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Watteeu Alexandre (1811-1870)

Watteeu Alexandre, Joseph libéral

né en 1811 à Bruxelles décédé en 1870 à Bruxelles

Représentant entre 1867 et 1870, élu par l'arrondissement de Bruxelles

Biographie

(Extrait de l’Indépendance belge, du 21 juin 1870)

La situation de M. Watteeu est restée à peu près exactement la même depuis le moment (samedi dernier) où il a été frappé par l’attaque d’apoplexie qui met ses jours en danger imminent.

L’insensibilité du malade, son état de prostration sont toujours complets, et c’est malheureusement par suite d’un optimisme trop prématuré que nous annoncions dans notre dernier numéro qu’il avait repris quelque connaissance.

Plusieurs médecins ne cessent de lui prodiguer les soins les plus vigilants ; mais aucun d’eux n’ose encore émettre de prévision sur l’issue de sa position actuelle.

(Extrait de l’Indépendance belge, du 23 juin 1870)

Nous apprenons que M. Watteeu a succombé cette nuit, sans avoir repris connaissance, à la paralysie dont il était atteint depuis quelques jours.

Ce triste dénouement était malheureusement prévu.

Avocat distingué du barreau de Bruxelles, élu membre de la Chambre des représentants le 12 février 4867, après avoir siégé pendant quelque temps au conseil provincial du Brabant, M Watteeu a longtemps fait partie du conseil communal de la capitale, et rempli pendant plusieurs années les fonctions d'échevin du contentieux. Il était chevalier de l'ordre de Léopold depuis le 19 juillet 1856.

Dans les différentes situations qu'il a occupées, M. Watteeu, qui était le fils de sas œuvres, a fait preuve d’un esprit délié, d'un remarquable talent de parole, d'une grande activité au travail. Ceux-là même qui se sont trouvés en désaccord avec lui sur certaines questions politiques ne peuvent contester ses aptitudes administratives et son dévouement à la chose publique.

M. Watteeu n'était âgé que de 58 ans.


(Extrait de l’Indépendance belge, du 26 juin 1870)

Voici le texte du discours prononcé par M. Dolez, président de la Chambre, aux funérailles de M. Watteeu, représentant de Bruxelles :

« Bien que la Chambre des Représentants ne soit point réunie en ce moment, je suis sûr de répondre à ses sentiments, en adressant un suprême adieu à un membre distingué qu’elle vient de perdre.

« Alexandre Joseph Watteeu fut un de ces hommes, dont toute la vie est consacrée au travail, et qui doivent laisser partout où ils ont passé le souvenir de leur intelligence et de leur dévouement.

« Né à Bruxelles le 19 juin 1811, il obtenait, le 22 mars 1834, le diplôme de docteur en droit et entrait dans les rangs. du barreau de Bruxelles, où il sut bientôt conquérir une place distinguée. La netteté des idées, la clarté et la précision de l'exposition, l'habileté dans la discussion des faits, l'élégance et la vivacité du langage, jointes à la consciencieuse étude des affaires qui lui étaient confiées, caractérisaient son talent et lui donnaient, dans la magistrature comme devant ses confrères, une grande et légitime autorité.

« Enfant de la bourgeoisie de Bruxelles, il reçut d’elle, à diverses reprises d'éclatants témoignages de sympathie et de confiance.

« Le 5 octobre 1848, il était élu membre du conseil communal de la capitale, où il siégea pendant 22 années consécutives. Mêlé activement aux discussions les plus importantes de ce conseil, il s'y fit remarquer par les grandes qualités qu'il avait su déployer au barreau, jointes à une aptitude spéciale pour les questions administratives.

« En 1860, le Roi lui confia les fonctions d'échevin. Tous ceux qui ont été ses collaborateurs à notre hôtel de ville, rendent témoignage du zèle, du dévouement et de la capacité qu'il consacra à ces importantes fonctions, et nos archives communales transmettront à ceux qui doivent nous suivre le souvenir impérissable de ses utiles travaux.

« En 1864, les électeurs du canton de Bruxelles le nommaient au conseil provincial, et dès l'année suivante, ses collègues lui conféraient la vice-présidence de cette assemblée, preuve éclatante de l'estime dont ils l'environnaient.

« En 1867, une arène plus vaste fut ouverte à son activité, à son ardent besoin de servir le pays. L’arrondissement de Bruxelles l'appela à siéger à la Chambre des représentants. Là encore il se signala par d'importants rapports, par de remarquables discours. Il nous sera permis, en ce moment où commence pour notre collègue le jugement de la postérité, de rappeler à son honneur qu'il eut plus d'une fois le courage bien rare de ne pas reculer devant l'expression de sa conviction, même quand il s’avait qu'elle devait nuire à sa popularité.

« A toutes ces missions émanées de la puissance électorale s'étaient jointes d'éclatantes distinctions.

« En 1850, le conseil communal de Bruxelles lui décerna une médaille pour services rendus pendant une cruelle épidémie.

« Le 3 juillet 1856, le Roi le nommait chevalier de l'ordre Léopold, et en 1868, l'appelait au grade d'officier du même ordre.

« Il y a quelques mois à peine, le collège électoral de Bruxelles, qui l'avait comblé de tant de témoignages de confiance, eut pour Watteeu un jour d'inconstance, et peut-être notre ami eût-il le tort de s’en affliger, oubliant que, dans un pays aux institutions populaires libres, ceux qui consacrent leur vie au service du public doivent toujours s'attendre à ces moments de défiance de la faveur électorale et en recevoir les atteintes avec un calme stoïque.

« Il était pourtant de ceux qui ont le droit de se sentir forts, même devant l'oubli des services rendus, car il pouvait regarder en arrière avec confiance, sûr de n'y trouver que les traces de son amour filial pour sa ville natale et des nombreux labeurs qu'il lui avait consacrés.

« Le souvenir de cet amour et de ces labeurs restera, j'en suis sûr, dans la mémoire de la population bruxelloise, et notre grande ville saura placer dans ses fastes le nom de Watteeu parmi ceux de ses fils qui l'ont servie avec le plus de sollicitude et de dévouement.

« La foule, qui se presse autour de ce cercueil, atteste par sa présence les regrets qu'inspire à tous ceux qui l'ont connu la mort prématurée de ce citoyen utile et distingué à tant de titres. Puissent ces témoignages de la sympathie publique adoucir la douleur d'une famille qui voit disparaitre, comme par un coup de foudre, le chef vénéré que, pour longtemps encore, elle devait espérer avoir pour guide !

« Pour nous, collègues de Watteeu, nous honorons sa mémoire, en nous inclinant avec respect devant ses restes inanimés, et en exprimant notre confiante espérance dans le jugement que lui réserve la justice de Dieu. »