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Warocqué Arthur (1835-1880)

Portrait de Warocqué Arthur

Warocqué Arthur, Hippolyte libéral

né en 1835 à Mariemont décédé en 1880 à Bruxelles

Représentant entre 1864 et 1880, élu par l'arrondissement de Thuin

Biographie

(Extrait de l’Echo du Parlement, du 10 avril 1880)

M. Arthur Warocqué

Les nouvelles que nous avions fait prendre hier chez M. Warocqué dataient de cinq heures du soir; elles étaient des plus rassurantes. Une demi-heure plus tard la maladie, dont le sympathique représentant de Thuin était atteint, avait son dénouement. Un mieux relatif s'était produit depuis quelques jours ; les bulletins des médecins donnaient bon espoir ; le malade, qui avait conservé tout son calme et qui luttait contre le mal avec un admirable courage, se sentait revenir à la vie ; tout la journée avait été excellente; le soir M Warocqué se proposait de s'entretenir avec des amis politiques, notamment avec le prince de Chimay, son collègue de la députation de Thuin, auquel il avait donné rendez-vous. Vers cinq heures et demie une crise qui ne dura que quelques secondes éclata ; M. Warocqué poussa deux cris et ce fut tout. M. Warocqué était âgé de 45 ans à peine.

Son entrée dans la vie politique date de la dissolution de 1864, il fut élu à cette époque membre de la Chambre des représentants en compagnie de M. T'Serstevens en remplacement de MM. de Paul et Van Leempoel qui ne sollicitaient plus le renouvellement de leur mandat. Depuis lors il fut réélu sans interruption. « Sérieusement et profondément dévoués à nos libres institutions, disaient MM. Warocqué et T'Serstevens dans leur circulaire aux électeurs , dévoués aux principes et à la cause du libéralisme belge de même qu'aux idées de modération, d'ordre et de progrès qui en assurent l'avenir, nous nous mettons à la disposition du corps électoral. Si vous voulez bien nous honorer de vos suffrages, nous nous efforcerons toujours de faire prévaloir ces idées dans la direction des affaires du pays. En consacrant tout notre dévouement au soin de vos intérêts, nous ne ferons que suivre les traditions de nos familles qui, par l'industrie et par l'administration, appartenaient si intimement à l'arrondissement de Thuin. »

Le programme simplement exposé en ces quelques lignes, M. Warocqué l'a fidèlement accompli. Pendant les seize années qu'il a fait partie de la Législature, il a mis son dévouement, son nom, son influence, sa personne au service de la cause libérale. Disposant largement de sa grande fortune, faisant le bien sans ostentation, généreux envers tout le monde et principalement envers les malheureux, on peut dire qu'il n'est pas d'œuvre digne d'être encouragée à laquelle il n'ait contribué pour une part considérable.

Modeste, affable, bienveillant, possédant toutes les qualités aimables qui font l'homme du monde et ayant en même temps la volonté et l'esprit de suite qui font l'homme politique, M. Warocqué avait puissamment aidé à constituer sur des bases solides le parti libéral dans l'arrondissement de Thuin. Son œuvre politique lui survivra de même que son nom, comme celui de son père, restera attaché d'une manière impérissable à ces splendides établissements de Mariemont, une des merveilles de l'industrie belge, dont il savait faire les honneurs avec un entrain si communicatif, une si charmante gaité et une si affectueuse cordialité. C'est à Mariemont surtout qu'on l’a connu et apprécié ; c'est là que l'on pourra parler avec autorité de ses qualités professionnelles, de la sollicitude touchante qu'il avait pour les milliers d'ouvriers attachés à ses usines et du bien qu'il a fait à tous, tant au point de vue moral et intellectuel qu'au point de vue matériel.

Ici nous déplorons la mort d'un de nos plus vaillants soldats, qui tombe à la fleur de l'âge après avoir rendu à notre opinion d'immenses services ; à Mariemont; c'est le modèle des grands industriels, c’est un père qu'on pleurera.

M. Warocqué était depuis nombre d'années bourgmestre de la commune de Morlanwelz ; il donna sa démission il y a quelques mois dans les circonstances les plus honorables pour lui, à la suite d'un échec qui le détermina à soumettre sa conduite à l'appréciation de ses concitoyens. Il fut réélu conseiller communal à la presqu'unanimité des voix, et il redevint le chef de l'administration communale.

M. Warocqué avait été l'un des promoteurs de l'exposition d'hygiène et de sauvetage organisée, il y a quelques années, avec un si brillant succès. Il avait remplacé M. le prince de Caraman-Chimay à la présidence de la commission belge de l'exposition de Paris.

Il avait été fait commandeur de la Légion d'honneur, il était officier de l'ordre de Léopold et chevalier de l'ordre de François-Joseph d'Autriche.


(Extrait de la Gazette de Charleroi, du 11 avril 1880)

M. Arthur Warocqué

La mort a fait bien des vides depuis quelque temps au sein de la Représentation nationale.

Il y a semaines à peine, c'était M. Dolez que l'on conduisait à sa dernière demeure. Parmi les amis qui rendaient ce suprême hommage à sa mémoire se trouvait M. Warocqué.

Quelques jours plus tard, il se mettait au lit et il ne devait plus hélas ! le quitter que pour descendre lui-même dans la tombe.

Jusqu'au dernier moment. on crut pouvoir éviter le douloureux dénouement que nous annoncions hier : le malade se sentait renaître à la vie; il avait conservé toute la lucidité de son intelligence ; la journée de jeudi avait été excellente ; le soir, M. Warocqué se proposait de s'entretenir avec ses amis politiques, notamment avec le prince de Chimay, son collègue, auquel il avait donné rendez-vous. Vers cinq heures et demie une crise survint, elle ne dura que quelques secondes, M. Warocqué poussa deux cris, et ce fut tout : M. Warocqué n'était plus.

Cette mort est un malheur public : ce n'est pas seulement le parti politique auquel il appartenait qui fait une perte immense, c'est le pays qui se voit ravir le plus généreux de ses philanthropes, c’est l’industrie belge qui perd un promoteur de tous les progrès, et c’est hélas ! aussi la classe ouvrière à laquelle il consacrait sa vie.

En possession d'une fortune princière, M. Warocqué en fit le plus noble usage.

Ses établissements industriels sont connus dans le monde entier, leur organisation est universellement admirée ; ils honorent la Belgique.

Qui décrira le bien précieux qu'il fit en veillant au développement moral et intellectuel du peuple qui l'aimait comme un père ? II créa des écoles primaires, organisa l'enseignement des filles à Mariemont, installa une école industrielle qu'on cite comme une école modèle : jamais sa générosité n'était épuisée.

Il faisait le bien sans ostentation, bon envers tout le monde et principalement envers les malheureux. C'était un homme de cœur.

M. Warocqué entra dans la vie politique lors de la dissolution des Chambres qui eut lieu en 1864. Depuis il fut réélu sans interruption.

« Sérieusement et profondément dévoué nos libres institutions, disait-il alors dans sa circulaire aux électeurs, dévoué aux principes et à la cause du libéralisme belge de même qu'aux idées de modération, d'ordre et de progrès qui assurent l'avenir, je me mets à la disposition du corps électoral. Si vous voulez bien m'honorer de vos suffrages, je m'efforcerai toujours de faire prévaloir ces idées dans la direction des affaires du pays. En consacrant tout mon dévouement au soin de vos intérêts, je ne ferai que suivre les traditions de ma famille qui, par l’industrie et par l'administration, appartient si intimement à l'arrondissement. »

Le programme exposé en ces quelques lignes, M. Warocqué l’a fidèlement accompli. Pendant les seize années qu'il a fait partie de la législature, il a mis son dévouement, son nom, son influence, sa personne au service de la cause libérale.

Doué d'ailleurs de toutes les qualités qui font aimer et estimer un homme public, il devait plus que personne aider puissamment à constituer sur des bases solides le parti libéral dans l'arrondissement de Thuin.

M. Warocqué était bourgmestre de Morlanwelz depuis 1875 ; il succédait à son père à qui la population reconnaissante a élevé une statue à Mariemont.

M. Warocqué fut un des promoteurs de l'exposition d’hygiène et de sauvetage organisée il y a quelques années à Bruxelles.

II remplaça M. le prince de Caraman-Chimay à la présidence de la commission belge de l'Exposition de Paris. II fut, à cette occasion, élevé au grade de comandeur de la Légion d'honneur. L'empereur François-Joseph l'avait créé chevalier de son ordre à l'Exposition de Vienne. II était officier de l'Ordre Léopold.

Peu d’existences ont été mieux remplies que celle de M. Warocqué.

Nul ne sera plus regretté. On le pleure partout. Le deuil est général.

Mais son œuvre lui survivra.

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M. le président a annoncé hier la Chambre. dans un discours ému, la perte si sensible, si douloureuse, ajoutons si imprévue, qu’elle a faite en la personne du regretté M. Warocqué.

M. le prince de Chimay a tenu à donner, en son nom et au nom de son collègue M. Puissant, un solennel hommage de regret au représentant que, comme il l’a fort bien dit, pleure en ce moment l’arrondissement de Thuin tout entier. La Chambre a décidé que son bureau écrirait une lettre de condoléance à la famille et qu’elle se ferait représenter aux funérailles par une députation de 11 membres.

Voici le compte-rendu de la séance :

« Communication .

« M. le président. – C’est encore une douloureuse communication que j’ai à vous faire. Je viens de recevoir une lettre de M. Georges Warocqué qui m’annonce la perte douloureuse qu’il vient d’éprouver en la personne de son père, représentant de Thuin.

« La mort frappe impitoyablement des hommes pleins de vie, dans la force de l’âge, au moment où le pays attend d’eux le plus de services.

« Warocqué fut un des hommes heureusement doués qui semblent s’occuper avant tout du bonheur de ceux dont ils sont entourés.

« La modération qu’il apportait en toute chose ajoutait encore à ce que la fermeté des convictions, la fidélité au drapeau ont de noble et d’élevé.

« Pour cet excellent collègue, la mort n’a rien à effacer ; il ne laisse que des amis et comme la bonté était le trait de son caractère, l’unanimité de notre douleur marque le pieux souvenir que la Chambre lui consacre. (Adhésion unanime.)

« M. de Chimay. – Messieurs, comme vient de le rappeler notre honorable président, les décrets de la mort sont impitoyables et depuis quelque temps elle ne cesse de sévir parmi nous. Permettez-moi au nom de M. Puissant et au mien de payer un tribut public d’estime, d’affection et de respect à notre collègue Arthur Warocqué.

« Il a succombé hier à la maladie qui le minait, après avoir représenté dans cette Chambre pendant seize ans l’arrondissement de Thuin qui le pleure comme un père !

« Pardonnez-moi mon émotion, messieurs, mais je ne puis m’en défendre en songeant qu’hier encore, quelques heures avant sa mort, il s’entretenait avec ses amis et exprimait l’espoir de guérir bientôt.

« J’espère que la Chambre s’associera à mes sentiments douloureux et pardonnera à mon amitié qui ne m’a pas permis d’en taire ici l’expression.

« De toutes parts. – Très bien ! très bien !

« M. le président. – Je propose à la Chambre d’adresser une lettre de condoléance à la famille de notre regretté collègue et de charger une députation de onze membres de représenter la Chambre aux funérailles, qui auront lieu lundi 10 avril, à 11 heures du matin.

« - Ces propositions sont adoptées.

« La députation, qui sera conduite par M. le président, se compose de MM. Houtart, de Pitteurs, de Vrints, de Macar, de Liedekerke, Lucq, Bockstael, Léon Visart, Descamps, Pirmez et Devos.

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Morlanwelz

C’est un spectacle à la fois navrant et consolant que celui de la douleur muette et de la profonde consternation régnant dans tout le rayon de bienfaisance qu'avait créé autour de lui l'homme de bien qui vient de s’éteindre.

C’était le père des pauvre, et l’ami des ouvriers, le bienfaiteur inépuisable, le créateur, le soutien et l’appui de toutes les institutions qui développent dans peuple le bien-être matériel, l’intelligence, la morale et le sentiment artistique.

