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« Histoire
de la révolution belge de 1830 », par Charles White, (traduit de
l’Anglais, sous les yeux de l’auteur, par Miss Marn Corr).
Bruxelles, Louis Hauman et Cie, 1836
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TOME 2
CHAPITRE
SIXIEME
Le gouvernement hollandais sollicite l'intervention armée des grandes
puissances. - Elle lui est refusée. - La conférence s'assemble. - Les
Hollandais invoquent le traité d'Aix-la-Chapelle. - Leurs prétention» ne sont pas
admises. - MM. Carlwright et Bresson arrivent avec le
premier protocole à Bruxelles. - Conclusion d'un armistice. - Ouverture du
congrès belge. - Il confirme les pouvoirs du gouvernement provisoire. -
Retraite de de Potier. - Changement de ministère en Angleterre. -
Exclusion à perpétuité de la famille des Nassau votée par le congrès. - Mission
de M. Landsdorf à Bruxelles. - Situation générale de
l’Europe.
(page 165) A peine eut-on appris à
D'ailleurs, l'administration
anglaise était sur le point de se dissoudre ; le parti, qui avait tenu les
rênes du gouvernement si longtemps que son pouvoir semblait établi, plutôt par
droit de prescription que par élection, se sentait sur le (page 167) point d'être renversé de la position à laquelle
on pourrait dire qu'il semblait inféodé par le consentement tacite du roi, des
lords et des communes. Un besoin général de réformes s'était irrésistiblement
emparé de l'esprit public, dévoré par la soif des améliorations
constitutionnelles. Il en résultait que le peuple anglais, résolu de se lever
pour obtenir une extension plus grande de ses libertés à l'intérieur, était non
moins déterminé à s'opposer à toute intervention directe dans les affaires des
autres nations. Les ministres reconnurent cette vérité, et par suite lord
Aberdeen signa, le premier, deux actes de la conférence (Protocoles
des 14 et 17 novembre), lesquels, sans consacrer directement le principe de la révolution belge,
ou admettre ouvertement celui de la séparation, reconnaissaient tacitement le
gouvernement provisoire, comme puissance avec laquelle elle consentait à
traiter sur des bases de réciprocité, et donnaient ainsi matière au protocole
célèbre du 20 décembre 1830 (n° 7 ), avant-coureur de l'indépendance belge.
Ce document, qui proclamait
franchement l'impuissance du traité de Vienne, relativement au royaume des
Pays-Bas, est du plus haut intérêt ; car il y était déclaré que : « les
événements des quatre mois qui venaient de se passer, avaient (page 168) malheureusement démontré que l'union parfaite et complète
que les puissances avaient voulu effectuer entre les deux pays, n'avait pas été
obtenue ; qu'à l'avenir il était impossible de la renouveler, que le fait de
l'union était en conséquence détruit et qu'il était indispensable de
recourir à d'autres arrangements pour arriver au but qu'on avait voulu
atteindre au moyen de l'union ; c'est-à-dire, que le but du traité étant
d'élever une barrière contre la France, et le maintien intégral de ses
dispositions étant devenu impossible, il était indispensable d'adopter des
mesures qui pussent assurer l'indépendance des deux fractions du royaume, et
les faire servir de nouveau de barrière : cette reconnaissance solennelle et
franche des vues premières de l'union, et de la nécessité où l'on se trouvait
de tâcher de combiner l'indépendance future de
En conséquence, tout ce que put
obtenir le roi des Pays-Bas, fut que les puissances prendraient le (page 169) caractère d'arbitres,
caractère qui, dans la suite, donna lieu à des difficultés et à des
contradictions nombreuses, non de la part des plénipotentiaires, mais de celle
des deux parties, sur les disputes desquelles ils étaient appelés à prononcer
leur jugement. Car aussi longtemps que les questions demeurèrent sans solution,
aussi longtemps qu'elle eut l'espérance d'une restauration,
Quoique ces réclamations fussent
plutôt destinées à compliquer les négociations et à retarder leur issue, la
conduite des grandes puissances, en déviant du protocole d'Aix-la-Chapelle,
était juste et raisonnable ; car si le plénipotentiaire des Pays-Bas avait été
admis comme partie directe à la conférence, le gouvernement hollandais eût été
juge dans sa propre cause, tandis que les Belges, exclus par la nature des
circonstances de toute participation à la discussion, auraient été placés dans
la situation d'un accusé à la barre, sans autre conseil ou interprète que le
magistrat même qui a intérêt à le condamner. Ce fait frappa les
plénipotentiaires de prime-abord, et en ne s'en tenant pas rigoureusement à la
lettre du protocole en question, ils donnèrent une preuve évidente de leur
impartialité et de leur justice. Une (page
171) telle détermination devait naturellement blesser
beaucoup
Ce fut le 4 novembre que la
conférence tint sa première délibération au Foreign
office, et donna naissance à la première pièce de cette longue série de
protocoles, qui tint pendant tant de mois l'Europe en suspens ; monument
impérissable de l'habileté diplomatique de ceux qui les rédigèrent, non moins
que de la politique vacillante du jour, politique due en partie à la
volonté cachée du cabinet russe de gagner du temps, et en partie au désir
ardent de
Les sollicitations de M. de Falk
étaient si pressantes, telle était la crainte des plénipotentiaires que les
Belges ne prissent avantage de la démoralisation des forces hollandaises et de
l'enthousiasme de leurs combattants pour porter leurs armes victorieuses dans
le Brabant septentrional, qu'à peine le premier protocole fut-il écrit que MM.
