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Wouters Edouard (1830-1876)

Wouters Edouard, Joseph catholique

né en 1830 à Bruxelles décédé en 1876 à Rhode-Saint-Agathe

Représentant entre 1866 et 1876, élu par l'arrondissement de Louvain

Biographie

(Extrait du Journal de Bruxelles, du 20 juillet 1876)

Nous trouvons dans le Moniteur le discours que l’honorable M. Delcour, ministre de l’intérieur, a prononcé sur la tombe de M. le chevalier Wouters-Robertu, député de Louvain. Le chef de ce département s’est exprimé en ces termes :

« Messieurs,

« Je viens, au nom des représentants de l'arrondissement de Louvain, rendre à un collègue bien-aimé, qu'une mort prématurée nous a enlevé, un dernier témoignage de douleur et de regrets.

« Ami intime du chevalier Edouard Wouters, j'ai pu apprécier toutes les qualités de cet homme de cœur, et l'émotion douloureuse que j'éprouve m'indique la mesure des sentiments qu'inspire sa perte inopinée chez tous ceux qui l'ont connu.

« Il y a un mois à peine, Wouters était réélu membre de la Chambre des représentants à une grande majorité.

« Plein de vie et d'ardeur, il avait devant lui une carrière brillante où des débuts heureux lui présageaient les plus beaux succès. Pourquoi cette existence qui avait tant de promesses s'est-elle tout à coup éteinte ? - Inclinons-nous devant les décrets de la Providence, dans laquelle le chrétien que nous pleurons avait mis sa foi et ses plus chères espérances, et rappelons brièvement ses mérites, en retraçant sa vie trop courte, mais pleine d'œuvres utiles.

« Edouard Wouters avait, au plus haut degré, les qualités de l'homme de bien. A la Chambre, dans le cercle de ses proches et de ses amis, parmi les populations au milieu desquelles il vivait, son nom était synonyme de loyauté, de générosité, de bonté. Il y avait toujours, dans sa parole et dans ses actes, quelque chose de cordial et une effusion de sympathie qui lui attiraient l'estime affectueuse de tous. Je le connaissais déjà lorsqu'il était encore sur les bancs de l'école, et c'est pour moi, son ancien professeur, un bien touchant souvenir de rappeler combien il se distinguait entre tous ses condisciples par l'ardeur de ses études et le charme de ses relations.

« Après avoir obtenu le grade de docteur en droit à la suite de brillants examens, Edouard Wouters ne tarda pas à entrer dans la vie publique. Par son intelligence, son esprit judicieux et l'élégante clarté avec laquelle il savait rendre sa pensée, il se signalait à l'attention de ses concitoyens et marquait, pour ainsi dire, la place qu'il devait occuper parmi eux.

« Devenu conseiller et ensuite bourgmestre de la commune de Rhode-Sainte-Agathe, il sut en peu de temps se faire chérir de ses administrés. Il était le bienfaiteur de la population. La prospérité des écoles, le développement de la voirie étaient l'objet spécial de sa constante sollicitude. Mais cette tâche modeste ne pouvait suffire à son activité. Il était appelé à rendre des services dans une sphère plus élevée.

« Edouard Wouters fut élu député de Louvain le 12 juin 1866. Immédiatement il se fit estimer de tous ses collègues. Dans ses discours et dans d'importants rapports dont il fut chargé, notamment à propos de la loi sur la chasse, de la loi sur les extraditions, il donna des preuves de la variété de ses connaissances. Il avait fait une étude approfondie du droit international et du droit pénal, et ses travaux, en ces matières, resteront, et seront toujours consultés avec fruit par les jurisconsultes.

« Le Roi l'avait nommé chevalier de son Ordre ; il reçut, à l'étranger, de hautes distinctions.

« Wouters était le modèle du député consciencieux. Toujours à son poste, il défendait avec chaleur les intérêts divers de l'arrondissement. Qui de nous n'a été frappé de son accent loyal et convaincu, de l'émotion communicative avec laquelle il s'exprimait quand il avait à traiter d'importantes questions ? Esprit conciliant et modéré, il apportait, à côté d'une grande tolérance, un dévouement sans borne à la défense des principes conservateurs.

« Mais, messieurs, pourquoi ajouter à nos regrets en insistant longuement sur les services rendus par notre vénéré collègue à la chose publique ? Attachons-nous plutôt à trouver des motifs de consolation en pensant aux bonnes œuvres qu'il a accomplies dans sa courte existence et à la récompense qu'elles lui vaudront dans une vie meilleure.

