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Thiebault Séraphin (1811-1879)

Thiebault Séraphin, Joseph indéterminée

né en 1811 à Genappe décédé en 1879 à Bruxelles

Ministre (guerre) entre 1873 et 1878

Biographie

(LECONTE L., dans Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 19261929, tome 24, col. 804-807)

THIEBAULD (Séraphin-François), ministre de la guerre, né le 23 novembre 1811, à Genappe, où son père, Jean-Jacques, était brigadier de gendarmerie et où ce dernier se fixa avec sa famille après la première abdication de l'empereur Napoléon, mort à Bruxelles, le 6 mai 1879.

Lors des troubles de 1830, le vieux soldat et ses deux fils : Louis, clerc de notaire à Genappe, et Séraphin, encore étudiant, arborèrent les premiers la cocarde brabançonne dans leur commune ; le 4 septembre de cette année, ces jeunes gens conduisirent à Bruxelles trois petites pièces d'artillerie que leur ville natale offrit à la Commission de sûreté instaurée dans la capitale. Le 22 septembre, Jean-Jacques Thiebauld se dirigea à son tour vers Bruxelles à la tête de quarante volontaires de Genappe ; deux jours plus tard, Louis et Séraphin rejoignirent leur père avec un second détachement de soldats improvisés ; ensemble ils combattirent autour du Parc. Après la retraite des troupes hollandaises, Jean-Jacques Thiebauld obtint du colonel Jolly, commissaire général de la guerre, le grade provisoire de capitaine ainsi que l'autorisation de lever un corps franc dans lequel il incorpora ceux de ses concitoyens qui avaient fait le coup de feu avec lui pendant les Journées ; son fils Séraphin y fut élu premier lieutenant par ses camarades et se vit confirmé dans ce grade par le gouvernement insurrectionnel, tandis que Louis devint officier dans la compagnie dite de Baisy-Thy. Les volontaires de Genappe participèrent à la campagne d'Anvers (15-27 octobre 1830) avec la colonne dirigée par le général Mellinet, qui marcha de Malines sur Waelhem, Contich, Vieux-Dieu et Berchem et entra dans la métropole sans coup férir.

Après le bombardement de cette ville par les troupes hollandaises retirées dans la citadelle, l'autorité révolutionnaire répartit les corps francs en trois brigades ; l'unité que commandaient Jean-Jacques et Séraphin Thiebauld fut versée dans la légion wallonne, affectée à la 3e brigade, qui resta en réserve sous Anvers ; ces officiers furent confirmés dans leur grade par le général Nypels, commandant en chef, le 21 novembre 1830 et, lors de l'organisation du 12e régiment de ligne (juin 1831), ils furent versés dans ce corps.

Séraphin se distingua au cours de la campagne des Dix Jours, ce qui lui valut la croix de chevalier de l'Ordre de Leopold (1835). Brave, instruit, intelligent et plein d'ambition, il ne tarda pas à être nommé capitaine et officier d'ordonnance à la 4ème division militaire (12 octobre 1832) ; il fut ensuite successivement adjoint au corps d'état-major (18 avril 1838), à l'état-major du corps d'observation du Luxembourg, lorsque les hostilités menacèrent de reprendre contre la Hollande (13 décembre 1838) et à l'état-major de la 3ème division (6 juillet 1839).

Chef d'état-major au camp de Beverloo pendant les manœuvres de 1841, aide de camp du lieutenant général L'Olivier à la fin de l'année suivante, il reçut, comme lieutenant-colonel, le commandement du 11ème régiment de ligne (17 mars 1854) ; promu colonel peu après, il fut investi du commandement temporaire de la 2èmee brigade de la première division d'infanterie (13 mai 1859). A son élévation au généralat (26 mars 1863), Thiebauld fut désigné définitivement pour la 2ème brigade de la première division d'infanterie, puis pour la 2ème brigade de la 2ème division, enfin pour la 2ème brigade de la 4ème division. Le 17 juillet 1870, le poste important de commandant de la première division de l'armée d'observation lui fut confié, il le conserva à sa nomination de lieutenant général (18 décembre 1870).

