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Veydt Laurent (1800-1877)

Portrait de Veydt Laurent

Veydt Laurent, François, Félix libéral

né en 1800 à Bruxelles décédé en 1877 à Bruxelles

Ministre (finances) entre 1847 et 1848 Représentant entre 1845 et 1859, élu par l'arrondissement de Anvers

Biographie

(Extrait de :E. JACQUES, dans Nouvelle biographie nationale de Belgique, t. I, 1988, pp. 362-363)

VEYDT, Laurent, François, Félix, parlementaire, homme d'affaires et bibliophile, né à Anvers le 7 août 1800, décédé à Bruxelles le 22 novembre 1877.

Ses parents, Laurent-Guillaume-Xavier Veydt et Marie-Françoise Van Merlen, appartenaient à la bourgeoisie commerçante de la métropole. Après des études commencées dans sa ville natale, il alla achever ses humanités au Collège royal de Gand, où il avait de la famille. En 1819, il entra à l'université de cette ville et y obtint le titre de docteur en droit en 1823. En 1825, il s'inscrivit au tableau de l'Ordre des avocats d'Anvers. Il se maria en 1827 avec une cousine, veuve de condition aisée, Colette-Marie Van Bomberghen, dont une sœur avait épousé le secrétaire communal d'Anvers, François-Joseph Wellens.

Gagné aux idées libérales, le jeune Veydt, s'engagea dans la politique et fit partie, dès le début de novembre 1830, d'une des sections chargées d'organiser les élections dont dépendait la réunion du Congrès national. En décembre 1830 et février 1831, il se présenta aux élections communales d'Anvers. Elu dans la minorité libérale, il exerça le mandat d'échevin de cette ville. En février 1832, il démissionna de cette charge, et ne fut pas réélu dans la suite. En revanche, en 1836, il devint conseiller provincial et siégea à la députation permanente, à Anvers. En 1839, il fut nommé directeur au ministère des Affaires étrangères, à Bruxelles, où il se trouva à la tête de la section des affaires commerciales et des consulats. Mais il démissionna en mai 1841 pour renouer avec la politique : il avait été élu conseiller provincial aux élections de mai 1840, et il reprit place à la députation permanente, à Anvers, en juillet 1841. Pendant les années suivantes, il exerça divers mandats, dont nous retiendrons surtout celui de membre de la Commission centrale de statistique, créée à Bruxelles en 1841, sous la présidence d'Adolphe Quetelet ; il en démissionna en janvier 1843 ; mais de 1843 à 1846, il remplit la charge de vice-président de la Commission provinciale de statistique d’Anvers.

En juin 1845, Veydt se présenta aux élections législatives et fut élu à Anvers, en même temps que Charles Rogier, qu'il fréquenta de près. Réélu en 1847, il devint ministre des Finances dans le gouvernement libéral homogène constitué par cet homme politique. Il s'y trouva confronté avec de grosses difficultés, que vinrent compliquer des dissentiments avec son collègue Frère-Orban. Veydt préféra se retirer et fut remplacé par ce dernier en mai 1848. Réélu aux élections législatives de juin de cette année, il revint à la Chambre des Représentants. Il s'y montra un député zélé, et se vit confier diverses missions. Il renonça néanmoins aux fonctions parlementaires et à la carrière politique en mai 1859.

Veydt avait, en effet, été amené à assumer d'autres activités, qui l'absorbaient de plus en plus. Eprouvant pour les questions économiques une prédilection sans doute explicable par ses origines et ses relations, il était entré dans le conseil d'administration de la Compagnie belge de colonisation, fondée en 1841 ; il était devenu consul de certains pays (particulièrement d'Amérique centrale), et, en juin 1848, avait été admis, au titre de directeur, à la Société Générale de Belgique. En cette qualité, il fut mêlé à de multiples épisodes de la vie économique et financière du pays : fondation de la Banque Nationale, réforme de la Banque d'Anvers, administration de nombreuses sociétés industrielles... En 1866, année où il perdit son épouse, Veydt démissionna de ses fonctions de directeur de la Société Générale. Il les reprit en 1872, mais les abandonna définitivement en 1874.

Un troisième aspect de la personnalité de Laurent Veydt mérite de retenir l'attention, à savoir son goût pour la vie intellectuelle. En 1835, on le trouvait déjà premier secrétaire de la Société des Sciences, Lettres et Arts d'Anvers. En 1838, il devint conseiller agrégé, et en 1841, secrétaire du conseil d'administration de l'Académie royale des Beaux-arts de cette cité. Lié avec Adolphe Quetelet, il participa pendant quelque temps à ses observations météorologiques. Mais c'est surtout comme collectionneur et bibliophile qu'il se fit connaître. En 1865, il fut l'un des fondateurs de la Société des Bibliophiles belges. La richesse de ses collections de livres et d'autographes apparut particulièrement lors des ventes qui en eurent lieu après son décès. Les catalogues établis à ce moment révèlent l'ample culture du défunt et sa prédilection pour l'histoire, les belles-lettres et les questions religieuses. Quoique libéral en politique, Veydt était un chrétien fervent, qui s'intéressa spécialement à Bossuet ainsi qu'à l'histoire du jansénisme et de l'abbaye française de Port-Royal.

Laurent Veydt s'était fixé à Bruxelles, en une maison de la rue Royale, proche de la colonne du Congrès. C'est là qu'il mourut en 1877, entouré de ses enfants et petits-enfants. Il laissait des recueils de pensées sur des sujets divers, qui sont restées inédites et dont seule une partie a été retrouvée récemment.


LIEN EXTERNE

E. JACQUES, Un parlementaire et homme d'affaires passionné de culture au XIX' siècle. Laurent Veydt (1800-1877), dans Académie royale de Belgique. Bulletin de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques, 5e série, 1. 69, 1983, pp. 530-581.