« Edouard Wouters, cher ami, recevez les derniers adieux de vos collègues de la députation de Louvain. Ils garderont toujours de vous le plus affectueux souvenir. Lorsque votre pauvre et vénérée mère vous regardait, il y a trois jours, sur votre lit de mort, elle disait dans ses dernières tendresses: « Le seul chagrin qu'il nous ait jamais fait, c'est de mourir avant nous ! »

« Oui, cher et regretté collègue, vous laissez à vos vieux parents, à votre noble compagne, à vos enfants, à tous vos amis, une mémoire sans tache et un nom à jamais béni.

« Adieu, une dernière fois, adieu ! »

Nous avons dit déjà que l’honorable Wasseige avait parlé au nom des amis politiques du défunt et de la Chambre, remplaçant en cela M. Thibaut, président, qui avait télégraphié à la famille qu’une indisposition l'empêchait de se rendre à la cérémonie funèbre. Personne n’était préparé à prendre la parole au nom de la Chambre, c'est M. Wasseige qui a pris l'initiative d'une improvisation, au moment où le funèbre cortège allait se diriger vers l'église.

L'honorable député de Namur a été bien inspiré. Il a fait l'éloge de son ancien collègue avec autant de cœur que de délicatesse. M. Wasseige parlait sous l'empire d'une émotion que chacun comprendra, car il a perdu dans M. Wouters un ami politique, un ami infime qu'il affectionnait et dont la mort est pour lui l'objet d'un véritable deuil. Les paroles pleines de sentiment prononcées par l'honorable député de Namur ont comme électrisé l'assemblée. Que de larmes ont coulé pendant le discours si bien senti de M. Wasseige ! C'est comme cela qu'il faut parler d'un homme aussi méritant que l'a été M. le chevalier Wouters.

Après son improvisation, aussi amicale qu’éloquente, M. Wasseige reçut bien des poignées de main affectueuses de ses honorables collègues. Ses amis de la Chambre lui témoignaient à l’envi leurs remerciements d’avoir sinon prononcé un beau et un grand discours, du moins d'avoir pris l’initiative d’une noble et louable action. C'est toujours, en effet, une action méritoire que de rendre un hommage public à l’honnête homme et bon citoyen que la mort fauche. Celui qui parle des morts avec respect et qui sait rendre justice jusqu’à la tombeaux aux qualités et au mérite de l'homme dont la vie n'a été qu'une suite d'actes de dévouement et de civisme, donne un exemple qui ne peut produire que des fruits salutaires.

M. Wasseige a dit dans les termes les plus pénétrants tout ce qu'avait été M. le chevalier Wouters comme homme public, comme citoyen, comme chrétien et comme père de famille; il a dit tout cela avec de si expressifs élans du cœur que nous comprenons que l'émotion de tristesse qui le dominait, il l'ait communiquée à toute l'assistance.

Il est bien regrettable que M, Wasseige n'ait pensé à penser à envoyer au moins une analyse de son improvisation au Moniteur, qui aurait pu l'insérer dans ses colonnes, à la suite du discours de M. le ministre de l'intérieur.

Le Moniteur nous apprend qu’une foule de notabilités de l'arrondissement s'étaient rendues à Rho-de Sainte-Agathe- pour donner un dernier témoignage de haute estime au regretté défont, et que parmi les membres de la Chambre on remarquait MM. Delcour, ministre de l'intérieur, De Lqntsheere, ministre de la justice, Beernaert, ministre des travaux publics, Tack, Schollaert. vice-présidents, Smolders, Beeckman, Wasseige, Reynaert, le chanoine De Haerne, Biebuyck, Cruyt, Drubbel, Janssens, Van Wambeke, Van Cromphaut, Le Hardy de Beaulieu, Van Hoorde, Guyot. Nothomb, Lefebvre ; MM. le baron Huyttens, greffier de la Chambre, et le baron Snoy, ancien représentant ; MM. les sénateurs baron d'Overschie de Neeryssche et comte de Limburg-Stirum ; M. le lieutenant-général honoraire de Villiers, aide de camp du Roi, et M. général-major honoraire Burnell, aide de camp de S A. R. le comte de Flandre ; plusieurs membres du corps enseignant de l'Université de Louvain ; M. le président du tribunal de première instance, les conseillers provinciaux des cantons de Louvain, Diest, etc., etc.