Aussi le deuil est-il général dans le pays ; et ce ne sont pas des démonstrations bruyantes, explosions souvent peu sincères de gens qui font parade de leur douleur ; la tristesse est dans tous les cœurs, plutôt que sur tous les visages.

A Carnières, à La Hestre, à Mariemont, à Bascoup, à Morlanwelz, nombre de gens ont fermé leur demeure à l'arrivée de la fatale nouvelle ; les cafés sont déserta, Entrez dans un magasin, on ne s’occupe pas d'affaires, la plus grande affaire, c’est le triste évènement du jour et, si l'on en parle, c'est en pleurant.

Ah ! Monsieur, nous disait quelqu'un, s'il fallait ravoir que les habitants s’en aillent à pieds nus jusqu’à Bruxelles il ne resterait pas dix personnes dans Morlanwelz !!!

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Cette mort à été un véritable coup de foudre. Les nouvelles rassurantes de ces derniers jours avaient fait renaître l’espoir dans tous les cœurs, les médecins auguraient bien du mieux persistant qui s’était signalé dans l’état du malade ; ils avaient annoncé que s’il arrivait au 10 avril, il était sauvé ; et tout semblait faire croire que l’échéance serait

heureusement franchie. Quelques minutes avant sa mort, personne n'eût pu se douter qu'il était si près du moment fatal. II avait reçu quelques amis qui venaient de le quitter, après avoir causé un certain temps avec lui, et qui se retiraient enchantés de le voir si bien remis. Hélas ! quelques instants après, une suffocation le prenait, trois spasmes, et tout était fini ; cet homme, si puissant, si bon, était perdu pour sa famille et pour son pays.

A Mariemont on recevait d’heure et heure le bulletin télégraphique de sa santé. On était de plus en plus rassuré quand la triste dépêche arriva comme une bombe, à huit heures du soir, au milieu de la répétition de la musique du charbonnage, cette phalange artistique qu’il aimait tant et qu’il a élevé si haut. Aussitôt tout se tait, les instruments sont renfermés pour longtemps, l’assemblée éclate en sanglots et l’affreuse nouvelle se répand dans tout le pays.

Dans les charbonnages, tous les travaux sont aussitôt suspendus, il ne seront repris qu’après l’inhumation.

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De tous les titres qui perpétueront la mémoire de M. Arthur Warocqué, aucun ne peut égaler sa bonté, sa bienfaisance, sa popularité. Bien qu’il possédât dans tout la région qu’il avait comblée de ses bienfaits l’influence et l’autorité d’un roi, il ne s’en servait que pour faire le bien. On ne frappait jamais en vain à sa porte, on était toujours certain de le rencontrer bon, indulgent, affectueux, et par dessus tout généreux. Il continuait en cela les traditions que lui avait léguées son père.

Il aimait à se mêler au peuple, serrant la main aux ouvriers qu’il connaissait tous par leur nom, leur parlant simplement, employant même, s’il le fallait, e patois du pays.

Il ne se donnait pas une fête, un concours, une cérémonie quelconque, où il ne contribuât de son argent et de sa personne.

Aussi comme on l’aimait ! On ne l’appelait pas M. Warocqué, ce nom était resté pour consacrer la mémoire vénérée de son père ; lui, c’était M. Arthur, comme son fils sera pour le peuple M. Georges. N’y a-t-il pas, dans l’emploi de ce simple prénom, une application délicate d’un sentiment (manque quelques mots) a-t-il pas que tous ces gens se considéraient comme faisant partie de la maison (manque quelques mots) aucun de ses membres le nom qu’on (manque quelques mots)

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Dans les derniers jours, M. Warocqué avait eu, lui aussi, des espérances et des illusions sur son état. Il n’avait pourtant pas méconnu l’extrême gravité de la maladie et il avait eu soin de prendre lui-même toutes ses dispositions pour assurer la continuation de son œuvre.

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Les funérailles auront lieu lundi à onze heures du matin A Bruxelles.

Un train spécial recevra le corpo et tous les assistants pour les déposer à Mariemont, où sera faite la levée du corps, vers 2 1/2 heures de l’après-midi ; le cortège se rendra de là à l’église de Morlanwelz, où le corps sera déposé pendant toute la nuit ; les portes de l’église resteront ouvertes pour permettre à la population de lui rendre les devoirs. Le lendemain matin, à onze heures, enterrement dans le tombeau de la famille.

Le conseil communal convoqué d’urgence, hier soir, a réglé toutes les dispositions à prendre en cette douloureuse circonstance. II se rendra en corps à Bruxelles, pour accompagner son regretté bourgmestre. A Mariemont. le corps des ingénieurs, les ouvriers, les enfants des écoles, toute la population se joindra au cortège.

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Douloureuse coïncidence : quelques heures après la mort de M. Warocqué, un des plus anciens serviteurs de sa famille expirait au château de Mariemont. A l'histoire de ce vieux serviteur se rattache un épisode touchant qui montre combien la charité et la bienveillance sont de tradition dans la famille Warocqué.

Il y a cinquante de cela, M. et Mme Warocqué se promenant dans le parc rencontrent un petit garçon qui ramassait du bois dans les ailées. Ils l'interrogent et sont frappés de son intelligence, de son regard honnête et de son état misérable, et lui proposent aussitôt d'entrer au château. L'enfant l’accepta de grand cœur, et devint bientôt le domestique de confiance de la maison. Il est mort à son poste, le même jour que celui qu'il avait vu naître.


(Extrait de la Gazette de Charleroi, du 12 avril 1880)

Nous lisons dans la Chronique :

« A la Chambre, M. Warocqué qui se contentait d'un rôle modeste, jouissait cependant d'une grande autorité ; il la devait à son caractère et à son dévouement au parti libéral.

« On l'avait vu à Paris, où il remplaçait le prince de Caraman comme président de la commission belge à l'Exposition universelle, représenter son pays avec un éclat, une somptuosité et une virtuosité de gentleman accompli, bien faits assurément pour flatter notre amour-propre national.

« M. Warocqué aimait les arts et les artistes, sans avoir jamais la sotte prétention de se poser en Mécène plus ou moins officiel. Cé fut un homme de goût et de tact, en mème temps qu'un homme de cœur et d'intelligence.

« Sa mort laisse un vide à la Chambre. Elle sera ressentie au sein du libéralisme tout entier. »

L'Europe dit son tour :

« Comme administrateur délégué de charbonnages de Mariemont et de Bascoup, M. Warocqué a constamment eu en vue l'amélioration de la situation de ses ouvriers. Dans les plus terribles moment de la crise, on travaillait à Mariemont les six jours de la semaine, uniquement pour permettre au travailleur, déjà bien éprouvé par la baisse forcée des salaires, de faire une quinzaine relativement élevée. Et ils sont 4,000, là-bas, qui n'oublieront jamais ce qu'ils doivent à cet homme de cœur qu'ils ont perdu !

« Quand, excités, poussés, grisés par les ouvriers du Borinage et des environs, les houilleurs de Mariemont se sont mis en grève, M. Warocqué se promenait tout seul au milieu de ces malheureux fanatisés par les meetings de l'Internationale ! Seul, il se mêlait aux groupes qui se formaient autour des fosses, et, partout, les ouvriers, conquis par les bonnes paroles de « M. Arthur », se calmaient, rentraient chez eux, maudissaient les avocats de cabaret qui leur avaient monté la tête, et, le lendemain, revenaient au travail. Prestige de la bonté paternelle de cet homme qu'on ne pouvait se défendre d'aimer de tout son cœur.

« Pendant les longues années qu'il a fait partie de la Chambre, il n'est pas un vote qu'on puisse lui reprocher, parce qu'il n'en est pas un qu'il ait émis sans conviction. Il était modéré, parce qu'il n'aimait pas les aventures, et si on lui a reproché parfois d'être trop doctrinaire, ce qu'il a fait autour de lui à Mariemont et dans l'arrondissement de Thuin tout entier prouve assez combien il avait l'esprit avancé.

« Il avait des envieux, mais non des ennemis ; et s'il avait des adversaires, du moins ceux-ci étaient obligés de rendre justice à la loyauté de son caractère, et de l'estime malgré eux.

« Souvent attaqué par des adversaires irrités de chercher en vain à ébranler ce roc ferme dans sa sincérité, il lui était odieux d'attaquer les autres ; et nous savons que dernièrement. encore, il s'écria, en lisant un article où de maladroits amis s'étaient permis quelques personnalités contre ses adversaires : « Qu'on m'attaque avec pareilles armes, soit ; mais je ne saurais admettre qu'on s'en serve pour me défendre. »

« Tout le caractère de l'homme honnête est là ! Tel était l'homme politique. »

Nous lisons dans la Revue Industrielle :

« Cet intérêt général, qui s'attachait à la conservation des jours de l'honorable administrateur-délégué des charbonnages de Mariemont et Bascoup, montre bien quelle était la situation personnelle de M. Arthur Warocqué dans le pays ! Après le Roi, il n'y avait aucune personnalité plus en évidence et plus importante, à divers points de vue, que la sienne.

« Ce n'est pas seulement à son immense fortune, dont il faisait l'usage le plus généreux et le plus intelligent, que le très regretté défunt devait la position considérable qu'il occupait ; les qualités de son cœur, l'aménité de son caractère, avaient contribué pour une large part à la lui créer. Qui n'était charmé de son exquise affabilité, de son abord si simple et tout à la fois si cordial ? Sa nature éminemment sympathique lui attirait et lui assurait le dévouement et l'affection de quiconque s'était trouvé en rapport avec lui.

M. Arthur Warocqué occupait le premier rang parmi les principaux industriels belges ; il était le premier charbonnier du pays. Esprit éclairé, il cherchait ses collaborateurs parmi les disciples les plus ardents et les plus distingués de la science et du progrès industriel. Les charbonnages qu'il administrait sont devenus les plus importante du pays. Son admirable et constante sollicitude pour le développement du bien-être moral et matériel de la classe ouvrière est connue. Elle l'a depuis longtemps placé parmi les bienfaiteurs de l'humanité.

« Les grandes questions économiques qui intéressent l'Industrie charbonnière de notre province, trouvaient en lui un soutien et un défenseur puissant, dans les régions officielles où sa haute position lui donnait accès.

« Quel que soit le point de vue auquel on se place, la mort de Monsieur Arthur Warocqué est une perte immense, un deuil national ! »

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Un détail peu connu au sujet de M. Arthur Warocqué, c'est qu'il était un dessinateur d'un rare talent. Il y a vingt-cinq ans, à la suite d’un voyage en Suède. en Norwége et en Laponie, il a publié un magnifique album de vues des plus remarquables.

Quand je dis « publié », je dois ajouter que ces lithographies n'ont pu été mises dans le commerce, mais elles ont été tirées à un grand nombre d'exemplaires et généreusement distribuées. (Meuse.)

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L'Association charbonnière des bassins de Charleroi et de la vallée de la Sambre est invitée par son bureau à assister en corps aux funérailles de M. Arthur Warocqué, mardi 13 courant Morlanwelz. Départ de Charleroi à 9 h. 1/2 ; rendez-vous à 10 h. 1/4 à la station de Mariemont.

Le bureau de la Chambre de Commerce de Charleroi a adressé la même invitation aux aux membres du conseil général.


(Extrait de la Gazette de Charleroi, du 12 avril 1880)

Les joies ultramontaines

Un bienfaiteur de l'humanité descend dans la tombe.

Des milliers d'ouvriers le pleurent : C’est un père qu'ils ont perdu.

Toute une contrée est en deuil.

Partout où cet homme a passé. il a fait le bien, Il a laissé d'universels regrets.

Au milieu même des agitations politiques, toujours il s'est montré loyal, magnanime, essentiellement bon pour tous, sans distinction de parti.

Si cette existence précieuse avait été conservée, que de bienfaits elle pouvait encore répandre !

Eh bien ! il s'est trouvé un journal assez éhonté pour insulter à la douleur publique : M. Warocqué meurt, escorté des joies de l'Avenir; !

