(Paru en 1925 à Bruxelles, chez A. De Wit)
(page 5) Lors de son retour du Mexique, au mois de juillet 1866, l'impératrice Charlotte apporta une caisse pleine de documents : lettres de Napoléon III, de l'impératrice Eugénie, de Pie IX, du roi des Belges, du maréchal Bazaine, des généraux Douay, L'Heriller, Miramon, du commandant Loysel, de M.M. Hidalgo, Gutierrez de Estrada, Almonte, Corta, du P. Fisscher, et d'autres personnages ayant joué un rôle dans la tragédie mexicaine. Elle comptait utiliser ces écrits pour défendre Maximilien contre les attaques dont il était l'objet : Des troubles cérébraux l'empêchèrent d'exécuter son dessein.
Pendant de longues années, ces papiers demeurèrent au château de Miramar, dont Léopold II, au nom de sa sœur, avait cédé la propriété à François-Joseph. Puis, sur l'ordre de l'Empereur et de l'archiduc Charles-Louis, ils furent déposés en 1868 et en 1881 aux archives de l'Etat, à Vienne.
Grâce à l'obligeance du Baron de Mittis, directeur de ce service. j'ai pu consulter ces divers dossiers. Leur étude est compliquée, car l'impératrice avait l'habitude d'écrire à chacun dans sa langue maternelle, et je me trouvai en présence de pièces françaises, allemandes, anglaises, italiennes et espagnoles, dont l'écriture, effacée par le temps, est parfois difficile à déchiffrer.
(page 6) J'ai, d'autre part, eu communication des papiers laissés par M. Eloin, chef du cabinet de Maximilien, qui contiennent des lettres intéressantes de l'empereur du Mexique, des généraux Chazal et Brialmont, du Baron Beyens, du comte de Bombelles, de MM. van Praet et J. Devaux, chefs du cabinet du Roi, de Castillo, ministre des finances du Mexique, etc.,
Dans ces documents, j'ai trouvé des détails curieux sur les mobiles de la création de l'empire du Mexique et sur les causes de sa chute. Grâce à eux, il m'a été possible de pénétrer les pensées des auteurs de cette téméraire entreprise, d'analyser leurs sentiments, de scruter leurs intérêts. Et comme les principaux ouvrages, publiés sur cette matière, dénotent la préoccupation, qui dominait leurs auteurs : les uns, ayant voulu justifier l'intervention de Napoléon, les autres, ayant saisi le prétexte de cet échec, pour attaquer l'empire. Comme presque tous, selon qu'ils sont catholiques ou libéraux, soutiennent les thèses de leur parti, j'ai cherché à me dégager de toute prévention et à exposer avec impartialité les événements et leurs conséquences, en insistant sur l'influence exercée par les impératrices Charlotte et Eugénie.