait, les pétitions émanaient des régences de villes à majorité libérale, et on voyait pointer le bout de l'oreille.

« J'ai eu occasion de causer hier avec de Theux, (page 223) à propos des pétitions tendantes à la réforme a électorale, et il a soutenu qu'il fallait s'en tenir à la Constitution, de manière à faire juger que c'est de conviction qu'il parle. Il pense qu’avec la Constitution, la loi électorale, telle qu'elle est, et les autres lois organiques, on peut très bien administrer ; mais il pense aussi qu’avec la réforme électorale demandée par ceux qui se font les échos a de la régence de Gand, le trône de Léopold serait un très grand péril : et il m'assure l'avoir dit à qui-de-droit.

« Il me semble que cette question de réforme, appuyée si légèrement par les libéraux, le déterminera à ne pas appuyer aux élections prochaines les candidats de cette couleur. de Theux m'a dit encore que certaines notabilités, qui semblaient accueillir d'abord avec une certaine faveur les idées de réforme électorale, se sont beaucoup refroidies, depuis qu'on leur a fait apprécier toutes les conséquences.

« Brabant s'occupe aussi de cette question. Indépendamment de la comparaison des populations des villes et des campagnes, il a fait, pour Namur et son district, celle des impositions payées respectivement par les villes et les campagnes, en comptant, comme supportées par celles-ci, l'impôt foncier du territoire puisque c'est l'agriculture qui le supporte en réalité. Cette seconde comparaison est tout à fait favorable aux campagnes. » (12 avril 1837).

« Les pétitions sur la réforme préoccupent vivement de Theux : elles étaient l'objet de notre réunion ce matin, lui, Brabant et moi. Nous n'avons pas fini. Jusqu'à ce que certains renseignements soient parvenus, il ne faut rien faire, ne point provoquer encore de contre-pétitionnement, suspendre même les velléités de ce genre que l'on connaîtrait ; il vaudra mieux, quand tout (page 224) sera disposé, agir énergiquement avec ensemble et partout.

« de Theux voit toujours une révolution dans la réforme ; Brabant, lut, imagine que les libérâtres perdraient plus qu'ils ne gagneraient à l'égalité du cens et partant à son abaissement dans les villes, mais il convient que le jeu serait dangereux, et que d'ailleurs cette réforme non motivée, où le principe constitutionnel est vraiment remis en question, nous présenterait aux yeux de l'Europe comme un peuple léger, inconstant et toujours en révolution.

« Etant là, j'ai fait chercher dans l' « Union belge. » Il se trouve que Defacqz, qui a proposé l'amendement devenu la seconde partie de l'article 47 de la Constitution à dater de ces mots « payeront le cens etc. », a terminé ces développements en ces termes : « j'ai établi par mon amendement un maximum et un minimum pour que la loi électorale ait la latitude nécessaire, afin de fixer le cens d’après les localités. » N'est-ce pas là une belle trouvaille ? Il ne faut rien manifester encore de tout ceci ; on en fera usage en temps et lieu. » (16 avril 1837).

« Voici encore quelques renseignements confidentiels, au moins quant à présent. Les libérâtres font peu de bruit à la Chambre de la réforme électorale ; ils semblent attendre, et que les pétitions affluent et que le renouvellement de moitié les renforce ; ils s occupent déjà de cette éventualité. Plusieurs et notamment Coghen, sont venus trouver Brabant, pour s'assurer qu'il renonçait à la candidature, et pour tâcher que Lebeau fût élu à Namur ; dans ce cas, ils remplaceraient à Bruxelles Lebeau par Verhaegen. Brabant, qui a senti où l'on voulait en venir, a répondu qu'il n'avait dit à personne qu'il renonçait à la candidature, mais seulement que peut-être on ne le réélirait pas ; et que Lebeau n'avait aucune chance (page 225) à Namur. « Dans ce cas, reprend Coghen, il faut que nous tâchions de le faire réélire à Bruxelles. » Nous prêchons Brabant et je crois qu'il se laissera porter encore cette année, vu la gravité de la question qui se présente en perspective..

