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Moncheur François (1806-1890)

Portrait de Moncheur François

Moncheur François, Désiré, Victor catholique

né en 1806 à Andenne décédé en 1890 à Namêche

Ministre (travaux publics) entre 1871 et 1873 Représentant entre 1848 et 1880, élu par l'arrondissement de Namur

Biographie

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°78)

MONCHEUR, François-Désiré-Victor

Né à Rieudotte-lez-Andenne, le 6 octobre 1806,

Représentant, élu par l’arrondissement de Namur,

M. Moncheur, fils puîné d'un des maîtres de forges les plus honorables et les plus estimés de la province de Namur, se voua de bonne heure à la carrière du barreau.

Après avoir fait, en 1824, sa philosophie à l'université de Louvain, il alla étudier le droit à Paris, et y subit, l'année suivante, le premier examen dans cette faculté. Mais un arrêté en date du 14 août 1825 vint défendre aux Belges d'étudier en pays étranger, ou du moins ne les admit à prendre des grades académiques dans les Pays-Bas, même en subissant les examens déterminés par la loi, que s'ils avaient préalablement suivi les cours des universités de l'Etat.

Le jeune étudiant fut donc forcé de rentrer dans le royaume pour y faire ses études de droit. Il choisit à cet effet université d'Utrecht, où il obtint, en 1829, le grade de docteur summa cum laudibus. M. Moncheur était avocat stagiaire à Bruxelles, lorsque éclata la révolution de 1830. Unioniste catholique, il suivit avec zèle le grand mouvement national qui faisait triompher ses convictions politiques et religieuses.

Juge suppléant au tribunal de première instance de Bruxelles le 31 janvier 1832, il accepta, le 27 octobre de la même année, les fonctions de substitut de l'auditeur-général près la haute cour militaire.

Nommé secrétaire de la commission chargée de préparer la révision des lois d'organisation de la justice militaire et du code pénal de l'armée, M. Moncheur rédigea, avec un talent chaque jour mieux apprécié, les procès-verbaux raisonnés de cet immense travail.

Le 24 avril 1836, il entrait au parquet de la cour d'appel de Bruxelles en qualité de substitut du procureur général. Il s'y distingua bientôt par son heureuse aptitude.

Lors des nouvelles lois organiques des administrations provinciales et communales, M. Moncheur fut nommé conseiller provincial de Namur, par les électeurs de l'arrondissement d'Andenne, lieu de sa naissance; puis il reçut le mandat de membre de la députation permanente. Cette marque spontanée d'estime, et le désir de se rapprocher de sa famille et de ses intérêts, l'engagèrent à opter pour cette position, et à renoncer à la magistrature.

M. Moncheur se dévoua avec ardeur à ses nouvelles fonctions, et ses collègues du conseil provincial renouvelèrent constamment son mandat à une grande majorité.

Pendant cette partie importante de sa carrière, M. Moncheur fut honoré de plusieurs fonctions gratuites le 7 février 1840, un arrêté royal le nomma membre de la commission administrative de la maison pénitentiaire centrale de Namur; par un arrêté du 10 février 1843, il fit partie du bureau administratif de l'athénée de Namur; enfin, le 28 octobre 1845, il fut choisi en qualité de membre de la commission de bienfaisance, instituée à cette époque près le ministère de la Justice.

Vint la grande tourmente politique de 1848. M. Moncheur reçut alors de ses concitoyens de l'arrondissement de Namur le mandat de représentant. L'honorable M. Moncheur était depuis peu de mois au Parlement, lorsque le ministère proposa, par mesure d'économie, de réduire de six à quatre le nombre des membres des députations permanentes des conseils provinciaux. Pénétré de l'utilité toujours croissante de cette institution fondée sur l'élé ment populaire, il s'opposa fortement au projet de loi.

Plusieurs membres de la Chambre suivirent l'exemple de M. Moncheur, et, après une sérieuse discussion, le projet fut rejeté.

