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Pirson François (1765-1850)

Portrait de Pirson François

Pirson François, Gérard libéral

né en 1765 à Sart-Custinne décédé en 1850 à Dinant

Représentant entre 1831 et 1843, élu par l'arrondissement de Dinant Congressiste élu par l'arrondissement de Dinant

Biographie

(Extrait de : Fr-D. DOYEN, dans Biographie nationale de Belgique, t. XVII, 1903, col. 665-670)

PIRSON (François-Gérard), homme politique, né à Sart-Custine (ancien duché de Bouillon), le 24 octobre 1765 décédé à Dinant, le 10 mai 1850. Pirson, ayant terminé ses humanités au collège de Sedan, alla passer quelques années à Dunkerque pour y apprendre le commerce, puis il se rendit à Paris où pendant six semaines, il eut constamment sous les yeux le spectacle de luttes parlementaires, d'agitations de la rue, de mouvements populaires, préludes d’une révolution qui allait changer la face de la France, même d'une partie de l'Europe. Ce spectacle fit sur l'âme de Pirson une impression profonde et lui communiqua une fièvre d'agitation qui, à son retour chez lui, se traduisit par un acte hardi. Il rédigea une adresse à ses concitoyens pour les engager à profiter du moment favorable pour demander au duc la réforme de quelques abus. Décrété de prise de corps par la cour souveraine de Bouillon à cause de cette adresse, Pirson, au lieu de fuir pour échapper à la peine dont il est menacé, se rend à Bouillon, se montre partout dans la ville et personne ne l’arrête. Les griefs reprochés au pouvoir continuant à exister, malgré la requête rédigée dans le sens de l'adresse par l’assemblée des mayeurs, Pirson prend sur lui de convoquer un congrès composé des députés appartenant à toutes les communes du duché. Ce congrès se réunit à Paliseul, le 7 mars 1790. La noblesse et le clergé demandent à y être représentés par ordre. Combattue avec chaleur par Pirson, cette demande est rejetée et à partir de ce moment la fusion des classes et l'égalité devant la loi furent consacrées dans le duché. Cette assemblée fut reconnue et constituée légalement par décret du duc, le 3 avril 1790, et, le 19 suivant, le siège en fut transporté à Bouillon, où elle fut définitivement installée. Dans sa réunion du 26 mai, l'assemblée générale décréta l'abolition de la féodalité dans le duché ; la division du pays en cantons et en municipalités ; la création de tribunaux et d'une cour souveraine dénommée cour d'appel ; la suppression des dîmes ; la mise des biens de cure et des églises à la disposition des administrations locales, à charge par celles-ci de payer aux curés et aux vicaires les traitements, fixés par la loi et tous les autres frais du culte. Dans l'affreuse disette qui marqua l'année 1790, Pirson fit distribuer aux Bouillonnais les grains qu'il avait fait venir du dehors.

Député par eux à l'Assemblée nationale, il se rendit à Paris pour y soutenir les droits méconnus de ses concitoyens, au sujet des privilèges dont ils jouissaient sur le marché de Sedan. C'est à ce propos qu'il eut deux conférences avec Mirabeau et Merlin de Douai ; le 11 août 1790, l'Assemblée constituante rendit un décret en faveur des habitants de Bouillon, décret sanctionné par Louis XVI, à qui Pirson fut présenté. De Paris, Pirson fut appelé chez le duc de Bouillon, à sa résidence de Navarre, près d'Evreux, où il séjourna trois mois. N'ayant pour héritier en ligne directe qu'un fils impotent, le duc traita avec Pirson de la transmission de la souveraineté de Bouillon à un des parents éloignés du duc, le prince Philippe d'Auvergne, capitaine au service de S. M. britannique (4 août 1791). Un an après, comme l'indépendance du duché était menacée par suite de la guerre entre la France et les puissances alliées, le duc souverain confia à Pirson ses pleins pouvoirs pour protéger sa seigneurie. Muni de ces pouvoirs, Pirson se rend immédiatement à Paris, se présente à la barre de la Convention nationale et en obtient la confirmation du décret de l'Assemblée constituante du 11 août 1790.

