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Olin Xavier (1836-1899)

Portrait de Olin Xavier

Olin Xavier, Victor libéral

né en 1836 à Bruxelles décédé en 1899 à Bruxelles

Ministre (travaux publics) entre 1882 et 1884 Représentant entre 1876 et 1884, élu par l'arrondissement de Nivelles

Biographie

(Extrait de l’Indépendance belge, du 31 janvier 1899)

M. Xavier Olin est mort lundi matin, succombant a une longue et pénible maladie qui, depuis quelque temps déjà, ne laissait plus aucun espoir.

Né à Bruxelles le 14 décembre 1836, il venait peine d'entrer dans sa 63ème année.

Cette mort affectera douloureusement les hommes de sa génération.

Xavier Olin se consacra tour à tour, voire simultanément, au barreau, à l'enseignement supérieur, à la politique, et ces trois manifestations essentielles de son activité révélèrent en lui un homme d'une rare intelligence, d'une culture supérieure et d'un vrai talent.

Etudiant, il avait fait de très fortes études, ne se contentant pas de piocher son droit, mais s'ouvrant des jours sur les lettres et les arts afin de pénétrer 'histoire et d'humanité la lettre des Digestes et des Codes. Avocat, il ne tarda pas à se faire une situation au Palais, plaidant à merveille et, alors même qu'il n'obtenait pas gain de cause, enlevant sinon le suffrage, du moins l'approbation de ses adversaires, qu'ils fussent la barre ou au siège du ministère public. Il était de ceux qui ne laissent rien au hasard, sans négliger les ressources de l'impromptu, tournant et retournant un dossier pour en extraire tout ce qu'il peut donner mais ne donnant que le nécessaire et l'utile. Il avait la méthode, le tact et le style, trouvant aisément la phrase bien venue, le mot qui porte, le trait qui reste, qualité qui caractérisait également ses conférences sur les sujets les plus divers, causeries d'apparence familière, mais creusées très au fond, et dont plusieurs nous ont laissé une impression ineffaçable, par exemple, au Cercle, il y a longtemps, une conférence charmante sur Pompéi.

Nous n'avons pas connu le professeur, ayant suivi en même temps que lui les cours de l'Université de Bruxelles, où il donna plus tard le Droit naturel, et dont il fut recteur pendant l'année académique 1879-1880. II appartient à nos successeurs sur les bancs de dire comment il s'acquittait de sa tâche, mais ce que nous savons de l'avocat et du conférencier nous donne à penser que leur témoignage lui sera favorable.

La carrière de l’homme politique ne fut pas de longue durée. Né à Bruxelles, de parents français, Xavier Olin avait laissé passer le délai d'option. Il fallut une loi de grande naturalisation pour qu'il devînt un Belge intégral. EIu représentant de Nivelles le 11 juin 1878, à peine était-il à la Chambre qu'il se fit remarquer non seulement par ses discours, d'une sobriété topique, mais encore par la netteté déconcertante de ses interruptions qui parfois embarrassaient Malou lui-même, vieux routier moins au fait des précédents que ce novice. Aussi, dès le premier jour se dessinait l'avenir du ministre. En 1882, le portefeuille 'des travaux publics, délaissé par M. Sainctelette, passa entre ses mains. Une légende veut qu'à la tête de ce département qui comprenait alors les chemins de fer, postes et télégraphes, il ne conquit pas les sympathies de son nombreux personnel, légende inexplicable pour nous, qui n'avons jamais connu qu'un Xavier Olin aimable et conciliant. Toujours est-il que la tourmente de juin 1884 emporta tout ensemble le représentant et le ministre. Ni l'un ni l’autre ne s'en relevèrent, malgré diverses tentatives de résurrection, notamment en 1894. Sa double participation au Congrès progressiste du 25 mars et au Congrès libéral du 8 avril fit alors évènement. Approuvée par les uns, discutée par les autres, elle semble moins controversable aujourd'hui que la coalition intégrale est dans l'air. Xavier était peut-être en avance sur son temps. Quoi qu'il en soit, cet épisode n'en mît pas moins en lumière l'ingéniosité de son esprit et la souplesse de ses facultés d'adaptation.

Depuis lors, il s'était cantonné dans sa chaire de professeur et dans son cabinet d'avocat.

Xavier Olin a publié divers ouvrages juridiques, soit seul, soit en collaboration avec son beau-frère et camarade de jeunesse, M. Edmond Picard. Quelque soit le mérite de ces écrits, le souvenir venir le plus vivant qui reste de Xavier Olin est celui de sa parole : souvenir éphémère peut-être, mais souvenir d'une valeur. Et qu'importe que cette valeur n’ait plus cours ! Il est des pièces démonétisées qui n'en illustrent pas moins un médailler. De même il est des disparus dont le nom, gardant son titre, sonne encore après la mort.