Il appartenait à cette feuille, qui a outragé jusqu'à la personne royale, de tressaillir de bonheur dans une circonstance aussi douloureuse.

L'opinion publique fera justice de ces espérances hâtives.

L'œuvre d'un homme de bien ne périt pas avec lui : il faut autre chose pour la détruire et l’abattre, que les cris stridents de quelque Furie.


(Extrait de la Gazette de Charleroi, du 14 avril 1880)

Les funérailles solennelles de M. Arthur Warocqué ont été célébrées à 11 heures à l’église de Saint-Jacques-sur-Caudenberg.

Dès dix heures, l’hôtel du défunt, rue des Arts, 45, se remplissait d’une foule nombreuse ; au premier étage se trouvait la chapelle ardente ; les escaliers étaient tendus de noir, les candélabres allumés et voilés de crêpe, une soixantaine de couronnes entouraient le cercueil, au pied duquel se tenaient deux sœurs de charité. Dans un salon voisin, également tendu de noir, de nombreux membres de la famille du défunt, parmi lesquels nous avons remarqué les deux fils du défunt, et M. Orville, son beau-frère, recevaient les invités.

Les honneurs funèbres militaires ont été rendus au défunt, en sa qualité de membre de la Chambre, par quatre détachements de la garnison et la musique des guides ; M. le colonel L’Olivier, du régiment des guides, commandait ces troupes.

La députation de la Chambre des représentants, conduite par M. Guillery, président, et escorté par un escadron des guides, est arrivée vers dix heures et demie.

Le clergé paroissial est venu peu de temps après procéder à la levée du corps.

Trois discours ont été prononcés à la maison mortuaire : le premier par M. Guillery, président de la Chambre des représentants, le deuxième par M. Trasenster au nom de l’Association des ingénieurs de l’école des mines de Liége, le troisième par M. Harmant, ingénieur, directeur-gérant du charbonnage de la Réunion, au nom du syndicat de la Bourse de commerce pour les charbons et métaux.

Discours de M. Guillery.

M. Guillery, président de la Chambre des représentants, a prononcé le discours suivant au nom de cette assemblée :

« Arthur Warocqué est né à Morlanwelz, le 11 janvier 1835.

« Élu par l’arrondissement de Thuin, le 11 août 1863, il n’a cessé de faire partie de la Chambre des représentants depuis cette date.

« Représentant, président de l’Exposition d’hygiène et de sauvetage, président du comité national belge à l’Exposition universelle de Paris, bourgmestre de Morlanwelz, il se montra partout le meilleur des collègues et citoyen dévoué.

« Il fut toujours dominé par cette idée que la vie de l’homme doit être utile.

« Il entrait jeune dans la vie politique et cependant, il y apportait la maturité du jugement en même temps qu’un inaltérable dévouement à son opinion.

« Appelé, dès 1838, à la direction des sociétés de Mariemont et de Bascoup, il se trouva investi d’une responsabilité dont il mesura bientôt toute l’étendue. Il n’avait pas seulement une grande industrie à diriger ; rien de ce qui concerne l’amélioration du sort des six mille ouvriers attachés à ces établissements ne lui fut étranger.

« Les écoles de Morlawelz transformées ; des sociétés coopératives de consommation : des sociétés fraternelles de secours s’administrant elles-mêmes sous la protection toute bienveillante de la Société charbonnière, des prêts d’argent aux ouvriers leur permettant de se construire ne maison et de devenir propriétaires, tels furent les premiers résultats de ses efforts.

« Il pensait qu’avec de la persévérance on peut résoudre, sans bruit, les graves problèmes de notre époque ; c’est ainsi qu’il combattait, pied à pied, l’ignorance et l’isolement ces deux grands ennemis du pauvre.

« Je ne serais pas un peintre exact si je ne rappelais qu’il voyait, dans le libéralisme, le ferme appui du progrès. Aussi fut-il l’un des organisateurs les plus dévoués du parti libéral dans l’arrondissement de Thuin.

« La religion, dont il suivait scrupuleusement les préceptes, était pour lui un besoin du cœur, comme une inspiration de la foi. Il y puisait la sainte charité ; la charité qui donne, non en aveugle, mais avec la conviction de bien faire et de faire le bien ; celle dont la reconnaissance seule peut percer les mystères ; celle qui va au devant d’un ami et lui épargne de pénibles aveux ; celle qu’inspire le sentiment de la durée ; celle qui moralise l’homme, grandit son courage, l’élève à ses propres yeux et ennoblit tous les sentiments.

« Toutes les facultés de son âme tendaient au même but. La fidélité au drapeau était la persévérance dans la voie du devoir, dans la voie qui conduit les hommes à s’entre’aider, à réaliser cette sublime parole : « Aimez-vous, voilà toute ma loi. »

« Noble cœur ! Ta vie faisait le bonheur d’une famille adorée, de tes amis, de cette nombreuse famille qui environnera ta tombe et l’inondera des marles de la plus pieuse affection.

« Tu nous quittes, à 45 ans, à l’âge où l’expérience complte l’homme et où l’on peut tout attendre de son dévouement.

« Inutiles regrets ! protestations impuissantes ! La grandeur de la mort nous impose et nous montre le néant de la terre. Elle élève notre âme vers ce qui est au-dessus des caprices du monde.

« Une famille ainsi frappé ne trouve de consolation que dans le sentiment même de son malheur, dans le culte du souvenir, dans la ferme volonté de rester fidèle à la pensée de celui qui n’est plus : c’est cette pensée qui est le guide le plus sûr dans l’avenir. C’est elle qui inspire toutes les résignations et tous les courages ; c’est elle qui nous montre le port où viennent s’abîmer toutes les douleurs et aboutir à toutes les espérances. »

Discours de M. Trasenster

M. Trasenster, délégué de l’association des ingénieurs de l’école des mines, de Liége, a pris ensuite la parole en ces termes :

« Messieurs,

« L’association des ingénieurs sortis de l’école de Liége tient à rendre un suprême et affectueux hommage au membre éminent dont la perte l’a si douloureusement émue.

« M. Warocqué avait accepté avec le plus gracieux empressement le titre de membre honoraire que nos acclamations lui avaient décerné. C’était lui, qui en nous accueillant, en 1874, à Mariemont, avec l’exquise cordialité qui le distinguait, avait inauguré nos congrès annuels, consacrés à constater les progrès réalisés dans les principaux centres industriels du pays, et destinés à exciter une émulation intelligente et féconde.

« M. Warocqué aimait à assister à ces réunions, s’associant complètement à notre vie de camarades, accessible et amical pour tous, n’acceptant pour lui-même aucune distinction qui eût pu paraître s’écarter d’une entière confraternité.

« Cependant c’était une grande existence que celle de M. Warocqué, grande par la manière dont il comprenait la mission que lui assignait sa grande situation.

« A la différence de tant d’autres, les dons de la fortune n’étaient pour lui qu’un moyen de faire le bien, de se rendre utile, qu’une obligation de provoquer des améliorations dans les divers domaines de l’activité humaine.

« Sous son impulsion les charbonnages de Mariemont et Bascoup sont devenus ceux d’une grande école, à laquelle vinrent s’instruire les hommes spéciaux de la Belgique et de l’étranger.

« Une initiative hardie et heureuse a renouvelé depuis quelques années les installations, au point de vue mécanique et industriel. On est émerveillé quand on voit fonctionner tous les appareils, les uns ingénieux, les autres puissants, qui ont transformé l’ancien état des choses.

« L’administrateur se révèle par l’organisation de tous les services, par le tact avec lequel il savait choisir ses collaborateurs et obtenir d’eux le concours le plus actif et le plus dévoué.

« L’homme de cœur se manifeste par les soins donnés à tout ce qui peut préserver la vie de l’ouvrier, élever son niveau intellectuel et moral, améliorer son existence matérielle.

« M. Warocqué, fidèle aux traditions paternelles, était, comme on l’a dit avec une scrupuleuse vérité, le père de ses ouvriers.

« Les soins qu’exigeaient les vastes établissements de Mariemont et de Bascoup n’empêchaient pas M. Warocqué de se préoccuper vivement des affaires publiques. M. le président de la Chambre vous a fait apprécier l’homme politique ; mais, permettez-moi de rappeler avec lui qu’aucune œuvre généreuse, aucune œuvre nationale ne faisait en vain appel à son concours ; il était toujours prêt à mettre son dévouement au service de son pays.

« On sait la part qu’il avait prise à l’organisation de l’Exposition d’hygiène et de sauvetage et combien il avait contribué à son succès ; on sait aussi avec quelle activité, quelle générosité et quelle bonne grâce il représenta la Belgique à l’Exposition universelle de Paris.

« Il portait un vif intérêt aux ingénieurs sortis de l’école de Liége, il leur faisait à Paris, comme partout, le plus aimable accueil, il s’attachait à mettre leur mérite en lumière lorsqu’il le croyait méconnu.

« Sa mort est une très grande perte pour notre association. La réunion rare de qualités qui semblent trop souvent s’exclure faisait de M. Warocqué une personnalité éminente dont l’influence féconde et bienfaisante se serait accrue encore chaque jour. Son heureuse organisation savait allier, sans effort, les hautes préoccupations du grand industriel à la tête d’une nombreuse population ouvrière, et aux devoirs de la vie publique, au culte des arts et aux distractions de la vie du monde. Il rappelait ces glorieux citoyens anglais et américains qui font un si noble usage de leur grandes fortunes.

« Comme je l’exprimais en le remerciant à Mariemont de la réception qu’il nous avait faite, M. Warocqué était un Belge, comme on en rencontre trop peu, « un Belge qui savait être riche ».

« Aussi tous nous l’aimions autant que nous l’honorions. Sa perte nous a frappée au cœur. On ne se console pas de voir brisée à 45 ans une existence digne de tant de bénédictions.

« La mort de M. Warocqué est un grand deuil pour notre association : sa mémoire vivra entourée d’une affectueuse vénération. »

Discours de M. Harmant, membre du syndicat de la Bourse des métaux et charbons

« Messieurs,

« Le syndicat de la Bourse des métaux et des charbons, dont je suis l’interprète, vient de faire une perte douloureuse et considérable, en la personne de M. Arthur Warocqué, son vice-président et ancien président.

« Une voix plus autorisée que la mienne aurait dû se faire entendre ici et dire un dernier adieu à celui dont nous déplorons aujourd’hui la perte. Notre honorable président, M. Josse Goffin, retenu par une indisposition, m’a chargé, en ma qualité de plus ancien membre du syndicat, de le remplacer pour remplir ce triste devoir.

« Je ne répèterai pas, messieurs, les éloges mérités que vous avez entendus de la part de ceux qui ont été les collègues de M. Warocqué, ou qui ont partagé avec lui les grandes entreprises à la tête desquelles il avait été appelé.

« N’ayant à lui rendre hommage qu’en sa qualité de fondateur et de chef de l’une des plus importantes associations commerciales et industrielles du pays, je vous dirai seulement que M. Warocqué fut avec nous ce qu’il fut avec tous, qu’il dirigea nos travaux pendant la durée de son mandat avec cette haute intelligence, ce tact exquis, cette suprême bienveillance que vous lui connaissiez.

« Aussi était-il entouré de nos sympathies les plus profondes.

« Il ne quitta la présidence, en 1877, que par suite du roulement prévu par nos statuts, qui, au bout d’un temps déterminée, ne le rendait plus rééligible.

« C’est avec une véritable joie que nous avons vu arriver le délai fixé pour qu’il pût revenir parmi nous et, aussitôt s rentrée au syndicat, nous l’avons, malgré lui, car il était modeste autant qu’intelligent, acclamé spontanément vice-président.

« Nous voulions, puisque les importantes et nombreuses fonctions qu’il remplissait ne lui permettaient plus de nous diriger d’une manière active, nous voulions que son nom, tout au moins, fût inscrit en tête de notre tableau d’honneur et que sa puissante personnalité nous couvrît encore.