« Le Roi est très mal entouré, comme vous savez ; quelle peut être son opinion personnelle sur cette question de réforme, c'est ce que j'ignore ; une chose qui me paraît certaine, c'est qu'il est frappé de la position dans laquelle son beau-père est placé, par suite de l'absence de toute moralité et de toute religion en France, et qu'il s 'applaudit que le Belge soit demeuré religieux et moral ; d'après cela, s'il raisonne juste, il doit apprécier convenablement les pétitions de quelques villes pour la réforme. » (18 avril 1837).

« Il y a peu de semaines, certaines personnes se plaisaient à répandre le bruit que le Roi était favorable à la réforme électorale. Hier Dechamps m'a dit tenir de bonne source que le Roi avant eu l'occasion de manifester récemment à plusieurs reprises son opinion Sur ce point, il s'est prononcé très fortement contre. Il n'y a pas de doute que cela opérera un changement dans la conduite et les discours des hommes de Cour et peut-être des financiers. » (22 avril 1837).

Et de fait, on n'en parla plus. Mais déjà François du Bus était prêt à la bataille...


Il soutenait d'ailleurs la lutte en d'autres secteurs actifs. Escarmouches préludant de plus violents combats.

La nomination du jury d'examen se faisait alors au scrutin par la Chambre ; il était l'occasion pour (page 226) les adversaires de se compter. François du Bus (qui avait cela en horreur), fut ainsi plusieurs fois envoyé derrière le tapis vert, à l'hôtel de ville de Bruxelles, pour le doctorat en droit.

Le 16 décembre 1836, il avait été désigné avec Raikem, par 52 voix contre 6 à Verhaegen.

L'année suivante, François du Bus annonce la Chambre qu'il décline cette fois l'honneur (à Edmond il écrit : la corvée...) « Dans le même tems Verhaegen faisait imprimer une liste où il se mettait à ma place en conservant Raikem et où il en agissait de même dans les divers jurys, dans l'espoir de rallier des voix à un homme de son bord en présentant son concours et celui des siens pour un homme du nôtre : c'était une attrape à lourdaud, car pour eux, ils sont toujours exclusifs dans leurs votes secrets. Verhaegen a écrit de sa main à bon nombre de députés de notre opinion, sollicitant leurs suffrages !!! Si j'avais su, quand j'ai annoncé à la Chambre que je ne pouvais plus accepter semblable mandat, que M. Verhaegen allait proposer la Chambre de me le retirer, je vous avoue que malgré qu'il me pèse je ne l'aurais pas répudié, et j'aurais attendu que la Chambre me jugeât.

« Au reste Verhaegen n'a pas réussi. Tous les noms concertés entre cinq ou six collègues et moi sont ceux qui sont sortis de l'urne au premier tour à une forte majorité, sauf un seul nom... » (29 décembre 1837).


L'animosité entre catholiques et libéraux monte. C'est le moment où, disposant en fait de la majorité des leviers de commande dans l'administration, les libéraux serinent l'antienne de l' « influence occulte » qui tient sous sa coupe le gouvernement. L'Eglise et le clergé sont de plus en plus en butte de leur part aux insinuations malveillantes, quand ce n'est pas à la calomnie. Des éliacins troublent les offices religieux.

François du Bus relève leurs palinodies.

(page 227) A propos de la loi du jury, et plus spécialement du point de décider si le vote des jurés sera ou non secret, il note :

« Nos libéraux, qui représentaient d'abord les jurés comme des philosophes placés bien au-dessus des influences dont on veut les affranchir par le vote secret, ont changé de système lorsque le vote secret a été admis, et pour combattre le mode proposé, ont alors prétendu que bien des jurés étaient des imbéciles ne sachant distinguer leur droite de leur gauche. » (25 février 1838).

