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de Smedt Jules (1832-1893)

Portrait de de Smedt Jules

de Smedt Jules, Marie, Joseph catholique (1857-1868), indépendant national (1884-1892)

né en 1832 à (indéterminé) décédé en 1893 à (indéterminé)

Représentant entre 1857 et 1892, élu par les arrondissements de Furnes et Bruxelles

Biographie

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°44)

DE SMEDT, Jules-Marie-Joseph

Né à Alveringhem, le 22 avril 1832,

Représentant, élu par l’arrondissement d’Ypres

Issu d'une des plus honorables familles de Furnes. M. Jules de Smedt fit ses études à l'université de Louvain et, à l'exemple de tous les bons esprits, en chercha le complément dans l'étude, aujourd'hui si utile, de l'économie politique, science qui date d'un demi-siècle à peine, et qui a déjà tant contribué à améliorer les institutions des peuples.

Comme corollaire de l'économie politique, l'histoire du droit administratif a fait l'objet des investigations de M. De Smedt.

Sa fréquentation des cours de l'université de Bruxelles lui a indiqué la route à suivre, et lui a donné, pour ainsi dire, les prolégomènes de travaux qu'une longue expérience peut seule achever.

La lecture particulière des œuvres de J.-B. Say, de Gérando, de Sismondi, de Rossi n'a pas été d'un faible secours aux études de M. de Smedt. Convaincu que le catholicisme, sagement pratiqué, loin de nuire au progrès, donne à l'humanité la force nécessaire pour atteindre aux limites du possible, M. de Smedt est entré catholique à l'université de Bruxelles, il en est sorti catholique; la philosophie n'a rien changé à la foi de l'étudiant.

En 1857, à peine de retour à Furnes, M. de Smedt s'est trouvé en présence d'une grande question politique. L'orageuse discussion de la loi sur les établissements de bienfaisance venait d'amener la dissolution de la Chambre des représentants. Le pays était divisé en deux camps : M. de Smedt était lié par ses relations de famille, par la direction de ses études, par ses opinions personnelles, au parti conservateur que le libéralisme, en minorité dans la dernière session de la Chambre, venait de renverser du pouvoir. Ses amis politiques, qui pouvaient compter sur son dévouement, le désignèrent au choix de ses concitoyens pour la représentation nationale ; et, le 10 décembre, il fut élu député pour l'arrondissement de Furnes.

L'honorable M. Jules De Smedt, l'un des plus jeunes de nos représentants, a de beaux exemples à suivre dans le Parlement belge. Trop jeune pour être en renom, il a déjà su mériter l'estime par la loyauté de son caractère; il saura mériter par ses travaux la reconnaissance de ses concitoyens.


(Extrait de la Revue générale, Bruxelles, 1874, vol. 20, p. 330BIBLIOGRAPHIE

Réforme électorale. De la représentation des minorités, par Jules De Smedt. Bruxelles, Lebrocquy, 1874. Broch. de 36-XXIV pages.

Nous avons fait connaître il y a trois mois, à l'occasion d'un travail de M. Léon Pety de Thozée, notre sentiment au sujet de ce qu'on appelle la « représentation des minorités. Ce sentiment n'a pas été ébranlé par une nouvelle brochure, du reste fort intéressante, émanée de M. Jules De Smedt, ancien représentant. M. De Smedt s'est, il faut lui reconnaître ce mérite, dévoué entièrement au succès de la cause dont il a pris en mains les intérêts. Peut-être réussira-t-il un jour. Mais nous croyons que ce jour est encore éloigné. En principe, nous sommes peu favorable à toute réforme électorale radicale dont l'utilité n'apparaît pas clairement, et nous ne pensons pas qu'en pareille matière, on doive rechercher la perfection; le voulût-on, qu’on n'y parviendrait pas.

M. De Smedt s'indigne de ce que les catholiques de Bruxelles ne soient pas plus représentés que les libéraux de Louvain. La réponse est celle-ci : c'est qu'il s'opère des compensations entre les arrondissements en majorité libéraux ou catholiques. Si les catholiques de Liége ne sont pas directement représentés, les libéraux de Gand ne le sont pas non plus, et les deux partis luttant avec les mêmes caractères, on peut admettre que les catholiques de Bruxelles sont représentés par ceux de Louvain, comme les libéraux de Louvain par ceux de Bruxelles. M. De Smedt ne remarque pas du reste que son système n'est applicable qu'à un certain nombre d'arrondissements. Prenons, par exemple. un arrondissement n'élisant qu'un député : il a 800 électeurs, 405 catholiques et 395 libéraux. Comment M. De Smedt s'y prendra-t-il pour faire représenter les 395 libéraux ? Je l'attends là, et cette seule observation suffit à démontrer que son système n'a pas la valeur qu'il lui attribue. En réalité, ce système ne pourrait être mis en vigueur, ni dans les arrondissements à député unique, ni même dans ceux qui n'en élisent que deux, c'est-à-dire dans près de la moitié des arrondissements du pays. Pour le Sénat. il ne serait applicable que dans 6 districts sur plus de 40. Ce résultat serait trop mince pour susciter en sa faveur le grand mouvement d'opinion, nécessaire au succès d'une réforme électorale fondamentale.