« Hélas ! nous ne prévoyions pas alors qu’il nous quitterait si tôt et que tous nos plus ardents désirs seraient impuissants pour le retenir parmi nous.

« Aujourd’hui, c’est avec le cœur pénétré d’une profonde douleur que nous devons nous séparer de lui.

« Cher et respecté vice-président, au nom de tous vos collègues du syndicat de la Bourse, adieu, du fond du cœur, adieu. »

La sortie du corps a eu lieu à 11 heures et a été saluée par un feu de compagnie tiré par des carabiniers ; le cortège s’est ensuite mise en marche : le cercueil, porté à bras était recouvert de l’écharpe de bourgmestre du défunt, de ses insignes d’officier de l’Ordre de Léopold et de commandeur de la Légion d’honneur. Les coins du poêle étaient tenus par MM. Guillery, président de la Chambre des représentants, Bara, ministre de la justice, remplaçant M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères, retenu par une indisposition ; Guinotte, ingénieur des mines Wethnall, administrateur des charbonnages de Mariemont, Puissant, représentant de l’arrondissement de Thuin, Biebuyck, député de l’arrondissement d’Ypres.

Au deux côtés du cercueil marchaient les huissiers de la Chambre portant de nombreuses couronnes, réunies en quatre faisceaux.

Le deuil était conduit par les fils du défunt, MM. Georges Warocqué, en tenue d’élève de l’école militaire, Raoul Warocqué, et par leur oncle, M. Orville, ancien magistrat.

Après les membres de la faille venaient la députation de la Chambre à laquelle s’étaient joints un grand nombre de représentants, MM Rolin-Jaequemyns, ministre de l’intérieur, Van Humbeeck, ministre de l’instruction publique, Grauc, ministre des finances, et Sainctelette, ministre des travaux publics ; M. le général Liagre, ministre de la guerre, n’a pu assister à la cérémonie ayant dû se rendre à Alost.

Parmi les nombreux personnages marquants qui suivaient, nous avons remarqué M. Rogier, ancien membre du Gouvernement provisoire, ministre d’Etat, M. le chanoine de Haerne, député, ancien membre du Congrès national, M. Malou, ministre d’Etat, un grand nombre de sénateurs, M. Oswald de Lerchove, gouverneur du Hainaut, M. Gisler, président de la cour des comptes, MM. de Longé, premier président et Vandenpeereboom président de chambre à la cour de cassation, Faider, procureur général près la même cour, Mesdach de Ter Kiele, avocat général, et un grand nombre de membres de la cour de cassation, MM. Verdussen, procureur général et Van Schoor, avocat général à la cour d’appel, M. A. Gauthier, administrateur de la sûreté publique, M. Ambroes, président du tribunal de première instance et plusieurs autres magistrats.

On remarquait aussi dans le cortège M. le comte Vanderstraten-Ponthoz, grand-maréchal du Palais, M. Jules Devaux, chef de cabinet de S.M., M. le omte Ignace Vanderstraeten-Ponthoz, général, aide de camp du Roi, le lieutenant-général De Moor, commandant le deuxième circonscription militaire, le lieutenant-général baron Vander Smissen, commandant la quatrième division d’infanterie, les ministres d’Autriche, de Portugal d’Italie et d’autres membres du corps diplomatique accrédité à Bruxelles.

Nous avons encore remarqué dans l’assistance un grand nombre d’industriels des bassins de Mons et de Charleroi ; plusieurs bourgmestres des communes du Hainaut, entre autres M. Wanderpepen, bourgmestre de Binche ; M. Anciaux, commissaire de l’arrondissement de Soignies, et François, commissaire d’arrondissement à Thuin, etc.

Le conseil communal de Morlanwelz conduit par M. Abel Helin premier échevin et conseiller provincial, ainsi qu’une députation du personnel des charbonnages de Mariemont et de Bascoup, assistaient également aux obsèques du regretté défunt.

La marche du cortège était ouverte par le corps de musique du régiment des guides et des détachements de carabiniers. Elle était fermée par d’autres détachements de carabiniers et de grenadiers et l’escadron de guides formant l’escorte de la Chambre des représentants.

Il était 11 heures et demie lorsque le cortège débouchait place Royale pour se rendre à l’église. L’intérieur du temps était richement décoré de tentures de deuil, le luminaire était éblouissant.

Après le service célébré le corps présent, et les absoutes, le cortèges s’est reformé pour se rendre à la gare du Midi. Le cercueil avait été déposé dans le corbillard attelé de quatre chevaux caparaçonnés de noir. A deux heures, le convoi funèbre partait pour Morlanwelz, lieu de l’inhumation.

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A Morlanwelz

A Mariemont, tout respire le deuil, la tristesse la plus profonde ; dans la gare, les candélabres sont allumés et voilés de crêpe ; un immense drapeau noir flotte tristement au-dessus du charbonnage ; toute le quartier ouvrier des Ruines a fermé ses portes et clos hermétiquement ses volets ; à chaque fenêtre se balance également un drapeau de deuil.

L’arrivée du corps est annoncé pour trois heures et quart. Dès deux heures, les sociétés de Morlanwelz et des communes voisines, dont M. Warocqué était le protecteur, les ouvriers et les employés des charbonnages arrivent se masser aux abords de la gare ; six cent paires de gants en filoselle noire et autant de crêpes à attacher au bras gauche sont distribués aux employés, musiciens, ouvriers supérieurs.

A trois heures la foule est tellement compacte que la manœuvre des trains se fait avec les plus grandes difficultés.

La cour du charbonnage est gardée par les pompiers de Morlanwelz et un piquet de gendarmes : tout le personnel de la Société s’y trouve réuni. C’est là que vient défiler chaque société pour prendre la place qu’on lui assignera dans le cortège dont l’organisation se fait par les soins intelligents de MM. Briad, ingénieur en chef et Wittemael, commissaire en chef de police.

A trois heures et demie le train spécial qui ramenait le corps et le monde des invités entre en gare ; il vient s’arrêter, par la voie de raccordement au milieu de la cour du charbonnage.

La foule émue se découvre respectueusement. On se sent pris d’un douloureux serrement de cœur lorsque le wagon mortuaire s’ouvrant, laisse voir le cercueil littéralement enseveli sous un monceau de superbes couronnes, offertes à Bruxelles.

Cinq discours sont prononcé à la descente du corps par MM. Puissant, député de Thuin, au nom des amis du défunt ; Helin, échevin, au nom de l’administration communale ; baron de Wethnall, au nom du conseil d’administration des charbonnages ; Sterckx, au nom du corps enseignant de Morlanwelz et Bernars, au nom du bureau de bienfaisance.

Discours prononcé à Mariemont, par M. Plaisant, représentant.

« Messieurs,

« C’est sous l’empire d’une poignante émotion que je viens, au nom de l’arrondissement de Thuin, dire un dernier adieu à l’homme de bien, au citoyen utile, dont la mort subite et prématurée marque un vide profond dans nos rangs, mais plus profond encore dans les cœurs.

« Arthur Warocqué est entré à la Chambre des représentants en 1864, et depuis, dans six élections successives, ses concitoyens reconnaissants ont renouvelé son mandat.

« Partisan convaincu de la cause libérale, il apportait dans ses résolutions un esprit de fermeté qui n’excluait cependant ni la modération dans les idées, ni le respect des convictions d’autrui.

« Il disposait dans l’arrondissement d’ne influence considérable qu’il employa toute entière, avec une persévérance qui ne s’est jamais relâchée, à la propagation de nos principes politiques et à l’affermissement de notre parti.

« Nous ne laisserons pas tomber l’œuvre à laquelle il a consacré tant d’efforts. Les libéraux de l’arrondissement de Thuin se serreront plus que jamais autour de leur drapeau.

« Placé au premier rang par son éducation et sa fortune, Arthur Warocqué n’a négligé aucune des devoirs que commande une haute situation. La main toujours ouverte, il a répandu les bienfaits autour de lui sans se lasser et, s’appliquant à développer le bien-être matériel et moral des populations ouvrières qu’il dirigeait, il a continué les traditions d’une famille respectée et aimée entre toutes.

« En agissant ainsi, notre regretté collègue n’obéissant pas seulement aux inspirations d’une conscience élevée, il subissait avant tout les entraînements de son cœur noble et généreux.

« Quelles qualités n’avait-il pas ?

« Accessible à tous, et surtout aux petits, il charmait par la simplicité et retenait les sympathies par sa bienveillance et son affabilité !

« Mais il faut l’avoir connu de près, dans l’intimité qu’amènent des relations suivies, pour apprécier ce qu’il avait en lui de bonté, ce que son âme d’élite cachait de délicatesse, et combien son amitié était sûre.

« Toujours séduit par les idées généreuses, Warocqué prit une large part à l’organisation de l’Exposition d’hygiène et de sauvetage qui s’ouvrit à Bruxelles, en 1876, avec tant de succès.

« Deux ans plus tard, le gouvernement fit appel à son dévouement pour remplacer le prince Caraman-Chimay à la présidence du comité belge de l’Exposition internationale de Paris. On se rappelle avec quel éclat il remplit sa mission, et ls services qu’il rendit à nos compatriotes. Il reçut, à cette occasion, la croix de commandeur de la Légion d’Honneur.

« Dans notre pays, le Roi appréciant ses mérites l’avait nommé officier de son Ordre.

« Notre cher et regretté collègue vivra dans les souvenirs de tous ceux qui l’ont connu.

« Il laisse à ses fils une mémoire sans tâche et un bel exemple à suivre.

« La foule émue, qui se presse ici, dit assez haut l’affection qu’il inspirait et combien sa perte est sentie.

« Que le témoignage de ces sentiments unanimes apporte quelque consolation à sa famille désolée !

« Au nom de l’arrondissement de Thuin, reçois, cher collègue, l’hommage de notre reconnaissance. Au nom de tes nombreux amis, reçois, cher Arthur, l’expression de notre douleur et de nos regrets.

« Adieu ! »

Discours au nom de l’administration communale de Morlanwelz, par M. Abel Helin, échevin.

« Messieurs,

« Un irréparable malheur vient de frapper la commune de Morlanwelz.

« Son bourgmestre et bienfaiteur n’est plus. La population tout entière, que vous voyez ici se presser morne et silencieuse, est en deuil.

« Nos ouvriers ont perdu leur père, tous nous avons perdu un ami.

« Avant de nous séparer à jamais de lui, permettez-moi de venir, au nom de l’administration communale, dire un dernier adieu, donner un dernier témoignage de regret et d’affection à l’homme de bien, au citoyen éminent que la mort vient de nous ravir si inopinément et au moment où il méditait de si vastes projets dans l’intérêt de la commune.

« Arthur Warocqué naquit à Mariemont le 11 janvier 1835. Dès son enfance, il apprit à connaître et à aimer cette nombreuse population ouvrière qu’il était destiné à diriger un jour.

« Elevé par un père doué d’un noble cœur et d’une intelligence supérieure, il puisa dans l’exemple de s famille l’amour de ses semblable, la bonté envers tous, une générosité sans bornes, un dévouement constant à la cause du progrès.

« Quand en 1868, la commune de Morlanwelz perdit M, Léon Warocqué, M. Arthur accepta de succéder à son frère, en qualité de bourgmestre et depuis cette époque, il n'a cessé, à juste titre, d'être investi de la confiance de ses concitoyens.

« Jamais, au surplus, elle ne fut mieux méritée, jamais homme ne rendit plus de services.

« Disposant largement de sa grande fortune, faisant le bien naturellement et sans ostentation, généreux envers tout le monde, on peut dire, qu'il n'est pas d’œuvre digne d'être encouragée, à laquelle il n ait contribué pour une part considérable.

« Continuateur des œuvres de son père et de son frère, il soutint l'hospice des vieillards et favorisa constamment le développement de l'esprit d'ordre et de prévoyance dans la classe ouvrière. Comprenant que l'homme est d'autant plus attaché aux institutions nationales qu'il a plus d'intérêt à les défendre, il chercha à faire des ouvriers, des propriétaires et il les aida constamment, de son argent, autant que de ses conseils.

