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Lange Hyppolite (1788-1869)

Portrait de Lange Hyppolite

Lange Hyppolite, Joseph libéral

né en 1788 à Mons décédé en 1869 à Saint-Josse-ten-Noode

Représentant entre 1839 et 1869, élu par l'arrondissement de Mons

Biographie

(E. BOCHART, Biographies des membres des deux chambres législatives, Session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°66)

LANGE Hippolyte-Joseph, chevalier de l’Ordre Léopold, Né à Mons le 2 juin 1788. Représentant élu par l’arrondissement de Mons.

M. Hippolyte Lange, fils de négociant, comptait dans la branche maternelle de sa famille un magistrat distingué : M. Rosier, son oncle et son parrain, Procureur-Général criminel près la Cour d’assises du département de Jemappes, sous le premier Empire, qui le prit son son égide dès sa plus tendre jeunesse. M. Lange fit ses humanités au Collège de Mons avec un tel succès qu’il remporta, en 1807, la Médaille d’honneur pour les Mathématiques et second prix de Belles-Lettres, au concours institué entre toutes les Ecoles secondaires du département de Jemappes, par le Préfet du département.

Elève de l’Ecole de droit de Bruxelles, M. Lange reçut en 1812 le Diplôme de docteur en droit, et revint, immédiatement après, dans sa ville natale, pour s’y livrer à la pratique des affaires.

Il exerça la profession d’avocat pendant plus de vingt-cinq ans. Ce furent vingt-cinq ans de triomphes, surtout en matière criminelle. Toutes les affaires capitales, pour ainsi dire sans exception, lui étaient confiées ; dès qu’on le savait chargé d’une cause, la foule se pressait pour l’entendre, et sa renommée brille encore du plus vif éclat dans les souvenirs du Barreau de Mons.

En 1839, cédant aux sollicitations de ses nombreux amis, M. Lange accepta un mandat législatif, et sacrifia ainsi au parlement sa belle et lucrative position. Depuis lors, M. Lange n’a cessé de siéger à la Chambre. Après sept renouvellements successifs de son mandat, que retrouvons-nous en lui ? Un dévouement absolu, des connaissances solides, et une constance inébranlable dans ses principes politiques.

M. Lange a pris une part très active aux travaux de la Chambre ; son zèle, son aptitude à la préparation et à l’examen des projets de loi ont été appréciés à une si haute valeur par tous ses collègues que pendant plus de dix ans consécutives, ils l’ont appelé à l’honneur de présider leurs travaux.

Auteur d’un grand nombre de rapports, l’honorable député de Mons s’est toujours distingué par des exposés clairs et faciles, par des discussions sages. Son travail le plus remarquable peut-être est celui qu’il présenta sur le budget de la Justice, lors de l’avènement au pouvoir, en 1847, du ministère Rogier–de Haussy.

L’un des plus exacts de tous les membres de la représentation nationale, M. Lange n’est pas prodigue de discours ; mais il faut dire à sa louange que dans toutes les discussions importantes, et spécialement toutes les fois que les besoins de sa province ont été mis en jeu, il a paru un des premiers sur la brèche. La concession du Palais de Justice de Mons, concession faite par l’Etat à la Province, non seulement sans retour de la part de celle-ci, mais de plus avec un subside de cent mille francs de la part du Gouvernement pour la reconstruction de cet édifice, est due en partie à l’excellent rapport de l’honorable M. Lange. Le prompt achèvement du chemin de fer du Hainaut ; la réduction des premiers tarifs si onéreux pour l’industrie ; la reconnaissance des droits de la province au produit de ses barrières, et la classification des routes ont rencontré en M. Lange un loyal et persévérant défenseur. C’est aussi par ses généreux efforts que les officiers de la réserve ont obtenu le retrait de l’arrêté qui les privait injustement d’une partie de leur traitement.

La parole de M. Lange est toujours écoutée, parce que la conviction fait la force de chacun de ses arguments, parce qu’il étudie avec le soin le plus scrupuleux les questions qu’il est appelé à traiter, parce qu’il a surtout ce tact exquis et cette sûreté d’analyse qui distinguent l’homme pratique, l’homme d’affaires du rhétoricien politique.

Les comices électoraux placent à bon droit le désintéressement au nombre des vertus qu’ils réclament de leurs mandataires. Le désintéressement chez M. Lange est, pour ainsi dire, proverbial.

Dans sa longue carrière parlementaire, l’honorable député de Mons n’a sollicité aucun emploi, ni pour lui, ni pour les siens.

On réclame à grands cris des garanties d’indépendance ! A cet égard il est un point remarquable dans la vie politique de l’honorable M. lange : dans les temps où nous sommes et sous le système politique qui nous régit, c’est déjà chose digne de louanges, que l’indépendance conservée à l’égard du pouvoir gouvernemental ; mais il est un autre pouvoir auquel on ose encore bien moins déplaire, que l’on tremble, et quelquefois trop, de méconnaître : ce pouvoir, c’est le corps électoral. Il y a un véritable courage à suivre dans la carrière politique, la voie qu’on s’est tracée, à faire abstraction complète des passions du moment, des intérêts individuels des électeurs qui vous ont confié leur mandat, pour ne considérer que l’ensemble des intérêts généraux du pays. Ce courage utile, ce patriotisme sans arrière-pensée, M. Lange en a fait preuve notamment en 1842, dans la discussion du projet de loi pour le canal de l’Espierre ; il n’a pas hésité à se mettre en opposition, par une raison d’utilité générale, avec les intérêts particuliers des plus chauds promoteurs de son élection en 1839.

