Cartuyvels Hyacinthe (1805-1890)

(Extrait de : P. HANQUET, Hyacinthe Cartuyvels, dans Les Gens de robe liégeois et la révolution belge, Liège, G. Thone, 1930, pp. 309-310)

De cette phalange de grands Liégeois qui prirent une place si marquante au Congrès National et qui sont la gloire de notre cité et de notre barreau, Hyacinthe Cartuyvels fut sans contredit le benjamin - de deux mois le cadet de Nothomb - mais non le moins brillant.

Né à Ligney le 22 septembre 1805 d'une vieille famille hesbignonne, il venait de prêter serment, depuis 3 mois à peine, lorsque survinrent les événements de 1830.

L'influence de sa famille, ses hautes qualités personnelles et sa précoce maturité d'esprit lui avaient acquis déjà la sympathie des Hesbignons qui n'hésitèrent pas à choisir le jeune stagiaire comme suppléant du baron Michel de Sélys au Congrès National.

Cartuyvels n'avait en rien brigué cet honneur, se sentant naturellement peu attiré vers la politique. Mais il eut à cœur de répondre et de se montrer digne de la confiance de ses compatriotes. Appelé à siéger au Congrès en juin 1831, il participa de façon très active à tous les derniers travaux de cette assemblée. Il fut de ceux qui soutinrent énergiquement le gouvernement lors de la pénible discussion du traité des dix-huit articles.

Lorsque le Congrès eut terminé sa tâche il reprit à Liège son modeste labeur et dans la suite écarta toutes les propositions que lui faisaient ses amis, de jouer à nouveau un rôle politique.

Ses destinées le conduisaient vers la magistrature et pendant 60 ans il en fut le modèle.

II débuta à Verviers puis à Huy et en 1834 il est juge au tribunal de première instance à Liège. Pendant plus d'un quart de siècle il exerça les fonctions de juge d'instruction avec une conscience et une habileté égales. En 1861 il est conseiller à la Cour, puis dans la suite président de Chambre.

A chacun des degrés de cette brillante carrière ses qualités s'affirmèrent de plus en plus. Travailleur acharné il connaissait à fond les affaires sur lesquelles il avait à se prononcer, et ses décisions, ainsi solidement étayées. savaient allier la justice et la modération.

II fut avant tout un grand homme de bien, un grand chrétien. Sa charité était inépuisable et c'est lui qui fonda à Liège, avec quelques amis, la première Conférence de Saint-Vincent de Paul.

II mourut le 18 janvier 1890, à un âge très avancé, entouré de l'estime de ses concitoyens et surtout de l'affection de ses nombreux enfants. Parmi ceux-ci Mgr Cartuyvels, vice-recteur de l'Université de Louvain, devait par sa science et son éloquence porter plus haut encore le nom paternel.

BIBLIOGRAPHIE.

Joseph DEMARTEAU, Hyacinthe Cartuyvels, reproduit dans Un demi-siècle de Journalisme, Liège, 1916.

Joseph DEMARTEAU, Liégeois d’il y a cent ans, Liège, 1951.