Vander Donckt Théodore, François, Joseph catholique
né en 1795 à Audenarde décédé en 1878 à Kruishoutem
Représentant entre 1852 et 1878, élu par l'arrondissement de Audenarde(E. BOCHART, Biographies des membres des deux chambres législatives, Session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°101)
VAN DER DONCKT, François-Joseph-Théodore
Chevalier de l’Ordre Léopold
Né à Audenaerde, le 15 août 1795,
Représentant, élu par l’arrondissement d’Audenaerde
Fils d'un avocat distingué, qui fut longtemps échevin de la ville d'Audenaerde, M. Van der Donckt étudia à l'université de Gand, où il reçut le diplôme de docteur en médecine. Il établit ensuite son domicile à Cruyshautem, et pendant trente ans y répandit les bienfaits de la science médicale.
Le désintéressement et les talents de M. Van der Donckt le désignèrent à ses concitoyens pour les fonctions administratives.
Echevin de la commune de Cruyshautem en 1831, il fit partie du conseil provincial de la Flandre orientale, à la première formation en 1836, et fut réélu sans interruption jusqu'à son entrée à la Chambre des représentants.
Cependant, en 1847, le choléra décimait les Flandres. La commune de Cruyshautem et ses environs furent des plus maltraités par le fléau. Trois ecclésiastiques et trois médecins périrent victimes de l'épidémie. Le docteur Van der Donckt se dévoua au bien public, et se multiplia pour remplacer avec une entière abnégation ceux que la mort venait de frapper à ses côtés. Le bon docteur était la providence des pauvres. Bravant les dangers avec un admirable sang-froid, M. Van der Donckt considérait avec raison le chevet du malade comme le champ d'honneur du médecin. Il eut le bonheur d'arracher à la mort un grand nombre de personnes ; mais leur étonnement fut grand quand elles apprirent que son nom, béni de tous ceux qui l'avaient vu dans les moments les plus critiques, ne figurait pas sur la liste des récompenses décernées par le gouvernement.
Un atelier d'apprentissage pour le tissage de la toile fut, peu de temps après, créé à Cruyshautem. C'est à M. Van der Donckt que la commune dut ce nouveau bienfait. Il appartenait à celui qui avait lutté si énergiquement contre le fléau asiatique de combattre de toutes ses forces cet autre fléau, le paupérisme, cause de tant de plaies dans les Flandres. L'atelier d'apprentissage de Cruyshautem a eu sa part de distinctions pour ses produits dans diverses expositions publiques.
Ce fut en 1852 que M. Van der Donckt quitta le conseil provincial par suite du mandat législatif qu'il avait obtenu de la confiance des électeurs de l'arrondissement d'Audenaerde. Il renonça, à la même époque, à l'exercice de sa profession de médecin, pour se consacrer tout entier aux travaux parlementaires.
En 1856, il reçut enfin la récompense de son noble dévouement au pays, et fut nommé chevalier de l'Ordre Léopold.
L'honorable M. Van der Donckt ne s'est rangé sous aucune bannière politique exclusive : l'économie, l'agriculture, le mouvement flamand, voilà son principal but, toutes les améliorations possibles dans l'intérêt du peuple, voilà ses vœux. Aussi, a-t-il toujours eu pour lui une immense majorité dans les scrutins électoraux.
Un fait remarquable, et que nous citons avec plaisir en l'honneur de M. Van der Donckt, c'est que le digne représentant d'Audenaerde, depuis sa première élection jusqu'à ce jour, n'a jamais manqué, les registres de présence peuvent en faire foi, ni à une séance publique, ni à une assemblée de section, ni à un travail de commission spéciale.
Nous ne saurions trop faire l'éloge de cette assiduité qui ne s'est pas démentie un seul jour dans la carrière parlementaire de l'honorable député.
(Extrait de l'Echo du Parlement, du 20 septembre 1878)
On nous écrit d'Audenarde, à la date du 17 courant :
M. le représentant Vander Donckt vient de mourir, et cette mort va donner lieu à une nouvelle lutte dans l'arrondissement d'Audenarde.
M. Vander Donckt tait un homme influent. Il avait beaucoup de capitaux placés, était obligeant, confiant, généreux envers ses fermiers qu'il traitait encore sur le même pied qu'il y a trente ans. On a parfois raillé ses travers et il en avait. Mais ces travers le regardaient personnellement, les autres n'en souffraient pas. na peut même dire qu'il avait des qualités très estimables ; il était doux d'humeur, très poli et très juste.
Les gens de Cruyshautem regretteront leur vieux bourgmestre. Avec lui sen va un type de catholique bonhomme, tolérant, même un peu sceptique. Il n'aimait pas beaucoup le clergé. Parfois. tout en prenant une prise, un fin sourire se dessinait autour de bouche. et il faisait volontiers de satiriques remarques à son adresse. Quant au clergé, il le lui rendait bien. Rien que son nom lui faisait hausser les épaules. On sentait de suite qu'il n'était pas au nombre de ces enfants chéris, dont on fait des affidés ou des dupes. Il ne recevait jamais de prêtres chez lui, et il n'allait chez aucun. Jamais non plis il n'assistait à ces dîners de curés, sortes d'agapes politiques, où l'on invite les collègues du voisinage et les hommes influents et dévoués sur lesquels on compte ou qu'on espère séduire. II avait même, touchant ces ripailles, un fond d'idées, d'où résultait clairement qu'il aurait préféré voir le clergé se livrer à des pratiques un peu plus ascétiques.
