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Vandenpeereboom Alphonse (1812-1884)

Portrait de Vandenpeereboom Alphonse

Vandenpeereboom Alphonse, Louis, François libéral

né en 1812 à Ypres décédé en 1884 à Saint-Gilles

Ministre (intérieur et guerre) entre 1861 et 1868 Représentant entre 1848 et 1876, élu par l'arrondissement de Ypres

Biographie

(Extrait de DIEGERICK Alphonse, dans Biographie nationale des Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1901, t. 16, col. 827-833)

PEEREBOOM (Alphonse VANDER), homme d'Etat, historien, fils de Louis et de Joséphine Hynderick, né Y àpres, le 7 juin 1812, mort Bruxelles, le 10 octobre 1884. Après avoir fait de brillantes études, successivement à Ypres, à Amiens, à Boulogne, à Paris et à Louvain, il obtint à l'âge de 21 ans le diplôme de docteur en droit. En 1834, le jeune avocat entra comme commis- rédacteur au ministère de l'intérieur, en prévision d'entrer un jour au xonseil d' Etat, qu'il était question de créer à cette époque. De cette façon, il s'initiait rapidement à la pratique des affaires administratives. Toutefois, le conseil d'Etat ne fut pas créé, et peu après démission honorable de ses fonctions fut accordée au jeune avocat après un an et quelques mois de service. Rentré dans sa ville natale, Vanden Peereboom, à qui les luttes du barreau et les soucis administratifs souriaient fort peu, s'adonna avec bonheur aux études historiques et littéraires qui lui inspiraient un attrait tout spécial. L'érection d'une bibliothèque publique, dont il fut nommé conservateur, l'institution d'un musée communal, l'étude des richesses que renferment les archives d'Ypres, occupèrent alors tous les loisirs du studieux avocat. Certes, à cette époque, nul n'aurait cru aux brillantes destinées politiques et administratives qui allaient bientôt s'ouvrir devant le jeune Vanden Peereboom.

De 1842, date le commencement de sa carrière politique. Une élection lui ouvre pour ainsi dire inopinément et à son insu les portes du conseil provincial de la Flandre occidentale. La même année, ses concitoyens l'appellent à siéger comme conseiller communal à l'hôtel de ville d'Ypres. Quelques mois après, un arrêté royal l'investit des fonctions de premier échevin. Vanden Peereboom se trouva donc engagé, en quelque sorte malgré lui, dans la vie publique. Le jeune échevin, qu'animaient une grande ardeur au travail et le plus vif dévouement pour ses concitoyens, se montra bientôt un administrateur hors ligne. Aussi, le 26 février 1859, le roi le nomma bourgmestre de la ville d'Ypres. Innombrables sont les services rendus par Vanden Peereboom à sa ville natale, comme échevin d'abord, puis comme bourgmestre. Trois points surtout firent l'objet de sa sollicitude toute particulière : la restauration des immenses halles et de l'église de Saint-Martin, ensuite la réorganisation et le développement de l'instruction primaire, ainsi que la vulgarisation des idées d'épargne au sein de la classe populaire.

En 1848, les électeurs de l'arrondissement d'Ypres le nommèrent leur mandataire à la Chambre des représentants ; il continua à remplir ce mandat sans interruption jusqu'en 1879. Dans cette nouvelle sphère d'action, Vanden Peereboom se signala par une activité et un talent des plus remarquables. Aussi, en 1861, le Roi lui confiait-il le portefeuille de l'intérieur, dans le cabinet libéral Rogier. Ses collègues étaient Rogier, Frère-Orban, Tesch, Vanderstichelen et Chazal. Durant les sept années (1861-1868) que Vanden Peereboom dirigea cet important département, de nombreuses et utiles réformes furent réalisées. Mentionnons, entre autres, les notables améliorations apportées à l'enseignement primaire et à la position des instituteurs, l'organisation des écoles d'adultes, la protection généreuse et les encouragements nombreux accordés aux arts et particulièrement à la peinture murale et monumentale et aux lettres flamandes. Rappelons enfin que ce fut grâce aux mesures énergiques prises par le ministre de l'intérieur que le pays fut préservé, en 1865-1866, du terrible fléau de la peste bovine qui menaçait notre agriculture d'une ruine complète.