Cartwright et Bresson furent envoyés à Bruxelles pour (page 172) en communiquer le contenu au gouvernement
provisoire. Ces messieurs arrivèrent à Bruxelles le 7, et après plusieurs
discussions préliminaires et des échanges de notes concernant la stricte
interprétation sur les limites territoriales, surtout en ce qui concernait les
Flandres hollandaises et Maestricht, une suspension d'armes fut consentie le
10. Cette négociation préparatoire, habilement et heureusement conduite par ces
deux agents, produisit un second protocole plus détaillé, en date du
(page 173) Mais le cabinet hollandais persista dans le maintien des
entraves qu'il apportait à la navigation de l'Escaut, et manifesta la
disposition où il était de renouveler les restrictions imposées par le 14e
article du traité de Munster ; les Belges, de leur côté, continuèrent de
bloquer Maastricht et conservèrent la pensée de tenter un coup de main sur
cette forteresse.
Cette entreprise offrait quelques
chances de succès, non seulement à cause de la chute récente de Venloo, mais à
cause, de la faiblesse numérique de la garnison, de la sympathie de ses
habitants pour les Belges, et de l'état insuffisant de défense d'une partie des
fortifications. Quoique M. Gendebien ait refusé de signer l'armistice, et
fortement opiné pour un système d'agression qui eût probablement entraîné la
guerre générale et frappé de mort l'indépendance de
Ce fut dans cette intention que le
gouvernement provisoire se détermina à envoyer M. Van de Weyer à Londres, muni
d'instructions, pour entrer en communications avec le ministère anglais, et
pour sonder en même temps l'opinion de quelques-uns des chefs de l'opposition,
relativement à
La solennité si longtemps attendue
par le peuple belge eut enfin lieu dans la capitale. Le 10 novembre, le congrès
national s'assembla, pour la première fois, au palais des états-généraux, et
fut installé au nom du gouvernement provisoire par M. de Potter (1). Le
cérémonial fut simple, (Un
décret du gouvernement provisoire déclarait que le nombre des membres serait de
200, et le mode d'élection directe. Les qualités pour être électeur ou candidat
à la représentation, étaient : d'être né ou naturalisé Belge,
d'être âgé de 25 ans, sans distinction de religion, et de payer des
contributions montant de 75 florins, pour les provinces les plus riches, ou 13
florins dans les plus pauvres ; voulant ainsi donner a toute la population une
représentation équitable. Cette mesure était nécessaire en raison de l'extrême
différence des fortunes dans les neuf provinces, surtout dans les Flandres et
le Luxembourg).
(page 177) sans être dépourvu pourtant de solennité et de décorum.
L'hémicycle destiné aux députés était rempli d'hommes qui, quoique pour la
plupart tout à fait étrangers aux usages et aux formes parlementaires, et
choisis en général parmi les plus ardents patriotes, comprirent cependant avec
beaucoup de bon sens la portée de leurs pouvoirs et l'importance de leur
nouvelle position. A l'exception de deux ou trois individus qui disputaient
entre eux, avec une extravagante exagération, la mesure et la discrétion de
tous les autres auraient pu servir de modèle aux plus anciennes assemblées
législatives. La légèreté et la régularité des proportions de la salle où se
tenaient les séances du congrès, sa voûte élevée, ses colonnes gracieuses, ses
tribunes commodes, son ameublement simple mais convenable, ne frappaient pas
moins la vue que la tenue réservée de la grande majorité des députés et
l'aspect vénérable et intéressant du baron Surlet de Choquier qui fut immédiatement élu président.
La réunion du congrès, événement
déjà si (page 178) remarquable
en lui-même, le devint bien davantage encore, en ce qu'il fut l'avant-coureur
immédiat de la mort politique de de Potter et de la
chute de sa popularité. Ses collègues au gouvernement provisoire avaient eu le
bon sens de sentir qu'indépendamment des vicissitudes ordinaires et des
jalousies inséparables du pouvoir, leur position était d'autant plus précaire
qu'ils s'étaient élus eux-mêmes. Ils désirèrent, en conséquence, voir leur
mandat révoqué ou légitimement confirmé par les représentants de la nation. En
conséquence, ils offrirent leur démission au congrès, qui les remercia de cet
acte politique, en apparence désintéressé, par la confirmation solennelle de
leur pouvoir dans les termes les plus flatteurs pour leur caractère public.
