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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

XXVIII. Les sentiments des Hollandais.

 

(page 379) Le peuple hollandais, seul, nous était hostile, non pas, comme on l'a dit, parce qu'il y avait incompatibilité d'humeur, de mœurs, de langage, mais parce que le gouvernement, adoptant les principes de (page 380) ­Machiavel, a semé la division pour mieux exploiter. Il a semé la division non seulement de Hollandais à Belges, mais de Belges à Belges, ce qui a fait longtemps notre faiblesse relative qui a disparu par l'avènement de l'Association libérale-catholique l'Union, qui a opéré les miracles que produiront toujours les efforts combinés des peuples unis dans le but de s'affranchir du joug de maîtres trop exigeants.

La population de la Hollande ne nous était pas complètement hostile. Les habitants d'Amsterdam, Rotterdam, Flessingue, Middel­bourg, La Haye, c'est à dire la gent mercantile et bureaucrate, nons était hostile jusqu'à la haine, inspirée par un amour désordonné pour le pot-au-feu, bien plus que par des instincts patriotiques

Les habitants de la Gueldre, de la Frise nous étaient sympathiques, car ils étaient comme nous sacrifiés au haut commerce et à la bureaucratie.

Les habitants du Brabant septentrional nous admiraient et brûlaient du désir de nous imiter, désir qui resta toujours à l'état de projet, parce qu'ils se laissèrent intimider par les séides de Guillaume et par les menaces de ses satellites.

J'ai été plusieurs fois en rapport avec les délégués de Comités patriotes et avec des notables habitants du Brabant septentrional, qui demandaient qu'on vînt les délivrer du joug que nous avions repoussé chez nous.

Je leur fis comprendre que nous ne pouvions prendre l'initiative ; qu'il n'y avait pour eux qu'un seul moyen de salut : c'était de choisir, non loin de la frontière, un point de réunion, de centralisation de tous les patriotes et, à un moment convenu, de sonner le tocsin partout et de commencer le combat ; que nos volontaires ne manqueraient pas de voler à leur secours.

Tous me répondirent à peu près la même chose : le peuple n'est pas brave chez nous comme chez vous. Si vos volontaires attaquent, le peuple se joindra à eux, mais il n'osera pas prendre l'initiative.

« Vous êtes dans l'erreur, Messieurs, leur dis-je ; le peuple est toujours brave lorsqu'il comprend la nécessité d'abattre la tyrannie, lorsqu'il veut conquérir l'indépendante et la liberté. C'est à quoi il faut travailler sans relâche ; lorsque vous les croirez suffisamment inspirés de l'amour de la liberté et déterminés à la conquérir, revenez ; la coopération de nos braves volontaires ne se fera pas attendre. »

Je ne donne qu'une très courte analyse de nos conférences dont les incidents sont aujourd'hui sans intérêt. Je n'ajouterai qu'une chose importante si elle était exacte. Quelques-uns affirmaient que la Gueldre (page 381) et la Frise étaient très disposées à faire cause commune avec eux et surtout avec nous. Je n'ai pas vérifié le fait, parce qu'il n'avait d'importance qu'à la condition que le Brabant septentrional prît l'initiative à laquelle il n'a pu se décider. J'ai des raisons de croire à la sincérité de leurs affirmations.

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