Nous reconnaissons que le système de M. De Smedt serait utile en matière d'élections communales. Mais là il se heurtera à des résistances très-vives de la part des grandes villes.


(Extrait du Journal de Bruxelles, du 30 décembre 1893)

Mort de M. de Smedt de Borman. Nous apprenons avec un vif regret la mort de M. Jules de Smedt de Borman, décédé jeudi soir après une très courte maladie, dans son habitation de Bruxelles, 4 place de l'Industrie.

M. de Smedt de Borman, qui était officier de l'ordre de Léopold, avait représenté pendant treize années l'arrondissement de Furnes ; il fit partie, de 1884 à 1892, de la députation indépendante de Bruxelles.

Il fut à la Chambre le premier défenseur de la représentation proportionnelle ; il était l'auteur du projet de loi, basé sur le système d'Hondt, qui fut déposé en 1887 sur le bureau de la Chambre.

M. de Smedt de Borman était le président de la Ligue pour la représentation proportionnelle, qu'il fonda en mai 1881 avec MM. Beernaert, Nyssens, d'Hondt, Eugène Anspach, Pety de Thozée, etc. Il n'a cessé de défendre avec chaleur et autorité, chaque fois que l'occasion lui en a été offerte, la réforme à laquelle son nom demeurera lié.

M. de Smedt de Borman, par son caractère bon et affable, par sa droiture, sa loyauté, la sûreté de ses relations, s'était créé un très grand nombre d'amis. II jouissait à Bruxelles de la sympathie générale et sa mort inopinée causera d'unanimes regrets.

Nous offrons à la famille de l'excellent ami que nous perdons nos sentiments de sincère condoléance.


(Extrait de L’Indépendance belge, du 31 décembre 1893)

La personnalité assez effacée de M. de Smedt de Borman emprunte un relief posthume à la crise de la Proportionnelle.

Pendant onze ans M. de Smedt de Borman avait représenté à la Chambre l'arrondissement de Furnes. Elu le 10 décembre 1857, il avait été battu le 9 juin 1868 par un candidat libéral, M. Edouard de Bieswal, qui du reste ne garda pas longtemps son mandat. Après la dissolution de 1870, aux élections générales du 2 août, il était remplacé par M. Léon Visart, constamment réélu depuis. Il n'en est pas moins intéressant de rappeler, bien qu’éphémère, ce succès d'un libéral en pays flamand.

Ces onze années n'avaient pas révélé en M. de Smedt (il n'avait pas encore ajouté le nom de sa femme) un orateur de quelque talent. II remplissait en conscience son rôle de droitier fidèle et discipliné, se risquant parfois, non sans timidité, à lire une réclamation d'intérêt local. Mais il excellait dans le silence, et lorsqu'il eut succombé, son absence ne fut pas plus sensible à la Chambre que ne l'avait été sa présence. Du reste, parfait galant homme, de relations courtoises et fort agréables, et dans les cercles de la capitale, où il s'était retiré, très apprécié comme virtuose du billard. Au Cercle artistique et littéraire, notamment, dont l'atmosphère est plutôt libérale, bien que cette société n'ait aucun caractère politique, il se mesurait volontiers avec Eugène Anspach, caramboleur émérite lui aussi, mais avec d'autres cordes à son arc.

Est-ce entre deux séries américaines qu'un lien politique s'établit entre ces deux adversaires ? Peut-être bien. Toujours est-il qu'en 1881 ils fondèrent l'Association pour la représentation proportionnelle. M. de Smedt de Borman en fut le président, Eugène Anspach le vice- président et l'un des plus chauds propagandistes. Eudore Pirmez en était avec M. Victor D'Hondt, l'inventeur du système qui depuis a fait grand bruit dans le monde, avec M. Jules Carlier, avec M. Nyssens. M. Beernaert en était aussi, el la présidence de l’Association minoritaire valut à M. de Smedt d'être porté par le chef du cabinet actuel sur la liste clérico-indépendante dont les divisions libérales assurèrent le succès en juin 1884.

La seconde période de la carrière parlementaire de M. de Smedt de Borman fut marquée par une initiative qui a laissé des traces, puisque son système de représentation proportionnelle, variante simplifiée du système D'Hondt, a servi à l'expérience électorale du 19 novembre dernier, dont nous signalions hier le compte rendu rédigé par M. Hermann Dumont.

Ce fut l’apogée de cette carrière politique, et si M. de Smedt de Borman n'a pas brillé au premier rang parmi les hommes de son parti, il ne s'est pas complètement éclipsé au second, puisque son nom se rattache à une réforme d'avenir, quelles qu'en soient les chances immédiate de réalisation.

M. Jules de Smet avait 61 ans. Il était né le 23 avril 1832 à Alveringhem, près de Furnes.