Loos Jean, François libéral
né en 1799 à Anvers décédé en 1871 à Anvers
Représentant entre 1845 et 1863, élu par l'arrondissement de Anvers(Extrait de H. VANDER LINDEN, dans Biographie nationale de Belgique, 1892, t. XIII, col. 393-396)
LOOS (Jean-François), homme politique, né à Anvers, en novembre 1799, mort en cette ville, le 2 février 1871.
Issu d’une riche famille anversoise, Loos prit une part active à la vie politique et entra facilement au conseil de la commune, où il exerça une influence marquante. Elu conseiller en 1836, il fut nommé échevin des finances quatre années après ; grâce au zèle qu’il déploya dans ses fonctions administratives, il arriva à la première magistrature de la ville en 1848. Dès 1845, l’arrondissement d’Anvers l’avait envoyé à la Chambre des représentants. Loos appartenait à l’opinion libérale. Ses amis politiques lui firent parfois le reproche d’avoir des idées trop inflexibles sur des questions qui n’étaient point de principe. Par suite de son dogmatisme inébranlable, il s’attira même plusieurs ennemis. Il remplit consciencieusement au parlement les devoirs que lui imposait sa mission de député, mais il ne distingua pas tant par son talent politique que par les qualités administratives dont il fit preuve comme bourgmestre de la ville d’Anvers.
Il prit à cœur les intérêts de la cité commerciale et mit un soin jaloux à favoriser son développement matériel et intellectuel.
C’est de l'époque de l’avènement de Loos que date la prospérité croissante et l’extension si considérable d’Anvers. Il se préoccupa tout d’abord du projet d’agrandissement de la ville. Anvers, resserré dans une enceinte de fortifications trop étroite, était arrêté dans son développement commercial. L’établissement de nouvelles installations maritimes devint à tel point nécessaire, que Loos proposa, en 1853, au conseil communal et fit décréter la construction des bassins de la Kattendijk, en dehors des murs, en soutenant la thèse hardie que l’établissement de ces nouveaux bassins au-delà des fortifications aurait été précisément la cause de la démolition de ces remparts. Quelques années plus tard, il défendit énergiquement à la Chambre le projet d’agrandissement des fortifications. En 1858, lorsque Anvers avait été choisi comme la principale place stratégique du pays, le gouvernement, dans un but d’économie, n’avait proposé qu’un agrandissement partiel de la ville. Mais Loos et ses collègues, H. de Boe et E. de Gottal, combattirent le projet du ministère, et grâce aux démarches personnelles du bourgmestre, l’établissement de la grande enceinte, qui donnait à Anvers une extension quintuple, fut voté à la Chambre des représentants le 8 septembre 1859. Ce même jour, Loos fut l’objet d’une ovation enthousiaste de ses concitoyens. L’administration de Loos entreprit aussitôt de grands travaux de voirie ; de nouveaux quartiers surgirent comme par enchantement sur l’emplacement des anciens remparts espagnols, surtout au nord de la ville.
Loos ne négligea rien de ce qui pouvait contribuer au développement intellectuel et artistique d'Anvers. Tout en veillant à la propagation de l'instruction populaire, il s'occupa de la création de l'Institut de commerce et de la réorganisation de l'Académie royale des beaux-arts (1855), qui, grâce à ses nombreuses démarches, conserva le rang de premier établissement d'instruction artistique du pays. Il voulait qu'Anvers restât en même temps la métropole des arts et du commerce de la Belgique. Loos contribua aussi à la fondation du Cercle artistique et littéraire (1852) dont il conserva, sa vie durant, la présidence d'honneur. Lorsque, en 1861, furent organisées à Anvers de splendides fêtes artistiques, il présida le Congrès auquel assistèrent les savants et les artistes les plus célèbres de l'étranger.