« La commune de Morlanwelz, grâce à son administration, l'une de celles du pays qui ait le plus prospéré, lui doit de nombreux embellissements.

« Grâce à son impulsion éclairée autant que généreuse, de grands travaux d'utilité publique ont été entrepris et menés à bonne fin.

« Je n’ai pas, Messieurs, à les énumérer ici, la liste en serait trop longue et du reste, elle est présente à votre pensée, puisque vous ne pouvez faire un pas dans la commune sans en rencontrer.

« Nos voies de communication ont été partout complétées et améliorées ; les rues pavées, rectifiées et élargies ; des rues nouvelles, qui ont amené le développement de la population, ont été ouvertes ; la commune a été assainie ; l’eau si rare en cette localité et si nécessaire surtout à l'hygiène y a été distribuée en abondance ; le gaz y a été établi.

« C’est encore à la générosité de M. Warocqué que nous devons notre nouveau cimetière.

« Mais ce n'est pas dans l'ordre matériel seul que notre bourgmestre faisait sentir sa bienfaisante influence ; son action s'est principalement exercée sur le développement moral de la population.

« Il a compris les bienfaits de l'instruction et créé des écoles primaires, des écoles gardiennes et une école Industrielle qui ont déjà rendu d'immenses services et sont appelées à en rendre de plus grands encore dans l'avenir.

« Sous ce rapport, sa sollicitude s'étendait au loin et Morlanwelz n'était pas seule à profiter de sa générosité; il avait compris que l'instruction relève et moralise, aussi avait-il apporté un sérieux appui à toute les mesures prises par le gouvernement, en faveur de l'enseignement.

« D'autres vous rediront les services politiques rendus par lui à son pays et vous rappelleront qu'il n'a jamais dévié, un instant, du programme qu'il s'était tracé, lorsque pour la première fois, forcé par ses nombreux amis, il sollicita les suffrages des électeurs, en 1864.

« Pour nous, Messieurs, noue voulons nous borner à retracer, à longs traits, sa carrière comme bourgmestre de Morlanwelz ; la perte que nous faisons aujourd'hui est irréparable, elle est de celles que l’on ne peut apprécier.

« Nous perdons un chef vénéré, un ami, un père.

« Rien ne peut diminuer la douleur de la famille de M. Warocqué, mais du moins la compagne de sa vie pourra éprouver quelque soulagement en voyant ses regrets partagés par la population entière, et ses fils y trouveront un encouragement à poursuivre la noble carrière parcourue par lui et à continuer tant de belles et bonnes œuvres.

« Ils trouveront aussi ce soulagement dans la pensée que celui que nous pleurons tous a déjà sa récompense dans un monde meilleur.

« Au nom de l'administration, au nom de la commune entière, je vous dis ici, regretté bourgmestre, un dernier adieu.

« Monsieur Warocqué, adieu ! »

Discours prononcé par M. Sterckx, directeur des écoles.

« Messieurs,

« Des voix plus éloquentes et plus autorisées que la mienne viennent de vous rappeler tout ce que M. Warocqué a fait pour améliorer la condition morale et matérielle des classes laborieuses. A mon tour, je viens, au nom des institutrices, des instituteurs et des nombreux enfants qui peuplent nos écoles communales, rendre un juste et bien modeste hommage à la mémoire du premier magistrat de la commune.

« Ici, Messieurs, le philanthrope se laisse voir tout entier, et l'on comprend mieux encore peut-être, la perte immense at Irréparable qui répand le deuil et Ia consternation dans Morlanwelz.

« Arthur Warocqué, devenu bourgmestre en 1868, s’empressa de doter sa commune de somptueux bâtiments d’écoles qui répondent si bien à leur destination, et il fit aux instituteurs et aux institutrices des positions enviables. Mais en 1879, après la révision de la loi de 1842, fidèle au vote qu'Il avait émis à la Chambre des représentants, il réorganisa immédiatement et complétement l'école communale des filles et les écoles gardiennes: il voulait que tous les enfants, filles et garçons, reçussent, dès l'âge de trois ans, une éducation soignée d'abord et une instruction solide ensuite.

« Les immenses sacrifices qu'il en tout temps pour assurer le succès de ses écoles sont chose Inouïe ; il ne comptait pas, il ne comptait jamais, faisant ainsi un usage aussi généreux qu’intelligent de sa grande fortune. Aussi ses écoles sont-elles mieux organisées et plus complètement que partout ailleurs.

« Ecoles gardiennes payantes, écoles gardiennes gratuites, écoles communales pour filles et pour garçons, école d’adultes, école industrielle, ce sont là autant d’institutions auxquelles il a attaché son nom que béniront après nous nos enfants et nous petits-enfants.

« Et pourtant, il se proposait de faire beaucoup encore : Créer une nouvelle école industrielle, agrandir les locaux des écoles de garçons et de filles, ouvrir des écoles gardiennes dans plusieurs sections de la commune, tels sont les projets qu’il allait réaliser sans tarder, si la mort cruelle et impitoyable n'était pas venue le frapper soudainement dans la force de l’âge, au milieu d'une vie d'abnégation et de générosité.

« L'intérêt qu'il portail aux élèves était admirable ; toujours plein d'aménité, il prenait souvent plaisir à visiter les classes où il se trouvait avec bonheur. Et nous, institutrices et instituteurs, qui saurait dire combien nous étions fiers, combien nous étions heureux d’avoir M. Warocqué pour chef ?

« Chaque fois que nous avions l’honneur et le bonheur de lui parler, nous étions sous le charme de son âme généreuse, de son cœur d’or et de son bon sens si supérieur. Jamais nous ne le quittions sans avoir entendu des paroles aussi affectueuses qu’encourageantes, sans avoir eu un conseil toujours frappé au coin du plus profond jugement.

« Je le dis bien haut : pour les maîtres autant que pour les élèves, Arthur Warocqué a été, en Belgique, le modèle des bourgmestres.

« Quelle consolation pour son épouse éplorée, pour ses fils désolés, de se rappeler que toute la vie de celui qu’ils pleurent avec nous, n’a été qu’une suite non-interrompue de bienfaits !

« Oui, Messieurs, Arthur Warocqué était le protecteur généreux de l’enfance, et, si sa voix pouvait se faire entendre du fond de cette bière à tout jamais fermée, il nous dirait avec cette modestie et cette bonté auxquelles nous étions tous habitués : « Ma plus grande ambition était de faire le bonheur de ceux dont j’étais entouré : maintenant que je ne suis plus, continuez, je vous en supplie, mon œuvre charitable ; ayez compassion de ces centaines d’enfants qui remplissent nos écoles ; ne les abandonnez jamais, car je les ai trop aimés ! »

« Adieu ! cher bourgmestre, ami protecteur de l’enfance, adieu !

« La commune reconnaissance n’oubliera jamais vos nombreux bienfaits et avec moi elle dit une dernière fois : Merci ! Adieu ! »

Discours de M. le baron Wethnall

Voici le discours prononcé par M. le baron Wethnall, au nom des conseils d'administration des deux charbonnages :

« Messieurs,

« Depuis 1864, voilà la troisième fois que les actionnaires des sociétés de Mariemont et de Bascoup sont cruellement frappés par la perte de leurs administrateurs. A chacun de ces coups, les regrets sont plus vifs, plus amers, parce que les liens qui unissent la famille Warocqué à ceux dont elle gère les intérêts semblent augmenter d'intensité, de force, chaque fois qu'une génération succède à l’autre. C'est qu'en effet chacune d'elles hérite des traditions de la précédente, et sans rien perdre des qualités remarquables qui ont marqué son passage aux affaires, elle y ajoute les siennes propres. Il en a certainement été ainsi de celui auquel je viens aujourd'hui dire un dernier adieu au nom de mes collègues des conseils d'administration des sociétés charbonnières de Mariemont et de Bascoup.

« Avec lui s'éteint la troisième génération. Son aïeul Monsieur Nicolas Warocqué, vint se fixer dans ce pays au commencement du siècle, et peu de temps après, l'on pouvait déjà prévoir les destinées brillantes qui devaient s'attacher à sa famille. Son influence, son prestige ne devaient cesser de grandir et si sa fortune toujours croissante facilitait ce développement, c'est grâce à l’usage si noble qu’elle en savait faire, c’est grâce au grand nombre, à la multitude de ceux qu'elle faisait participer à sa richesse, à sa prospérité.

« Abel Warocqué succède à son père, et après 30 ans environ de gestion habile, intelligente, son fils aîné fut appelé à le remplacer Moins de 4 ans après, une de ces affections qui ne pardonnent pas l'enleva aux siens, à nous-mêmes, et nous fîmes appel alors au dévouement d'Arthur Warocqué. Nous espérons que la Providence se lasserait enfin de nous frapper ; sa riche constitution, sa vigueur semblaient lui promettre une longue existence. Nos espérances ont été trompées, nous n'étions pas encore au bout de nos tristesses, de nos souffrances.

« Jusqu'en 1868, Arthur Warocqué ne s'était pas occupe d'affaires ; abandonnant celles-ci aux mains expérimentées de son frère, il était entré dans la carrière politique. Il répondit néanmoins à notre appel, et, sans abandonner les missions dont il était chargé, il accepta la position d'administrateur délégué des sociétés de Mariemont et de Bascoup. Et, fait remarquable s'il en fût, il fit immédiatement preuve de capacités industrielles sérieuses, brillantes même, comme si cette faculté était innée dans sa famille et faisait partie de son patrimoine.

« En effet, Messieurs, sous son impulsion, par sa confiance, sa foi robuste dans les progrès industriels qui prennent leur source dans la science, des efforts nouveaux furent faite, des innovations importantes furent introduites dans nos exploitations. Le succès le plus complet couronna les entreprises auxquelles il encourageait, avec hardiesse et avec la plug grande hauteur de vue, les ingénieurs qu'il avait appelés à concourir à son œuvre et dont les idées et les efforts pouvaient prendre plein essor sous un pareil chef. C'est ainsi que nous avons établi des installations qui ont eu pour résultat un accroissement important de la production ; et il réussit pleinement encore dans la recherche des nouveaux débouchés que nécessitait cet accroissement.

« Aussi, notre confiance en lui était sans bornes et il nous trouvait toujours prêts à accueillir ses idées, à concourir à la réalisation de ses vues.

« Si nous considérons son œuvre à un autre point de vue, nous n'avons pas moins d'éloges à lui adresser. Qui mieux que lui savait concilier les intérêts qui lui étaient confiés avec les soins donner aux intérêts matériels et moraux de la population qui travaillait sous ses ordres. C’est de nous qu’il tenait son mandat mais il l’aurait obtenu de même si ses ouvriers avaient été appelés à désigner leur chef. Et c’est bien ainsi qu'il comprenait son rôle; il estimait qu'il était de son devoir de veiller autant aux intérêts des uns que des autres.

« Toute cette population le pleure aujourd'hui, et, comme nous, elle participe à la douleur d'une famille tant de fois éprouvée.

« Adieu, cher Arthur, au nom de tous mes collègues, reçois ce dernier adieu par la voix de ceux qui t'avaient voué la plus profonde, la plus inaltérable affection. »

Tous ceux qui ont connu M. Warocqué pleurent à chaudes larmes en entendant retracer une vie si noblement remplie.

Enfin le cortège s'ébranle au milieu de la foule qui s'écrase : il descend lentement l'avenue qui traverse le bois ; des drapeaux et des écussons aux initiales d'Arthur Warocqué sont fixés aux arbres qui bordent l'avenue. Partout où un chemin débouche, des flots de monde se précipitent sur les pas du cortège qui entre à Morlanwelz dans l'ordre suivant :

La gendarmerie et les pompiers ; au milieu M. le commissaire de police en grande uniforme ; les chasseurs et les XV de Binche précédés d'une couronne ; les Archets « les bras de fer » de Binche ; la société de chœur de Bascoup-Chapelle, l'administration communale, le bureau de bienfaisance et le conseil de fabrique de la même commune ; les crosseurs « les Gais Amis » de Morlanwelz ; les tireurs la perche de la société Saint-Georges, chacun des membres porte en main une flèche entourée d'un crêpe ; la Lyre Ouvrière des Trazegnies, les Echos de Mariemont, la fanfare l'« Indépendance » d'Estinneg-au-Mont.

