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Van Dormael Joseph (1797-1861)

Portrait de Van Dormael Joseph

Van Dormael Joseph, Adrien catholique

né en 1797 à Tirlemont décédé en 1861 à Tirlemont

Représentant entre 1860 et 1861, élu par l'arrondissement de Louvain

Biographie

(Extrait du Journal de Bruxelles, du 13 août 1861)

Nécrologie.

Le pays et l'opinion conservatrice viennent de faire une grande perte par la mort de M. F. Van Dormael, membre de la Chambre des représentants, qui a succombé hier, à Tirlemont, à l’âge de 64 ans.

M. Van Dormael a exercé avec distinction les fonctions de bourgmestre à Tirlemont de 1830 à 1848. Grâce à son énergie, l'ordre fut maintenu dans cette ville à la révolution. En 1845, le Roi avait nommé M.. Van Dormael chevalier de son ordre, pour le récompenser des immenses services qu'il avait rendus à la chose publique.

M. Van Dormael a aussi exercé les fonctions délicates de colonel de la garde civique de Tirlemont. Il avait été nommé membre de la Chambre des représentants en 1859, et il fut réélu en 1860 dans l'élection qui a eu lieu à la suite de l'enquête parlementaire dont les élections législatives de l'arrondissement de Louvain avaient été l'objet.

M. Van Dormael était un administrateur habile et loyal. Le pays per en lui un bon citoyen.

L’enterrement aura lieu mercredi, 14 août, à 5 heures de relevée. Le service se fera le 22, à 10 1/2 heures du matin.


(Extrait du Journal de Bruxelles, du 17 août 1861)

FUNÉRAILLES DE M. F. VAN DORMAEL, représentant de l’arrondissement de Louvain.

On nous écrit de Tirlemont, le 15 août :

Hier, ont eu lieu ici, avec pompe, les funérailles de M. F. Van Dormael, membre de la Chambre des représentants, décédé dans cette ville le 11, comme vous l'avez annoncé, en rendant hommage aux qualités, au caractère et aux services rendus au pays par le défunt. Une foule immense accourue de toutes les parties de l'arrondissement de Louvain témoignait par sa présence combien M. Van Dormael était universellement estimé.

Longtemps avant la cérémonie toute la population tirlemontoise encombrait les rues par où devait passer le cortège funèbre. Vers 5 heures un peloton de troupes est venu se

ranger devant la maison mortuaire pour rendre au défunt les honneurs qui lui étaient dus en sa qualité de chevalier de l'ordre de Léopold. Peu après, on vit arriver aussi précédé de son drapeau, couvert d'un crêpe noir, le corps de musique de la société du Casino, dont M. Van Dormael était l’une des membres fondateurs.

La maison mortuaire était encombrée par une foule émue et recueillie, dans laquelle on remarquait, outre les trois députés de l'arrondissement, et une députation de l'Association conservatrice de Louvain, composée de M. Cappelen-Verzyl, vice-président et de plusieurs membres, toutes les notabilités de Tirlemont et de plusieurs autres villes voisines. On constatait toutefois avec peine l’absence de M. le bourgmestre et de MM. les échevins et de presque tous les autres membres de l'administration communale de Tirlemont, à la tête de laquelle le défunt s'était trouvé pendant 18 ans.

A cinq heures, un nombreux clergé, dans les rangs duquel on distinguait M. le doyen de Tirlemont, est venu procéder à la levée du corps. Après les prières d'usage, le cortège s'est mis en marche. Au moment où les dépouilles mortelles ont quitté la maison mortuaire les troupes ont fait une décharge de mousqueterie.

Les coins du poêle étaient tenus par MM. le baron de Man d'Attenrode, Landeloos, Beeckman, députés élus par l'arrondissement de Louvain et var M. le capitaine pensionné Michotte, chevalier de l'ordre de Léopold, et ami intime du défunt.

Le deuil était conduit par le frère, M. Ch. Van Dormael.

A la suite des absoutes, qui ont été dites dans l’église Saint-Germain, le cortège funèbre, précédé des troupes et de la musique de la société du Casino, s'est dirigé vers le cimetière communal, en traversant toute la ville. Le nombre des personnes accourues sur le passage du cortège pour rendre les derniers honneurs à la mémoire de M. Van Dormael était si compacte, qu'on parvenait à grand-peine à se frayer un passage. Lorsque l'on fut parvenu au cimetière, les troupes firent une nouvelle décharge de mousqueterie, au moment où l’on descendait le cercueil dans le caveau de la famille Van Dormael. Puis M. Landeloos, membre de la Chambre des représentants, a pris la parole, et d'une voix émue, a prononcé le discours suivant :

« Messieurs, au moment où la tombe va se fermer sur les restes mortels de celui dont tous nous pleurons aujourd'hui la perte, permettez-moi de venir, comme collègue et ami, lui rendre les derniers devoirs en vous rappelant brièvement les rares qualités qui distinguaient cet homme de bien.

« François Van Dormael naquit à Tirlemont le 27 octobre 1797. Son père, par une éducation toute libérale qu'Il lui fit donner, le mit à même de pouvoir rendre des services à son pays.