Mais de Potter, amèrement désappointé en voyant l'esprit anti-républicain
prévaloir, et n'ayant ni le tact de céder, ni l'influence nécessaire pour
guider l'opinion, voyant son espoir d'arriver au pouvoir suprême sur le point
de s'évanouir, résolut de faire un effort désespéré en faveur de son ambition,
s'imaginant faussement qu'il était encore cette idole populaire que la nation
regardait comme indispensable à la conservation de sa liberté, et qui pouvait
la faire trembler par la seule menace de l'abandonner à son propre sort, voulut
exciter eu sa faveur un mouvement tendant à produire cette anarchie nécessaire
à son existence (page 179) politique. En conséquence, il
se sépara de ses collègues, protesta contre la suprématie du congrès, déclarant
que les pouvoirs du gouvernement provisoire étant antérieurs à ceux de cette
assemblée il ne pouvait en accepter un mandat, et il se retira.
Mais ses illusions s'évanouirent
bientôt. Le peuple, comme s'il eût été honteux des basses adulations qu'il lui
avait naguère prodiguées, apprit sa retraite sans murmure ni émotion. La
presse, dont il avait été le demi-dieu, demeura silencieuse, ou se tourna
contre lui, et ses collègues, se réjouissant intérieurement de se voir délivrés
d'un homme dont les principes et l'ambition contrariaient l'opinion générale et
compromettaient l'indépendance du pays, n'exprimèrent aucun regret et ne firent
pas le moindre effort pour le détourner de son projet. On n'entendit plus
parler de lui que quelques semaines après, lorsqu'assistant à une assemblée
publique, et cherchant à propager ses opinions favorites, il faillit tomber victime
de l'exaspération du peuple. Si l'abdication de de
Potter ne produisit aucun effet sur l'esprit public, son ami M. Tielemans ne fut pas plus heureux, mais en suivant une
route différente. De tous les membres de la commission chargée de rédiger un
projet de constitution, il avait seul opiné pour une république ; il adressa à
ce sujet une lettre au gouvernement provisoire, (page 180) contenant la proposition la
plus monstrueuse et la plus absurde qui soit jamais entrée dans la tête d'un
rêveur politique. Il voulait ni plus ni moins que, dans le cas où l'assemblée
nationale se prononcerait en faveur de la monarchie, la question de la
république pût être soumise aux délibérations d'un nouveau congrès, après trois
ans, et vice versa ; en d'autres termes, que le pays eût
alternativement, tous les trois ans, un roi et un président, une monarchie et
une république, jusqu'à ce que tout le monde pût juger par l'expérience quelle
était la forme du gouvernement la plus convenable au pays. Cette ridicule
rapsodie eut le sort qu'elle méritait ; elle fut néanmoins utile à quelque
chose, ce fut de démontrer la mesure des talents de M. Tielemans,
et de préparer la voie pour son retour à cette nullité de laquelle il n'avait
été tiré que par les persécutions impolitiques de M. Van Maanen.
Le
Trois questions d'une importance
vitale pour
Quoique le discours qui accompagna
cette proposition fût plus remarquable par la force des préventions et de
l'antipathie personnelle que par la logique des arguments et la sagesse de
cette conception politique, quoiqu'il fût rempli de passages s'adressant plutôt
aux passions qu'à la raison, quoiqu'il associât à tort le nom du prince
d'Orange à la fatale attaque de Bruxelles et le bombardement non moins
impolitique d'Anvers, qu'il lui attribuât la puissance d'empêcher des
événements sur lesquels il ne pouvait rien, il était néanmoins inspiré par la
conviction intime que le retour du prince serait le signal d'une guerre civile
immédiate, qui ne pouvait se terminer que par les plus effroyables réactions,
et amener tôt ou tard une restauration.