Un différend relatif à l'application de la loi de 1842 aux écoles d'adultes détermina Vanden Peereboom à remettre, le 3 janvier 1868, entre les mains du Roi sa démission de ministre de l'intérieur. Toutefois, notre souverain le maintint dans son conseil en le nommant, le 4 février suivant, ministre d'Etal. Pendant les onze années qu'il resta encore à la Chambre, notre représentant prit part à de nombreuses discussions. Les Annales parlementaires conservent les traces du rôle actif qu'il joua au Parlement, ainsi que du talent et de l'énergie avec lesquels il défendit en toute circonstance les intérêts de l'arrondissement d'Ypres.

Déchargé du lourd fardeau du pouvoir, Vanden Peereboom reprit avec joie les études qui avaient fait le charme de sa jeunesse. Compulsant laborieusement avec l'aide de son ami, M. Diegerick, les riches archives d'Ypres, il réunit les matériaux qui allaient bientôt servir à édifier ces eouvres magistrales qui consacreraient sa réputation d'historien.

Le 13 juin 1879, un revirement politique enleva à Vanden Peereboom le mandat politique que, depuis plus de trente ans, il remplissait avec un vrai patriotisme et un entier dévouement. Celui à qui la ville d'Ypres, depuis longtemps déchue de son ancienne grandeur, dû sa renaissance, celui qui fut de tout temps l'honneur du parti libéral et le bienfaiteur de tous ses concitoyens indistinctement, échoua à l'avènement du parti catholique.

Rentré entièrement dans la vie privée, et emportant dans sa retraite la conscience du bien qu'il avait fait et du devoir accompli, Vanden Peereboom continua à se dévouer à sa ville natale en faisant connaitre et aimer à ses concitoyens l'histoire de leur antique et riche cité. Les Annales de la Société historique, archéologique et littéraire de la ville d’Ypres et de l'ancienne West- Flandre, société fondée sous l'inspiration de Vanden Peereboom, peu de temps avant son entrée au ministère, renferment un grand nombre de notices et de mémoires des plus documentés, dus à sa plume et témoignant de son savoir et de son infatigable activité. Son style était élégant et facile. L'amour profond de la patrie et surtout du clocher natal perce dans tous ses écrits et donne souvent à sa phrase une élévation d'idées et d'expressions qui charme et entraîne. Un grand nombre de sociétés savantes de la Belgique et de l'étranger tinrent à honneur de l’inscrire au nombre de leurs membres. L'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique l'admit, le 9 juin 1879, parmi ses membres correspondants et le nomma, le 7 mai 1883, membre titulaire. La Société d'émulation de Braga, la Revue belge de numismatique, Patria Belgica, la Belgique illustrée l'ont compté parmi leurs collaborateurs dévoués. Les trois œuvres les plus importantes dues la plume de Vanden Peereboom sont : Le Conseil de Flandre à Ypres, précédé des cours de justice qui ont exercé juridiction souveraine sur la ville d' Ypres et la West-Flandre, L’essai de numismatique yproise, et enfin cette œuvre de longue haleine et de profonde érudition, élevée la gloire de la ville d'Ypres et généreusement offerte par son auteur à un grand nombre de confrères et d'amis s'occupant d'études archéologiques et historiques : nous voulons parler des Ypriana ou notices, études, notes el documents sur Ypres (7 volumes. in-8% avec illustrations).

En 1878, la Société royale de numismatique offrit à l'auteur de I'Essai de numismatique yproise une médaille commémorative en témoignage de reconnaissance pour les services qu'il avait rendus à l'archéologie et à l'histoire du pays. Enfin, le 13 septembre 1883, de nombreux amis et admirateurs de l'éminent auteur des Ypriana, accourus de tous les coins du pays, lui offrirent à Ypres, à l'occasion de l'achèvement de cette œuvre magistrale, un témoignage solennel de gratitude publique. Cette fête si touchante fut, pour ainsi dire, le couronnement de la carrière de l'illustre vieillard. Ce fut à cette occasion que notre roi, voulant récompenser les services éminents rendus au pays par son ministre d'Etat, lui décerna le grand cordon de son ordre, ratifiant ainsi les vœux d'une population entière. Nous croyons utile de rappeler ici quelques passages de la touchante allocution que, en ce jour mémorable, Vanden Peereboom adressa à ses nombreux amis accourus pour le fêter à Ypres. « Si j'ai pu faire quelque chose pour ma ville natale, j'en ai peu de mérite, car je me suis borné, en la servant, à suivre la voie tracée par mes sentiments natifs. Dès mon enfance, l'amour du clocher natal a été chez moi une passion dominante ; il m'en souvient encore quand, assis sur les bancs de l'école, je rencontrais le nom d'Ypres dans un livre d'histoire, déjà j'éprouvais un inexprimable sentiment de bonheur, et le tableau de la grandeur passée de notre ville, comme le récit d'actes utiles posés par nos pères, réveillait en moi l'enthousiasme le plus ardent... Plus tard, quand, jeune encore, j'ai perdu ce que j'avais de plus cher au monde, j’ai considéré et chéri ma ville natale comme une seconde mère, et mes concitoyens comme des frères, formant ma nouvelle famille. Durant toute ma vie, ces sentiments innés sont restés vivaces et je me suis simplement borné à y obéir, en consacrant, sans mérite aucun, quarante années de mon existence au service de mes concitoyens. »

