Struye Eugène, Marie, Joseph catholique
né en 1831 à Ypres décédé en 1910 à Ypres
Représentant entre 1876 et 1894, élu par l'arrondissement de Bruges(Extrait Le Sénat belge en 1894-1898, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1897, pp. 438-439)
STRUYE Eugène-Marie-Joseph
Sénateur provincial catholique de la Flandre occidentale
M. Struye fit successivement ses études au collège épiscopal d'Ypres et à l'Université de Louvain, où il obtint le diplôme de candidat en philosophie et lettres.
Conseiller communal d'Ypres depuis le 1er février 1891 et membre de la Chambre des Représentants depuis 1876, il fut appelé au Sénat par le vote unanime du Conseil provincial de la Flandre Occidentale.
Pendant sa longue carrière de représentant , M. Struye a spécialement défendu les intérêts agricoles et commerciaux de l'arrondissement d'Ypres, réclamé de nouvelles voies de communication et de meilleures conditions de transport. Il a notamment traité avec une compétence incontestée la question des impôts relatifs au tabac. En 1883, il combattit, non sans succès, l'impôt établi sur cette denrée par le gouvernement libéral, et, depuis cette époque, il ne cessa de réclamer des réformes et des allègements de nature à dégrever dans une juste mesure les cultivateurs de la West-Flandre.
Dans l’ordre moral et politique, ses discours sur la question scolaire et le régime fait aux catholiques par la loi de 1879 marquèrent dans ces très graves discussions, et les considérations qu'il émit sur le nouveau régime électoral â établir, en suite de la révision de la Constitution, furent particulièrement appréciées.
M. Struye est officier de l'Ordre de Léopold.
(Extrait du Journal d’Ypres, du 30 juillet 1910)
Mort de M. Eugène Struye
M. Struye est décédé à Ypres, sa ville natale, dans la nuit du 25 au 26 juillet, à l'âge de près de 80 ans.
Bien qu'attendue depuis plusieurs semaines, cette mort a été vivement ressentie à Ypres et dans l'arrondissement. C'est que M. Struye était un homme de bien dans toute la force de ce mot, un catholique convaincu, un lutteur. vaillant, un défenseur intelligent de la vérité et de la Justice.
« Pour comprendre la grandeur de cette perte. dit un de nos confrères de la presse, il suffit de rappeler avec quelle énergie, avec quelle patience, avec quelle fidélité ce chrétien fervent et convaincu, dévoué de toute son âme à la cause catholique, s'appliqua, dans l'exercice des fonctions publiques à ne laisser que le souvenir d'une droiture, d'une générosité et d'une grandeur d'âme auxquelles ses adversaires mêmes se plaisaient à rendre hommage. Il fut l'homme juste et bon qui pratiqua sans ostentation comme sans faiblesse la religion de ses pères et se conforma toujours à ses préceptes sans fausse honte, sans crainte, sans défaillance. Il est mort comme il a vécu, acceptant sa fin avec résignation et confiance dans la Divine Providence, »
Eloge mérité, et que nous sommes heureux de rencontrer ailleurs encore qu'à Ypres, qui fut le centre principal de l'action féconde bienfaisante de M. Struye !
Après de brillantes études au Collège Saint-Vincent, M. Struye suivit, à Louvain, les cours de Philosophie et Lettres. Il ne poussa pas plus loin ses études universitaires, à cause d’une timidité alors invincible et qui provenait d'une qualité qui fut, toute sa vie, son unique défaut : une trop grande modestie.
Sa carrière n'en fut pas moins brillante et utile. Dans la vie privée, le bien du pauvre le préoccupait ; il lui consacra toutes les forces de son intelligence, toutes les ressources de son cœur, soit comme Président de la Conférence de Saint Vincent de Paul, soit comme fondateur, avec M. N. Meersseman, du patronage de la Sainte Famille pour vieillards.
Les œuvres le trouvèrent à leur tête ou parmi leurs membres les plus zélés : Président de l'Association des anciens professeurs, et élèves du Collège Saint-Vincent, Secrétaire de la Fabrique d'église Saint-Jacques, Président d'honneur de la Fanfare Royale.
Dans la vie publique, il fut un des chefs les plus marquants et les plus écoutés de son parti. Dès 1876, il fut élu membre de la Chambre des Représentants, en remplacement d'Alphonse Vanden Peereboom, qu'un revirement politique avait rendu à la vie privée. Il siégea dans cette assemblée jusqu'en 1894 et ne la quitta que pour devenir sénateur provincial, à la demande de ses amis et sur l'ordre de ses chefs.
On se rappelle l'intervention de M. Struye dans toutes les questions où les intérêts de son arrondissement étaient en jeu, et notamment l'accise sur le tabac indigène, l'achèvement du canal de la Lys à l' Yperlée ; et, dans une sphère plus élevée et plus générale, les droits du Saint-Siège, la liberté d'enseignement, les lois concernant l'organisation des pouvoirs publics.
Il ne nous est pas possible de retracer ici toute la carrière de M. Struye. Rappelons un trait qui marque son caractère et son esprit d'abnégation. Trop modeste pour accepter les fonctions d'échevin à l'âge de 60 ans, il les brigua à 72 ans et les exerça pendant cinq années, à la satisfaction de tous, avec un zèle et un dévouement qui ont peut-être contribué à user ses forces.
M. Struye ne recherchait pas les honneurs, il préférait les charges. Les honneurs ne lui manquèrent pas, à vrai dire. Le Roi le créa Chevalier, puis Officier, enfin Commandeur de l'ordre de Léopold. Sa longue carrière politique et administrative lui valut la croix civique de première classe et la médaille commémorative du règne de Léopold II. Il lui échut un autre honneur, à la fin de ses jours. Mais n'en parlons pas, puisque lui-même ne l'a pas voulu.
La perte d'un homme de la trempe de M. Struye laissera derrière elle de longs regrets ; sa mémoire restera en bénédiction chez tous ceux qui l'ont connu ; son exemple sera fécond. Que Dieu lui donne le repos éternel qu'il a tant de fois demandé pour d'autres ! Les funérailles de M. Struye ont été célébré hier, vendredi, à 11 heures, en l'église Saint-Jacques, sa paroisse, au milieu d'un grand concours de monde. A la demande de la famille, elles n'ont eu aucun caractère officiel. Nous avons remarqué toutefois que le conseil communal, au grand complet, suivant à pied le corbillard, a conduit le regretté défunt à sa dernière demeure.