Segers Paul, Antoine, Marie catholique
né en 1870 à Anvers décédé en 1946 à Anvers
Ministre (marine, postes et télégraphes et chemins de fer) entre 1912 et 1918 Représentant entre 1900 et 1925, élu par l'arrondissement de Anvers(Extrait de La Métropole, du 5 février 1946)
M. Paul Segers, ministre d’Etat, est décédé samedi en son domicile de la chaussée de Malines, à Anvers.
C'est une personnalité de premier plan, un grand serviteur du pays et de l'Eglise, qui disparait.
Né à Anvers le 13 octobre 1870, Paul Segers, après de brillantes études, qui révélèrent déjà, au Collège Notre-Dame et à l'Université de Louvain, sa grande intelligence et ses remarquables facultés, s'inscrivit en 1895 au barreau d'Anvers. A l'une des conférences du Jeune Barreau il traita ce sujet si caractéristique de ses aspirations : « Le réveil de l'Idéal. »
Le 27 mai 1900 il entrait à la Chambre comme élu catholique de l'arrondissement d'Anvers. Il y siégea jusqu'au 5 avril 1925 prenant une part active à tous les débats importants. Il fut désigné comme l'un des secrétaires de l'assemblée et accéda rapidement au bureau de la Droite.
Le 6 décembre 1925. l'Association catholique d'Anvers, dont il avait occupé deux fois la présidence, fêtait son Jubilé parlementaire.
« Le nom de Segers, disait à cette occasion M. Max Wasseige, sonne comme une fanfare de combat et de triomphe. Jamais Segers n'a déserté le chemin de l'honneur et du devoir. Dans les heures de doute il fut notre guide. L'idéal de toute sa carrière fut le service du Christ, le Christ qui vainquit le paganisme ancien et qui vaincra le paganisme moderne. »
« C’est, disait de son côté M. Paut Tschoffen. un tacticien aux heures de prudence, un soldat aux heures de courage. Dans les moments difficiles on recourt toujours avec fruit à son habileté toujours loyale. Il sait jusqu'où faut aller. Il connait l'adversaire comme il connait l'ami et il est conscient de la force de la cause qu'il défend avec tant de zèle. »
Sur le terrain des œuvres et de l’organisation politique, M. Paul Segers se distingua toujours par un dévouement absolu et une précieuse clairvoyance. Jamais en vain on ne fit appel à son concours et à son talent. Son éloquence étincelante enthousiasmait les foules. Il avait un merveilleux don du verbe, qui tenait la fois de l'improvisation et de la mémoire. Il écrivait ses discours d'un jet, puis, sans l’aide d'aucune note, il les prononçait rigoureusement mot à mot tels qu'il les avait consignés, mais avec une fougue qui tenait réellement l'auditoire sous le charme.
Au parlement son ascendant faisait de lui un debatter écouté et respecté de tous.
En octobre 1912, le roi Albert lui confia le ministère de la Marine et des P.T.T. dans le cabinet de Broqueville. En 1914. les Chemins de fer furent adjoints à ce département. C'est à ce titre que dans le ministère du Havre, Paul Segers rendit au pays de signalés services, notamment par l'organisation des transports maritimes et la conservation du matériel roulant.
Il n'en rendit pas moins, après la première guerre, en qualité de négociateur des questions économiques dans les conférences internationales.
Spécialisé dans les problèmes hollando-belges et la question des voies d'eau, qu'il connaissait peut-être mieux que personne en Belgique, il défendit, dans les débats relatifs à la révision des traités de 1839, la cause nationale avec une vigilance incessante. Plusieurs de ses rapports parlementaires sur ces affaires sont des œuvres de première valeur qui n'ont pas cessé d'être actuelles.
Après les élections d'avril 1925, Paul Segers passa de la Chambre au Sénat, comme coopté, et y poursuivit son action bienfaisante, jusqu'en avril 1936.
Parmi les causes qu'il défendit figura l'achèvement de la Jonction Nord-Midi. Devenu président de la Droite sénatoriale en 1929, il fut à maintes reprises rapporteur du budget des Affaires Etrangères. Ses travaux en ce domaine qui lui tenait particulièrement à cœur font autorité.