Les services rendus au pays par l’honorable M. Lange ne pouvaient pas restés oubliés. Dix-neuf années de travaux parlementaires non interrompus furent récompensés, le 8 décembre 1857 par la Croix de Chevalier de l’Ordre Léopold. Le surlendemain, l’honorable M. Lange était réélu à Mons. »


(Extrait du Moniteur belge, du 2 décembre 1869, p. 4459)

Funérailles de M. Lange.

Mardi, à onze heures, la famille, les collègues, les amis du vénérable doyen d'âge de la Chambre des représentants, ont rendu à sa dépouille mortelle les derniers devoirs.

La Chambre, convoquée par le bureau, s'est rendue en corps à la funèbre cérémonie. Elle a quitté, à dix heures et demie, le palais de la Nation, escortée d'un escadron du régiment des guides. La Chambre était nombreuse.

Nous avons remarqué, outre M. le président Dolez et les autres membres de la députation montoise, M. Van Humbeeck, vice-président, MM. Allard et de Baillet-Latour, questeurs ; M. Vanderstichelen, ministre des affaires étrangères, MM. de Kerchove de Denterghem, Bouvier, Vermeire, de Naeyer, Watteeu, Hayez, Vander Donckt, Ernest Vandenpeereboom, Gerrits, d'Hane-Steenhuyse, etc., etc.

M. Dolez prononça, au nom de la Chambre et au nom de la députation de Mons, le discours suivant :

« Messieurs,

« Avant que s'accomplisse l'éternelle séparation, un douloureux devoir me commande d'adresser un suprême adieu à l'excellent collègue que la mort vient de nous ravir. Cet adieu, je le lui dois au nom de la Chambre des représentants, dont il était le doyen respecté, au nom de la députation montoise, où, depuis un si grand nombre d'années, nous figurions unis par une mutuelle confiance, au nom de mes souvenirs, comme membre du barreau de Mons. auquel l'un et l'autre nous avons eu l'honneur d'appartenir.

« Hippolyte-Joseph Lange était né à Mons, le 2 juin 1788, d'une famille de négociants estimés. La direction éclairée d'un oncle qui brillait dans une position élevée de la magistrature et qui plus tard fut membre des états généraux, M. Rosier, porta ses travaux et ses aspirations vers la carrière judiciaire.

« Après avoir fait de brillantes études au collège de Mons, il recevait, en 1812, le diplôme de docteur à l'école de droit de Bruxelles, et dès cette époque, il se consacrait dans sa ville natale à la noble profession d'avocat.

« Doué d'un cœur chaleureux, d'une parole facile et brillante, il se voua surtout à la plaidoirie devant la cour d'assises et il y conquit une grande et légitime renommée. Arrivé moi-même au barreau montois à une époque où son talent avait atteint toute sa maturité, j'ai été témoin de ses succès, et, plus d'une fois, j'ai partagé l'émotion qu'il savait répandre sur ceux qui l'entendaient.

« En 1839, les électeurs de l'arrondissement de Mons lui ouvraient une autre carrière, en l'appelant à l'honneur de les représenter au sein de la Chambre.

« Tous savent avec quel dévouement, avec quelle assiduité et quel zèle il se consacra à cette importante mission. Sa longue carrière parlementaire, honorée par dix élections successives et par la décoration de notre ordre national, fut toujours digne de respect et d'éloges. Je n'ai pas à en retracer toutes les phases, mais il me sera permis de rappeler le talent avec lequel il dirigea plusieurs fois les travaux préliminaires de nos sessions, en qualité de président d'âge. La verdeur de sa vieillesse, sa fermeté, la netteté de son intelligence, la précision de sa parole en faisaient un président digne d'être cité comme modèle ; aussi étaient-ils éclatants les applaudisse-

honorée par dix élections successives et par la décoration de notre ordre il se consacra à cette importante mission. Sa longue carrière parlementaire, national, fut toujours digne de respect et d'éloges. Je n'ai pas à en retracer toutes les phases, mais il me sera permis de rappeler le talent avec lequel il dirigea plusieurs fois les travaux préliminaires de nos sessions, en qualité de président d'âge. La verdeur de sa vieillesse, sa fermeté, la netteté de son intelligence, la précision de sa parole en faisaient un président ligne d'être cité comme modèle; aussi étaient-ils éclatants les applaudissements de gratitude que lui décernait la Chambre, quand il cédait le fauteuil au président qu’elle venait d’élire.

« Il me souvient que, l’an passé, l’assentiment de toute la Chambre accueillait le vœu que j’exprimais de voir, pendant de nombreuses années encore, notre cher doyen présider à nos premiers travaux. Hélas ! ce vœu ne devait point s’accomplir. Cette fois, à la veille de l’ouverture de notre session notre collègue se senti hors d’état de se rendre parmi nous, et, à quelques jours de là, la Chambre n'a plus à consacrer que des regrets à celui qu'elle avait cru pouvoir applaudir encore !

« Cher collègue, votre souvenir restera parmi nous, entouré de l'estime et de l'affection que votre longue et honorable carrière a justement méritées ; puisse le Ciel, accueillant nos vœux suprêmes, vous accorder l'éternel repos !

« Adieu, notre excellent collègue, adieu! »

Le funèbre cortège se mit ensuite en marche vers l'église des SS. Jean et Nicolas, où ont été célébrées les obsèques solennelles.

Les cordons du poêle étaient tenus à droite, par M. Dolez, président de la Chambre, et par M. de Brouckere, doyen d'âge de la députation de Mons ; à gauche, par M. Van Humbeeck, vice-président de la Chambre, et par M. Dethuin, membre de la députation de Mons.

Le deuil était conduit par MM. Jouan et Simon, cousins du défunt. Les honneurs militaires ont été rendus par un demi-bataillon du 3ème de ligne, une compagnie de grenadiers et une autre de carabiniers. Les troupes étaient commandées par M. le colonel Jorissen, des carabiniers.