Toutes les écoles crées et protégées par M. Warocqué venaient ensuite précédées chacune d'une couronne : l’école des garçons, dont la couronne portait « à celui qui fut pour tous un père dévoué » ; le corps enseignant de l'école industrielle suivi de tous les élèves, une magnifique couronne « Hommage rendu à M. Warocqué » le précédait ; l'école gardienne de Mariemont « à leur aimé bienfaiteur » ; l’école communale des filles dont les élèves vêtues de blanc portaient en sautoir une large écharpe de crêpe ; les orphelines secourues par le bureau de bienfaisance, toutes en grand deuil et portant une couronne avec cette inscription : au père des pauvres » ; les différentes écoles communales de filles ; l'harmonie des charbonnages ; les XVIII ; le clergé ; le conseil communal ; les ingénieurs de la société ; enfin le corps porté par les porions ; sur un drap mortuaire à glands d’or superbes s’étalaient les décorations du défunt et ses insignes de bourgmestre.

Le deuil était conduit par M. Georges Warocqué, en grand uniforme d'élève de l'école militaire.

MM. Guinotte, directeur des charbonnages, Abel Helin, échevin de la commune, le prince Alph. de Chimay et Puissant, tous deux députés de Thuin, T'Serstevens, président de l'Association libérale de Thuin, baron de Wethnall, doyen des administrateurs des charbonnages, tenaient les coins du poêle.

Les six mille ouvriers du personnel de la société suivaient ensuite avec une foule immense. On y remarquait M. le sénateur d'Andrimont, M. le gouverneur du Hainaut, M. François, commissaire de l'arrondissement de Thuin.

Sur toute la longueur du cortège, les gardes, en uniforme, des propriétés de Mariemont, Chimay et des Ardennes, formaient la haie et contenaient la foule. Huit robustes gardes pliaient sous le poids des couronnes aux deux côtés du corps.

Les chasseurs de Binche, les Quinze et l’Harmonie de Mariemont jouent alternativement des marches funèbres.

L'interminable défilé s'engage dans les rues de Morlanwelz dont toutes les maisons, sans exception, sont fermées : n'est-ce pas le père de toute cette grande famille qui vient de mourir ?

Là aussi, les réverbères allumés sont entourés de crêpe, des drapeaux et des cartels aux initiales A. W. sont arborés partout.

Sur place, la statue de M. Abel Warocqué se dresse majestueusement, entourée de candélabres voilés ; le père du regretté défunt porte en sautoir une large écharpe de deuil tandis que deux urnes ardentes brûlent à ses pieds. La dépouille mortelle de son fils passe lentement devant lui, pour entrer à l'église où la foule s'engouffre à sa suite, une cohue indescriptible se produit en ce moment ; le commissaire de police, les gendarmes, les pompiers, les gardes chasses ne parviennent qu'au prix de grands efforts à organiser l'entrée et la sortie régulières dans le temple.

La masse des gens qui n'a pu s'y introduire, envahit la place attendant un moment plus favorable pour aller à son tour visiter le cercueil.

L'église est entièrement tendue de noir, un superbe baldaquin est suspendu au-dessus du catafalque resplendissant de lumières,

L'absoute est dite par le clergé et la foule se retire peu à peu péniblement impressionnée des émotions de la journée.


(Extrait de la Gazette de Charleroi, du 15 avril 1880)

Funérailles de M. Warocqué

La cérémonie de l’inhumation de M. Arthur Warocqué a eu lieu hier. Nous ne croyons pas qu’il y ait jamais eu dans le pays, à l’occasion d’une circonstance aussi douloureuse, semblable explosion de sympathies et de regrets universels ; la mort d’un souverain pourrait à peine provoquer une manifestation aussi grandiose. Il est vrai qu’on l’a dit bien des fois, M. Warocqué était le roi de sa contrée. Le vide que sa mort cause parmi les populations de Morlanwelz et des communes voisines ne pourra pas être comblé.

La foule accourue est immense ; quand, à onze heures, les voitures de la famille et du monde officiel arrivent à l’église, elles ont peine à se frayer un passage au milieu de cette mer humaine.

La femme du regretté défunt madame Warocqué-Orville assiste a l’office funèbre avec ses fils Georges et Raoul et son frère M. Orville. Un grand nombre de sénateurs, représentants, personnages officiels sont venus rendre un dernier hommage à leur ami et collègue. On remarque M. le comte de Kerkove, gouverneur du Hainaut, M. François, commissaire de l’arrondissement de Thuin, tous deux en costume officiel, Mme Frère-Orban, M. Frère-Orban, conseiller à la cour d’appel de Liége, la famille Van Volxem, M. et Mme Van Hoogaerde, etc.

Des trains spéciaux partis de Bruxelles et de Charleroi ont déversé à Morlanwelz des flots de monde.

Tout ce que la politique et l’industrie comptent de notabilités est largement représenté aux funérailles. On remarque notamment les députations des quatre associations charbonnières du pays, Mons, le Centre, Charleroi et Liége ; MM. Laguesse, ingénieur en chef des mines du royaume, Wittmeur, ingénieur en chef du Hainaut, Lambert, ingénieur en chef des mines du bassin de Charleroi ; le comité général de la Chambre de commerce de Charleroi ; son président, M. le représentant Sabatier ; un grand nombre de magistrats ; la plupart des conseillers provinciaux ; tous les comités des associations libérales de l’arrondissement de Thuin, etc.

L'église est assiégée par la foule : le monde officiel lui-même ne peut y pénétrer ; l'affluence est telle que l'offrande n'a pu avoir lieu.

A midi et demi le service est terminé et le corps transporté par les porions dans l’ancien cimetière attenant à l'église. Le clergé ne l'accompagnait pas ; depuis l'enterrement civil de M. le Hardy de Beaulieu il regarde ce cimetière comme profané.

Mme Warocqué suit en chancelant la dépouille mortelle de son mari que l'on vient déposer dans la chapelle de la sépulture de la famille. Sept discours y ont été prononcé : par MM. Alph. de Chimay, de Kerchove, gouverneur de Hainaut, Gravez, au nom du comité des charbonniers, Sabatier, au nom de la Chambre de commerce de Charleroi, t'Serstevens, au nom de l'Association libérale de Thuin, Jules de Dorlodot, au nom des amis du défunt, Guinotte, au nom du personnel des charbonnages.

Discours prononcé par M. t’Serstevens, président de l’Association libérale de Thuin :

« Messieurs,

« Au nom de l'Association libérale de l'arrondissement de Thuin. je vous demande de dire un dernier mot à la mémoire de M. Warocqué, notre ami bien vivement regretté, de vous rappeler les services qu'il a rendus à une opinion politique qu'il a suivie par tradition de famille et par dévouement à nos libres institutions.

« Appelé, jeune encore, à prendre rang dans le parti libéral, M. Warocqué s'est inspiré des conseils de ces hommes modérés et prudents qui parviennent à seconder leur parti, à satisfaire les aspirations libérales des populations, sans rien brusquer et sans compromettre le succès de cette grande entreprise.

« M. Warocqué a su consulté l’opinion publique et faire ce qu'elle demandait et ce qu’elle attendait de lui.

« Il ne disait pas, dans nos assemblées, je veux atteindre tel but, il disais, je suis à votre disposition, je vous seconderai.

« Ainsi il ralliait toutes les forces éparses de ces hommes dévoués à nos institutions qui, parfois divisés sir les moyens d'action, ne l'étaient jamais pour accorder leur confiance à M. Warocqué.

« Sa politique était bienveillante, elle était honnête ; il supportait, sans se laisser ébranler, les coups que ses adversaires lui portaient, il n'en était que plus attaché à ses opinions et les rangs de ses amis n'en étaient que plus nombreux et plus serrés. Aussi, il laisse une association nombreuse et unie qu'il a puissamment aidé à constituer.

« Il laisse une force que l'opinion libérale de notre arrondissement n'a pas connue avant lui, force qu’elle recueillera comme un précieux héritage pour faire triompher les vrais principes d’un sage libéralisme, pouvant seul assurer le repos et le bonheur du pays.

« Adieu Warocqué, adieu cher et bon ami !

« Puissent tes enfants imiter tes nobles exemples et mériter un jour l’affection publique dont nous voyons une si touchante manifestation aujourd’hui.

« Puissent tes vertu t’assurer auprès de Dieu la récompense réservée à l’homme honnête et juste. »

Discours de M. Jules De Dorlodot

« Avant de voir fermer cette tombe devant laquelle des voix éloquentes ont retracé la vie si courte, mais si bien remplie, du fondateur d’établissements d’instruction, de charité, de toutes les œuvres enfin qui contribuent au bien-être de l’humanité et à l’amélioration de la classe ouvrière, je viens, convié par l’amitié, rendre un dernier hommage à cet âme d’élite, enlevée trop tôt à l’affection d’une famille éplorée, à l’affection de ses amis.

« Je ne parlerai pas des réceptions intimes du château de Mariemont dont la digne épouse faisait les honneurs avec tant de bienveillance, c’est dans le canton de Saint-Hubert que nous nous transporterons.

« Président depuis 15 ans de la sociétés des chasses de Libin, propriétaire de chasses environnantes, c’est là qu’il aimait à s’entourer d’un groupe de camarades, d’amis ; c’est là qu’à l’arrière-saison, il aimait à passer au milieu de nous, les quelques instante trop courts hélas ! pour sa ganté, qu'Il pouvait dérober aux affaires. La simplicité de ses manières, sa bonté, sa générosité imprimaient à ces réunions un caractère de cordialité, d'intimité dont il emporte le secret. S'oubliant toujours lui-même, sa grande préoccupation était d'être agréable à tous. Aussi aucun de nous n'aurait voulu lui déplaire, un désir exprimé par lui était comme un ordre pour nous. Au milieu de ces distraction, il n'oubliait pas non plus que la bonne organisation, le respect des lois cynégétiques, les sacrifices pécuniaires sont indispensables pour repeupler nos forêts et augmenter aussi le bien-être, la prospérité des communes.

« Aussi, là-bas, comme ici, la désolation est sur tous les visages, les larmes dans tous les yeux, un vide profond dans tous les cœurs.

« A nous, compagnons de ces bonnes parties, c’est un excellent camarade, un ami dévoué qui nous est ravi ; à vous, gardes, ce n’est pas un maître, c’est un bienfaiteur, un père que le destin cruel vous enlève ; ton souvenir, mon cher Arthur, est la seule consolation qui nous reste, ce sera ton auréole dans nos cœurs. En ce moment suprême, tous s’unissent à moi pour te dire un triste, un éternel adieu ; notre cher Arthur, mon ami, encore une fois, adieu. »

Discours prononcé par M. Guinotte, au nom du personnel des charbonnages

« Messieurs,

« Après tous les discours qui ont retracé avec tant d'éloquence ce qu'a été et ce qu'a fait l'homme que nous pleurons, il semblerait qu'il n'y eût plus rien à dire.

« Il en est cependant encore qui ne peuvent se séparer de lui sans lui adresser un dernier adieu, et c'est en leur nom que je dois redire combien étaient grandes et rares les qualités d'Arthur Warocqué, de M. Arthur, pour employer l'expression naïve et touchante de ceux dont je me fais l'interprète.

« C'est, en effet, au nom de tout le personnel des charbonnages de Mariemont et de Bascoup que je prends le dernier la parole, personnel très nombreux, car il comprend près de 6,000 ouvriers et employés. Parmi eux, il n'en est pas un qui ne ressente cette perte comme s'il avait perdu son guide, son appui dans la vie. Tous savent surtout combien est immense et impossible à combler le vide qui vient de se faire au milieu de nous.