Plus tard c'est à Stassart que François du Bus en veut :

« Stassart, après la déclaration des Evêques (interdiction aux catholiques de s'affilier à la franc-maçonnerie), s'est adressé à un ecclésiastique de Bruxelles qu'il a prié de solliciter pour lui, de l'Archevêque de Malines, l'autorisation de continuer à demeurer à la tête de la franc-maçonnerie afin d'y empêcher le mal. L'ecclésiastique refusa de se charger de semblable mission. Depuis Stassart déclara positivement, devant plusieurs personnes, qu'il était catholique, qu'il ne voulait pas se mettre en opposition avec les Evêques, et qu'il allait se retirer de la loge ; lorsque tout coup il alla la présider, prononcer un discours incendiaire et déclarer qu'il ne les abandonnerait jamais. » (11 mars 1838).

A la fin de 1838, c'est la représentation libérale toute entière qu'il vise :

« Les libérâtres de la Chambre font, tant qu'ils peuvent, du scandale à propos du budget du culte catholique. Il paraît que l'on fait venir aux tribunes des élèves de l'université libre, lesquels ont hier applaudi en pleine séance leur chef de file et professeur Verhaegen. On veut sans doute nous donner une apparence d'anarchie pour achever de nous peindre. » (21 décembre 1838).

(page 228) Et voici enfin que l'Alliance de 1846 s'annonce : « Il y a union et concert entre les doctrinaires de la Chambre et le coryphée de la F.-M. Je soupçonne d'après cela que les hommes du parti doctrinaire comptent se faire appuyer par les LL.... » (17 mai 1839).

Tout cela encore ne révèle-t-il pas qu'on s'éloigne des beaux jours de l'unionisme ?


L'antagonisme grandissant entre catholiques et libéraux traduisait un phénomène qui, pour fâcheux qu'il fût, n'étonne pas outre mesure quiconque sait combien il est plus facile à des hommes de s'unir contre quelqu'un ou quelque chose, que pour. L'opposition est un catalyseur puissant ; l'unanimité de griefs constitue un programme d'action négative sur lequel l'entente est aisée et qui, sauf accident, est suffisant pour maintenir groupés tous ceux se rangent sous l'étendard de la révolte, jusqu’au succès de cette dernière.

Exclure les Nassau, vinculer l'orangisme, résister aux prétentions de la Hollande, que fallait-il de plus pour resserrer les liens entre la majorité des Belges, ennemis de l'oppression, impatients des traîtres, défiants de l'étranger, - « pauvres hommes » se donnant instinctivement la main quand pour eux le vital problème est de redevenir et de rester rois en leur maison.

Mais une fois l'intrus dehors, et dès que se pose, entre soi, le problème de l'aménagement de cette maison et de la cohabitation sous son toit, c'est d'un programme d'action positive qu'il s'agit ; et c'est alors qu'après les belles et naturelles heures d'entente, celles des divergences commencent.

Au fur et à mesure que la Belgique libérée de la (page 229) domination étrangère se constitue, et surtout lorsque depuis 1839 le pays amputé se voit consacré dans sa configuration définitive, les opinions commencent à se heurter parce que les hommes sont des roseaux pensants, et que la pensée se refuse à une coulée uniforme dans le même moule.

Dès 1830 - et avant - il y avait des catholiques et des libéraux en Belgique. Les circonstances les contraignirent à se confondre sous le signe unioniste ; l'occasion devait les amener à se réaffirmer dans leur caractère propre, et partant se heurter.

Nos provinces sont traditionnellement catholiques. Mais depuis la Réforme ; sous l'influence des encyclopédistes ; à la remorque du rationalisme, l'esprit religieux de la nation a progressivement vu se dresser en face de lui l'esprit anticlérical qui, se défendant d'en vouloir à la religion et proclamant son respect pour la liberté de conscience, chercha à restreindre le champ d'activité et d'influence de l'Eglise et frapper celle-ci dans son clergé.