Il était à prévoir que Loos aurait conservé, pendant de longues années, les fonctions de bourgmestre de cette ville, à la prospérité de laquelle il avait largement contribué. Mais des circonstances fortuites l'obligèrent de donner sa démission à la fin de l'année 1862. Les travaux des fortifications avaient déjà atteint un certain degré d'avancement, lorsqu'un grand nombre d'habitants réclamèrent contre le danger auquel ils se voyaient exposés et demandèrent la démolition des citadelles nord et sud. Les propriétaires de terrains frappés de servitudes augmentèrent le nombre des mécontents. Les ennemis du ministère Frère-Orban profitèrent de cette situation pour tâcher de renverser la représentation libérale d'Anvers. Malgré les tentatives faites par Loos et ses collègues dans le but d'obtenir des concessions du gouvernement, on ne fit droit à aucune des réclamations des Anversois. Le 6 novembre 1862, une députation ayant à sa tête le bourgmestre fut reçue par le roi. Mais cette démarche n'eut aucun résultat. Pendant ce temps des meetings avaient été organisés, et la tendance hostile au ministère s'était accrue. C'est dans ces circonstances, au milieu de l'agitation populaire, que Loos résolut de résigner son mandat de bourgmestre : le 28 décembre 1862, il annonça au conseil communal qu'il avait remis sa démission entre les mains du roi, « parce qu'on l'avait placé dans une position qui ne lui permettait plus d'administrer ni utilement pour la ville, ni honorablement pour lui-même ». Les élections législatives du 10 juin 1863 donnèrent la majorité aux « meetinguistes » qui avaient fomenté l'agitation et promettaient une opposition systématique au ministère. Loos et ses collègues furent éliminés. Au conseil de la commune, les « meetinguistes » remplacèrent aussi les libéraux. Loos n’assista pas à la réparation que l'on donna plus tard aux actes de son administration. Il mourut le 2 février 1871. La ville d’Anvers, reconnaissante des services qu'il avait rendus, a élevé un monument à sa mémoire.
(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°73)
LOOS Jean-François,
Officier de l’Ordre Léopold,
Né à Anvers, le 12 novembre 1799,
Représentant, élu par l’arrondissement d’Anvers.
Fils d'un industriel distingué par ses talents et l'habileté de ses entreprises, M. Loos, à qui la fortune créa des loisirs, accepta de bonne heure des fonctions gratuites.
Il fit successivement partie du conseil communal, puis du collège échevinal de la ville d'Anvers ; les électeurs de l'arrondissement lui donnèrent, en 1845, le mandat de représentant à la Chambre, et il fut nommé bourgmestre en 1848.
Dès la première année de son admission au Parlement, l'honorable député devint membre de la commission de comptabilité ; il prit la parole dans la discussion du projet de loi des entrepôts de commerce, et fut chargé du rapport sur le projet de loi concernant les sucres.
A la session 1847-1848, membre de la commission permanente de l'industrie, M. Loos a été appelé à la présidence de cette commission, et ce mandat de confiance n'a pas cessé d'être renouvelé entre ses mains.
A la session 1849-1850, l'honorable député s'occupa sérieusement de la révision des lois sur les faillites, et présenta plusieurs observations sur l'enseignement moyen.
Lors de la révision du code pénal en 1851-1852, il émit le vœu que les exécutions criminelles n'eussent plus lieu de droit sur les grandes places, mais dans des lieux à désigner par l'autorité communale.
Relativement aux condamnés dans les prisons, il se montra partisan de la séparation des individus selon l'espèce des crimes et délits.
A la session 1852-1853, l'honorable M. Loos eut l'occasion de se prononcer sur une question qui depuis longtemps semble destinée à obtenir, un jour, les honneurs de la discussion le gouvernement demandait cinquante mille francs pour l'armement du navire le Duc de Brabant, relégué dans les bassins de Bruges. Un honorable membre de la députation d'Anvers venait de déclarer qu'il consentirait à voter des sommes plus importantes pour avoir une marine militaire. L'épithète de ridicule s'était glissée dans cette appréciation de l'armement d'un seul navire :
« Messieurs, s'écria l'honorable M. Loos, ce que je trouverais souverainement ridicule, c'est que la Belgique voulût posséder une marine militaire importante; cela ne serait justifié par aucune considération. »
L'avis de M. Loos fut partagé par un grand nombre de membres. Sa qualité de bourgmestre de la métropole commerciale donnait plus de poids encore à son refus de créer une importante marine militaire.
Dans ces dernières années, des rapports habilement traités sur diverses questions industrielles, sa libérale et sage intervention dans toutes les questions où les intérêts de la ville qu'il représente se trouvent mêlés aux débats, ont maintenu l'honorable M. Loos dans sa bonne renommée parlementaire.
Comme premier magistrat d'Anvers, il a attaché son nom à un grand nombre de travaux utiles. Nous citerons, entre autres, l'agrandissement des bassins, au Kattendyck. Protecteur éclairé des arts, il a prêté un généreux appui aux progrès de l'école de peinture flamande dans la cité de Rubens et de Van Dyck, et par son heureuse influence a contribué au succès de l'Institut communal, aujourd'hui l'un des premiers établissements de l'Europe pour les études complètes du commerce, de l'industrie et de la finance.
Laborieux et modeste, le digne député d'Anvers, libéral par conviction, ne recherche ni l'éclat, ni les honneurs pour lui-même. Ce qu'il veut avant tout, c'est le bien public et le respect inviolable du Pacte fondamental. S'il fallait des preuves de la noblesse de ses sentiments, on les trouverait dans tous les actes qu'il a posés comme chef d'administration communale, et comme représentant du peuple belge.