Quelques citations de ce discours et
de quelques autres encore feront connaître l'opinion générale de la nation à
cette époque ; ils fourniront la preuve évidente de la prévention passionnée
des orateurs et de l'état d'exaltation de l'esprit public. Jamais sujet ne fut
d'un intérêt plus vital et moins favorable à une investigation calme et
impartiale. La plupart de ceux qui étaient opposés à la motion se contentèrent
de voter en silence, et d'autres qui avaient préparé des discours dans ce sens
furent ramenés plutôt par un manque de courage (page 183) moral que par conviction,
tandis que ceux qui parlèrent contre la motion adoptèrent un langage même plus
nuisible à la cause du prince d'Orange que les violentes diatribes de ceux qui
appuyaient cette mesure. Cependant un grand nombre de membres qui votèrent pour
la proposition, la condamnèrent comme prématurée. « Si j'avais été consulté
(dit M. Gendebien), cette proposition n'eût pas été faite à présent. » MM. de
Brouckère, Destouvelles et autres exprimèrent la même
opinion. Mais du moment qu'elle avait été faite et qu'elle avait éveillé les
passions populaires, il était tout à fait impossible de la retirer, sans
plonger le pays dans une fatale incertitude et peut-être dans le désordre et
dans l'anarchie. En outre, par une singulière fatalité, les moyens mêmes
employés par le cabinet français pour retarder la discussion du décret
d'expulsion servirent à en hâter l'adoption. Les efforts tardifs et tièdes de
M. Lans- dorf produisirent un effet diamétralement
opposé à leur but avoué ; résultat si singulier qu'il peut rendre douteuse la
sincérité de ses remontrances et, dans tous les cas, est de nature à attirer
les plus sévères critiques sur la manière dont cette négociation fut conduite.
Mais bornons nous à donner les extraits de ces discours. « Le pacte qui nous
unissait à la maison d'Orange (dit l'auteur de la proposition), fut rompu le
jour où son chef tenta de substituer sa volonté et ses opinions (page 184) personnelles à la loi.
Guillaume ne s'est jamais montré roi, mais Hollandais. Il n'était que le
possesseur de
« Ceux qui admettent la possibilité
de l'élection du prince d'Orange ont-ils réfléchi à la douloureuse position
dans laquelle ce prince serait placé ? Comment pourrait-il rentrer dans cette
capitale, et se présenter à ce peuple trop confiant qu'il a trompé par ses
promesses ? Comment pourrait-il faire son entrée à Bruxelles ? Serait-ce par la
porte qui a été témoin de l'attaque criminelle de son frère, de la lâcheté et
de la barbarie de ses soldats ? Pourrait-il occuper ce palais sur les murs
duquel les boulets ont tracé le décret d'exclusion de sa famille ? Oserait-il
s'aventurer à relever les statues de son père qui ont été mutilées et foulées
aux pieds par le peuple ? Oserait-il placer sur sa tête une couronne souillée
de sang et de boue ? Quel serment pourrait garantir la fidélité du fils d'un
roi parjure ? Quel gage d'expiation pourrait-il offrir sur la tombe des braves
qui reposent à la place des Martyrs ? Ni paroles de paix, ni assurances, ni
promesses, ni expiations ne peuvent réparer les maux qui ont pesé sur notre
malheureux pays pendant quinze ans ! Un fleuve de sang nous sépare ! le nom du
prince d'Orange est enseveli sous les ruines fumantes d'Anvers ! »
« Voudriez-vous élire comme chef
héréditaire le (page 185) prince d'Orange-Nassau
(s'écriait un second : Claes d'Anvers ), non ! mille
fois non ! Vous me demandez pourquoi ? parce que sa dynastie est anti-nationale, parce que son retour serait le signal de la
guerre civile, parce qu'il est impossible de renouer ce que le sang a séparé,
parce que l'histoire nous apprend que toutes les restaurations ne sont jamais
qu'un replâtrage, qui tôt ou tard amènent d'autres révolutions. Voyez les
Stuarts, voyez les Bourbons.
« Depuis Bruxelles jusque dans le Luxembourg
(disait un troisième : l'abbé de Haerne), il n'est
qu'un cri, à bas les Nassau ! Il est impossible que le prince d'Orange
puisse régner en Belgique ; le peuple ne veut pas en entendre parler. Sa
sentence est irrévocable, elle comprend toute la famille ; c'est une
malédiction, un anathème, c'est la main invisible qui trace en lettres de
flamme : Tu ne régneras pas plus longtemps. »
« J'atteste le ciel (observe un
quatrième : le baron de Stassart), qu'il n'est pas
dans mes intentions d'insulter au malheur de ces princes. Mais les horribles
scènes de Bruxelles et d'Anvers ont rendu leur retour impossible. Le peuple se
lèverait en masse pour les repousser ; et leur arrivée serait le signal de la
plus affreuse anarchie. Que peuvent attendre les nations des restaurations
politiques ? Les suites de semblables expériences dans d'autres pays sont
notoires ; les (page 186) dissensions, les haines, les
prétentions exagérées, les projets de vengeances forment l'escorte des princes