« Il était attaché de corps et d'âme aux charbonnages qu'il administrait avec tant de sollicitude. Dans ces fonctions, il perpétuait le rôle principal et traditionnel de sa famille, car la société de Mariemont fut gérée dès le commencement du siècle par son aïeul, M. Nicolas Warocqué, qui, il y a cinquante ans déjà, reprenait, en outre, l'administration du charbonnage de Bascoup. Depuis, trois générations se sont succédé, et c'est la troisième qui s'éteint par la mort de M. Arthur Warocqué. Nous avons eu à subir déjà des pertes bien sensibles, bien douloureuses, mais plus elles se multiplient, plus elles sont amères.

« Arthur Warocqué poussait plus loin encore que ses prédécesseurs les traditions remarquables de sa famille. Il nous appartient surtout de signaler combien étaient étroits, intimes, affectueux, bienveillants, d'une part, dévoués et reconnaissants, de l'autre, les rapports qui unissaient l'administrateur de Mariemont et de Bascoup à tout le personnel de ces sociétés. A ce point de vue, il était, comme cela s'est dit tant de fois depuis quelques jours, un homme unique, un homme admirable ! Malgré sa position élevée, il mettait au service de tous son influence et son prestige si considérable et que lui seul paraissait ignorer. Cet homme était accessible à tous ; le plus humble pouvait l'aborder : toujours il l'écoutait et toujours il savait lui rendre l'espoir et la confiance. Non seulement sa générosité était sans limite, mais, ce qui est plus rare, il s'associait à tous les malheurs en faisant tous les efforts qui pouvaient en atténuer l'effet.

« Les personnes qui, comme nous, ont eu le bonheur de vivre avec lui dans un contact intime et journalier savent combien était grande la peine qu'il ressentait en voyant souffrir autour de lui sans pouvoir y porter remède.

« On peut dire qu'il souffrait des souffrances de tous et que c'est là l'origine de la maladie qui nous l'a ravi.

« Lorsqu'une satisfaction, une joie survenait dans sa famille, il nous y associait ; sans cela son bonheur n'eut pas été complet. Il nous appartenait comme nous lui appartenions. Cet hommage spécial s'adresse non seulement à lui, mais aux siens et surtout à sa compagne, si digne, si vaillante, qui, après avoir pris part à tous les efforts de sa vie, après l'avoir comblé des soins les plus touchants, conserve aujourd'hui devant cette catastrophe inattendue la force et l'énergie nécessaires pour se pénétrer avant tout du devoir à accomplir,

« Si nous avions notre part des joies de la famille, nous prenons plus largement encore notre part de ses douleurs, et, nous comme elle, nous perdons et nous pleurons un chef vénéré et surtout un chef aimé.

«Nous ne parlerons pas des mérites transcendants dont il a fait preuve dans sa carrière, mérites si multiples, puisqu'il remplissait si bien les missions si diverses dont il s'était chargé. Nous devons mentionner cependant, parce que ceci nous touche de plus près, que la crise industrielle qui vient de sévir a été, grâce à lui, traversée sans qu'elle ait engendré de misère dans nos populations.

« Cher administrateur, vous avez été grand par l'intelligence, plus grand encore par le caractère, mais par le cœur vous avez été admirable. Au nom de tous, une dernière fois merci ! Au nom de tous, une dernière fois : Adieu ! »

Ces discours qui exprimaient éloquemment les regrets ressentis au plus haut point par tous ont fortement ému l’assistance, et l’émotion a redoublé quand le corps a été enlevé de la chapelle et porté dans le caveau funéraire, où Mme Warocqué et ses fils l’ont accompagné.

Dix personnes de la famille Warocqué ont été déjà inhumées dans ce caveau ; le dernier est la mère de M. Warocqué, morte en 1875. Son fils, placé dans le compartiment voisin va pour toujours reposer à côté d'elle. Après la cérémonie la foule a continué à stationner sur la place, chacun attend son tour pour pénétrer dans l'église et aller prier pour celui dont tous portent le deuil.

Détail touchant ! lundi l'autorité a dû faire fermer à minuit l'église qui ne désemplissait pas. Toute la contrée y passera. C'est le pèlerinage du cœur, de la reconnaissance profonde et bien méritée.


(Extrait de la Gazette de Charleroi, du 16 avril 1880)

Funérailles de M. Warocqué

Discours prononcé par M. le gouverneur du Hainaut

« Au nom de la province da Hainaut, dont il était l'un des plug brillanta enfante, je viens à mon tour dire un dernier adieu à celui qui fut pendant de longues années le bienfaiteur de cette contrée.

« Héritier d’une des plus grandes fortunes industrielles du pays, Arthur Warocqué avait la noble fierté de vouloir la consacrer à répandre le bonheur et le bien-être autour de lui. Il suivait ainsi de grandes et belles traditions de famille. Il mettait un légitime orgueil à rappeler ce que son aïeul et son père avaient fait pour ce village de Morlanwelz, comment grâce à leur énergie constante, à leur initiative éclairée, à leur volonté puissante, la forêt de Mariemont avait vu ses destinées se transformer, comment enfin ce pays. où ils avaient implanté l'industrie, était devenu riche et prospère : mais modeste autant que bon, il oubliait de dire qu'à lui aussi revenait une part, et pas la moindre, dans les travaux entrepris à Mariemont et Bascoup pour améliorer la situation matérielle et morale de l’ouvrier. Cette modestie qu'il avait non pas seulement extérieure et apparente, mais Intime et sincère, le marquait et le distinguait entre toue. II se plaisait à oublier ce qu'il avait fait afin de pouvoir exalter davantage ceux qui l'avaient aidé.

« Doux et affable envers tous, il y avait dans sa personne un charme qui séduisait. Sa bienveillance était sans bornes, sa générosité sans limites. Que de larmes n'a-t-il pas séchées ! que de courages abattus n'a-t-il pas relevés ! Que de désespérée n'a-t-il pas sauvés ! Aux travailleurs honnêtes et malheureux Mariemont apparaissait comme le phare du salut. Ils savaient que M. Warocqué ou, pour parler comme eux, que M. Arthur leur viendrait en aide, qu'il les aiderait à tenter de nouveaux efforts, qu'il les armerait pour de nouveaux combats. Et ces services qu'il rendait, nul ne les connaissait. Personne ne nous dira le nombre de ceux qu'il a secourus, encouragés, sauvés ! Non seulement sa main gauche ignorait les bienfaits que prodiguait ta main droite, mais son cœur, tant il était bon, forçait sa main droite à ne pas s'en souvenir elle-même.

« Plein de prévoyance et de sollicitude, il portait le plug grand intérêt à tout ce qui pouvait contribuer à la prospérité de la classe laborieuse. II aimait ses ouvriers comme un père aime ses enfants ; il s'occupait avec la plus constante attention de tout ce qui pouvait améliorer leur condition matérielle ou morale ; maisons d'école, associations ouvrières, sociétés de consommation, écoles industrielles, toutes les institutions utiles, en un mot, trouvaient en lui le plus éminent et le plus ardent des protecteurs. Bourgmestre de Morlanwelz, il mettait au service de la commune cette générosité et cet esprit de justice qu'il apportait en toute chose, car justice et bonté, telles étaient les qualités dominantes de son âme. Un jugement injuste qu'il savait dicté par la passion ou accordé à la flatterie le blessait cruellement. Il était impartial et partout et toujours.

« Aujourd'hui que nous l'avons perdu,- la reconnaissance publique a le droit de proclamer les services qu'il a rendus et qu'il se plaisait dérober aux regards de tous. La patrie en deuil a le droit de se souvenir de ce qu'il a fait. Elle pleure en lui le digne fils d'Abel, le noble descendant de Nicolas, de ces travailleurs infatigables, qui, les premiers ont donné à l'industrie de cette contrée une impulsion énergique. Comme industriel, Arthur Warocqué a développé la puissance et la prospérité des établissements dont l'administration lui avait été remise en 1868. Il a fait décréter ces admirables installations mécaniques qui ont fait des charbonnages de Mariemont et de Bascoup la grande école, où, comme le disait hier, un des professeurs les plus éminente de notre pays, viennent s'instruire les hommes spéciaux du monde entier. La postérité confirmera les honneurs que l'étranger, cette postérité contemporaine, a déjà décernés à l’œuvre grandiose de notre cher Warocqué.

« Si comme industriel, Arthur Warocqué a mérité de se voir cité comme l’exemple et modèle à tous les industriels de la province, les mérites du bourgmestre de Morlanwelz n’étaient pas moins considérables, ni les services qu’il a rendus moins éminents. De ce village, il a fait une ville, c’est à lui que Morlanwelz doit la distribution d’eau, l’éclairage au gaz, les nombreuses et belles écoles, les rues nouvelles et cette place publique au centre de laquelle se dresse la statue de l’homme de bien qui fut son père et dont il suivit si brillamment les exemples.

« Je craindrais de manquer à ce que mon amitié pour lui et mon devoir de gouverneur, m’imposent vis-à-vis d’Arthur Warocqué, si, retraçant sa carrière si bien remplie, j’oubliais de vous rappeler les services éminents qu’il a rendus comme représentant de l’arrondissement de Thuin. Il était le conseil dévoué, l’intermédiaire obligeant de tous ceux qui s’adressaient à lui. Homme de convictions solides et fortes, il se faisait honneur de marché à la tête de cette école libérale qui veut développer la prospérité matérielle et morale du peuple en la basant sur le progrès général de l’intelligence. Aussi sa perte cause-t-elle une immense douleur à tous ceux qui s’étaient habitués à le regarder comme un ami sincère, comme un chef aimé. Mais à cette douleur se mêle une espérance : celle de voir les nobles traditions de la famille continuées avec courage et avec fierté par ceux qui portent aujourd’hui le lourd fardeau d’un nom béni depuis un siècle par toute une population.

« Cet espoir ne sera pas déçu.

« Les fils seront dignes de leur père !

« Arthur ! ils suivront les nobles exemples que tu leur a laissés !

« Et nous, tes amis, les collaborateurs, nous souvenant de tes conseils, nous continuerons l’œuvre que tu laisses inachevée, nous suivrons la voie que tu nous as tracée, et, nous inspirant de ton dévouement à cette patrie que tu aimais tant, nous continuerons à prendre pour guide de notre conduite ces sentiments qui ont dirigé toute ta vie : justice, tolérance et charité ! »

Discours prononcé par M. Gustave Sabatier, représentant

« Messieurs,

« La chambre de commerce de Charleroi vient à son tour prononcer quelques paroles d'adieu et de profond regret devant ce cercueil.

«Elle accomplit par mon organe un devoir de reconnaissance en rappelant que la constitution de notre chambre syndicale, par l'association de tous les intérêts agricoles, industriels et commerciaux de nos arrondissements est due, en grande partie, à l'initiative d'Arthur Warocqué.

« Désigné alors pour présider notre collège, il déclina cet honneur ; mais il accepta, pour une année, l'une des vice-présidences du conseil général, et son concours empressé et énergique ne nous a jamais fait défaut.

« La foule qui se presse à ses funérailles dit assez quel éclatant hommage est rendu, par ses innombrables amis, par le monde industriel et par le monde politique, à celui dont nous déplorons, je veux dire dont le pays entier déplore la mort prématurée.

« Ceux qui, par leur position spéciale, se sont fait déjà, ainsi que les organes de la presse, l'écho de la douleur publique, se sont élevés justement à de grandes hauteurs pour rappeler la vie si utile et si bien remplie d'Arthur Warocqué; ils retracent les qualités qui le distinguaient, la popularité dont il jouissait et la remarquable indépendance de son caractère et la fermeté de ses principes politiques.

« Nous nous associons de tout cœur à ces éloquentes appréciations et nous nous rencontrerons, dans une pensée commune, en appuyant sur les services qu'il a rendus à l'industrie, sur le bien dont il a entouré de nombreux travailleurs, sur les progrès que les charbonnages dont il était l'administrateur délégué ne cessèrent de réaliser, enfin sur l'esprit d'initiative dont il animait un personnel capable et dévoué.