Voici en quels termes un de ses intimes, A. Henne, a dépeint le caractère de Vanden Peereboom, dans la notice biographique publiée dans l'Annuaire de l' Académie de Belgique : « Doué d'un cœur honnête, appartenant à une génération plus tolérante que la génération actuelle, il resta toujours étranger à la violence et aux passions qui, trop souvent, s'agitent autour des hommes politiques, et se maintint dans les hautes sphères d'une noble indépendance. Il ne se montra jamais injuste envers ses adversaires et on le vit toujours s'associer aux mesures utiles qu'ils proposèrent. Chacun, à son avis, était libre d'honorer Dieu à sa manière; profondément religieux lui-même, il n'attaqua jamais la religion des autres, mais il méprisait les faux dévots pour qui la piété n'est qu'un masque cachant la cupidité ou d'autres mauvaises passions. Toujours juste et impartial, il ne sacrifia jamais un honnête homme à l'esprit de parti. S'il se montra l'adversaire déclaré du fanatisme et de l'intolérance, il n'approuva jamais les excès de ses amis. Son cœur affectueux lui avait fait un cercle d'amis dévoués, car jamais homme, en amitié comme en amour, ne vit mieux se justifier l'axiome : Aimez et vous serez aimé. C'est dans ce cercle d'amis qu'il se livrait aux épanchements de son cœur, et ceux qui eurent le bonheur d'en faire partie n'oublieront combien son commerce était agréable, facile et sûr, combien grandes étaient sa bienveillance et sa bonté. »

Vanden Peereboom mourut à Bruxelles, après une longue maladie qui le condamna les derniers mois à la retraite et au repos absolu. Par ses dernières volontés, il exprima le désir d'être enterré dans sa ville natale. sans aucun honneur civil ou militaire, sans qu'aucun discours fût prononcé sur sa tombe. Il légua à sa ville natale sa riche bibliothèque, ses collections de numismatique, d'antiquités, de tableaux et d'œuvres d'art. D'importantes libéralités furent, en outre, faites aux administrations charitables de la ville et de plusieurs communes de l'arrondissement d'Ypres.

Depuis le 25 septembre 1892, une statue en marbre blanc, érigée par souscription publique, et représentant l'ancien ministre d'Etat debout, la main posée sur deux volumes des Ypriana, s'élève à Ypres sur la place Vanden Peereboom, tout près de la maison natale de l'auteur des Ypriana.

(Suit la liste chronologique des publications d'Alphonse Vanden Peereboom, non reprise dans la présente version numérisée)


(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°99)

VANDENPEEREBOOM Alphons-Louis-François-Xavier

Chevalier de l’Ordre Léopold

Né à Ypres, le 7 juin 1812,

Représentant, élu par l’arrondissement d’Ypres

M. Alphonse Vandenpeereboom a fait ses études aux collèges des Jésuites de Boulogne et de Saint- Acheul ; le 15 novembre 1831, il fut reçu bachelier ès lettres en la faculté de Paris.

Le 27 novembre 1833, il reçut le diplôme de docteur en droit romain et moderne à l'université de Louvain.

Le 17 novembre 1834, un arrêté ministériel le nomma commis-rédacteur surnuméraire au ministère de l'Intérieur.

Il occupa ce poste pendant deux ans, et rentra dans sa ville natale. Après avoir passé quelques années au sein de sa famille, il entreprit un long voyage en 1839, et parcourut l'Italie, la Sicile et la Suisse.

A son retour, il fut successivement nommé, le 4 avril 1844, membre de la commission directrice de la bibliothèque publique d'Ypres, et, le 12 février 1842, membre de la commission directrice de la société des beaux-arts.