Mais c'est surtout comme président de la Fédération des Associations et des Cercles Catholiques, - poste auquel il fut appelé en janvier 1919 par le choix personnel et autoritaire de Charles Woeste, - que cet homme actif et bien doué rendit à son parti d'inappréciables services. Sous son impulsion, cet organisme prit un développement et une influence considérables dans tous les arrondissements tant wallons que flamands ; il contribua grandement à l'évolution politique et au maintien de l'unité nationale.
Ajoutons à cela de nombreux articles de revue sur les sujets les plus divers, la participation à de nombreux congrès, spécialement à la conférence de la lettre de change, aux conférences de droit maritime, où il siégea comme délégué du gouvernement belge et signa, en qualité de plénipotentiaire, la première convention internationale sur cette matière.
Il fut nommé par le gouvernement pour représenter la Belgique au sein de la Commission internationale du Rhin.
En novembre 1928, il présida le premier Congrès de la Navigation intérieure.
En décembre de la même année il fut nommé membre du Conseil Supérieur des Transports, au moment où le comte Lippens créa cet organisme.
Vers le même moment, il fut désigné par le gouvernement pour présider la section des canaux de la Commission des grands travaux. Ce fut cette section qui fit aboutir la création du Canal Albert.
En 1929, il fut chargé par le gouvernement de présider le conseil d'administration de l'Office de Navigation qui s'occupe de la gestion des canaux Escaut-Meuse et des relations par eau de la Belgique avec le Rhin. Il conserva cette pendant six ans.
Il nommé président du Jury supérieur des récompenses de l’Exposition d'Anvers de 1930.
Il créa le groupement des « Amitiés belgo-polonaises » et il en fut le premier président.
M. Segers donna sa démission de président de la Fédération des Associations et des Cercles Catholiques en 1936, après avoir occupé ce poste de commandement pendant 17 ans. Il le quitta à la suite notamment des attaques dont il avait été l'objet de la part du parti rexiste. Celui- ci avait lancé contre lui en janvier 1936 un pamphlet d'une extrême violence. A la suite d'une instruction provoquée par ces attaques, la Chambre du conseil du Tribunal de première instance d'Anvers rendit le 8 novembre 1937 une ordonnance longue et fortement motivée, mettant M. Segers hors cause et rejetant tous les griefs qui avaient été articulés contre lui.
M. Segers ne demanda pas le renouvellement de son mandat de sénateur après les élections de 1936.
Le Roi Albert, et après lui Léopold III, appréciaient les avis de l'homme d'Etat anversois qui, dès 1918, avait pris rang parmi les ministres d'Etat.
Fin 1920, il fut sollicité par le Roi d'assumer la charge de Premier ministre mais il crut devoir la décliner parce qu'il se sentait lié par les fonctions qu'il avait acceptées au sein de son parti.
Ce même souci l'écarta encore à plusieurs reprises des honneurs ministériels qui lui furent offerts.
Point de crise, point de circonstances difficile sans que Paul Segers ne fût appelé au Palais royal où il entrait par la porte des conseillers confidentiels et dont il sortait toujours avec la conscience d'avoir éclairé son souverain de la façon la plus franche, la plus loyale et la plus désintéressée.
Pour son entourage et es amis aussi, Paul Segers fut toujours un guide aussi sûr qu’estimé et écouté.
A plusieurs reprises il fit partie des conseils de la « Métropole ».
Pendant les dernières années, et surtout depuis la mort de son épouse, dont il avait longtemps entouré de soins émouvants la pénible paralysie, l'ancien parlementaire menait une vie plus retirée, sans cependant se désintéresser de la chose publique dont il suivait avec passion les avatars.
Son jugement s'était encore affiné. Beaucoup, - même ceux qui n'avaient pas été ses meilleurs amis dans le passé, - y recouraient pour se guider dans la vie active.
Au lendemain de la libération, quand était extrêmement difficile de s'orienter au milieu d'un monde en désarroi et d'une politique complètement déboussolée, nous avons trouvé, en quelques conversations approfondies entre les quatre murs de son vaste bureau, des éclaircissements et des avis qui nous émerveillèrent par leur droiture, leur compétence, leur précision, sans réticence.
Paul Segers poursuivait du reste, dans le calme de la retraite, ses travaux et ses études. Il était occupé à rassembler les éléments d'une histoire politique de la Belgique avant, pendant et après l’autre guerre. Il est à souhaiter qu'un écrivain de valeur se rencontre parmi ses proches pour éditer cette œuvre dont il eût désiré voir lui-même la sortie de presse.