Vieille querelle cherchée à Dieu par César et dans laquelle, à toutes les époques, César n'hésite pas à s'armer de l'Evangile pour qu'on lui rende ce qui lui appartient, oubliant ou niant que Dieu, par son Eglise, a son mot à dire dans la définition de ses droits à Lui.

François du Bus contre Théodore Verhaegen, les catholiques contre les libéraux, dès les environs de 1836, c'est cela. Et c'est profond et irréductible, parce qu'à la base c'est la conception de la destinée humaine qui entre en question.

On conçoit qu'en face de pareil enjeu, François du Bus se dresse. Pour lui les droits de la religion et de l'Eglise sont sacrés, parce ce sont ceux de Dieu même d'une part, et d autre part, contre le rationalisme tyrannique, c est la liberté la plus essentielle de l'homme qui se joue.

Par la parole, au parlement, il est un des (page 230) champions des droits de l'Église. Mais il est de ceux qui immédiatement se rendent compte que la liberté de la presse est une arme à deux tranchants. Pressentant que l'union sacrée n'est pas un phénomène éternel, dès le début il comprend la nécessité d'une presse défendant les droits de la religion.

« Hier soir, écrit-il le 21 novembre 1831, et précédemment encore j'ai été d'une réunion chez M. Henri de Mérode à l'effet de se concerter pour établir un journal unioniste. Rien n'est encore résolu. On avait appelé aussi des libéraux. Je voudrais un journal purement catholique. »

Cette hantise d'une presse catholique ne le quittera pas. L'ancien rédacteur du « Courrier de l’Escaut » de l'âge héroïque est d'autant plus conscient de la force du quotidien, que les journaux libéraux sont de loin les plus nombreux et menacent de dominer l'opinion.

« Des quatre principaux organes de la presse bruxelloise, trois répandaient les idées libérales, savoir l'Observateur, l'Indépendant et le Journal de la Belgique ; le quatrième, l'Emancipation, journal vaguement conservateur, s'abstenait prudemment de prendre en politique une attitude compromettante. De juin 1832 à juin 1837, avait vécu la seule feuille qui osât se proclamer hardiment catholique (celle que François du Bus avait souhaitée). Elle s'appelait l'Union. Le Journal de Bruxelles ne naîtra qu’en 1841. » (E. de Moreau, Adolphe Dechamps, p. 76.)

S'il semble bien qu'à cette époque peu de catholiques fussent alertés par la gravité du problème, il s'en trouva pourtant que sa solution préoccupait. Adolphe Dechamps, collègue de François du Bus, devait écrire dans la Revue de Bruxelles en juin 1840 :

« Ce qu'on est convenu d'appeler le parti catholique, c'est-à-dire l'immense majorité de la nation, ne met point à faire usage de la presse, ce puissant (page 231) levier de nos sociétés modernes, le même zèle, la même intelligence, avec lesquels il se sert des autres libertés que la Constitution lui garantit. Plus préoccupé d'exercer mystérieusement, et comme à l'insu des grands parleurs de la civilisation, son influence morale par les moyens purement religieux, il semble avoir négligé les moyens politiques, les armes constitutionnelles qui sont sa disposition. »

Aussi en 1837, avec de Decker, le chanoine Desmet, Deschamps part-il en campagne. « Vains efforts pour susciter des dévouements et des initiatives ! Il trouva chez la plupart de ses collègues de la droite une telle divergence d'opinions politiques, qu'il renonça provisoirement à l'idée d'un journal quotidien. »

Une lettre de François du Bus adressée à l'époque à son frère donne peut-être l'une des raisons qui amenèrent en fin de compte l'échec momentané de Dechamps :

« Un second point est de vous faire part du résultat de conversations confidentielles relatives au nouveau journal catholique qui va paraître au mois a de janvier prochain. Il est vrai que c'est Stas qui va en être chargé à la demande des Évêques, m'a dit de Theux. Or voici comme Deschamps explique cela. Il a été un temps sérieusement question que Dechamps eût la principale direction ; Dechamps, c'est Dechamps et de Decker ; or des membres influens du clergé, à qui la ligne politique suivie en ces dernières circonstances, surtout par de Decker, déplaît beaucoup, ont signifié que si le journal était abandonné à Dechamps, ils ne se chargeaient plus de procurer des abonnés. C'est par suite de ces démarches qu'on s'est tourné a du côté de M. Stas. »

