Accueil Séances Plénières Tables des matières Biographies Documentation Note d’intention

De Baillet-Latour Georges (1802-1882)

Portrait de De Baillet-Latour Georges

De Baillet-Latour Georges libéral

né en 1802 à Gand décédé en 1882 à Bruxelles

Représentant entre 1840 et 1882, élu par l'arrondissement de Philippeville

Biographie

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, pp 29 et suivantes)

Issu d’une des plus nobles familles de la Belgique, M. de comte de Baillet-Latour a été nommé, dès l’âge de 32 ans, bourgmestre de la commune de Merlemont, dans la province de Namur, où sont situés son château de famille et une grande partie de ses propriétés. Il exerce encore aujourd’hui ces fonctions de la magistrature communale, dont il a dû le renouvellement successif à la confiance de ses administrés et à celle du gouvernement.

Ce fut par l’étude et la pratique des lois et de l’administration locale qu’il se prépara à la carrière législative.

En 1841, la mort de M. Seron laissa vacant le siège de représentant de l’arrondissement de Philippeville. M. le comte de Baillet-Latour fut porté comme candidat, concurremment avec l’honorable M. de Puydt, qui se retira bientôt, laissant à son compétiteur la mission de soutenir la création du chemin de fer d’Entre-Sambre-et-Meuse, le premier qui ait été établi en Belgique par voie de concession, et qui était destiné à ouvrir en France un écoulement facile aux produits de la forgerie et des charbonnages belges, en reliant directement le bassin de Charleroi à la Meuse française.

Indépendant de la grande ligne partant de Charleroi, aboutissant par Marienbourg à Vieux-Molin – Belgique – et se prolongeant jusqu’à Vireux-Walrand – France – sur la Meuse, M. le comte de Baillet-Latour a fait adopter les embranchements de Thy-le-Château, Fraire, Morialmé, Florennes, Philippeville et Couvin, qui assurent des débouchés extérieurs aux contrées les plus riches en minerais de l’arrondissement de Philippeville et du pays entier. Ce fut encore M. le comte de Baillet-Latour qui obtint, en faveur des embranchements, la garantie du minimum d’intérêt, quelques années après la concession de la grande ligne.

Dans les discussions relatives au haras de l’Etat, l’honorable représentant de Philippeville a constamment apporté le tribut de ses connaissances spéciales, et puisé aux sources de l’expérience des propositions d’amélioration pour la race chevaline, qui ont été approuvées généralement. Plus tard, il a dû faire pressentir le sort qui attendait cet établissement, réduit aujourd’hui à des proportions bien restreintes et à une existence très précaire.

Les questions agricoles ont toujours trouvé dans M. le comte de Baillet-Latour un défenseur habile et zélé.

Les questions de finance, d’administration et d’économie politique n’ont jamais demandé en vain le secours de ses lumières et de son amour du bien.

En 1845, l’honorable représentant, le bourgmestre dévoué, a reçu en retour de ses services publics la croix de l’Ordre de Léopold.

En 1847, la confiance de la chambre lui a valu les fonctions délicates de questeur qui lui on été conservées jusqu’à ce jour. Dans le cours de ses onze années de questure, M. le comte de Baillet-Latour a eu à traiter bien des affaires d’administration intérieure qui exigeaient un esprit d’ordre parfait, une connaissance approfondie des convenances et des usages. Homme du monde, l’honorable représentant a déployé dans l’exercice des ses fonctions toutes les qualités de l’homme intègre, de l’administrateur vigilant, du mandataire fidèle de l’Assemblée.

Lors du vingt-cinquième anniversaire de l’avènement du Roi, l’organisation du banquet offert par les chambres à Sa majesté et à la Famille royale, fut en grande partie l’œuvre de M. le comte de Baillet-Latour, qui y a porta toute son intelligence active.