Durant l'année 1945, l'homme d'Etat fut plusieurs fois terrassé par la maladie et, comme il nous l'écrivait lui-même, il a quinze jours de sa calligraphie ferme et sympathique, -« aux porter de la mort » - il se croyait convalescent. La mort l’a fauché. Mais il était prêt. Sa belle carrière de bon citoyen est maintenant couronnée.
Nous présentons aux siens nos condoléances sincères et adressons à sa mémoire l’hommage de notre reconnaissance profondément émue.
(Extrait de La Nation belge, du 4 février 1946)
M. PAUL SEGERS ancien ministre est mort à Anvers
M. Paul Segers est mort samedi à Anvers.
Depuis son procès retentissant qui l’avait mis aux prises avec le Rexisme, M. Segers s'était confiné dans la retraite et l’on avait un peu oublié cette personnalité qui fut une des plus importantes de notre monde politique.
Leader de la Droite anversoise, M. Segers était devenu un des animateurs du parti catholique. Président de la Fédération des Cercles catholiques, il dirigea pendant plusieurs années l'activité de son parti et fut un des principaux successeurs du comte Charles Woeste. Grande aussi était son éloquence et elle lui valut de ses adversaires le surnom de « Rossignol anversois. »
Ministre d'Etat depuis 1918, M. Segers fut, au début comme à la fin de la première guerre, ministre des Chemins de Fer et P.T.T. A ce titre, il ordonna en 1914 1'évacuation de notre réseau ferroviaire vers la France.
Dans sa retraite, il n’avait cessé de manifester le plus vit intérêt pour la chose publique.
(Extrait de Gazet van Antwerpen, 4 février 1946)
Zaterdag namiddag is te Antwerpen Staatsminister Paul Segers in den ouderdom van 76 jaar overleden. Met hem verdween een der kernachtigste en meest vooraanstaande figuren der oude katholieke partij.
Geboren te Antwerpen, op 12 October 1870, bezocht hij eerst het College der Jezuieten en studeerde vervolgens in de rechten aan de Leuvensche Alma Mater. In 1893 bekwam hij den titel van Doctor in de Rechten, waarop hij lid werd van de Antwerpsche Balie. Bezeten door een jeugdige kennisdrift, studeerde hij tevens politieke en sociale wetenschappen, alsook de geschiedenis. De aflijvige stichtte en was voorzitter van cultureele en sociale venootschappen, waaraan hij zich met overgave en geestdrift wijdde. Beschikkende over een veelzijdige eruditie en een fijne pen, werkte hij ook mede aan verschillende dagbladen en schreef hij een filosofisch werkje over : “Le Matérialisme et la Thermodynamique.”
Op 27 Mei 1900 werd hij verkozen tot katholiek volksvertegenwoordiger voor Antwerpen. Daarna was hij herhaaldelijk minister en speelde hij een aanzienlijke rol in de rechterzijde, waarvan hij, na 'het overlijden van Karel Woeste, één der leiders was.
Bij de oorlogsverklaring in 1914 was hij minister. van Spoorwegen. Hij redde toen het Belgisch spoorwegmateriaal, dat naar Frankrijk gevoerd werd. Na den oorlog 1914- 1918 leidde hij het Verbond der Katholieke Kringen.. In 1936 trok zich de eminente aflijvige, die sedert 1918 minister van State was, uit het politieke leven terug .
Wijlen Staatsminister Paul Segers was tevens Ridder in de Orde van Karel III van Spanje.
Pour information :
A titre posthume est paru l'ouvrage suivant :
Prolégomènes de la Grande Guerre 1914-1918, Editions universitaires, Tournai, 1954, 310 pages.
Par ailleurs, le service des Archives de l'Etat à Bruxelles met à la disposition du public les écrits suivants :
Souvenirs de la Grande Guerre 1914-1918. Les faits militaires
Sous la botte de l'occupant
Le Gouvernement belge pendant la Guerre
Le Gouvernement belge pendant la Guerre. En terre d'asile
Le Gouvernement belge pendant la Guerre. La politique de la Belgique
Le Gouvernement belge pendant la Guerre. La gestion des départements ministériels pendant la guerre et les initiatives du gouvernement
La Libération
Les nations en guerre