Arrive 1793 ; la Convention lance ses proconsuls dans tous les départements de la France pour y proclamer la république, dans celui des Ardennes en particulier. Ils organisent à Sedan un Comité révolutionnaire et se disposent à annexer le duché de Bouillon à la France. Pirson part, court à Paris, va parlementer avec une douzaine de révolutionnaires réunis chez Hentz, leur représente qu'en ce moment, étant éloigné de toute armée française, pressé par les troupes autrichiennes, le duché ne pourrait. sans se compromettre inutilement, consentir à sa réunion à la France. Cette première démarche effectuée, Pirson se présente tour à tour chez Carnot, Collot d'Herbois, Billaud-Varennes, Saint-Just, Couthon, enfin chez Robespierre, qui lui déclara, au nom de ses collègues, que quant à présent il ne serait pas donné de suite, en ce qui concerne Bouillon, aux opérations du comité révolutionnaire de Sedan. Rentré à Bouillon, Pirson parvint à dissoudre le comité révolutionnaire qui s'y était formé, lorsque tout à coup un détachement de l'armée française pénètre dans la ville et y enlève sept ou huit habitants, parmi lesquels se trouvaient le gouverneur et le procureur général de la cour d'appel, MM. de Jobard et Victor de Stassart. Personne n'osait aller les réclamer auprès des chefs, que l'on connaissait comme des hommes cruels : c'étaient Charbonnier, général, et Massieu, représentant du peuple en mission. Pirson va les trouver et, après une discussion des plus animées, il revient avec les prisonniers, parmi lesquels se trouvaient deux des signataires de l'arrêt de prise de corps lancé contre lui, en 1789, à propos de l'adresse prémentionnée. N'ayant pas réussi dans son second voyage à Paris, Pirson tourne ses regards vers Christine, gouvernante des Pays-Bas, afin d'établir des relations profitables au duché. A la suite d’autres négociations, il obtint verbalement des conditions avantageuses, sous sa responsabilité personnelle. Il accepta ces conditions par dévouement pour ses concitoyens, malgré les dangers auxquels il s'exposait, au cas où cet arrangement viendrait à être connu de la France. Le 24 mai 1794 fut, pour Bouillon, une année de désolation. La ville, tombée aux mains des Autrichiens, fut livrée, par le général de Beaulieu, au pillage. Les femmes furent outragées ; vingt-six personnes, parmi lesquelles le gouverneur de la ville, quelques prêtres et des religieuses, furent massacrées. Dans ces circonstances malheureuses, ce fut encore Pirson qui préserva la ville de calamités plus grandes. C'est à lui qu’on dut de conserver au moins l'organisation de l’administration. Le 16 juin, l’assemblée, dans une réunion extraordinaire décréta une nouvelle organisation judiciaire, dont il avait jeté les bases et qu’il avait soumise d'abord à l'approbation de l’assemblée. Enfin lorsque, le 26 juillet, à la chute de Robespierre, les terroristes furent poursuivis par toute la France, un jury national fut institué, un procès solennel fut commencé. Pirson intercéda auprès des représentants français en mission, en faveur des inculpés qu’il sauva. Une amnistie entière fut le fruit de ses démarches et remit la bonne harmonie parmi les Bouillonnais. Les relations amicales se rétablirent entre Bouillon et Sedan.

Le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention ayant décrété la réunion du duché de Bouillon à la France, Pirson fut nommé commissaire du Directoire exécutif, pour y organiser les cantons d'Orchimont et de Gedinne, dans le département de Sambre-et-Meuse. En mars 1796 : il fut appelé à faire partie de l'administration centrale du département. Nommé président de cette administration, il fixa les bases de la répartition des contributions foncières et personnelles de la manière la plus équitable pour chacun des quatre pays composant le département : le Luxembourg, le pays de Liége, celui de Namur, le duché de Bouillon.

Le Directoire renversé, apparut la Constitution de l’an VIII. Pirson fut successivement membre du conseil de la sous-préfecture de Saint-Hubert, ensuite membre du conseil général du département (28 août 1808). Depuis 1802, époque de son mariage, Pirson habita Dinant jusqu'à sa mort. Retiré de la vie politique, il éprouva de grandes répugnances à y rentrer ; mais lorsqu'il accepta, en 1819, les fonctions de membre de la seconde Chambre des Etats généraux, ce ne fut, dit son biographe, « que dans l'intention de défendre les intérêts des provinces belges gravement compromis par le système hollandais... Il prit une part très active à tous les débats parlementaires, lors des discussions du premier budget décennal, de la loi sur le divorce, de l'impôt sur le sel, de la protection à accorder à la forgerie indigène, etc. Mais ce fut surtout à l'occasion de l'impôt-mouture et du système des finances, introduit en I820 et 1821, qu'il se fit remarquer par une rare énergie pour les combattre. Ses discours, imprimés dans les journaux du temps, font foi de l’ardeur et de la sincérité de ses opinions.

« Rentré de nouveau dans le sein de sa famille, Pirson se tint à l'écart des affaires publiques. En 1830, à Dinant, il se mit à la tête du mouvement pour lui imprimer une impulsion salutaire et éviter des désordres graves. Nommé commissaire de district, puis membre du Congrès national, ensuite membre de la Chambre des représentants, il fut ce qu'il avait toujours été : un des plus chauds défenseurs de toutes les libertés. Par la suite, il donna sa démission de commissaire d'arrondissement ; plus tard, il fut nommé bourgmestre de Dinant, poste qu'il occupa jusqu'en 1848. Pendant l'année 1843, il sentit que la vieillesse lui conseillait le repos ; il se retira de l’arène politique, en priant ses commettants de le remplacer à la Chambre des représentants. Ceux-ci, voulant lui donner un témoignage public de reconnaissance, choisirent un de ses fils pour successeur, Victor Pirson, en dernier lieu gouverneur de la province de Namur ».

BIBLIOGRAPHIE

Papiers de famille</>, dans <Annales de la Société archéologique de Namur, t. II, p. 225-248.)