D'Elhoungne François, Ferdinand libéral
né en 1815 à Klundert (Pays-Bas) décédé en 1892 à Gand
Représentant entre 1843 et 1886, élu par l'arrondissement de Gand(Extrait et traduit de : Nationaal Biographisch Woordenboek, Bruxelles, 1966, tome II, col. 194-201)
ELHOUGNE François, Ferdinand, Homme politique, bourgmestre, ministre d’Etat, représentant et avocat.
Né à Klundert (Brabant septentrional, Pays-Bas) le 24 décembre 1815 et décédé à Gand dans sa maison de Sint-Janstraat le 27 mars 1892. Fils de Jean François et Arlette van Heukelom. Marié à Gand le 15 août 1850 avec Ysaline Zoé Françoise Gérard. Neveu de Antoine François Marie d’Elhougne, membre du Congrès national et représentant de l’arrondissement de Louvain.
Très tôt, d’Elhougne quitta son lieu de naissance pour s’établir à Gand le 10 mai 1827 (après un passage à Ath) avec sa belle-mère. Son père vint les rejoindre en 1828 (il était avant à Breda) et s’y établit comme libraire. D’Elhougne obtint son diplôme de docteur en droit le 4 août 1835 et s’inscrit au barreau gantois en 1841. Nous sommes mal renseignés sur cette période 1835-1841. Sa carrière parlementaire débute le 14 juin 1843 : il a alors 28 ans et est élu comme représentant de l’arrondissement de Gand à l’occasion d’une élection partielle. Il va rester membre de la Chambre jusqu’au 8 août 1852. En 1846-1847 il renonce à son étiquette de vieil-orangiste et devient membre du tout nouveau parti libéral ; il devient également membre fraternel de l’Association Libérale Gantoise (Gentse Liberale Associatie), dont il devient vice-président, avant de devenir président puis président d’honneur, fonction à laquelle il ne renonce qu’à quelques mois de sa mort, pour des raisons de santé. Tout un temps il travailla également au « Journal de Gand », qui durant des années fut le porte-voix de l’association libérale gantoise. En 1849, il aurait été le co-organisateur des « ateliers de charité » dans les Flandres. Il siégea à nouveau à la Chambre du 12 juillet 1866 au 14 juin 1870 et à nouveau du 11 juin 1878 au 8 juin 1886. Toen hij vernam dat hij in de onder-comités van de Gentse Liberale Associatie minder stemmen, bekomen had dans zijn collega’s, weigerde hij zich nog verder kandidaat te stellen. Quelques mois plus tard, à l’occasion de l’élection de la vice-présidence de la Chambre, il n’obtint que 19 voix contre 62 pour son concurrence De Lantsheere.
Déjà bien auparavant, il devait être considéré comme un homme de pouvoir par ses collègues, puisque dès 1845, soit deux ans à peine, après son élection à la Chambre, il était question de lui confier un portefeuille ministériel. Il ne fit jamais partie d’un cabinet ministériel toutefois mais fut désigné, à sa grande surprise, ministre d’Etat le 3 octobre 1881. d’Elhoungne fut aussi un membre éminent de la loge franc-maçonne gantoise « Les vrais amis » qui, sous la conduite de Vervier et lui-même, fut un grand centre d’animation.
Le 15 janvier 1882, il succéda à l’avocat Metdepenningen en étant élu président de la société d’orientation libérale La Concorde, fondée en 1809. D’Elhoungne enfin refusa d’être enterrer avec les honneurs militaires auxquels son titre de ministre d’Etat lui donnait droit.
Le travail parlementaire de d’Elhougne est impressionnant. De 1844 à 1847 il fut membre de la commission des naturalisations et de 1847 à 1849 il fit partie de la commission des finances. Il fut également rapporteur de plusieurs sections centrales, notamment celles relatives à la modification des tarifs de douane (1845-46), l’augmentation de l’impôt foncier (1847-1848), l’expropriation pour cause d’utilité publique (1866-1867), la réforme des listes électorales, les droits d’enregistrement sur les transactions immobilières et les dons entre vifs (1868-1869), et en 1878-1879 le projet de loi modifiant la loi sur l’impôt personnel et la coordination des lois électorales. Enfin, il fut rapporteur de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi portant création de la commune De Pinte et, en 1880-1881 dans la commission pour l’adresse en réponse au discours du trône.
En matière militaire, il s’opposa au budget de la guerre et protesta à plusieurs reprises contre les dépenses militaires excessives et les augmentations du contingent. Il était d’avis qu’une garde civique correctement organisée était préférable à l’armée pour assurer le maintien de l’ordre intérieur. Néanmoins il se prononça aussi pour une réorganisation des forces armées dans le sens d’une plus grande efficacité, pour les forts anversois et préconisa le système de loterie à celui d’un système militaire basé sur le volontariat.