Mais Dechamps ne se déclara pas battu, et du quotidien il se rejeta sur le périodique en faisant (page 232) sortir, en juillet 1837, le premier numéro de la Revue de Bruxelles, qui parut à la « société nationale pour la propagation des bons livres. »

Cette dernière société (« Les bons livres », comme il l'appelait), avait été en partie fondée et épaulée par François du Bus, qui y consacra une part importante de son activité extra-parlementaire, et travailla assidûment à son expansion jusqu'au jour où il s'en désintéressa parce que sa direction financière ne répondait pas à ce qu'il en exigeait.

Avec Dechamps et de Decker, François du Bus figure parmi les membres du comité fondateur de la Revue de Bruxelles, à côté de l'abbé Ubaghs, professeur à Louvain, Decamps, grand vicaire à Tournai, le chanoine Desmet, Bernard du Bus, E. Desmet, de Sécus, représentants, Cassiers, sénateur, et Hanicq. « Avouez, écrivait Dechamps, que si cette société a un défaut, c'est que l'opinion tournaisienne y est trop fortement représentée. » (de Moreau, Adolphe Dechamps, p. 81, note.)

En 1841, François du Bus allait se faire le propagandiste d'un quotidien catholique qui devait vivre et avoir la vie longue : le Journal de Bruxelles. Il se réjouit de ce qu'il soit recommandé dans les Flandres, « où il remplacera utilement le Journal des Flandres, qui est devenu pernicieux. » (17 janvier 1841). Il se préoccupe de sa rédaction et de sa tenue : « Dechamps m'a dit ce matin que ce journal est encore sur un pied un peu provisoire ; que sa rédaction doit se compléter : on la rendra plus variée, moins uniformément sérieuse. Il faut servir le public selon son goût, et le public aime aujourd'hui les feuilletons amusants. Le difficile est d'avoir des feuilletons amusans et en même tems irréprochables ; cette deuxième qualité, comme vous le savez, inquiète peu les journaux à la mode. » (20 janvier 1841).

(page 233) Dechamps n'en reste pas là. Il rêve d'instituer un « conseil central pour la presse catholique. »

« Ce conseil, écrit Dechamps le 26 décembre 1840, dans lequel figureraient MM. de Gerlache, de Theux, du Bus, de Decker, de Mérode, Dumortier, de Foere, abbé de Ram, etc. ; s'assemblerait tous les mois ou tous les quinze jours. Il serait le noyau d'une association pour la presse, dans laquelle association entreraient successivement les divers organes des catholiques. Nous verrons : l'homme propose et Dieu le mène. » (de Moreau, Adolphe Dechamps, p. 78.)

Les lettres de François du Bus ne permettent pas de découvrir si cette association vit le jour ; elles révèlent toutefois, à l'égard de la presse catholique, une sollicitude et une vigilance qui ne se relâcheront pas, quand même elles devraient se traduire, envers le « Courrier de l'Escaut » par quelques « saintes colères de Dieu » dont François du Bus ne ménage guère l'expression...

Dès 1837, le branle était donné la presse catholique quotidienne, mais il faudra du temps avant que cette dernière rattrape l'avance prise sur elle par la presse libérale.

Par la Revue de Bruxelles, les catholiques détiennent un périodique de premier ordre.

Devaux va s'en rendre compte, et y répondre par la création de la Revue nationale, futur organe du libéralisme radical, et instrument de désunion dans un climat rappelant de moins en moins celui de 1830.

N'oublions pas que le ministère de Theux tombe en avril 1840, et que nous sommes la veille du premier cabinet libéral homogène.

Retour à la table des matières