Dans les délibérations de la chambre, la ligne de conduite suivie par l’honorable représentant de Philippeville n’a jamais varié ; elle a toujours été celle d’un libéralisme ferme, sage et modéré. Il s’est dévoué avec un entier désintéressement aux travaux parlementaires, pour défendre les intérêts généraux du pays et protéger ceux de l’arrondissement dont il tient son mandat. Une conduite empreinte de cet esprit de suite et d’un zèle si infatigable devait avoir sa récompense. Les électeurs la lui ont conférée dans huit réélections consécutives, toujours à des majorités considérables, et tout récemment à l’unanimité. Aux élections du 10 décembre 1857, M. le comte de Baillet-Latour a obtenu 631 suffrages sur 645.

La chambre renouvelée s’est associée à cette manifestation de la confiance publique, en confirmant l’honorable représentant de Philippeville dans une des deux places de questeurs.


(Extrait de BNB, Notices biographiques 1850-1960, Bruxelles, Banque nationale de Belgique, s.d., p. 70)

de Baillet-Latour, comte Georges-Alexandre-Marie (Gand 1802-Bruxelles 1882)

Administrateur du Comptoir d’escompte de Philippeville (1874-1882)

Dès l’âge de 32 ans, il fut élu bourgmestre de Merlemont, commune où étaient situés son château de famille et une grande partie de ses propriétés. Lieutenant-colonel de la quatrième légion de la Garde civique de Bruxelles, il fut membre de la Chambre des représentants depuis 1841 jusqu’à son décès. Il remplit les fonctions de questeur de 1847 à 1870 et de 1878 à 1882).


(Extrait de l’Echo du Parlement, du 19 avril 1882)

Nous avons à enregistrer une triste nouvelle. M. le comte de Baillet, représentant de Philippeville, a succombé ce matin, en sa maison, boulevard de Waterloo, aux suites de la maladie qui le tenait depuis quelque temps éloigné de son siège. Le comte de Baillet était un des membres les plus anciens de la Chambre ; il y état entré le 21 janvier 1841 et, depuis lors, son mandat avait été renouvelé sans interruption. Doué d'une affabilité exquise et d'une aménité de caractère sans pareille, le comte de Baillet était le type du parfait gentleman ; la fermeté et la modération de ses opinons lui avaient concilié toutes les sympathies. Questeur de la Chambre jusqu'à la chute des libéraux en 1870, il reprit ses fonctions à l'avènement de l'administration actuelle, et il les remplit, jusqu'au moment où la maladie l'enleva à son poste, avec ce tact, cette urbanité et cette vigilance active qu'il apportait dans toutes ses relations.

Sa mort est une perte réelle pour la Chambre, dont il était l'un des membres les plus aimés, et pour l'opinion libérale qu'il a servie avec un inaltérable dévouement et une inébranlable constance.

La Chambre a reçu, au début de la séance, notification du décès de l'honorable membre ; M. le président a accompagné cette communication de quelques paroles émues ; la Chambre a décidé d'adresser une lettre de condoléance à la famille de l'honorable défunt et de se faire représenter par une députation à ses funérailles.

Né en 1802, le comte Georges de Baillet-Latour fut élu député pour la première fois le 21 janvier 1841. Depuis lors il n'a cessé de représenter l’arrondissement de Philippeville. Très populaire dans cette contrée, où il passait l'été dans son domaine de Merlemont, il eut aussi sa popularité dans la capitale, à telles enseignes que, pendant plusieurs années, il fut lieutenant-colonel de la 4ème légion de la garde civique de Bruxelles.

Sa première nomination à la questure de la Chambre date du 11 novembre 1847.

Le comte de Baillet-Latour était grand-officier de l'Ordre de Léopold, officier de la Légion d’honneur, grand-croix de l’Ordre d’Adolphe de Nassau.


(Extrait de l’Echo du Parlement, du 23 avril 1882)

Voici le discours prononcé par M. Le Hardy de Beaulieu, remplaçant M. le président Descamps, qui n’a pu assister aux funérailles de M. le comte de Baillet-Latour.

« Messieurs,

« La mort frappe a coup répétés dans nos rangs. En quelques semaines, elle y a marqué trois victimes.

« Elle les a choisies parmi les plus populaires, les plus aimés dans leur arrondissements, parmi les plus honorés de leurs collègues, parmi les plus vénérés et chéris dans leurs familles.

