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Smolders Théodore (1809-1899)

Portrait de Smolders Théodore

Smolders Théodore, Jean, Corneille catholique

né en 1809 à Zevenbergen décédé en 1899 à Louvain

Représentant entre 1873 et 1884, élu par l'arrondissement de Louvain

Biographie

(V. BRANTS, Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1920, tome 26, col. 880-882)

SMOLDERS (Théodore-Jean-Corneille), jurisconsulte, professeur à l'Université de Louvain, né à Zevenbergen (Hollande), le 26 juillet 1809, décédé à Louvain, le 7 août 1899.

Il fut de la première phalange de la faculté de droit, restaurée à Louvain après 1830, avec Ernst et Liévin De Bruyn ; il y fut chargé des cours d'encyclopédie du droit et d'histoire du droit romain qu'il conserva jusqu'à sa retraite professorale en 1870. Son biographe universitaire, Mr Léon Dupriez, signale l'importance considérable que le maître donna à l'histoire du droit ; à cet égard, il fut parmi les novateurs. Il ne nous reste de ses leçons qu'un Manuel d'histoire du droit romain ; c'est un programme, composé de textes choisis dans les auteurs divers, profitant, un des premiers, des textes récemment alors retrouvés de Gaius, et montrant une érudition large et forte.

L'activité universitaire ne l'absorbait pas tout entier. Il fut un des maîtres vénérés du barreau où son nom est inscrit en lettres d'or. Il eut le privilège, peut-être unique, de se voir pendant vingt-cinq ans maintenu au bâtonnat comme en une magistrature rendue inamovible par le respect de sa haute personnalité juridique, morale et professionnelle. La célébration de ce jubilé est un fait caractéristique du barreau de Louvain comme de la vie de son héros.

Cet accord des confrères de l'ordre était d'autant plus expressif que Smolders était en même temps aux premiers rangs de l'action politique, si corrosive de l'affection et du respect mutuels.

Dès 1852, il était entré au conseil provincial du Brabant, où il resta jusqu'en 1863 ; en 1870, il fut élu conseiller communal en tête de la liste catholique et aussitôt désigné pour les fonctions de premier magistrat de la commune. Son passage à la régence municipale fut court, la modification électorale de 1872 lui ayant enlevé sa majorité tout en lui conservant un mandat qu'il abandonna. Mais d'autres travaux l'appelaient : en 1873, l'arrondissement de Louvain lui confiait un mandat parlementaire. Il y apporta sa forte énergie et sa sage réflexion avec son esprit juridique et son expérience de l'enseignement.

Plusieurs rapports signalent sa carrière parlementaire. Le plus important, qui lui convenait à tant de titres, fut celui sur la réforme de l'enseignement supérieur, d'où sortit la loi de 1876, inaugurant le régime de la liberté universitaire pour la collation des grades. Il adopta le système nouveau dont le concours de Frère-Orban assura le vote, et son nom reste ainsi attaché par un document important à l'une des lois les plus importantes pour l'enseignement supérieur. Ces rapports, il y en eut deux, considérables, commentaient non seulement le principe mais le programme et la méthode où plusieurs points soulevaient des controverses : ce fut notamment la fin du régime néfaste des cours dits « à certificats. »

Parmi ses autres travaux parlementaires, il y a lieu de signaler le rapport relatif à une modification à la loi de ventôse an XI sur le notariat, et celui sur quelques chapitres du projet de révision du code rural déposé par son ami et collègue, le ministre C. Delcour ; dans ce rapport il se livre à une étude pleine d'ingéniosité juridique sur les usages ruraux.

Smolders quitta la Chambre volontairement, en pleine vigueur, en 1884 ; il eut une longue et sereine vieillesse occupée au barreau dont il était le chef honoré. Sa haute stature, son langage ferme et réfléchi, su longue barbe blanche, une physionomie d'une beauté énergique, fière et bienveillante ajoutaient, à sa maîtrise intellectuelle et à sa hauteur morale, les éléments externe» du prestige. Ses traits caractéristiques ont été gravés par Schubert, dans la galerie des portraits lithographies du corps professoral. Son portrait peint par Daels figure à l'hôtel de ville de Louvain dans la série de ses bourgmestres.