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De Langhe François (1785-1853)

Portrait de De Langhe François

De Langhe François, Xavier, Joseph libéral

né en 1785 à Ypres décédé en 1853 à Schaerbeek

Représentant entre 1837 et 1841, élu par l'arrondissement de Ypres Congressiste élu par l'arrondissement de Ypres

Biographie

(Extrait de : A. VANDER MEERSCH, dans Biographie nationale de Belgique, tome V, 1876, col. 315-318).

DE LANGHE (François-Xavier), administrateur, législateur, naquit à Ypres le 3 décembre 1785, et mourut à Schaerbeek le 8 octobre 1853.

Il était issu d'une famille notable, éteinte aujourd'hui, mais qui avait fourni, pendant deux siècles, des magistrats à la commune et à la châtellenie.

Après avoir obtenu à Paris le diplôme de licencié en droit, De Langhe fut nommé auditeur au conseil d'Etat de l'empire français, puis, en conservant ce titre, sous-préfet de l'arrondissement de Bruges, position qu'il ne perdit qu'en 1814, lors de l'évacuation de la Belgique par les Français. Il ne resta pas longtemps inactif : au mois de juin 1819, les états provinciaux de la Flandre occidentale l'élurent membre de la deuxième chambre des états généraux du royaume des Pays-Bas ; et, réélu à diverses reprises, il continua à siéger dans cette assemblée législative jusqu'à la révolution de 1830. Bien qu'il fût libéral, partisan des idées philosophiques de la fin du XVIIIe siècle, et même quelque peu joséphiste, il appartenait à l'opposition parlementaire et, sans vouloir le renversement de la dynastie, à la coalition clérico-libérale qui, sous le nom de l'Union, se forma durant les dernières années du règne de Guillaume 1er. A dater de cette époque, De Langhe se montra un des adversaires les plus actifs du gouvernement : à l'occasion du vote du projet de loi contre la presse, envoyé avec le fameux message du 11 décembre 1829 aux états généraux, il fut l'un des douze députés des provinces méridionales à la seconde chambre qui eurent le courage de voter contre cette loi liberticide. Au dehors, il prêta son concours au comité central et extra parlementaire de l' Union qui organisait la résistance contre le cabinet que dirigeait M. Van Maanen, et unit ses efforts à ceux des chefs des patriotes avec qui il était en relations intimes, pour renverser le ministère. Son nom fut mêlé même à ceux de MM. De Potter, Van de Weyer, Bartels, Tielemans, etc., qu'un procès politique célèbre rendit populaires à cette époque.

Dès que la révolution belge éclata (1830), De Langhe accourut à Bruxelles ; il y aida, non en prenant les armes, mais par ses conseils et par l'influence qu'il exerçait sur ses amis placés à la tête du mouvement populaire. Il fut encore l'un des cinq députés qui, au mois de septembre 1830, se rendirent à Paris pour étudier les événements et observer la marche du gouvernement issu de la révolution de juillet. Bien que l'Arnhemsche Courant eût demandé leur tête, ces courageux citoyens osèrent, à leur retour, tenter encore une démarche de réconciliation auprès du roi à La Haye.

Malgré ses opinions libérales et philosophiques, De Langhe, très-populaire alors, fut élu, le 4 novembre 1830, membre du Congrès national par l'arrondissement d'Ypres, où le clergé disposait cependant d'une grande majorité.

Habitué aux luttes parlementaires par une pratique de onze années, mis en relief par ses discours et par ses actes au sein des états généraux, le député d'Ypres ne tarda pas à occuper une position distinguée dans notre mémorable assemblée constituante. Il y vota contre le principe de l'indépendance absolue du clergé (23 décembre) et contre la liberté illimitée de l'enseignement : il voulait que les établissements d'instruction publique fussent soumis à la surveillance de l'Etat (24 décembre). Il se montra peu favorable à la liberté, sans restriction, du droit d'association et de réunion, et proposa même de soumettre, en certains cas, le droit de s'assembler à une autorisation préalable (27 décembre). Il se prononça d'abord pour un sénat dont les membres, en nombre illimité, seraient nommés à vie par le chef de l'Etat ; toutefois, il admit plus tard l'organisation du sénat tel qu'il existe aujourd'hui.

C'est sur sa proposition que le Congrès décida d'accorder aux membres de la chambre des représentants une indemnité mensuelle de 200 florins des Pays-Bas pendant la session.

Après s'être prononcé contre 1a proposition d'exclure la famille d'Orange-Nassau de tout pouvoir en Belgique (23 novembre), le député d'Ypres la vota le lendemain ; mais il déclara, aux applaudissements de l'assemblée, qu'il émettait ce vote pour protester contre les menaces auxquelles les puissances avaient eu recours dans le but de faire écarter cette proposition. Enfin, lors de la discussion sur le choix du chef de l'Etat, De Langhe fit partie des soixante-quatorze membres qui votèrent (3 février 1831) pour le duc de Leuchtenberg. Ce vote fut le dernier qu'il émit au congrès : le lendemain (4 février), il donna sa démission, motivée sur la décision prise la veille par l'assemblée et qui était contraire à son opinion.

De Langhe rentra momentanément dans la vie privée ; mais, en 1836, il consentit à accepter un double mandat : il fut, cette année, élu membre de la chambre des représentants pour l'arrondissement d'Ypres et conseiller communal du chef-lieu de cet arrondissement (31 octobre). Il quitta de nouveau la chambre en 1841 et l'hôtel de ville d'Ypres en 1842.

Dans ses fonctions modestes de conseiller communal, l'ancien constituant chercha à faire prévaloir, dans la pratique, les idées qu'il avait préconisées au Congrès ; il contribua au maintien et à la réorganisation des établissements locaux d'instruction dirigés par la ville, et que l'on proposait de supprimer afin de donner au clergé le monopole de l'enseignement. En 1849, il eut quelque velléité de rentrer dans la vie parlementaire ; il sollicita, des électeurs de l'arrondissement d'Ypres, un mandat de sénateur ; mais il échoua aux élections du 19 juin.

François-Xavier De Langhe mourut à Schaerbeek le 8 octobre 1853, à l'âge de soixante-huit ans, et fut enterré au cimetière de Laeken. Il était décoré de la croix de fer et chevalier de l'ordre de Léopold. C'était un homme instruit, d'un caractère ferme et indépendant, mais chez qui ces nobles qualités étaient parfois poussées trop loin : la fermeté de caractère devient alors de l'entêtement, et l'esprit d'indépendance, l'esprit d'opposition. De Langhe aimait son pays, il le servit avec dévouement ; il ne transigea point, ni avec sa conscience ni avec son devoir, se préoccupant toujours des questions d'intérêt général, jamais, et on le lui a reproché, des intérêts personnels de ses mandants, ni des questions d'intérêt local.

La famille De Langhe portait d'azur à la fasce d'or, à 6 étoiles à 6 rais de même, 3 en chef et 3 en pointe.