Pirson André, Eugène libéral
né en 1817 à Dinant décédé en 1881 à Bruxelles
Représentant entre 1857 et 1861, élu par l'arrondissement de Tournai(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°87)
PIRSON, André-Eugène
Né à Dinant, le 24 mars 1817,
Représentant, élu par l’arrondissement de Tournai
Le père de M. André Pirson était l'un des plus honorables citoyens de la Belgique ; il fit partie du Congrès national, et plus tard il siégea à la Chambre des représentants. La ville de Dinant reconnaissante a élevé un monument à sa mémoire, et les Lettres ont consacré à son noble caractère une notice biographique insérée dans les publications de la Société archéologique de Namur.
M. André Pirson se destina d'abord à la profession des armes ; il entra au service, le 2 avril 1833, en qualité de maréchal-des-logis volontaire au régiment des guides et fut promu, le 17 mars 1835, sous-lieutenant de cuirassiers. Ayant renoncé à la carrière militaire par suite de son mariage, qui eut lieu en 1837, il reçut, sur sa demande, démission honorable de son grade dans l'armée.
Le 28 octobre de la même année, nommé agent du caissier-général de l'Etat à Audenaerde, il apporta dans ses nouvelles fonctions l'activité et le zèle qu'il avait déployés dans la carrière militaire. Elu le 20 mai 1844, membre du conseil communal d'Audenaerde, M. André Pirson fut apppelé, le 17 octobre, aux fonctions d'échevin ; son acceptation, due aux instances réitérées de ses concitoyens, ne fut que temporaire. Le 13 octobre 1845, il se retira du collège échevinal, et fut réélu, le 28, membre du conseil à la presque unanimité des suffrages.
Le 16 novembre 1846, M. André Pirson recevait sa nomination d'agent du caissier-général de l'État à Tournai; il retrouva dans cette ville l'estime et la considération dont il avait été entouré à Audenaerde.
Deux ans après, il était élu capitaine de la garde civique de Tournai, à la réorganisation de laquelle il prit une part très active.
Le 15 mars 1849, cédant aux sollicitations des principaux commerçants et industriels, il se décide à ouvrir une maison de banque, et par arrêté royal du 30 décembre suivant, il fut nommé membre de la chambre de commerce de Tournai ; le 11 janvier 1852, il est élu vice-président de cette assemblée, et le 28 décembre, les électeurs l'appellent à faire partie du conseil communal.
La présidence de la chambre de commerce lui fut dévolue le 9 janvier 1854; chaque année, depuis cette époque, il a été maintenu à l'unanimité. Le 31 octobre, sa réélection au conseil communal fut accueillie par le plus grand nombre de voix.
En 1855, il dut accepter deux autres fonctions gratuites l'une, dans la commission administrative de la Caisse tournaisienne d'épargne ; l'autre, dans le conseil de recensement de la Garde civique ; fonctions qu'il remplit encore aujourd'hui, avec celles de conseiller communal et de président de la chambre de commerce.
Cette vie toute consacrée au travail a reçu, le 10 décembre 1857, sa plus belle récompense. 2068 suffrages sur 2573 votants ont porté M. André Pirson à la représentation nationale.
Longtemps cet honorable citoyen, qui n'ambitionnait nullement les honneurs politiques, avait résisté aux vœux que lui exprimaient les principaux électeurs de l'arrondissement de Tournai. Quelques jours seulement avant les élections, et par dévoûment au libéralisme, il consentit à accepter la candidature qui lui était offerte, et fit généreusement le sacrifice de sa position lucrative d'agent du caissier de l'Etat, incompatible avec le mandat de représentant.
Depuis son entrée dans la carrière parlementaire, M. André Pirson n'a pas encore abordé la tribune, mais il s'est fait distinguer par des travaux en sections, qui attestent son expérience pratique des affaires. S'il lui fallait un guide politique, il n'aurait qu'à ouvrir le livre de nos débats parlementaires et à relire les discours patriotiques de son honorable père. Le nom qu'il porte est un héritage de famille que le nouveau député de Tournai saura au besoin défendre et conserver.
(Extrait de l’Echo du Parlement, du 30 décembre 1881)
M. André Pirson, gouverneur de la Banque Nationale, est mort hier, à six heures de l'après-midi.
Cette mort causera d’immenses regrets.
Peu d’hommes ont été plus heureusement doués ; peu, dans le cours de leur existence, ont été entourés de plus de sympathies.
André Pirson est né à Dinant, le 21 mars 1817.
Il fit ses études à Bruxelles et se destina à la carrière des armes : mais son passage à l’armée ne fut que de courte durée, et l’officier de cavalerie devint, dès l’âge de 20 ans, agent de la Société Générale à Audenarde.
En 1845, nous le voyons remplir les mêmes fonctions à Tournai, où il dirigea en même temps une maison de banque particulière.
En 1852, peu après la fondation de la Banque Nationale, il fut nommé agent de la nouvelle institution.
Tour à tour président de la chambre de commerce et représentant de la ville de Tournai, il fut, le 29 octobre 1864, élu directeur par l’assemblée des actionnaires de la Banque Nationale.
Désigné en 1870 pour remplir les fonctions de vice-gouverneur, il devint enfin le chef de l’établissement auquel il avait été attaché successivement depuis sa création comme agent directeur et vice-gouverneur.
Le 9 juin 1877, il fut appelé, par la confiance du roi, au poste de gouverneur de la Banque Nationale.
C’est occupant cette haute fonction, et dans toute la force du corps et de l’intelligence, que nous le voyons inopinément s’éteindre à la suite d’une maladie qui, dans ses revirements soudains et inattendus, semble avoir dérouté la science, et à laquelle une chute récente ajoute encore des côtés mystérieux.
A ses qualités d’administrateur, dont son passage à la direction de la Banque a laissé des traces nombreuses, A. Pirson joignait les qualités aimables d’une nature profondément sensible et chaude.
Sa bonté, sa modestie le rendaient sympathique à tous, et le désir qu’il a exprimé d’être inhumé sans aucun faste, sans aucun apparat, témoigne, jusqu’à ses derniers moments, de la simplicité de son caractère.
Peu de mots, pensons-nous, seront plus profondément sentis dans la société bruxelloise.
M. Pirson était commandeur de l’ordre de Léopold, commandeur de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre de la Couronne de Roumanie.