de Man d'Attenrode Jean-Marie, Joseph catholique
né en 1801 à Bruxelles décédé en 1879 à Hoeilaart
Représentant entre 1833 et 1863, élu par les arrondissements de Sant-Nicolas et Louvain(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°33)
Baron de Man d’Attenrode Jean-Marie-Joseph-François-de-Paule, officier de l’ordre Léopold, né à Bruxelles, le 16 juillet 1801. Représentant élu par l’arrondissement de Louvain.
M. le baron de Man d’Attenrode, fil du baron de Man d’Hobruge, ancien sénateur, après avoir achevé ses humanités au petit séminaire de Saint-Acheul, fut envoyé à Paris pour suivre les cours de la faculté de droit et y terminer ses études.
Il contribua avec le comte de Robiano-Borsbeek et le vicomte Vilain XIIII, à la rédaction et au succès de la pétition que les habitants notables de Bruxelles adressèrent en 1829 aux Etats-généraux, en faveur de la liberté d’enseignement. Cette manifestation de l’opinion publique devint générale, et fut un des actes qui prépara la chute du gouvernement hollandais en Belgique.
En 1830, il adhéra dès le principe aux événements qui semblaient présager l’indépendance du pays. Elu capitaine de la garde urbaine à Bruxelles, il se signala par son dévouement à l’ordre public et à la liberté naissante.
Lorsque le calme fut rétabli, le baron de Man d’Attenrode entra dans la carrière administrative. Il fut nommé, le 30 avril 1832, commissaire de l’arrondissement de Saint-Nicolas.
L’année suivante, les électeurs de cet arrondissement lui confièrent le mandat de représentant.
Sa réélection ayant échoué en 1835, il passa au commissariat de Louvain, et ses nouveaux administrés lui rouvrirent, le 28 octobre 1836, l’accès du parlement, par suite de la démission de l’honorable M. Quirini.
Depuis cette époque, M. de Man d’Attenrode a été constamment réélu.
Quant à ses fonctions administratives, il y renonça en 1842, afin de se créer une existence parlementaire plus libre.
Secrétaire de la chambre pendant les sessions de 1843 à 1847, l’honorable représentant fit partie de la commission permanente des finances et de celle de la comptabilité pendant plusieurs années.
La présentation d’un projet de la loi sur la comptabilité publique avait été réclamée avec instance au sein du parlement. La constitution rendait obligatoire l’adoption de cette loi. Il fut chargé, en 1844, par la section centrale de rédiger un rapport sur cette matière importante et difficile. Le rapporteur publia son travail en 1846 et présenta pendant le cours de la même année des rapports sur l’organisation de la cour des comptes et sur le projet de loi destiné à organiser la caisse des dépôts et consignations. Un amendement développé par M. de Man d’Attenrode et adopté par la législature, a contribué à donner une action plus complète au visa préalable de la cour des comptes et à son contrôle sur les dépenses. Les comptes publics, les dépenses des ministres n’avaient pas été réglés depuis 1830. l’honorable membre, nommé rapporteur par la Commission des finances, présenté successivement les rapports sur les projets de loi concernant les comptes de l’Etat et contribua, pour une large part, au règlement de cette immense arriéré.
Lorsqu’en 1848 et 1849, le parlement confia trois millions au département de l’intérieur à cause des éventualités de la crise politique et industrielle de cette époque, la charge épineuse de vérifier l’emploi de ces crédits fut confiée par la section centrale à l’honorable député de Louvain.
Il fut rapporteur du budget de la guerre à la session de 1848-1849.
Dans la même section, lors des débats sur l’enseignement supérieur, il a défendu la possession légale des bourses contestées de l’université de Louvain.
La session suivante le trouva opposé au projet de loi sur l’enseignement moyen, présenté par le ministère Rogier-Frère. Il redoutait pour la liberté d’instruction le système des écoles mixtes dirigées par l’Etat et dotées largement aux dépens des contribuables. Pour confiant dans le succès de l’intervention religieuse telle qu’elle était définie par le projet d e loi, il ne vit qu’un expédient dans l’appel fait au clergé, aussi termina-t-il son discours par ces paroles, qui eurent alors quelque retentissement :
« Il faut donc à l’école, pour prospérer, une enseigne, sur laquelle on puisse lire : L’éducation qu’on donne ici est religieuse. »
Parmi les nombreux travaux dont fut chargé M. de Man d’Attenrode dans sa longue carrière de député, nous citerons ses rapports sur le budget de l’intérieur, exercice 1854, et sur les crédits supplémentaires en 1855-1856.
L’honorable député de Louvain se prononça avec une profonde conviction contre la présentation trop fréquente de crédits supplémentaires destinés à couvrir des dépenses accomplies au-delà des limites fixées par la législature, et en dehors des allocations des budgets.
On manquait rarement l’occasion, à cette époque, de s’élever avec vivacité contre la centralisation, contre l’extension de la bureaucratie, contre le système d’un « Etat providence », qui se croit obligé d’intervenir en toutes choses et qui s’arroge la mission de venir en aide à toutes les infortunes par des subventions, par des faveurs prélevées sur les ressources des contribuables. Ces principes déterminèrent l’honorable membre à mettre en discussion la convenance de l’exploitation des chemins de fer par le gouvernement. Il s’attacha souvent, dans ses discours, à faire ressortir l’avantage de leur exploitation par l’industrie privée.
L’administration du capital considérable qu’ils représentent, les intérêts compliqués qu’ils embrassent, ne pouvaient, selon lui, être confiés avec chance de succès à un seul homme amené ordinairement par l’intérêt de parti, et remplacé inopinément par suite de revirements politiques. Une proposition d’enquête parlementaire, présentée par l’honorable membre, amena une enquête administrative. Cette enquête conclut à la formation d’un Comité consultatif permanent. Il en fit partie, par suite de l’arrêté royal du 28 octobre 1834. Ce Comité porta ses investigations sur tous les services. Il fit des propositions nombreuses accueillies pour la plupart par l’honorable M. Van Hoorebeek, ministre des travaux publics.
Il cessa de se réunir sous le ministère de M Dumon, lorsque, après avoir adopté plusieurs chapitres d’un règlement organique d’attributions, il en fut arrivé à proposer des réformes concernant les services du personnel. Le Comité ne pouvant, dépourvu de l’appui du ministre des Travaux publics et devant la résistance de l’administration, poursuivre la tâche qu’il avait entreprise, M. de Man d’Attenrode donna sa démission par une lettre vivement motivée et adressée au chef du département. Elle porte la date du 19 février et fut publiée par les journaux.
Le rapport que le député de Louvain présenta ensuite au nom de la section centrale sur le budget des Travaux publics, fut son dernier travail relatif à la question des chemins de fer. Tous les services sont livrés à une investigation sévère dans ce rapport : on y trouve un compte-rendu détaillé de la situation financière des chemins exploités par l’Etat, et dressé par la Cour des comptes.
On peut dire sans hésiter que, même en ne partageant pas toutes les idées de réformes et d’innovation de l’honorable député, ses adversaires politiques du parti libéral ont reconnu dans ses conseils une conviction, une aptitude et un zèle pour le bien public qui ne se sont jamais démentis.
M. le baron de Man d’Attenrode est investi depuis 1854 des fonctions de bourgmestre de la commune de Hoolaert.
Nommé chevalier de l’ordre Léopold par arrêté royal du 1er juin 1845, l’honorable représentant de Louvain a été promu, le 9 juin 1854, au grade d’officier du même Ordre, en récompense de ses nombreux et importants travaux.