à leur retour. Non, plus de Nassau ! tel est le cri universel de
« Notre révolution (dit M. Nothomb), nous expose à
trois sortes de guerres : une guerre européenne, une guerre civile, une guerre
avec
(page 187) Telles étaient les doctrines de ceux qui soutenaient la
proposition. Parmi les opposants, deux ou trois seulement osèrent faire
connaître leurs sentiments ; mais pas un ne parla en faveur du prince. Bien
plus : tout en combattant la motion, tous reconnaissaient que les membres de la
famille des Nassau ne pouvaient pas être élus. Les plus remarquables de ces
discours furent ceux de MM. de Langhe, de Gerlache et de Baillet, tous trois
anciens membres de l'opposition aux états-généraux. « On dit (observait le
premier), que le peuple désire impatiemment savoir ce qui sera fait
relativement à l'exclusion des Nassau. Chacun parle au nom du peuple, et
toutefois tous parlent différemment. Quel est celui qui doit être écouté, ou
qui doit être cru. Pour ma part, je pense que la grande majorité du peuple,
dans les provinces et dans la capitale, se confiera dans la décision de ses
représentants. S'ils se montrent impatients, on doit l'attribuer à ceux qui
cherchent à exciter ses passions, et le poussent à la destruction. Les peuples,
aussi bien que les rois, ont leurs flatteurs. Les sycophantes des uns comme
ceux des autres n'ont en vue que leur propre intérêt. Peu leur importe que le
peuple tombe dans la misère faute de travail, résultat inévitable des
désordres. En appelant la tempête ils n'ont d'autre objet que de s'élever à la
surface des vagues. Je suis loin d'être favorable au prince d'Orange, et si
j'étais appelé (page 188) à donner un vote, en ce moment, ce ne serait pas pour lui ; non
pas à cause des insultes auxquelles il a été en butte et qui ne prouvent rien,
mais parce que je ne pense pas qu'il possède un caractère assez fort pour nous
gouverner dans ce moment, et, surtout, parce qu'une grande partie de la nation
lui est si fortement opposée, que je craindrais que sa présence ne fût le
signal de la guerre civile. »
« Je ne me suis pas levé (s'écriait
M. de Gerlache) pour insulter les Nassau. Ils sont malheureux et ne sont pas
ici pour se défendre. Ce n'est pas ainsi que j'ai été accoutumé à les combattre
(L'orateur
faisait allusion à son opposition dans le sein des états-généraux dont
il était membre). J'ai cent fois prédit la rupture
de ce mariage diplomatique et forcé entre deux peuples différant d'origine, de
coutumes, de lois, d'intérêts et de religion. Cette monstrueuse alliance ne
pouvait être longue, à moins qu'elle ne fût soutenue par la justice, la
tolérance et beaucoup d'habileté. Le roi ne possédait aucune de ces qualités.
Un vice radical existait dans la constitution même : savoir, l'inégalité de
représentation. Aucune majorité n'était possible pour nous dans les chambres,
et en conséquence nous n'avions aucun moyen de contraindre le souverain à
gouverner dans l'intérêt général, de choisir des ministres responsables (page 189) et habiles, ou de réprimer les abus, si ce n'est
par le refus des subsides. Le roi, né Hollandais, entouré de Hollandais, ne
respirait que des sentiments hollandais, et n'a jamais connu le peuple belge.
Qu'en résultait-il ? Tandis qu'il était constamment vainqueur dans les
chambres, nous l'étions partout au dehors, au moyen de la presse. Les
puissances, qui avaient résolu notre réunion à
« (…) Mais qu'a donc cette
mesure d'extraordinaire et d'extra-légal ? Vous êtes vainqueurs, vous avez
proclamé votre indépendance. Les Nassau ne sont plus pour vous que des
étrangers, qui moralement n'existent plus. Voudriez-vous les poursuivre au delà
du tombeau ? Quand
Les débats, qui avaient commencé le 23, étaient arrivés à leur
conclusion le soir du jour suivant, quand le président se leva et fit
connaître, en ces termes, le résultat du vote du congrès : « Le nombre des
membres présents et de 189, desquels 161 ont voté pour et 38 contre la
proposition. En conséquence, le congrès national, au nom du peuple belge,
déclare que la famille d'Orange-Nassau est exclue à perpétuité de tout pouvoir
en Belgique. » Un tonnerre d'applaudissements retentit dans les tribunes,
lorsque le baron Surlet de Choquier,
avec une voix profondément émue, prononça ce laconique fiat qui d'un
seul coup tranchait le seul lien qui unît encore la dynastie à la nation, et (page 191) renversait l'édifice
politique dont l'érection avait coûté tant de sang et de trésors. Le fils
adoptif, l'orgueil et la gloire des grandes puissances, était rejeté et n'était
plus qu'un cadavre mutilé. Une révision des travaux du congrès de Vienne
devenait indispensable. Ses erreurs demeurèrent pour servir de fanal. La
conférence prouva bientôt qu'elle était décidée à profiter des leçons du passé.