Dès son début au Parlement, l'honorable député de Namur n'a cessé de réclamer, dans l'intérêt de l'industrie nationale, l'abaissement, et, autant que possible, l'égalité des péages à percevoir sur les diverses voies navigables du pays.

A la session de 1851, il sollicita vivement de la législature des encouragements plus efficaces que ceux qui avaient été donnés jusqu'alors pour l'amélioration de la voirie vicinale. La voix de l'honorable représentant, ainsi que celle de quelques-uns de ses collègues, a été entendue aujourd'hui les subsides destinés à améliorer les chemins vicinaux sont plus que triplés.

L'honorable M. Moncheur fut souvent désigné par le bureau de la Chambre pour faire partie de commissions spéciales, chargées de l'examen d'importants projets de lois, notamment sur les modifications des lois pénales militaires, sur le code forestier et sur la révision du code pénal de 1810.

L'honorable M. Moncheur, doué d'un esprit juste, éclairé et pratique, est toujours resté fidèle à ses opinions essentiellement modérées et à ses convictions sincèrement religieuses. Il a reçu trois fois, dans les comices de Namur, savoir en 1850, en 1854 et en 1857, le renouvellement de son mandat législatif.


(Extrait du Journal de Bruxelles, du 15 juillet 1890)

Nécrologie

Mort du baron Moncheur. Dimanche 13 juillet, au matin, en son château de Namêche (Namur), s’est éteint en gardant sa connaissance jusqu'au dernier soupir, bien que la paralysie l'eût cloué dans son fauteuil depuis plusieurs années. C'était un homme de bien, un citoyen éminent et un chaud patriote, et il a fourni une brillante carrière.

François-Désiré-Victor, baron Moncheur , né au château de Riendosse, province de Namur, le 6 octobre 4806, fit ses études d'humanités au collège de Floreffe, sa philosophie à l'ancienne université de Louvain et son droit ensuite à Paris et à Utrecht. Reçu avocat à Bruxelles en 1829, il fut nommé successivement substitut du procureur du roi près la haute cour militaire en 1831, substitut près la cour d'appel, en 1836, à Bruxelles. Elu membre du conseil provincial de la province de Namur au mois d'octobre 1836, il en fit partie jusqu'en 1848, en occupant les fonctions de député permanent durant la même période avec une rare distinction. Aussi ses concitoyens lui firent accepter bientôt un mandat législatif. Elu représentant en 1848, il fit partie de la Chambre jusqu'en 1880, époque à laquelle sa santé chancelante l'obligea à rentrer dans la vie privée.

II fit partie du ministère du 7 décembre 1871 en qualité de ministre des travaux publics, succédant à son ami et collègue de la députation namuroise Armand Wasseige. Sa santé altérée et le soin de ses intérêts privés, qui exigeaient sa présence dans la province de Namur, l'amenèrent à quitter le cabinet Malou, dans lequel il fut remplacé par M. Beernaert.

A la Chambre, comme au ministère, sa parole grave et sa raison pratique lui créèrent une grande situation. Il parlait d'autorité et ses avis étaient reçus toujours avec déférence. Son caractère droit, l'aménité de ses formes et la bienveillance de son esprit juste et mesuré lui attirèrent le respect de ses adversaires et l'affection de ses partisans. Ce n'était pas un orateur à grandes périodes et à la parole éclatante : c'était un debater à l'anglaise connaissant bien ce qu'il disait. Il parlait rarement, mais lorsqu'il se levait on l'écoutait avec intérêt, parce qu'on était certain d'apprendre de lui quelque chose. Irréprochable dans sa vie privée, le baron Moncheur jouissait dans sa province et à Bruxelles d'une haute et légitime considération. Nous nous inclinons avec respect devant son cercueil et nous honorerons sa vie sans tache en la citant comme un exemple à la génération nouvelle.

Nous offrons à ses enfants, justement fiers d'avoir possédé un tel père, le tribut de nos vives condoléances.