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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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A. LES PRODROMES DE LA RÉVOLUTION.

 

X. Gendebien et son ami Stevens.

 

(page 236) Immédiatement après le départ du Prince, mon ami Stevens, membre et secrétaire de la grande commission, vint me voir : « Je suis chargé, me dit-il, de vous transmettre ces paroles du Prince. Dites au frère Gendebien, que j'ai oublié tout le mal qu'il nous a fait ; que je l'estime parce qu'il a, le premier, dit la vérité, et qu'il m'a ouvert les yeux sur les dangers de la situation, dites-lui que je le remercie des conseils qu'il m'a donnés, des propositions qu'il m'a faites. J'espère qu'il ne les oubliera pas. »

Je dis à mon ami Stevens, mes conseils et mes propositions au Prince : « Ce sont des coups d'épée dans l'eau, lui dis-je, le Roi ne (page 237) comprend pas la situation ; Van Maanen le poussera à nous écraser ; c'est lui qui sera écrasé. »

Stevens ne fut pas de cet avis, il était dans un camp opposé au mien, non par un zèle immodéré pour le roi Guillaume, mais parce qu'il redoutait l'influence des prêtres et surtout des Jésuites.

« Vous voulez secouer le joug de Van Maanen, dit-il, et vous allez au devant du joug du pape et de ses satellites. Ce que vous appelez le joug de Guillaume et de Van Maanen est temporaire, transitoire, il porte avec lui son remède : le temps. Le joug de Rome se perpétuera jusqu'à la fin des siècles. Voilà pourquoi je supporte provisoirement le premier et je repousse et combattrai toujours le second. »

Nos relations devinrent rares, mais notre amitié resta toujours la même. Lorsque, au fort de la révolution, nous nous rencontrions, nous nous donnions une poignée de mains, je lui demandais si je pouvais être utile à quelqu'un de sa famille, puis en nous quittant, je lui disais : «  Sans préjudice aux coups d'épée ou de carabine que nous nous donnerons peut-être demain, ce qu'à Dieu ne plaise. »

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