« L’affluence considérable qui entoure le corps inanimé de notre bien-aimé questeur témoigne que le député de Philippeville y était aussi populaire que l’étaient Van Iseghem à Ostende et de Kerckhove à Gand.

« Georges-Alexandre comte de Baillet-Latour était né à Gand le 9 avril 1802.

« Il descendait d’une ancienne famille qui suivit ses souverains dans les vicissitudes diverses qu’eurent à subir, pendant plusieurs siècles, nos provinces divisées et morcelées, passant par mariages, donations ou conquêts, d’une souveraineté à une autre comme autant de propriétés personnelles.

« Les ancêtres de notre regretté collègue furent des patriotes selon les mœurs et les idées de leur temps. Ils servaient leur pays en donnant tout ce qu’ils avaient de force et d’intelligence aux chefs que la politique ou la guerre avaient donnés à leur pays.

« Le père du défunt, Louis Willebrod, était général au service de l’Autriche ; son oncle, Maximilien-Antoine, était le chef du fameux régiment des dragons de Latour dont le général Guillaume a retracé la glorieuse histoire. Tous deux contribuèrent, avec d’autres compagnons d’armes de nos provinces, à maintenir honoré le nom Belge dans les annales de l’Europe.

« Notre collègue de Baillet ne pouvait faillir à d’aussi nobles exemples.

« Il fut patriote aussi selon les mœurs, les idées et les besoins de son temps.

« Il regarda résolument en avant au lieu de se détourner avec terreur en arrière.

« Conservateur par l’éducation et par position, il compris que la conservation est inséparable du progrès, que le poste de la noblesse dans notre siècle démocratique est d’être à la tête du peuple et non dans la suite du clergé.

« Des anciens privilèges, il ne se souvenait que d’un seul : Noblesse oblige. Tous ceux qui sont aujourd’hui autour de son cercueil savent s’il l’a jamais oublié.

« De Baillet fut élu à la Chambre en 1841. Il n’a pas cessé d’y siéger depuis ce moment. En 1847, il fut choisi par ses collègues comme questeur. Il n’a cessé de remplir ces fonctions aussi ardues que délicate qu’en 1870 pour les reprendre en 1878 jusqu’au jour de sa mort.

« Nous pouvons dire qu’il les remplit à la satisfaction de tous et nous le voyons encore dirigeant, réglant avec tact et bienveillance les affaires très compliquées d’une assemblée parlementaire.

« Dès son entrée à la Chambre, le comte de Baillet-Latour se rangea résolument sous le drapeau libéral.

« Il y fut toujours fidèle malgré des efforts nombreux et répétés pour l’en détacher.

« Il se savait d’accord avec ses commettants qui témoignaient hautement de leur confiance en sa sagesse et en son patriotisme en renouvelant son mandat à chaque élection par des majorités croissantes.

« S. M. le Roi avait apprécié ses mérites et son patriotisme et l’élevant successivement à tous les grades de son ordre jusqu’à celui de grand-officier.

« D’autres gouvernements lui avaient conféré des distinctions.

« La Chambre perd, dans le comte de Baillet son questeur, un gardien vigilant de ses droits et de ses prérogatives ; nous tous nous perdons un collègue affectueux, dévoué, complaisant et moi particulièrement, je perds un ami sincère dont j’aimais à entendre la voix et à suivre les conseils affectueux.

« Je suis certain d’être l’organe fidèle de la Chambre tout entière en transmettant à la famille si cruellement frappée de notre cher et regretté collègue l'expression de nos profonds regrets et de la douloureuse sympathie avec laquelle nous nous associons aux siens.

« Adieu, De Baillet, noble cœur. Adieu !

(Extrait de l’Echo du Parlement, du 25 avril 1882)

Voici le discours prononcé par M. le baron de Labbeville, sénateur de l'arrondissement de Philippeville :

« Messieurs,

» Quand un homme de bien disparaît, il se fait un grand vide, souvent difficile à remplir, et des voix unanimes s'élèvent alors pour faire entendre les expressions de la douleur et du regret.

» Jamais ces sentiments n'ont eu plus qu'aujourd'hui des raisons légitimes de se produire. Qui pourrait ne pas les éprouver devant ce cercueil qui renferme la dépouille mortelle de celui que nous avons tous aimé et auquel nous venons rendre un dernier et solennel hommage ?