Il défendit les droits de l’Etat en matière d’enseignement. En 1879, au plus fort de la guerre scolaire, il appuya la réforme de la loi de l’enseignement primaire du 23 septembre 1842 qu’il accusait d’être une arme aux mains du clergé et accusa celui-ci d’intervenir dans les élections : en outre, il soutenait toute mesure ayant pour objet de restreindre la puissance temporelle du clergé dans les écoles communales de la campagne.
(Extrait de l’Indépendance belge, du 29 mars 1892)
MORT DE FRANÇOIS D'ELHOUNGNE
L’éloquent orateur et célèbre avocat François d’Elhoungne, ancien député libéral de Gand, ministre d'Etat, est mort la nuit dernière en cette ville, succombant aux suites de l'affection cardiaque dont il souffrait depuis longtemps.
Ne »en 1815 à Klundert, localité hollandaise voisine de Moerdyck, où son père était libraire, sorti de l’école en 1835, François D'Elhoungne entra au barreau de Gand en 1841 et bientôt après il y occupait la première place avec Metdepenningen, qui fut lui aussi un des plus beaux talents oratoires qui surgirent à l'époque et au lendemain de la Révolution belge.
A plusieurs reprises le barreau lui conféra les honneurs du bâtonnat.
D'EIhoungne n'avait que 27 ans lorsque le corps électoral de de Gand l'envoya pour la première fois à la Chambre, et dès ses débuts il fut classé au premier rang des maîtres de l'éloquence parlementaire. A la tribune comme à la barre, il brilla de l'éclat le plus vif parmi les esprits les plus puissants et les plus distingués, parmi les talents les plus remarquables jusqu'au jour où, il a quelques années, il se résigna à la retraite. Toujours il partagea la fortune politique du parti libéral. On n'oubliera jamais à Gand les superbes harangues par lesquelles il excitait l'enthousiasme des libéraux à la veille des grandes batailles électorales, ni les vibrants discours qui saluaient leurs victoires ou relevaient leurs courages après un échec. Ses paroles avaient toujours un grand retentissement dans le pays.
Jamais D'Elhoungne n'accepta un portefeuille ministériel mais le Roi l'appela dans son conseil en 1879 en le nommant ministre d’Etat.
Décoré de la Croix de fer, grand-officier de l’ordre de Léopold, D'Elhoungne avait été président effectif et ensuite président d'honneur de l'Association libérale de Gand. Il y défendait le libéralisme modéré, ce qui ne l'empêcha pas, en 1883, dans la discussion des impôts, de couvrir de son patronage certaines initiatives de l'extrême gauche.
D'autre part, adversaire ardent du cléricalisme, - on se rappelle avec quelle vigueur il combattit en 1846 la politique des Six Malou- D’Elhoungne n’en était pas moins un esprit religieux, dont les convictions intimes se manifestèrent à plusieurs reprises. Ce côté de son caractère se précisait il y a quelques jours, alors qu'en pleine possession de ses facultés et sans qu'aucune aggravation de son état physique fût venue lui faire craindre une mort immédiate - hier encore il se trouvait fort bien - il exprima à l'évêque de Gand la volonté de communier. C’est Mgr Stillemans lui-même qui lui donna la communion.
Par son testament qui date du 5 janvier dernier, lendemain de l'enterrement de son vieux confrère Achille Eeman, il interdit la célébration d'un service religieux à la cathédrale et l'envoi de lettres de faire-part, ordonnant qu'une messe basse soit dite à l'église des Carmes, comme il fut fait pour sa femme, et exprimant le désir d'être inhumé sans aucun apparat et sans discours. j'inhumation aura lieu jeudi matin.
A l'audiencé de la Cour d'appel de Gand, M. le premier président Coevoet a prononcé l'éloge dé François d'Elhoungne, dont il a vanté en termes éloquents la profonde science juridique, le talent merveilleux, les grands services rendus à la chose publique. L'honorable magistrat a dit à l'illustre avocat, au ministre d'Etat, au grand citoyen le solennel adieu de la Cour. M. le premier avocat général de Gamond s’est associé aux paroles prononcées par le premier président et a exprimé au barreau la douloureuse impression qu'a causée aux membres du parquet la mort de l'homme qui fut une des gloires de l'ordre dans le pays entier.
Maître De Vigne, bâtonnier, a fait à son tour l'éloge de D'Elhoungne qui n'était pas seulement une illustration du barreau gantois mais aussi une gloire du barreau belge. C’est au nom du barreau belge que le bâtonnier. a remercié la Cour et le procureur général de l'éloquent et solennel hommage qui venait d'être rendu à sa mémoire.