Davignon Gilles, François libéral
né en 1780 à Herve décédé en 1859 à Verviers
Représentant entre 1831 et 1835, élu par l'arrondissement de Verviers Congressiste élu par l'arrondissement de Verviers(Extrait de : A. ZUMKIR, Nouvelle biographie nationale, t. VII, 2003, pp. 79-80)
DAVIGNON (Gilles-François) industriel et financier, né à Herve le 3 juin 1780, décédé à Verviers le 26 octobre 1859.
Si son grand-père maternel fut bourgmestre de Herve en 1752-1753, son père ne semble pas avoir exercé de fonctions politiques. Lui-même, jeune encore, quitte Herve et crée une fabrique de tissus à Lambermont. Il y devient échevin en 1822, mandat qu'il détient jusqu'en 1835 avant de siéger en tant que conseiller communal de 1836 à 1845. Cette implantation politique locale le tient à l'écart, lors des évènements d'août-septembre 1830, de la Commission de Sûreté publique de Verviers dont font partie ses deux frères, Léonard-Joseph, pharmacien (1789-1852) et Jean-Guillaume, fabricant de draps (1782-1866).
En revanche, le 3 novembre 1830, Gilles-François Davignon est élu membre du Congrès national (1830-1831) aux séances duquel il assistera assidûment. Il y prend rarement la parole mais son intervention du 11 janvier 1831 est particulièrement remarquée. Ardent partisan de la réunion de la Belgique à la France, ce vœu n'ayant pas été pris en compte, il se prononce en faveur de la candidature du duc de Nemours. Cette solution ayant aussi été écartée, il s'abstiendra finalement lors de l'élection de Léopold de Saxe-Cobourg.
Afin de mieux cerner la personnalité de Gilles-François, il est bon de signaler qu'il vota, entre autres, pour l'exclusion des Nassau et l'abolition de toute distinction d'ordres et contre le Traité des XVIII articles et l'institution du Sénat.
Les premières élections générales ont lieu le 29 août 1831. L'arrondissement de Verviers se voit octroyer deux sièges à la Chambre des Représentants. Gilles-François y est aisément élu. La Chambre ayant été dissoute, il est réélu en 1833.
Nommé administrateur de la Banque de Belgique, il ne peut plus être candidat à la Chambre en 1835 pour cause d'incompatibilité. Qu'à cela ne tienne, il se présente, le 29 septembre 1836 à la première élection du Conseil provincial pour le canton de Spa qui a droit à trois sièges. Il est élu au second tour et il en sera de même en 1838. En 1842, pour la première fois, deux listes s'affrontent dans le canton, Gilles-François figure sur l'une d'elles soutenue par le journal catholique de l'arrondissement, quoique ses deux colistiers soient francs-maçons. Tous trois sont élus et Gilles-François Davignon siégera donc au Conseil provincial jusqu'en 1846. Il en est d'ailleurs vice-président de 1836 à 1838, de 1839 à 1840 et de 1842 à 1844. Il ne se présente plus en 1846. Il avait agi de même en 1845, lors des élections communales de Lambermont.
Gilles-François Davignon a donc eu une carrière politique courte mais relativement brillante. Cependant, mis à part ses convictions réunionistes de 1830-1831, il serait hasardeux de lui attribuer une étiquette partisane. Il en va de même de son frère Léonard (1789-1852), un pharmacien qui siège au conseil communal de Verviers de 1830 à 1846 (échevin de 1840 à 1845) qui se voit soutenu ou rejeté tantôt par les uns tantôt par les autres. Quant à son frère Jean-Guillaume (1782-1866), fabricant de draps, s'il n'intervient pas dans les luttes politiques, il s'allie par le mariage à la famille Grosfils qui apporte un soutien sans faille à la cause libérale au cours du XIXe siècle.
Gilles-François est parfois qualifié de libéral dans la presse à une époque (avant le Congrès libéral de 1846) où cette étiquette peut être sujette à caution. Ce qui ne sera pas le cas de son fils. Charles-Guillaume (1810-1893), propriétaire à Spa, qui s'affichera ouvertement libéral. Il adhèrera d'ailleurs à la Fédération libérale du canton de Spa dès sa fondation en 1873. Et c'est en tant que libéral, qu'il représentera le canton de Spa au Conseil provincial de 1855 à 1864 et de 1874 à 1886 et qu'il siègera successivement au conseil communal d'Ensival de 1846 à 1847 et à celui de Spa de 1858 à 1860 et de 1882 à 1887.
En revanche si un autre fils de Gilles-François, Henri Davignon (1817-1868) ne semble pas s'être manifesté sur le plan politique, le fils de celui-ci, Julien Davignon (1854-1916), propriétaire à Pepinster mais domicilié à Bruxelles, épousera d'emblée la cause catholique. Depuis 1879 - début de la « guerre scolaire » - il est secrétaire et trésorier du comité central des Ecoles libres de Bruxelles. Il exercera ensuite les fonctions de secrétaire général aux congrès de Malines de 1889 et 1891. Etant vice-président du syndicat agricole de l'arrondissement de Verviers, c'est le parti catholique de ce district électoral qui l'enverra siéger au Sénat de 1898 à 1900, puis à la Chambre des Représentants de 1900 jusqu'à sa mort en 1916. Ministre des Affaires étrangères de 1908 à janvier 1916, il décède à Nice le 12 mars suivant. La veille de sa mort, il obtient concession de noblesse et du titre de vicomte transmissible à tous ses descendants.
L'un de ses fils, le vicomte Henri (1879-1964), écrivain, directeur de La Revue Générale et membre de l'Académie royale de langue et littérature françaises, sera élu par l'arrondissement de Verviers, député suppléant de 1919 à1921, puis sénateur suppléant de 1921 à 1936. Un autre fils, le vicomte Jacques (1887-1965), ayant épousé la carrière diplomatique, ne briguera aucun mandat politique.
BOBLIOGRAPHIE
A. Zumkir, La genèse des partis politiques dans l'arrondissement de Verviers à l'époque du suffrage censitaire (1831-1893), vol. 2. Les élections, p. 56-59, 302-306, 308-313, 386 ; vol. 3 : Les hommes, p. 196-198, tableau IV, Liège, 1997.
J. Fohal, Les évènements de 1830 à Verviers et aux environs, Verviers, 1930.
U. Capitaine, Nécrologe liégeoise pour 1859, Liège, 1862.
H. Hans, Historique de la commune de Lambermont, Verviers, 1931.