Santkin François, Emmanuel, Edouard catholique
né en 1828 à Marche-en-Famenne décédé en 1893 à Saint-Josse-ten-Noode
Représentant entre 1870 et 1884, élu par l'arrondissement de Neufchâteau(Extrait du Journal de Bruxelles, du 20 juin 1893)
M. Santkin, rédacteur au Patriote, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi, à l'âge de 65 ans.
M. Santkin avait occupé dans le Luxembourg une brillante situation. Il avait été représentant de Neufchâteau de 1870 à 1878. De terribles revers vinrent traverser son existence. II sut y faire face avec courage et résignation et son humeur souriante, un peu goguenarde parfois, ne se démentit jamais.
C’est sous le pseudonyme de « Manuel » que M. Santkin collabora au Patriote où il se distingua par son robuste bon sens et ses épigrammes pleines de gaieté.
Ayant tenu la plume jusqu'à la veille de sa fin, il est mort dans les sentiments de la plus profonde piété.
Ses funérailles, très simples, ont eu lieu en l'église de Saint-Josse-ten-Noode.
(Extrait du Patriote, du 17 juin 1893)
Un nouveau deuil vient d’atteindre la rédaction du Patriote. M. Santkin, ancien député de Neufchâteau (de 1870 à 1878), qui collaborait au journal depuis sa fondation sous le nom de Manuel, est décédé cette nuit, à 3 heures, après une maladie qui le retenait dans sa chambre depuis plusieurs années. M. Santkin avait 65 ans. Hier, il a reçu la visite de notre rédacteur en chef : « Je n’ai rien écrit aujourd’hui pour le Patriote », lui dit-il avec un sourire triste. C’est la première fois que son activité était en défaut… Quelques heures plus tard, ce vaillant soldat du bon combat comparaissait devant son Maître, son Juge, son Père…
M. Santkin avait le bon sens vigoureux et l’humour un tantinet goguenarde du Luxembourgeois – dont il avait aussi la robustesse physique. Son existence, très belle, très souriante, fut soudain traversée par d’affreux revers. Il fit face à la mauvaise fortune à force de courage, de labeur. Sa généreuse compagne l’y aida avec un dévouement admirable.
Le 3 juin, l’art des médecins ayant dit son dernier mot, l’optimisme du patient persistant avec sa vaillance, son neveu, M. le docteur Severin, de Liége, lui dit : « Mon oncle, vous êtes chrétien. Voilà le moment de vous mettre résolument en face de la réalité. Mettez ordre à vos affaires spirituelles. » Sans hésiter, d’un cœur résolu, M. Santkin demanda et reçut tous les sacrements, avec un profond sentiment de foi et de confiance dans le Dieu tout-puissant.
L’inhumation de notre cher collaborateur aura lieu dimanche, avec absoutes, en l’église de Saint-Josse-ten-Noode, à 4 heures. Selon le vœu suprême du défunt, tout se passera avec la plus grande simplicité. Nous prierons tous de bon cœur, ainsi qu’à la messe qui sera célébrée lundi, à 9 heures, en la même église, pour que Dieu accorde à M. Santkin, après les tristesses et les luttes d’ici-bas, le séjour dans l’éternelle demeure de la Paix et de la Lumière.
(Extrait du Patriote, du 19 juin 1893)
Funérailles de M. Edouard Santkin
Tout le personnel attaché au Patriote, rédaction, typographie, imprimerie, a suivi dimanche après-midi, la dépouille mortelle de notre ancien et regretté collaborateur à sa dernière demeure. Avec un certain nombre d’amis personnels du défunt ou de sa famille ou du journal, c’était tout le convoi funèbre.
M. Santkin avait siégé à la Chambre pendant huit ans. Il avait rendu beaucoup de services, étant obligeant de sa nature et les diverses situations qu’il avait occupées l’ayant mis à même de répondre à sa bonne volonté toute pleine de générosité. Peu de ses obligés ont tenu à faire preuve de souvenir. De ses anciens collègues de la Chambre ou du Sénat, aucun n’est venu (pas même ceux du Luxembourg, pour lesquels M. Santkin fut jadis un chef) déposer une prière à l’église sur son cercueil. L’amitié politique est une très belle chose, ) vous pouvez y compter, à condition que la fortune donne l’exemple, en vous restant fidèle.
Pour être très simple, comme l’avait voulu formellement notre regretté collaborateur, la cérémonie des funérailles n’en a pas été moins touchante. Tous ceux qui étaient là étaient des chrétiens et des amis : ils priaient.
Voici le texte des paroles prononcées par M. Victor Jourdain, rédacteur en chef du Patriote, à la mémoire de son premier collaborateur, avant la levée du corps à la mortuaire :
« Avant de mourir, notre ami a demandé que ses funérailles fussent aussi simples et aussi modestes que possible. Je ne pense point cependant aller à l’encontre de ses dernières volontés en lui rendant ici un suprême hommage au nom de tous ses collaborateurs et en vous disant ce que furent les quinze dernières années de sa vie, dont les circonstances m’ont fait le témoin assidu.
« Avant de faire partie de la rédaction du Patriote, M. Santkin avait été un fidèle et désintéressé soldat de la cause catholique. Tous ceux qui l’ont connu intimement ont été frappés de son rare jugement, de sa connaissance des hommes et des choses, de son zèle prudent et persévérant pour le parti auquel il avait voué sa vie. Je l’avais vu de près, à une époque où aucune ambition, aucun intérêt personnel ne pouvait le pousser, dépenser sans compter les ressources de son esprit, de son talent et de son expérience dans une lutte obscure mais efficace contre le libéralisme bruxellois. Aussi, fut-il le premier auquel je l’adressai lors de la fondation du Patriote.
« Depuis le 1er janvier 1884, notre cher collaborateur n’a cessé de nous donner l’exemple de la vaillance et de la constance dans le travail, du courage dans l’adversité, de la patience dans les souffrances.
« Pendant plus de trois ans il a supporté avec une admirable résignation une maladie cruelle et tenace qui ne lui laissait guère d’instants de répit, et cependant il n’a cessé un seul jour de tenir la plume. Quand la maladie lui enlevait l’usage de ses mains, il dictait ses articles à sa vaillante et dévouée femme, et celle-ci s’était si bien identifiée à son mari que nous ne savions qu’avec peine distinguer l’écriture des deux époux.
« La maladie n’eut raison de la surhumaine énergie de notre ami que la veille du jour où la mort vint l’arracher à son travail et à son martyre. « Je n’ai rien fait pour le Patriote aujourd’hui », le dit-il tristement, alors que son agonie avait déjà commencé depuis une demi-journée.
« La fin de cet excellent chrétien a couronné dignement une vie de labeur et de dévouement à la cause du bien et de la vérité.
« Espérons que Dieu a déjà admis son fidèle serviteur au séjour de l’éternelle paix et de l’infinie lumière.
« Au nom de tous les collaborateurs du Patriote, je vous dis, Santkin, non pas adieu, mais au revoir ! »
(Extrait de : J.L. DE PAEPE – Ch. RAINDORF-GERARD, Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, Commission de la biographie nationale, 1996)
Docteur en droit de l'université de l'Etat de Liège (1852)
Avocat au barreau de Neufchâteau (1852-1868) ; avoué de l'arrondissement de Neufchâteau (1868-1888)