Aux dernières élections d'Audenarde il lui était arrivé de signer une adresse aux électeurs, remplie des plus pompeuses affirmations ultramontaines. Bien certainement il ne l'avait pas faite et même probablement il ne l'avait pas lue. Il l'avait, à n'en pas douter acceptées les yeux fermés, comme il lui arriva pour cette proposition libérale, lorsque dernièrement, par respect des convenances parlementaires, il resta seul de la droite à son bance et vota bénévolement avec le ministère.
Les libéraux dans le temps eurent le tort immense de ne pas accaparer cet homme. Avant d'être de la Chambre il appartenait au conseil provincial et s'y montrait fort indépendant. Un mot aurait suffi pour l'attirer, car il flottait entre deux parti,. et guettait l'un et l'autre, attendant qu'on lui fît l'offre d'une candidature. Ceux qui l'ont connu à cette époque affirment même que ses sympathies pour les libéraux n'étaient pas équivoques, et ce qui tend à le prouver, c'est que le clergé, dons les rancunes sont opiniâtres, ne l'a jamais vu de bon œil. Quoi qu'il en soit, il fut alléché dans l'intérêt de la bonne cause, et nous fûmes privés d'un soutien qui était capable d'amener le triomphe régulier de notre opinion 'dans l'arrondissement. M. Vander Donckt, en effet, personnifiait, avec les Thienpont, cette bourgeoisie de vieille roche, très digne, très fière, très susceptible même sur les questions de famille, et portée par tradition à tenir en médiocre estime la petite noblesse des campagnes qu'elle égale en richesse et à laquelle elle est supérieure par la popularité et l'intelligence. Cette adjonction, en ne demeurant pas isolée nous eût valu la création d'un parti bourgeois en opposition avec le parti de la noblesse. Dès lors nous étions assurés de la suprématie et le cléricalisme proprement dit ne fût jamais devenu le maître.
La mort de M. .Vander Donckt et la retraite de M. Thienpont vont laisser libres une foule d'électeurs qui les suivaient par sympathie personnelles, et il sera curieux de constater aux élections qui vont s'ouvrir, quel renfort cet élément délié de ses engagements traditionnels apportera au parti libéral.
Espérons qu'il nous dédommagera de notre insuccès récent, et que s'il n'amène pas le triomphe complet, il marque une étape d'émancipation sérieuse de la part de la bourgeoisie sourdement hostile à la domination des châteaux et de I'Eglise.
(Extrait du Journal de Bruxelles, du 23 septembre 1878)
Le 21 septembre a eu lieu à Cruyshautem l'enterrement de M. Van der Donckt. Une grande partie des habitants du village avalent voulu, par leur présence, rendre un dernier hommage de bon souvenir à leur vieux bourgmestre. Dans l'assistance on remarquait quelques représentants, parmi lesquels MM. Guillery, vice-président, Van Wambeke, NoteIteirs. Verwilgen. Vanden Steen, Van Cromphaut, Magherman et Devos. MM. Thienpont et Drubbel, anciens représentants, étaient également présents.
Trois discours ont été prononcés à la maison mortuaire Le premier par M Guillery, le deuxième par M. Magherman et le troisième par un conseiller communal.
Les discours achevés, le cortège s'est dirigé vers l'église du village. Le cercueil étai' porté à bras par les huissiers de la Chambre.
(Extrait de l'Echo du Parlement, du 22 septembre 1878)
On nous écrit de Cruyshautem, le 21 septembre :
Hier à trois heures a eu lieu l'enterrement de M. Vander Donckt.
Une grande partie des habitants du village avaient voulu, par leur présence, rendre un dernier hommage de bon souvenir à leur vieux bourgmestre.
Dans l'assistance, j'ai remarqué quelques représentants, parmi lesquels MM. Guillery, vice-président, Van Wambebe, Nolelteirs, Verwilgen, Vandensteen , Van Cromphaut, Magherman et Devos. NM. Thienpont et Drubbel, anciens représentants. étaient également présents.
Le cercueil était déposé dans une chambre au rez-de-chaussée, transformée en chapelle ardente.
A trois heures est arrivé le clergé.
Trois discours ont été prononcés à la maison mortuaire. Le premier par M. Guillery, le deuxième par M. Magherman et le troisième par un conseiller communal.
M. Guillery a fait l'éloge du caractère et des excellentes qualités du vieux parlementaire. Je regrette de ne pouvoir donner son discours, qui a fait une excellente impression.
Les discours achevés, le cortège s'est dirigé vers l'église du village. Le cercueil était porté à bras par les huissiers de la Chambre.
Après de courtes absoutes, le funèbre convoi s'est rendu au cimetière où reposera notre vieux bourgmestre.
On parle déjà de son successeur. C'est un clérical pur sang, convive assidu des curés du voisinage. Il n'aura certes ni la modération ni la sagesse dc celui qu'il voudrait remplacer.