Neyt Adolphe (1804-1865)

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°82)

NEYT Adolphe-Henri

Chevalier de l’Ordre Léopold

Né à Gand, le 11 mai 1804,

Représentant, élu par l’arrondissement de Gand.

M. Neyt a conquis dans le commerce et l'industrie sa haute position sociale.

Fils de négociant, il a trouvé dans sa respectable famille ces exemples de probité, d'ordre et d'exactitude qui sont la préparation de l'avenir.

Sous l'ancien gouvernement, il fut d'abord sous-lieutenant, puis lieutenant de la schuttery.

Les affaires commerciales et une importante raffinerie de sucre occupèrent tout son temps jusqu'en 1848.

Capitaine de la garde civique, il parvint, à cette époque, au grade de major. C'était un acheminement à des fonctions d'un autre ordre.

En 1849, M. Neyt entra au conseil communal de Gand, et, la même année, il fut nommé membre de la chambre de commerce, et ne cessa d'obtenir les honneurs de la réélection.

Ses connaissances administratives, sa prudence proverbiale, son savoir et son expérience des affaires l'appelaient sur une plus grande scène : ses concitoyens le choisirent, en 1854, pour faire partie du conseil provincial.

M. Neyt comprenait les besoins de la province ; il avait vu de près le faux et le vrai, la richesse factice des uns, les misères réelles des autres ; il ne se faisait illusion ni sur les bases de l'impôt, ni sur la nécessité d'équilibrer les recettes et les dépenses ; il savait sonder les plaies, et s'efforçait d'y porter un remède efficace.

Libéral modéré, M. Neyt fut recherché par les libéraux, et, aux élections générales de 1857, il fut nommé membre de la Chambre des représentants, pour l'arrondissement de Gand.

L'ancien juge, le président du tribunal de commerce, l'administrateur de la Société la Lys, était digne de cette insigne distinction.

Toute sa vie a été consacrée aux choses utiles, et il en a été récompensé par la croix de chevalier de l'Ordre Léopold.

Industriel, conseiller communal et provincial, magistrat consulaire, l'honorable M. Neyt n'a eu qu'un but servir son pays dans sa sphère d'activité. L'honorable député de Gand n'ambitionne pas gloire de la tribune; modeste et probe, intelligent et sévère, représentant laborieux et assidu, l'honorable M. Neyt apporte dans les sections de la Chambre cet esprit de lucidité qui le caractérise, et remplit noblement sa tâche de représentant loyal et sincère, de patriote constitutionnel, unissant dans le même amour et dans le même dévouement le prince élu de la nation et la sage application de notre charte immortelle de 1830.

---

(Extrait du Journal de Bruxelles, du 17 mars 1865)

On lit dans le Bien public :

Hier a eu lieu au cimetière de la porte de Bruges l'enterrement de M. A Neyt, ancien membre de la Chambre des représentants. On sait que M. Neyt a été enlevé pour ainsi dire subitement, après quelques heures de souffrance. Le bruit est généralement répandu que M. Neyt aurait exprimé la volonté de mourir hors de l'Eglise.

Nous ignorons si cette rumeur, que semblent démentir plusieurs actes extérieurs du culte catholique posés récemment par le défunt, est fondée. Toujours est-il que la sépulture religieuse n'a pas été refusée à M. Neyt. C'est la famille qui a jugé à propos de donner à notre population le triste spectacle d'un enterrement civil... Inutile d'ajouter qu'elle n'a pas poussé la logique jusqu'au bout : la croix surmontait le corbillard, et le défunt, au lieu d'être inhumé dans le cimetière civil, l'a été dans le cimetière catholique. Le parti libéral, la chose est naturelle, a cherché à donner à l'enterrement civil de M. Neyt les proportions d'une protestation en masse contre la religion catholique.