D'Elhoungne Antoine, François libéral
né en 1782 à Louvain décédé en 1857 à Ixelles
Représentant entre 1831 et 1833, élu par l'arrondissement de Louvain Congressiste élu par l'arrondissement de Louvain(Extrait de : C. BEYAERT, Biographies des membres du Congrès national, Bruxelles, 1930)
Né à Louvain en 1782, Antoine-François d’Elhoungne, receveur des contributions dès 1803, se vit destitué en 1818 pour sa collaboration à L’Observateur belge.
Ayant par la suite obtenu son diplôme de docteur en droit à l’université de Liège, il s’établit comme avocat à Louvain en 1822.
Elu député suppléant au Congrès national par ce district, il participa aux travaux de cette assemblée depuis le 28 février 1831.
Membre de la chambre des représentants pour l’arrondissement de Louvain (1831-1833), il devint bâtonnier de l’Ordre des Avocats et fut appelé à Bruxelles, en 1847, comme administrateur des Monnaies.
En 1848, il rentra dans la vie privée et mourut à Ixelles, le 16 août 1857.
(Extrait de : F. STAPPAERTS, dans Biographie nationale de Belgique, t. VI, 1878, col. 534-537)
D’ELHOUNGNE (Antoine-François-Marie), jurisconsulte et publiciste, né à Louvain en 1782, décédé à Bruxelles en 1857. Doué d'une vive intelligence et d'un grand amour pour le travail, il fit de brillantes études universitaires dans sa ville natale, et déjà il était gradué en droit quand, par suite de son mariage, il se décida à changer de carrière. Il entra, en 1808, dans l'administration des finances et parvint, graduellement, à l'emploi de receveur des contributions directes à Aerschot. Il avait divisé sa vie en deux parts, l'une vouée avec passion à des études littéraires et philosophiques, l'autre consacrée à l'accomplissement de ses devoirs. Son ambition paraissait satisfaite d'une modeste aisance, et rien ne semblait devoir interrompre le cours paisible de son existence quand un rude coup vint l'atteindre : le gouvernement des Pays-Bas le destitua à la fin de l'année 1817.
Ce n'était pas le fonctionnaire public qu'on frappait par cette mesure de rigueur, mais le publiciste, le rédacteur d'un journal d'opposition, qu'on voulait punir. D'Elhoungne était l'un des trois fondateur de l’Observateur belge et l’opposition faite par ce journal heurtait d'autant plus vivement le pouvoir, qu'on la formulait avec verve, avec compétence, et en s'attaquant à de véritables abus, On ne pouvait guère avouer un tel motif de révocation ; mais d'Elhoungne avait, maladroitement fourni lui-même un motif très plausible de le destituer : il avait sollicité un congé de six mois pour se rendre en Hollande où l'appelaient des intérêts de famille, et où (comme il l'écrivit plus tard) il comptait aussi utiliser son séjour, pendant la session des Etats généraux, en dissipant le voile épais qui enveloppait les travaux de la représentation nationale, « Six semaines plus tard, l'autorité supérieure n'avait pas encore statué sur sa demande ; impatienté de cette lenteur, il partit sans permission, après avoir installé son neveu comme gérant provisoire de sa recette, C'était la faute commise, celle que l'arrêté royal de démission signalait, en la qualifiant de « négligence grave ». Le receveur destitué protesta contre l'illégalité de la mesure prise, il invoqua l'inamovibilité des emplois et prétendit avoir été nommé receveur à vie, Il est à peine nécessaire d'ajouter que l'action intentée par lui contre les agents du gouvernement, ainsi que ses requêtes au roi et au ministre Falck, restèrent absolument sans effet. II lui fallut se résigner, chercher une autre sphère d'activité, aviser aux moyens de pourvoir, comme père de famille, aux nécessités de chaque jour, D'Elhoungne se rendit à Liége afin d'y achever ses études en droit et, reçu docteur, il revint, en 1822, se faire inscrire comme avocat au barreau de Louvain.