Le 23 mai 1842, les électeurs du canton d'Haringhe le portèrent au conseil provincial de la Flandre occidentale, et son mandat fut renouvelé le 25 mai 1846.

Le 25 octobre 1842, M. Alphonse Vandenpeereboom entra au conseil communal de sa ville natale ; le 18 décembre, un arrêté royal l'appelait aux fonctions d'échevin.

Un autre honneur lui était réservé par les membres de la commission de la bibliothèque d'Ypres. Le titre de bibliothécaire dont il remplissait les fonctions ad interim lui fut, en raison de ses importants travaux, conféré par ses collègues à l'unanimité.

Amateur zélé de l'histoire nationale et profondément versé dans l'étude des institutions des autres pays, le savant bibliothécaire fut honoré du titre de membre effectif de la société d'émulation pour l'histoire des antiquités de la Flandre occidentale, le 17 avril 1843.

Cinq jours après, sur la proposition du conseil communal, il fut nommé aux fonctions de capitaine commandant le corps des sapeurs-pompiers de la ville d'Ypres.

Le 6 octobre, la société des antiquaires de la Morinie siégeant à Saint-Omer inscrivit M. Alphonse Vandenpeereboom au nombre de ses Membres correspondants.

Le 30 novembre, la société du tir à l'arbalète Guillaume-Tell le nomma son vice-Président. Les tirs ont, depuis, pris une telle extension patriotique dans l'intérêt de la liberté et de l'indépendance nationale que nous ne croyons pas devoir passer sous silence cette nomination, nouveau gage de sympathie pour le fonctionnaire et le citoyen.

Lors du projet de chemin de fer de Bruxelles vers Gand par Alost, une enquête devant avoir lieu dans les provinces du Brabant, de la Flandre orientale et d'Anvers, une commission composée de douze membres fut désignée pour émettre son avis sur ce projet. Par arrêté ministériel du 11 février 1847, M. Alphonse Vandenpeereboom fit partie de cette commission.

Le 13 juin 1848, M. Alphonse Vandenpeereboom obtint de sa ville natale et de l'arrondissement d'Ypres, les hauts suffrages que lui méritaient la franchise de ses opinions et son noble caractère. Il fut élu, à une grande majorité, membre de la Chambre des représentants, et se distingua toujours par son libéralisme franc et sincère.

Le 3 septembre, un arrêté royal renouvelait son mandat d'Échevin.

Un autre arrêté du 6 décembre 1849 le nomma membre de la commission administrative de l'Institution royale de Messines, une des fonctions les plus utiles du pays.

Le 14 juin 1839, l'arrondissement d'Ypres lui renouvela pour la cinquième fois son mandat de membre de la Chambre des représentants.

Tant de services rendus à la ville d'Ypres, à son arrondissement, à la province, au pays tout entier, ont été recompensés par Sa Majesté qui, voulant donner au bourgmestre de la ville d'Ypres, un témoignage public de sa satisfaction, le créa chevalier de son Ordre, le 12 juin 1859.

Enfin, M. Alphonse Vandenpeereboom, nommé bourgmestre le 26 février 1859, et ayant résigné en cette qualité les fonctions de capitaine commandant du corps des Sapeurs-pompiers, Sa Majesté, par arrêté du 6 décembre 1859, le nomma major honoraire de ce corps.

L'honorable M. Alphonse Vandenpeereboom s'est fait connaître comme écrivain par un grand nombre d'articles politiques; il a publié aussi plusieurs notices, parmi lesquelles nous citerons spécialement une nouvelle historique, intitulée Tuindag ; une notice biographique sur le poète Claude Leclercq, natif d'Ypres, dont les poésies vont être publiées par la société des bibliophiles flamands, et une notice sur le démantèlement de la ville d'Ypres.


VOIR AUSSI

HENNE Alexandre, Notive biographique sur Alphonse Vanderpeereboom, dans l'Annuaire de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, 1887, pp. 401-432 (google books)

2° Alphonse Vandenpeereboom a rédigé entre 1865 et 1867 des notes sur le fonctionnement et les enjeux politiques rencontrés par le gouvernement Rogier lorsqu'il y était ministre de l'intérieur. Les notes les plus intéressantes ont été compilées en 1894 dans l'ouvrage suivant (disponinle sur le présent site) : Jules GARSOU, Les débuts d'un grand règne (1865-1868). Notes pour servir à l'histoire de la Belgique contemporaine