Dreze Pascal
né en 1797 à Grand-Rechain décédé en 1881 à Liège
Congressiste élu par l'arrondissement de Verviers(Extrait de J. VAN ERCK, <Paschal-Joseph Drèze, dans Les Gens de robe liégeois et la révolution belge, Liège, G. Thone, 1930, pp. 289-290)
De Paschal-Joseph Drèze il ne reste rien.
Rien que les dates de sa naissance, et de sa mort. Entre ces deux hasards, se placent quelques actes où sa volonté eut une plus grande part. Il fut juge au Tribunal de Première Instance de Verviers, puis Président de ce siège et se retira à Hodimont pour y mourir
Il était né à Grand-Rechain, village assez bucolique, ma foi, avec ses vergers, ses pâtures, ses horizons ondulés, mais qui ne nous livre rien sur le caractère de notre héros, ce qui fait mentir les catégories de Taine.
Vaut-il vraiment la peine de naître, de vivre et de mourir, pour ne laisser après soi qu'une fiche dans un état civil ?
Oui, sans doute, puisque c'est le sort commun des hommes. Et d'ailleurs, qu'y a-t-il au monde de plus sage qu'un homme qui vit sa vie d'homme parmi les autres hommes, qu'y a-t-il de plus conforme à toutes les lois de la nature, qu'y a-t-il de plus conforme à toutes les lois de tout, l'homme qui vit comme tout le monde.
Paschal-Joseph Drèze était de ces gens si désintéressés, si humbles, si prévenants, qu'ils ne veulent point accabler du souci de leur gloire ceux qui doivent venir après eux. Encombrer les cours d'histoire, fatiguer la mémoire des petits enfants, tous ces accessoires fastidieux de la gloire les détournent d'entreprendre aucun geste héroïque.
Ils choisissent des métiers où la fonction prend le pas sur l'homme. Magistrat ! On est la voix de la Société, un organe de l'Etat. On met une robe fourrée d'hermine. Et c'est au nom au Roi que les sentences sont rendues. Aucune nécessité de faire œuvre personnelle. Quel refuge pour les timorés !
Au Congrès, Paschal-Joseph Drèze fit preuve des mêmes vertus de discrétion. Il prit la parole une seule fois, et pas une ligne de son discours ne nous est parvenue.
Nous voilà loin de nos modernes parlementaires, discoureurs, verbeux, bavards.
Entré au Congrès le 13 avril 1831 pour y remplacer David, notre héros n'y eut même pas à se prononcer sur la candidature du Duc de Nemours. Il était toutefois adversaire de Léopold de Saxe-Cobourg, puisque son unique discours n'avait d'autre objet que de combattre son élection.
On sait encore qu'il réclama le rétablissement du jury et qu'il vota contre les XVIII Articles.
Cette vie nous offre le parfait exemple du citoyen accompli qui pense peu, parle moins encore, et n'agit qu'avec prudence.