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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

XL. L'incident Firmin Rogier-Sébastiani.

 

(page 421) L'atmosphère était décidément à l'orage, le Congrès venait de terminer de violents débats, le dimanche à minuit ; le lendemain lundi, fatigué des violentes émotions de la veille, il subit, non sans impatience, (page 422) ­de nouvelles tribulations, au sujet d'une question d'amour-propre froissé qui pouvait et devait se produire et se débattre ailleurs qu'au Congrès.

Dans une lettre datée de Paris, 14 janvier 1831, insérée au Moniteur et adressée à M. Firmin Rogier, par M. Sébastiani, ministre des Affaires Etrangères, celui-ci se plaint des fréquentes inexactitudes des dépêches de M. Rogier à son gouvernement et spécialement de sa dépêche concernant la candidature du duc de Leuchtenberg.

Le débat s'étant ouvert au Moniteur, c'est là qu'il devait se discuter et qu'en réalité il s'est terminé par une réponse de M. Firmin Rogier.

C'est d'ailleurs une affaire toute personnelle entre M. Sébastiani et M. Rogier, dans laquelle n'avait pas à intervenir le Gouvernement provisoire et bien moins encore le Congrès.

Un sentiment fraternel, fort honorable sans doute, a fait commettre une double maladresse : M. Ch. Rogier s'adresse au Congrès, dit-il : « Non par le désir d'une justification personnelle, mais celui de justifier le Gouvernement. »

Le Gouvernement, complètement étranger à cet incident, n'avait nul besoin de justification et n'avait donné aucune mission à ce sujet à M. Ch. Rogier.

Il demande l’intervention du Congrès pour une affaire toute personnelle, dont il veut faire une question diplomatique ; tandis que, la veille, il avait contesté au Congrès le droit d'intervenir dans les affaires diplomatiques, et il l'avait fait si cavalièrement qu'il fut interrompu par de violents murmures.

Pour la justification de son frère, il chercha à prouver que sa lettre lue au Congrès est mot pour mot conforme aux documents émanés de M. Bresson, sur le même sujet ; il s'étonne du démenti de M. Sébastiani ; puis il ajoute : « je conçois très bien qu'un ministre étranger soit étonné des bizarreries qui se sont passées dans le Congrès (murmures violents).)

Une voix : Vous insultez le Congrès.

M. Ch. Rogier insiste, maintient l'expression (les murmures augmentent, interruptions prolongées).

M. Ch. Rogier maintient l'expression bizarreries et cette fois en rejette la responsabilité sur le Comité diplomatique.

Le Congrès passe purement et simplement à l'ordre du jour.

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