Roussel Armand, Louis, Adolphe libéral
né en 1809 à Anvers décédé en 1875 à Bruxelles
Représentant entre 1850 et 1854, élu par l'arrondissement de Bruxelles(Extrait de la Revue de Belgique, Bruxelles, Mucquardt, 1876, t. 22, p. 332)
Nécrologie
Adolphe Roussel, né Anvers le 29 mai 1809, mort à Bruxelles le G janvier 1875.
Celui qu'on appela si longtemps le jeune Roussel à cause de l'ardeur dont il avait fait preuve lors de la révolution de 1830, conserva, en effet, jusqu'à son dernier jour, une sorte de jeunesse chaleureuse qui le rendait extrêmement sympathique à ses élèves dans ses cours de l'université de Bruxelles. On se souvenait surtout de l'action hardie dont il fut l'auteur Louvain en 1831, lorsque, pour expier l'assassinat d'un espion hollandais dans une émeute, il fit scier devant lui, au milieu d'une populace irritée, l'arbre de la liberté récemment élevé sur la Grand'Place.
Adolphe Roussel ne reçut son diplôme de docteur en droit que le 14 août 1835 et ne fut admis comme avocat que le 12 août 1838, mais il ne tarda pas remporter de grands succès au barreau : M. Jules Bara, bâtonnier de l'ordre des avocats près la cour d'appel de Bruxelles, lui a rendu à cet égard et avec pleine autorité un solennel hommage.
Son passage à la chambre des représentants fut loin d'être aussi brillant. Les idées unionistes qu'il avait conservées de 1830, ou plutôt ses sympathies mal dissimulées pour les catholiques, lui firent une position des plus équivoques. Il se consacra bientôt tout entier à l'enseignement comme professeur de droit criminel et d'encyclopédie du droit. Se dévouant à ses élèves, il les menait chaque année visiter les prisons de Gand et de Louvain.
Son Traité d'encyclopédie du droit, publié en 1843, réédité et complété en 1872, est peut-être l'ouvrage qui présente le mieux, dans leur ensemble, les notions générales relatives aux sciences juridiques. Adolphe Roussel avait aussi fait paraitre sous le pseudonyme d'Auguste Rondeaux, en 1849, des Pensées et Réminiscences, qui révèlent sous une forme humoristique une naïveté presque juvénile, et il préparait dans le même genre des mémoires intimes qui sont restés manuscrits. Ses Obserrations sur les jurys d'examen, en 1849, présentées avec une grande largeur de pensées, mériteraient d'ètre relues aujourd'hui que la question est de nouveau à l'ordre du jour.
(Extrait de l’Echo du Parlement, 10 janvier 1875)
Nécrologie
Ce matin, à onze heures, ont été célébrées en la paroisse de N. D. de la Chapelle au milieu d'une très nombreuse affluence d’assistants, les funérailles de M. Adolphe Roussel, avocat, ancien membre de la Chambre des représentants, professeur de droit à l'Université libre de Bruxelles, auteur de travaux estimés sur la jurisprudence et la législation comparée, el principalement une encyclopédie du droit qui fait autorité dans le monde judiciaire.
La magistrature, tout ce que le barreau et l'enseignement comptent de plus éminent et de plus distingué, se trouvaient représentés à cette triste cérémonie qui avait attiré beaucoup de personnes de tout rang et de toute condition.
On remarquait dans l'assistance plusieurs ministres et anciens ministres, ministres d'Etat, des membres de la législature, des administrations provinciale et communale, ainsi que tout le corps professoral et les élèves de l'université de Bruxelles.
Ces derniers s'étaient rendus en cortège avec leur drapeau à la maison mortuaire, de même que les blessés de septembre en uniforme et précédés de clairons des carabiniers.
Les honneurs funèbres militaires ont été rendus à la dépouille mortelle du défunt, en sa qualité de chevalier de l'ordre de Léopold et de décoré de la Croix de Fer, par un fort détachement de carabiniers.
Le clergé est venu processionnellement procéder à la levée du corps dans la maison mortuaire, rue de la Chapelle, où plusieurs discours ont été prononcés, entre autres par M. Rivier, recteur de l'université, au nom du corps professoral et de l'enseignement supérieur ; par M. Jules Bara, ancien ministre de la justice, au nom du barreau de Bruxelles el comme bâtonnier de l'ordre des avocats ; par M. Louis Geelband, vice-président de l'Association belge de secours aux militaires blessés ou malades en temps de guerre, au nom de la Croix rouge, dont M. Roussel était un des principaux fondateurs et l’un des agents les plus dévoués.
M. P. Splingard, avocat, et M. De Bol, étudiant en droit, d'autres orateurs encore, ont retracé, le premier au nom du jeune barreau de Bruxelles, les autres au nom de la jeunesse universitaire, la carrière laborieuse et utile de l'éminent et digne citoyen que Bruxelles vient de perdre.
Puis le cortège, a pris sa marche vers l'église, dont la façade du côté de la rue de la Chapelle, était tendue de draperies noires sur lesquelles se détachaient les initiales en lettres d'argent A. R. (Adolphe Roussel).
Le cercueil, recouvert de la robe et de la toque d’avocat avec les insignes de Léopold et de la Croix de Fer, a été porté à bras par des élèves de l'université.
Après les fils du défunt conduisant le deuil et les autres membres de la famille, on remarquait dans le cortège, outre les notabilités du barreau et de l'enseignement supérieur, M. Ch. Rogier, ministre d'Etat, M. De Lantsheere, ministre de la Justice, M. Beernaert, ministre des travaux publics, avocat à la cour de cassation, M. Anspach, bourgmestre de Bruxelles, des membres de l'Académie dé Belgique, etc.
Après le service funèbre célébré le corps présent, le convoi s'est dirigé vers le cimetière de Forest, lieu de l'inhumation.
Deux épisodes de la vie du défunt ont particulièrement fixé l'attention. celui qui a été rappelé en termes énergiques par M. Bara et qui se rattache à l'arbre de la liberté brûlé sur la place publique de Louvain par Ad. Roussel, au milieu de l'effervescence populaire et à la suite du meurtre de l'infortuné Gaillard, ex-commandant de place dont le corps mutilé avait été pendu à cet arbre, en 1830, par la populace en furie ; et l’épisode non moins émouvant du départ d'Adolphe Roussel, au mois de septembre 1870, pour le champ de bataille où il alla se mettre à la tête de l'ambulance de Gevonne, en même temps que M. le général Plélinckx et d'autres de nos concitoyens imitant le généreux exemple de Mme la baronne de Crombrugghe qui alla organiser le service des hôpitaux et ambulances dans les plaines de Sedan et de Mézières.