On pouvait
supposer qu'une question de cette nature ouvrirait le champ à de violentes
personnalités, et que les défenseurs les plus exagérés de la motion saisiraient
l'occasion de lancer les plus amers sarcasmes contre une famille à laquelle
plusieurs portaient une haine personnelle. Mais le langage tenu, dans cette
circonstance, dépassa les bornes ordinaires, de même que les motifs pour
arriver à une décision prompte et prématurée, furent passionnés et
intempestifs. Ils offrent un exemple curieux de la défiance extrême et mal
fondée contre les puissances étrangères, qui s'était emparée de l'esprit des
représentants. La cause alléguée en faveur de cette précipitation fut l'arrivée
de M. Landsdorf, avec des instructions du
gouvernement français, pour obtenir du gouvernement provisoire l'ajournement
d'une mesure qui pouvait être une source de discorde entre les grandes
puissances. A peine le but de la mission du diplomate français fut-il connu des
députés, que la jalousie et l'impatience contre (page 192) toute
intervention étrangère, se manifestèrent de la manière la plus forte. La
demande faite par M. Landsdorf, d'un simple
ajournement, fut considérée comme une tentative directe d'imposer le
prince d'Orange. Quelques députés, qui avaient déclaré la proposition de M.
Rodenbach prématurée, prétendaient maintenant que ce serait un acte de
faiblesse de l'abandonner, tandis que ceux qui la soutenaient, appelant à leur
aide ces phrases retentissantes, si propres à exciter les passions dans le
congrès et la fermentation au dehors, trouvaient de nouveaux motifs pour
persister, et s'écriaient que « l'honneur national et l'existence même de la révolution dépendaient de leur rejet de toute
intervention étrangère. »
Que le cabinet français ait été ou
non sincère dans cette occasion, peu importe ; mais il est évident que la
négociation était tout à fait manquée, et avait produit des résultats
diamétralement opposés à ceux auxquels elle tendait. Aussi, sous différents
points de vue, cette négociation excita la surprise. Il est impossible de ne
pas se demander pourquoi, si des remontrances eussent été nécessaires, l'on
avait attendu jusqu'au dernier moment pour les faire. Les gouvernements anglais
et français, savaient ou devaient savoir, avant la retraite de lord Wellington,
qui eut lieu le 16, que M. C. Rodenbach avait l'intention de faire cette
proposition, et qu'il avait déjà retardé sa (page 193) motion de plusieurs jours ; et pourtant aucune
démarche ne fut faite par la diplomatie avant que la question n'eût été portée
devant le congrès, que l'esprit public ne fût arrivé à cet état d'excitation
qui rendait l'ajournement de cette motion extrêmement difficile, sinon impossible.
En second lieu, pourquoi le gouvernement français ne chercha-t-il pas à exercer
de l'influence, non sur le gouvernement provisoire, mais sur M. Rodenbach
lui-même, non par des supplications, mais avec cette fermeté et ce tact qu'il
sait si bien employer dans les occasions critiques ? Quoiqu'inaccessible à la
corruption, M. C. Rodenbach pouvait céder à la conviction, et si on l'eût
adroitement persuadé que l'ajournement pouvait être utile aux intérêts de
On peut encore demander comment une
telle mission fut confiée à un diplomate subalterne, peu (page 194) connu, et sans influence. Si
les efforts de M. Bresson, soutenus de ceux de M. Cartwright, étaient
considérés comme insuffisants, pourquoi ne pas choisir quelque personnage
éminent dans la politique ou dans l'armée ? Le général Belliard,
par exemple, dont le nom et les antécédents étaient un passeport auprès de tous
les Belges, et qui eût donné un poids immense à ses conseils. La même
observation peut être faite, en ce qui concerne le cabinet britannique, dont la
sympathie pour le prince d'Orange n'était peu douteuse. La jalousie et la
défiance qu'excitait le ministère Wellington (car les whigs n'étaient pas
encore aux affaires, lorsque la question d'exclusion fut discutée) s'étendirent
sur son envoyé et furent encore augmentées par la circonstance que cet envoyé
était secrétaire de la légation britannique à
Ces observations s'appliquent plus
aux moyens qu'aux résultats ; car, même en admettant que l'exclusion générale
de la famille des Nassau eût été ajournée ou évitée, la possibilité de placer
le prince d'Orange sur le trône était fort problématique ; car si cela eût été
tenté, si même il eût été élu, il était à craindre qu'un nouveau crime n'eût
été ajouté à ceux qui déjà souillent l'histoire des nations. Plus d'une main
régicide était prête à verser son sang. Plusieurs jeunes gens avaient formé le
pacte sanguinaire de l'assassiner. Il en était qui ne déguisaient pas leurs
intentions, qui en parlaient ouvertement, et qui, en considérant cet assassinat
comme un acte glorieux de patriotisme, disputaient vivement le droit de
priorité. Mais, en admettant que ce projet odieux d'assassinat n'eût pas été
exécuté, il est incontestable que la guerre civile eût éclaté dans la plupart
des provinces. Le prince ne pouvait monter sur le trône qu'en traversant un
fleuve de sang ; et son règne eût été une suite continuelle de révoltes.de
désordres et une perpétuelle tendance vers une révolution.