« M. le président de la Chambre vous a retracé en termes émus la longue carrière politique du comte de Baillet-Latour, les services signalés qu'il a rendus au pays, et à l'arrondissement de Philippeville en particulier. Je viens, au nom de l'amitié, vous faire connaître quel fut l'homme privé.

« Georges-Alexandre-Marie comte de Baillet-Latour, issu d'une noble et ancienne famille de l’Artois, est né à Gand le 7 avril 1802 ; après avoir fait d'excellentes études, il fut envoyé, le 21 janvier 1841, à la Chambre des représentants par les électeurs de l'arrondissement de Philippeville, qui lui renouvelèrent, sans interruption, jusqu'à sa mort, son mandat pendant un laps de temps de plus de quarante et une années : c'est vous dire l'immense popularité, la profonde sympathie dont jouissait notre cher défunt.

« En effet, qui a connu le comte de Baillet-Latour sait combien il possédait un cœur d'or, combien il était bon, noble et généreux ; d'autres ont pu avoir des qualités plus brillantes, aucun n'en a eu de plus solides ; d'une raison droite, d'un jugement sain, il était doué d'un bon sens qui ne s'égarait jamais ; d'un caractère franc et loyal, il avait une propension naturelle à obliger, qui le rendait prodigue de son temps et de ses démarches quand il s'agissait de rendre un service. S'il est un homme auquel on puisse appliquer la phrase devenue banale : « Il ne comptait que des amis », c'était bien celui-là.

» Aussi, son souvenir restera-t-il toujours parmi nous, vivant et vénéré, en attendant qu'il nous soit donné de le revoir dans un monde meilleur, car Dieu voudra lui accorder la récompense de ses mérites et de ses vertus.

» Puisse, messieurs, cette pensée consolante soutenir et fortifier dans cette suprême épreuve ses chers enfants, sa chère fille, qui perdent tout en perdant celui que nous pleurons ! Puissent-ils, à la vue de notre profonde et sincère douleur, trouver sinon un remède, du moins un adoucissement à leur cruelle infortune !

« Adieu, comte de Baillet-Latour !

» Adieu, mon bon, mon noble, mon respectable ami !

« Une dernière fois, adieu ! »

Enfin, M. Lucq a pris la parole au nom de l'Association libérale de Florennes, et a prononcé l'allocution suivante :

« Messieurs,

» Des voix éloquentes et plus autorisées que la mienne viennent de vous rappeler tout ce que M. le comte de Baillet-Latour a fait pendant sa longue carrière.

» A mon tour je viens, au nom de l'Association cantonale libérale da Florennes, rendre un juste et bien modeste hommage à la mémoire du respectable député de notre arrondissement.

« M. le comte Georges de Baillet-Latour entré à la Chambre des représentants en remplacement de M. Seron, et depuis, ses concitoyens n'ont cessé de renouveler son mandat.

« II fut toujours dominé par cette idée que la vie de l'homme doit être utile ; il pensait qu'avec de la persévérance on peut résoudre, sans bruit, les graves problèmes de notre époque.

« Partisan de la cause libérale, il apportait dans ses résolutions un esprit qui n'excluait ni la modération dans les idées, ni le respect des convictions d'autrui.

« II voyait dans lé libéralisme le ferme appui du progrès : aussi fut-il l'un des organisateurs les plus dévoués du parti libéral de l'arrondissement de Philippeville.

» Nous ne laisserons pas tomber l'œuvre à laquelle il a consacré tant d'efforts. Les libéraux du pays se serreront plus que jamais autour de leur drapeau.

« Placé au premier rang par son éducation et sa fortune, G. de Baillet-Latour n’a négligé aucun des devoirs que commande une haute position. En agissant ainsi, il n'obéissait pas seulement aux inspirations d'une conscience élevée, il subissait avant tout les entraînements de son cœur noble et généreux.

» La foule émue qui se presse ici dit assez haut l'affection qu'il inspirait et combien sa perte est sentie.

» Au nom du canton de Florennes, reçois, cher représentant, l'hommage de notre reconnaissance ! »