« Il a attaché son nom à des institutions dé bienfaisance et d'instruction dont profitent largement ses ouvriers, et l'on a pu dire avec raison que, par son intelligence ouverte à toutes les améliorations, par le bien qu'il faisait, tant au point de vue moral et intellectuel qu'au point de vue matériel, Arthur Warocqué occupait le premier rang parmi les chefs de nos grandes industries.

« Ce jugement, notre chambre de commerce l'a depuis longtemps ratifié.

« En dehors de l'administration si vaste des sociétés de Mariemont et de Bascoup, et des soins que nécessite la prospérité de ces établissements modèles, Arthur Warocqué donnait son concours à des œuvres qui témoignent de sa valeur personnelle et de son influence, rehaussée encore par sa position de membre de la Chambre des représentants.

« Nous voulons parler surtout des importantes fonctions de président du comité belge de l'Exposition universelle de 1878, fonctions qui lui furent confiées par le gouvernement et qu'il remplit avec un mérite qui lui valut les acclamations de toute l'industrie belge et aussi des distinctions honorifiques que l'opinion publique, d'avance, lui décernait.

« Je n'en dirai pas davantage, messieurs ; quelques mots suffisent pour exprimer les sentiments de tous envers cette âme généreuse, cet ami dévoué, cet industriel d'élite.

« Il emporte dans la tombe nos regrets unanimes. Tous nous éprouvons un déchirement de cœur en nous séparant d'Arthur Warocqué et c'est sous l'impression de la plus vive émotion que je prononce ce mot suprême : Adieu ! »

Discours de M. le prince Alphonse de Chimay

« Messieurs, lorsque la mort vient frapper dans la force de l'âge un homme dont la vie entière a été employée à faire le bien autour de lui ; lorsque cet homme s'était conquis par lui-même une notoriété vraiment belle et enviable ; lorsque le nom de cet homme est synonyme d'honnêteté, de droiture, de fermeté dans les principes, on reste consterné devant un si grand malheur.

« La nouvelle seule de la maladie de Warocqué avait rempli l'arrondissement, qu'il représentait depuis dix ans à la Chambre, d'une douloureuse émotion dont les témoignages venaient chaque jour affluer à son hôtel. Sa mort a plongé dans la tristesse ses parents, ses ouvriers, ses amis, tous ceux qui l'ont connu.

« Des voix plus autorisées que la mienne ont retracé la vie si bien remplie de celui qui n'est plus. J'ai tenu à prononcer quelques paroles au nom des cantons de Chimay et de Beaumont, où Arthur Warocqué n'a cessé de faire du bien et dont l'immense majorité des habitants lui conserve le plus pieux et le plus reconnaissant souvenir. Mon amitié profonde pour mon cher et regretté collègue me faisait aussi un devoir de lui rendre un dernier témoignage d'estime et d'affectueux souvenir. Cette amitié, réciproque je puis le dire, née de l'exercice même de notre mandat politique, avait été consolidée par la plus franche sympathie et par le commerce habituel et fréquent de la vie.

« Messieurs, l'éloge ne suffit pas pour honorer une mémoire comme celle d'Arthur Warocqué. L'avenir dira ce qu'était cet homme de bien, ce qu'a fait ce travailleur infatigable, - et hélas ! les excès mêmes de son labeur incessant ont abrégé ses jours, - ce bienfaiteur du pauvre, cet ardent et consciencieux champion du travail, cet ami de la classe ouvrière, ce défenseur constant et ce propagateur ardent et convaincu des principes qui font l'honneur et la force du parti libéral. Partout où il a été donné à Warocqué d'exercer sa bienfaisante action retentira son éloge, et dans Mariemont, qu'il aimait tant, dont le nom s'attache au sien comme à sa plus glorieuse illustration, et dans l'arrondissement de Thuin, dont il défendait si ardemment les intérêts, dans cet arrondissement qui le pleure, comme l'a si bien dit hier mon honorable collègue M. Puissant, et dans le pays tout entier, dont il contribuait si puissamment à faire honorer le renom industriel.

« La modestie de Warocqué était extrême. Vous connaissez, messieurs, son affabilité, son abord toujours aimable, toujours encourageant. La main qu'il tendait avait un accent de droiture et de franchise qui lui était propre. Warocqué avait l'amour de la vérité et tout ce qui n'était pas, comme lui, droit, sincère et honnête lui répugnait.

« Un caractère si bien trempé ne pouvait s'effrayer à l'idée de la mort. Aux premières atteintes du mal qui devait l'emporter, il sentit la gravité de son état ; il prit ses dernières dispositions avec la fermeté et le calme de l'homme de bien. Warocqué était un chrétien ; il accomplit ses devoirs. Il donna à son fils de sages et solennels conseils ; venant d'un tel père, ces conseils resteront gravés dans la mémoire du fils et resteront sa meilleure sauvegarde dans les difficultés de la vie.

« Courageux et fort de cette paix de l'âme qui ne l'a jamais quitté, Warocqué a attendu avec fermeté l'heure fatale qui a, hélas! sonné trop tôt pour lui. Messieurs, les décrets de la Providence, sont insondables, mais nous devons les respecter.

« Si grand que soit notre deuil, nous ne pouvons nous laisser décourager. Nous pleurons un ami ; nous avons maintenant un exemple à suivre, une mémoire à honorer, un souvenir à perpétuer en le servant d'un manière vraiment digne de lui, en nous inspirant scrupuleusement des principes vrais qui ont été la règle de toute sa vie et qui faisaient la force de son nom. Ces principes resteront les nôtres ; ils sont de l'essence même de nos convictions politiques ; ils sont l'honneur de notre drapeau. Nous continuerons à nous y conformer. Nous continuerons l’œuvre commencée. Nous continuerons à prendre exemple sur celui qui le donnait si haut, si intelligent, si droit.

« Nos paroles, nos regrets, nos larmes ne peuvent certes diminuer la douleur de cette épouse dont le courage fait notre admiration, de ces fils auxquels nous apportons comme à leur mère le témoignage de notre profonde et respectueuse sympathie.

« Nous avons perdu notre ami, messieurs; nous garderons précieusement son souvenir. Arthur Warocqué, adieu, adieu ! »


(Extrait du Moniteur belge, du 15 avril 1880, pp. 1454 à 1456)

L'inhumation de M. Warocqué a eu lieu à Morlanwelz, le mardi 13 avril ; elle a été précédée d'un service funèbre solennel célébré à 11 heures par un nombreux clergé. Une foule immense emplissait non seulement l'église, mais toute la place; on peut dire que toutes les populations des environs avaient tenu à rendre ce dernier hommage à leur bienfaiteur.

Un train spécial a amené, à onze heures, un grand nombre de personnes de Bruxelles, entre autres Mme Frère-Orban; M. Frère-Orban, conseiller à la cour d'appel de Liége, son fils ; M. Léon Orban, la famille Van Volxem, M. et Mme Van Hoogaerde, etc. A l'église nous avons remarqué Mme Warocqué et ses deux fils ; M. Orville, son frère ; Mme Hamoir, tante du défunt ; M. le gouverneur du Hainaut en costume officiel ; MM. Tiberghien, de Haussy, la députation de Soignies, etc.

Le service était terminé à midi et demi ; il n'y a pas eu d'offrande. Le corps est sorti ensuite par une porte donnant sur l'ancien cimetière et a été porté dans la chapelle de la sépulture de famille. Mme Warocqué, ses fils et les autres membres de la famille ont entouré le cercueil ; une foule de personnages marquants se tenaient aux abords.

Sept discours ont été prononcés par : MM. Alp. de Chimay, de Kerchove, gouverneur du Hainaut, Gravez, au nom du comité des charbonniers, Sabatier, au nom de la chambre de commerce de Charleroi, t'Serstevens, au nom de l'Association libérale de Thuin, de Dorlodot, au nom des amis du défunt, Guinotte, au nom du personnel des charbonnages.

Ces discours, qui exprimaient éloquemment les regrets ressentis au plus haut point par tous, ont fortement ému l'assistance, et l'émotion a redoublé quand le corps a été enlevé de la chapelle et porté dans le caveau funéraire, où Mme Warocqué et ses fils l'ont accompagné.

Dix personnes de la famille Warocqué ont été déjà inhumées dans ce caveau, la dernière est la mère de M. Warocqué, morte en 1875. Son fils, placé dans le compartiment voisin, va pour toujours reposer à côté d'elle. Après la cérémonie la foule a continué à stationner sur la place ; chacun attend son tour pour pénétrer dans l'église et aller prier pour celui dont tous portent le deuil.

Détail touchant ! hier l'autorité a dû faire fermer à minuit l'église qui ne désemplissait pas. Toute la contrée y passera. C'est le pèlerinage du cœur, de la gratitude, de la reconnaissance profonde et bien méritée.

Mme Warocqué a assisté au service, a entendu les nombreux discours prononcés sur le cercueil de son mari, est descendue ensuite dans le caveau funéraire, où elle a assisté à l'inhumation.

Tout le monde a admiré le courage de cette digne compagne du défunt, se raidissant contre sa poignante douleur, pour rendre un dernier hommage à celui qu'elle a perdu et ne quitter qu'au seuil de la tombe celui qu'elle a toujours et si puissamment secondé dans sa vie toute de bienfaits de dévouement.

On ne peut citer toutes les personnes notables perdues au milieu d'une pareille affluence. Voici cependant quelques noms à ajouter :

M. Pennart, sénateur de Soignies, MM. Houtart et Paternoster, députés du même arrondissement ; MM. Puissant et Lescarts, membres de la Chambre ; MM. Anciaux, François et Losseau, commissaires d'arrondissement ; la plupart des membres de la députation permanente du Hainaut ; M. Van den Bulcke, chef du cabinet de M. le ministre des affaires étrangères, et Mme Van den Bulcke ; M. Bemelmans, ingénieur en chef des chemins de fer, et Mme Bemelmans ; M. Edmond Dolez ; MM. Van Schoor, conseiller provincial du Brabant ; Jamar fils, etc., etc.

M. Sabatier, représentant et président de la chambre de commerce et d'industrie de Charleroi, a conduit aux funérailles de M. Warocqué plus de soixante industriels, membres de cette association.

Tous ceux qui ont assisté à ces derniers honneurs rendus à un grand homme de bien, tous ceux qui ont vu la douleur réelle, les regrets unanimes que cette perte cause à cette nombreuse et honnête classe ouvrière a qui fut toujours l'objet de la sollicitude du défunt en ont ressenti une profonde impression.

La douleur sincère de ces familles d'ouvriers, qui semblent avoir perdu un de leurs membres aimé et vénéré, fait à la fois leur éloge et celui de l'homme qui est l'objet de pareils sentiments.

Il est, dès à présent, question d'élever par souscription un monument à la mémoire de M. Arthur Warocqué à Morlanwelz ; on l'érigerait sur la place des Ecoles, au milieu d'un quartier et d'établissements qu'il a créés.

Voici les discours qui ont été prononcés sur la tombe de M. Warocqué.

M. le prince Alphonse de Chimay a parlé en ces termes :

[Voir le texte de ce discours ci-dessus, dans l’article de la Gazette de Charleroi, du 15 avril 1880]

M. Gustave Sabatier, membre de la Chambre des représentants et président de la chambre du commerce et de l'industrie de Charleroi, a pris la parole en ces termes, au nom de cette dernière institution :

[Voir le texte de ce discours ci-dessus, dans l’article de la Gazette de Charleroi, du 15 avril 1880]

M. Guinotte a prononcé le discours suivant, au nom du personnel des charbonnages de Mariemont et de Bascoup:

[Voir le texte de ce discours ci-dessus, dans l’article de la Gazette de Charleroi, du 15 avril 1880]

Parmi les discours prononcés lundi, lors de l'arrivée du corps à Morlanwelz, nous croyons devoir reproduire le suivant, dit par M. Puissant, représentant de Thuin :

[Voir le texte de ce discours ci-dessus, dans l’article de la Gazette de Charleroi, du 15 avril 1880]


Information complémentaire :

Le monument Arthur Warocqué à Mariemont (consulté le 6 décembre 2024)