Que le prince eût le courage
physique nécessaire pour affronter ces périls, cela n'est pas douteux. Mais il
n'est pas incontestable qu'il eût montré l'énergie (page 196) morale ou les talents que
demandaient le gouvernement et l'administration dans ces temps difficiles.
Telle était au moins l'opinion de ceux sur l'appui desquels il devait compter,
qui, même s'ils eussent pu s'en rapporter à son habileté, ne pouvaient pas
surmonter le peu de foi qu'ils avaient dans sa sincérité et son indépendance. «
En acceptant le prince d'Orange (dit M. Nothomb), la révolution aurait reculé
devant elle-même, et aurait dû rétrograder de plus en plus chaque jour. L'idée
de conquête n'aurait jamais pu s'effacer ; nous n'aurions jamais pu avoir qu'un
fantôme d'indépendance. Le prince aurait été d'abord considéré comme un rebelle
associé à d'autres rebelles, ensuite comme un personnage intermédiaire qui
aurait fini par devenir encore le premier sujet de son père. Comme roi des
Belges, le prince d'Orange serait devenu le Monck de Guillaume 1er » (Essai sur la
révolution belge, page 52)
Mais d'autres causes accessoires
contribuèrent encore à amener cette grande crise de la révolution. Les maximes de
La position de la conférence, dans
ce moment, était plus critique qu'à toute autre époque. Elle avait à traverser
un pont plus étroit que celui d'Al-Serat : des deux
côtés était un abîme de guerre sans fond ; à l'extrémité, l'Elysée de la paix.
La plus légère erreur pouvait la plonger dans le premier ; le second ne pouvait
être atteint que par beaucoup d'adresse et de modération. Une conflagration
générale eût été le résultat infaillible d'une intervention armée, et même de
remontrances menaçantes, tandis que la médiation, (page 198) quoique sagement appuyée, et
la modération, quoique sincèrement conservée, n'étaient pas sans péril. Car ces
négociations, espèce de Protée politique, étaient susceptibles de mille
transformations, d'être étendues ou resserrées à la volonté de chacune des
parties, questions toujours prêtes à amener des discussions orageuses et très
difficiles à restreindre dans un cercle pacifique. La médiation touchait de si
près à l'intervention et était en dernier résultat si offensante, si irritante
pour l'opinion publique qu'il fallait, pour empêcher l'une d'être confondue
avec l'autre, une habileté plus qu'ordinaire sans laquelle la guerre était
inévitable.
Un orateur distingué des chambres
françaises a si bien dépeint la position politique de l'Europe, à cette époque,
que nous ne pouvons mieux terminer ce chapitre que par un extrait de son
discours, et en particulier celles de ses observations qui s'appliquent
essentiellement à l'époque présente des affaires (Discours de M. Bignon à
la chambre des députes le 13 novembre 1830, sur la question de politique
étrangère en France) :
Après avoir développé les
principales causes susceptibles d'amener l'explosion, l'orateur continue ainsi
: « Parmi les chances de paix, je placerai au (page 199) premier rang : l'influence des progrès de la raison
publique sur la politique même des cabinets ; l'estime de l'Europe pour le
caractère loyal de notre roi Louis-Philippe, qui, en respectant l'indépendance
des états étrangers, saura faire respecter la nôtre ; la perspective des graves
dangers que la guerre pourrait entraîner pour les gouvernements absolus.
« A ces chances, il faut
joindre, comme circonstances rassurantes, le mauvais état des finances de
presque tous les gouvernements, sans en excepter même l'Angleterre qui, si elle
peut toujours se suffire à elle-même, ne peut plus, du moins, fournir aux
autres puissances les subsides qu'elle leur a prodigués depuis 1793 jusqu'à
1815 ; l'extinction des vieilles haines nationales, surtout entre la France et
l'Angleterre, la sympathie des divers peuples entre eux, et la sympathie de
tous pour les principes d'une juste liberté, tels qu'ils sont maintenant
compris en France.
« Quelques-unes de ces
propositions n'ont besoin que d'être indiquées. Il en est plusieurs qui
demandent un léger développement.
« Comme première chance pour le
maintien du repos général, j'aime à placer l'influence de la raison publique
sur la politique même des cabinets. J'espère que l'événement ne me démentira
pas. Si la vanité de la politique et l'incertitude des calculs humains ont
jamais été démontrés, c'est (page 200) par les événements qui
viennent de se passer dans les Pays-Bas Depuis plusieurs siècles, c'est une
espèce d'axiome routinier à Londres, que l'Angleterre serait menacée de périr
le jour où la limite du territoire français du côté de
« En vain les guerres de la révolution ont anéanti ces traités.