Il entrait ainsi, tardivement, à l'âge de quarante ans, dans une nouvelle carrière ; plein d'ardeur, de confiance, de force morale, il y entrait sans hésitation ; orgueil légitime, car l’étendue de son savoir, la rectitude de sa vie, sa parfaite loyauté ne furent même jamais contestées par ses confrères ; et, ceux-ci, en le nommant, à diverses reprises, bâtonnier de leur ordre, ne lui marchandèrent pas leur sympathique estime. L'écrivain politique et le jurisconsulte primèrent cependant toujours en lui l’avocat plaidant et il devait bien plus le succès de ses plaidoyers à l'autorité acquise par son caractère qu'au charme de son éloquence. La phase la plus brillante de son existence, fut évidemment celle où, associé à deux hommes de mérite et leur égal par le patriotisme, il combattait, chaque jour, pour le triomphe de ses convictions politiques.
Il est devenu fort difficile, aujourd’hui, de classer les articles publiés par les trois jurisconsultes fondateurs de l'Observateur belge, MM. d'Elhoungne, Doncker et Van Meenen. La part légitime de paternité qui revient à chacun d'eux semble pourtant avoir été entrevue par un critique doué du goût le plus sûr et le plus délicat, M. Alphonse Leroy : « Les articles de d'Elhoungne, plus spéciaux que ceux de Van Meenen, ne sont pas moins remarquables, dit-il ; ils brillent par une dialectique déliée, par un style coulant, plein de verve, par un esprit d'à-propos qui les rend agréables à lire. Benjamin Constant en faisait grand cas et en reproduisit plusieurs dans la Minerve, avec fort peu de changements. »
Les rédacteurs de l'Observateur belge, qui avaient tant contribué à entretenir la fermentation des esprits, ne restèrent pas inactifs quand la lutte passa sphère des idées dans celle, plus dangereuse, des collisions. Van Meenen et d'Elhoungne, tous deux domiciliés à Louvain, y contribuèrent puissamment à l’explosion de la révolution. Le premier exerçait une grande influence morale par ses conseils ; le second agissait davantage sur les faits et gestes de la jeunesse, par l’intermédiaire de son fils, alors étudiant en droit à l'Université et ami intime de Van Camp et d'Ad. Roussel, avec lesquels il devint l'un des principaux promoteurs de l'agitation populaire. Quand la révolution fut accomplie et triomphante, d'Elhoungne, esprit désintéressé et philosophe pratique, rentra dans son cabinet d'étude, comme si rien d’important ne s'était passé. Il assista à la curée des places sans songer, un instant, à y prendre part. Ses concitoyens, l'arrachant à ses spéculations abstraites, l'envoyèrent pourtant au Congrès national. Il n'y démentit point son caractère, et, loin de rechercher la popularité par la virulence des déclamations, il osa se montrer plein de modération, de bon sens, et exclusivement préoccupé des intérêts positifs du pays ; il intervint dans la plupart des débats soulevés par l'examen des questions économiques et financières.
D’Elhoungne s'était uni une première fois à une Hollandaise, mademoiselle Marres de Breda :elle lui donna un fils, Prosper d'Elhoungne, dont nous venons de parler et qui, décoré de la croix de fer, comme combattant de septembre, décéda, à Bruxelles, à l'âge de trente ans. Sa seconde femme, mademoiselle Lints de Louvain, et les trois filles issues de cette union, lui furent de même enlevées prématurément ; parvenu à la fin carrière, il se vit donc réduit à un cruel isolement, et à une extrême médiocrité de fortune ; quelques-uns de ses anciens amis, devenus influents, s’inquiétèrent de cet état de choses, le gouvernement s'en émut à son tour, et nomma d'Elhoungne commissaire à l’hôtel des Monnaies. Il avait atteint l’âge de soixante-cinq ans, quand il fut appelé à ces fonctions et les conserva encore dix ans, c'est-à-dire jusqu'au jour de son décès.