« Par les connaissances profondes qu'il avait en matière administrative, par une fermeté à toute épreuve, qu’il alliait à une bonté et à une affabilité naturelle, par une conduite pleine de franchise et de loyauté, Van Dormael avait su acquérir l'estime de ses concitoyens.

« Lors de la révolution, chacun comprit que lui seul, par l'ascendant qu'il exerçait sur les masses, pouvait maintenir la tranquillité publique.

« Et le gouvernement provisoire, cédant au sentiment public, le nomma, par arrêté du 1er octobre 1830, bourgmestre de Tirlemont.

« Ce choix fut accueilli avec tant de faveur dans sa ville natale, que ses concitoyens ne se contentèrent pas seulement de le ratifier par un vote unanime, mais qu'ils crurent encore devoir lui conférer les fonctions de colonel de la garde civique.

« Van Dormael, dans ces doubles et difficiles fonctions, montra qu’on n’avait point fait en vain appel à son patriotisme, car la ville de Tirlemont put s'applaudir de n'avoir eu aucun excès déplorer pendant la tourmente révolutionnaire.

« Actif, impartial, administrateur éclairé, Van Dormael employa tous ses instants à la chose publique.

« Toujours prêt à rendre service au plus humble comme au plus élevé de ses concitoyens, il n'était heureux que lorsqu'il voyait couronner ses efforts de succès.

« Avec de telles qualités il n'est pas étonnant que ses concitoyens et que le gouvernement l'aient maintenu en 1836 et en 1842 dans ses honorables fonctions de conseiller communal et de bourgmestre, et que le Roi, en récompense dé la manière distinguée dont l'honorable magistrat s'en acquittait, l'ait nommé, le 8 avril 1843, chevalier de l'ordre de Léopold.

« Après tout le bien que Van Dormael avait fait pendant sa carrière administrative, tant en faveur de la ville qu’en faveur de ses concitoyens, il avait lieu d’espérer de voir renouveler son mandat en 1848.

« Cependant il n'en fut point ainsi.

« Je ne veux 'point, messieurs, en présence d'une tombe, scruter les motifs qui ont fait agir les adversaires de Van Dormael, lorsqu'ils ont cru devoir combattre sa candidature ; qu’il me suffise de constater que plusieurs de ses anciens administrés ont été heureux de pouvoir quelques années plus tard, saisir une occasion pour lui donner une nouvelle marque de leur gratitude et de leur confiance.

« Lorsque, en 1859, il fallut procéder au renouvellement partiel de la représentation nationale, ils crurent que le moment était venu de le venger des attaques injustes auxquelles il avait été en butte et qu'ils ne pouvaient lui donner un meilleur témoignage de leur estime qu’en lui conférant le mandat de député à la Chambre des représentants.

« Vous vous souvenez tous encore trop bien, messieurs, des efforts inouïs que ses adversaires politiques employèrent pour lui fermer les portes du Parlement, pour qu’il soit nécessaire de vous rappeler que tous ces efforts n'ont produit d’autre résultat que celui de lui assurer un double triomphe, d'autant plus éclatant, qu’il avait été plus vivement disputé. Van Dormael avait voué un culte sincère aux vrais principes de liberté, tels qu'ils sont inscrits dans notre pacte fondamental. Entré à la Chambre librement et sans engagement aucun, voulant la liberté en tout et pour tous, sans acception de personnes ou de partis, Van Dormael n'avait pour guide dans ses votes que notre Constitution et sa conscience.

« Ce que Van Dormael avait été envers ses concitoyens pendant sa carrière administrative, il continua de l’être pendant sa carrière parlementaire.

« Toujours serviable envers tout le monde, aucune démarche ne lui coûtait, lorsqu'il croyait pouvoir leur être utile, et plus d'un adversaire politique a dû lui rendre cette justice qu'il ne s'est jamais vengé qu'à force de bienfaits.

« Faut-il, messieurs, qu'avec un caractère aussi élevé et aussi honorable, nous le voyions si prématurément enlevé à notre affection !

« Dieu l'a voulu. Inclinons-nous devant ses décréta suprêmes et impénétrables. Sans doute, en le rappelant si tôt à lui, a-t-il voulu le faire jouir déjà de la récompense universelle qu'il réserve aux justes.

« C'est cette pensée, cher et loyal ami, qui seule peut tempérer notre poignante douleur, quand nous devons le faire dans ce monde un denier et éternel adieu !

« Adieu ! Van Dormael, adieu ! »

Le discours de M. Landeloos a produit une profonde sensation, car il exprimait les sentiments qui étaient au fond de tous les cœurs et il traçait un tableau fidèle des rares qualités qui distinguaient M. Van Dormael.

Après M. Landeloos, M. Jean Maes a également prononcé, au nom de la société de musique du Casino, un discours que nous regrettons de ne pouvoir reproduire et dans lequel il a fait ressortir spécialement les services rendus par le défunt à la ville de Tirlemont. La cérémonie n'était terminée qu’à sept heures et demie.

Disons-le en terminant, les funérailles de M. F. Van Dormael ont été dignes de cet homme de bien ; elles ont fait voir que nos populations savent toujours apprécier les services rendus au pays et honorer la mémoire des bons citoyens.