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Mémoires pour servir à l’histoire contemporaine de la Belgique (partim)
WOESTE Charles - 1927

Charles WOESTE, Mémoires pour servir à l’histoire contemporaine de la Belgique (tome I)

(paru à Bruxelles en 1927, chez Albert Dewit)

Avant-propos

(page 51) J’ai tracé ces pages pour jeter quelque lumière sur la vie politique de la Belgique contemporaine. Elles ne constituent pas un ouvrage d’histoire ; mais elles sont destinées à contribuer à l’étude de ce temps, en révélant, sur les hommes et les choses, des dessous que le public n’a pas connus et que souvent il n’a pas même soupçonnés.

Je n’ignore pas l’écueil des Mémoires : ceux qui les écrivent sont tentés de se mettre en scène et de faire leur apologie. Je crois cependant ne pas avoir oublié que l’histoire doit être, suivant l’expression de Thucydide, ‘une œuvre faite pour l’éternité », et que, par suite, les matériaux appelés à la confectionner sont appelés à présenter le même caractère.

Est-ce à dire que tout sentiment personnel puisse demeurer étranger aux auteurs de Mémoires ? Ce serait demander trop à la faiblesse humaine. Et, d’ailleurs, comment reprocher des préoccupations de cet ordre à ceux qui, comme moi, on vécu plus de cinquante ans de la vie publique, qui y ont joué un rôle, et qui, combattant (page 52) toujours, ont été aussi toujours combattus ? Serait-il juste de les incriminer, s’ils mettent en relief leur ligne de conduite, alors que celle-ci a marqué les événements de son empreinte ? Ne serait-ce pas leur enlever une partie d’eux-mêmes s’ils dissimulaient que, délibérément, constamment, passionnément, ils sont restés les serviteurs d’une grande cause et que ce souci a dominé leurs actes, leurs plans, leurs discours ? Je me suis donc efforcé d’obéir aux exigences de la vérité et du désintéressement. Je n’ai pas oublié que, si ces pages paraissent jamais, la tombe aura refroidi bien des luttes, bien des impulsions qui les expliquent. Mais il n’en est pas moins vrai que, si l’humanité agit dans le présent et prépare l’avenir, elle est le fruit du passé, et que ce n’est rien exagérer que de dégager, des traces laissées par les disparus, des enseignements pour les vivants.

Peut-être m’abusé-je ? Quoi qu’il en soit, ces Mémoires auront mérité de ne pas passer inaperçus s’ils alimentent l’expérience des hommes mûrs et s’ils aident à enrôler des jeunes gens sous les drapeaux de l’Eglise et de la Patrie.