Le départ du général-major Guillaume, ennemi résolu du remplacement, ayant laissé sans titulaire le portefeuille de la Guerre (dont le comte d'Aspremont-Lynden, ministre des Affaires étrangères, remplissait intérimairement la charge), le Roi appela Thiebauld à ces hautes et délicates fonctions le 25 mars 1873 ; il les accepta dans de mauvaises conditions, devant assumer la tâche de réorganiser la défense nationale. Malgré ses démêlés avec certaine presse qui critiqua sa gestion, il fut cependant reconnu que l'armée progressa matériellement sous son impulsion et qu'il sut réaliser plusieurs réformes utiles : celles de l'amélioration du sort des sous-officiers subalternes de l'infanterie, l'entrée des hommes de la réserve dans le contingent actif, la construction des ouvrages avancés d'Anvers sur le Rupel et la Nèthe, l'amélioration de la loi de milice de 1870, ce qui constitua le premier pas vers le service obligatoire; il créa la Croix militaire, fit reprendre le casernement par l'Etat, augmenta la ration journalière, fit majorer le budget de la guerre de sept millions ; mais on lui reproche d'avoir, sous l'influence des hommes politiques, faibli sur deux points essentiels : la question des effectifs et de la réserve nationale.

Thiebauld obtint, sur sa demande, le 19 juin 1878, sa démission de ministre et il fut retraité le 12 décembre de la même année. Il était grand-officier de l'Ordre de Leopold, décoré de la Croix commémorative du règne de Leopold Ier et de la Croix des volontaires de 1830, grand-croix des ordres de l'Aigle Rouge, de Leopold d'Autriche, de Charles III et de Saint-Benoît d'Aviz du Portugal, grand-croix militaire de l'Ordre de la Branche Ernestine de Saxe, commandeur de l'Ordre du Christ de Portugal.


(Extrait de l’Indépendance belge, du 9 mai 1879)

M. le lieutenant général Thiebauld ancien ministre de la guerre, est mort mardi, à 11 heures du soir, à Bruxelles. Le général Thiebauld allait voir sonner le 50ème anniversaire do sa nomination au grade d'officier. Né le 23 novembre 1811, sous-lieutenant du 22 octobre 1830, il gravit rapidement les divers échelons de la hiérarchie militaire et parvint jeune encore au grade de colonel. C'est comme commandant du 11ème régiment de ligue qu'il se distingua particulièrement ; il donna un soin particulier à l'organisation de l'école régimentaire de ce régiment, qui bientôt fut cité comme un modèle dans toute l'armée. Le 11ème de ligne fut à cette époque une véritable pépinière d'officiers, et sa supériorité constatée valut à M. Thiebauld d'arriver au grade de général dès l'âge de 52 ans. ce qui est très rare dans notre pays. Le général Thiebauld commanda longtemps une brigade d'infanterie ; pendant la guerre de 1870, il fut à la tête d'une division de l'armée de campagne, qui opérait dans le Luxembourg. et éprouva de nombreux déboires par suite de la mauvaise organisation de l'intendance. Il fut nommé lieutenant général le 18 décembre 1870 et ministre de la guerre l'année suivante en remplacement du général 'baron Guillaume. Il administra le département de la guerre avec intelligence et quitta ce poste l'année dernière à la suite des élections de juin. Il avait reçu sa retraite au dernier trimestre de l'année dernière. Depuis assez longtemps déjà sa santé laissait beaucoup à désirer.

M. le général Thiebauld comptait à Bruxelles de nombreux amis. Sa mort laissera de vifs regrets dans l'armée et dans la société bruxelloise.

Le service funèbre aura lieu vendredi 9 courant, à 11 heures. à l'église de Saint-Josse-ten-Noorde. On se réunira à la maison mortuaire, 38, rue des Deux-Eglises. L'inhumation aura lieu au cimetière de Laeken.