L'Angleterre ne renonce pas un instant à l'espoir de les faire revivre. Pendant
25 années, c'est pour
« Tout à coup un combat
s'engage entre le roi des Pays-Bas et ses sujets. La séparation de
« Lorsque le gouvernement
anglais, tourmenté d'agitations intérieures, éprouve l'inconvénient des
incorporations forcées, de ces fusions contre nature, qui ont réuni en un seul
parlement la représentation de pays dont les intérêts sont incompatibles,
lorsqu'après le divorce de
« L'Europe en a pour garant,
outre l'esprit constitutionnel de la nation française, qui désormais répugne à
tonte guerre offensive, le caractère droit et loyal du roi Louis-Philippe. En
effet, messieurs, à la place du roi sage qui nous gouverne, supposez que la révolution du 30 juillet eût enfanté une
république, ou qu'elle eût porté au pouvoir un prince, un soldat heureux, plus
jaloux de grandeur pour lui-même que de bonheur pour la France, qui eût empêché
un chef téméraire de république ou de monarchie, le jour où le tocsin de la
guerre civile a sonné dans (page 203)
« Sans doute, c'eût été livrer la
France à de terribles hasards ; mais enfin la fortune couronne souvent
l'audace, et qui sait si, à l'heure où je parle, la France, poussée par un chef
entreprenant dans la voie des conquêtes et ressaisissant un territoire à sa
portée qui eût été empressé de se réunir à elle, ne serait pas déjà en état,
avec son armée et ses millions de gardes nationales, de braver les vains
efforts de l'Europe, derrière son triple rempart du Rhin, des Alpes et des
Pyrénées ?
« Certes, je rends grâce au roi
Louis-Philippe de n'avoir point eu de ces gigantesques idées ; je lui rends
grâce de n'avoir point joué ainsi les destinées de notre nation ; je lui rends
grâce de n'avoir point cherché, au risque d'un retour funeste pour nous, à
incendier l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. Mais enfin, ce qu'il n'a point
fait, il eût pu le tenter ; et, même en admettant qu'il n'eût pas réussi, il
eût cependant porté un coup sensible à la sûreté des dynasties et ébranlé les
fondements de tous les trônes. Pour l'Europe comme pour nous, il a été l'homme
nécessaire, (page 204) l'homme indispensable ; elle
doit autant que nous désirer la consolidation de notre gouvernement. Toute
atteinte portée à l'existence de notre dynastie nouvelle serait une calamité
pour toutes les dynasties européennes.
« Le roi a fait plus, et les cabinets
étrangers doivent lui en tenir compte. Comme nous, le roi plaint les infortunés
proscrits que poursuit la rigueur de quelques gouvernements absolus et qu'un
sentiment généreux porte à désirer l'affranchissement de leur patrie ; mais en
compatissant au malheur, il sait qu'il doit respecter l'indépendance des autres
états pour avoir droit de faire respecter la nôtre. Que l'Europe lui en sache
gré, car en se prêtant à des mesures sévères contre des hommes déjà si
malheureux, son noble cœur fait le plus grand des sacrifices.
« Dans cette situation où se
trouvent les puissances continentales et même l'Angleterre envers le roi Louis-Philippe,
devront-elles se décider à la guerre ? Je ne le pense pas. Pour quelques-unes,
ce serait mettre en jeu leur existence. Le temps des guerres mécaniques est
passé. Ce ne sont plus des automates que les soldats de nos jours, pas même
dans les contrées les plus retardataires en fait de civilisation. Désormais les
passions, les affections morales des peuples doivent influer essentiellement
sur les événements de la guerre. Les vieux préjugés ont disparu ; les préventions
nationales sont éteintes ; les Anglais d'aujourd'hui, par exemple, ne sont plus
les Anglais de M. Pitt et de lord Castlereagh : de leur côté, les Français ont
abjuré les ressentiments du comité de salut public et de l'empire. Partout on
date d'époques plus récentes. On est patriote anglais, français ou allemand,
mais l'amour du pays n'est plus la haine des nations. » (Lord
Palmerston s'exprimait ainsi à la chambre des communes, le 17 mars 1834, sur le
même sujet : « Les relations existant entre la France et l'Angleterre sont
plus amicales que jamais. L'amitié entre ces deux pays a augmenté à mesure que
les deux gouvernements se sont mieux connus et ont échangé des confidences
réciproques fondées sur une bonne foi et une loyauté mutuelles. » Il est
impossible de donner une preuve plus forte de la justesse des prévisions de M.
Bignon ; et lord Palmerston ne pouvait émettre une assertion plus honorable
pour lui-même et pour ses collègues ; car cette bonne intelligence entre les
deux pays est la pierre angulaire de la paix. Plus récemment encore, sir Robert
Peel a reconnu l'importance de cette grande vérité).