Liarge Jean-Baptiste, Joseph indéterminée
né en 1815 à Tournai décédé en 1891 à Ixelles
Ministre (guerre) entre 1879 et 1880(Extrait de l’Indépendance belge, du 14 janvier 1891)
Les inquiétudes qu'inspirait l’état de santé de M. le lieutenant-général Liagre se sont malheureusement confirmées, en dépit des espérances que nous exprimions contre toute vraisemblance, des espérances qui étaient plutôt des illusions.
L’éminent secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique a succombé hier dans la nuit aux suites d’une bronchite qu'il avait contractée le 1er janvier.
Le général Liagre appartenait à l’arme du génie. C’était l’un des officiers les plus distingués de notre armée, et un savant dont la réputation honorait notre pays à l'étranger. Il avait été directeur des études, puis commandant supérieur de l'Ecole militaire. Il fut directeur intermédiaire de l’Observatoire. Appelé au ministère de la guerre le 8 septembre 1879, il se retira le 6 novembre 1880, à la suite d'un dissentiment avec ses collègues au sujet des fortifications de la Meuse. Il a laissé au département de Ia guerre et dans les Chambres les souvenirs les plus honorables de dignité, d’indépendance et d'intégrité. Il prit sa retraite peu après pour consacrer toute son activité à l’Académie dont il était la cheville ouvrière, l'administrateur principal, le conseil écouté ; il était du reste membre des trois classes de l'Académie.
Indépendamment de ses travaux scientifiques dans l'ordre des études mathématiques et astronomiques, le général Liagre a écrit divers opuscules et des notices académiques, parmi lesquelles nous rappellerons celle qu’il consacra récemment à la mémoire de son ami et collègue illustre J.-C. Houzeau, travail vraiment magistral, écrit d'un style sobre et grave où l'autorité de la forme émane de la compétence, où la sincérité du sentiment s'élève sans phrase jusqu'à l'éloquence.
Il était grand-officier de l'Ordre de Léopold depuis le 23 août 1880.
(Extrait de l’Indépendance belge, du 15 janvier 1891)
L'Académie royale de Belgique et le pays tout entier font une grande perte, par la mort du général Liagre. Le secrétaire perpétuel de notre Académie était plus qu’un savant éminent, et un écrivain distingué ; c'était un homme rare. un caractère, une nature simple et haute, de la plus forte trempe. II avait passé par les plus grandes fonctions de I'Etat, lieutenant général, commandant de l'Ecole militaire, ministre de la guerre, et il gardait Ia fermeté de ses idées, l’indépendance de son esprit, la netteté de sa parole, sans les ordinaires conventions officielles, sans les précautions des hommes de gouvernement. Quand le général Liarge fit ce beau et grave portrait de son ami Houzeau, que nous avons analysé et loué ici, il raconta cette vie austère, d'incessante recherche, de libre pensée, en faisant respecter toutes ses hardiesses de politique et de philosophie. Les deux hommes étaient pareils, de même sincérité et simplicité, de conscience inflexible, de cette noblesse antique, instinctive tranquillement.
A l'Académie, le général, comme on l'appelait, avait grande autorité, et n'en usait qu'avec sa naturelle discrétion : II n'intervenait dans les discussions que pour noter, en quelques mots précis, les précédents, les prescriptions du règlement, ou pour donner un avis de bon sens, de justesse et de tact. On peut dire que son avis était toujours décisif. Cet homme si ferme, avec un calme absolu, dans ses doctrines, était plein de bienveillance et d'aménité pour les personnes. Sous son extérieur froid, dont l'apparente froideur n'était que de la simplicité, il avait des émotions profondes, qui se sont trahies en quelques mots brefs de ses ordres du jour ou de ses écrits, il était touché avec naïveté des respects qu'on lui témoignait, il avait une bonhomie de cordialité franche.
Le respect, nul ne l'a mieux mérité que le général Liagre. Nous sommes dans un temps de grands hommes, où l'on peut faite dépense d'admirations, d'étonnements, de sympathies de toutes sortes. Le respect est plus difficile à placer même pour nos plus illustres, pour ceux dont la vie sera le plus justement glorieuse. Le général Liagre a rendu de si grands services au pays en lui préparant de solides et successives générations d'officiers, qui a été un savant et un sage, un écrivain pour qui le style n'a jamais été que l’expression sobre et forte de la pensée, le général Liagre laissera surtout le souvenir d’un caractère à qui tous les respects allaient d'instinct. C'est une belle figure grave, qui n'a jamais cherché l'éclat ; c'est un des parfaits exemplaires des hommes de science, de droiture, de fermeté.
G.F.
---
L'énumération des principales œuvres du général Liagre fait apprécier la portée, la direction et la variété de ses connaissances.
MATHÉMATIQUES.
Eléments de géométrie et de topographie. 3 vol. Deux éditions.
Calcul des probabilités et théorie des erreurs. Deux éditions.
ASTRONOMIE.
Détermination de l’heure, de la latitude et de l'Azimut.
Méthode pour déterminer la latitude.
Problème des crépuscules.
Influence des phases lunaires sur la pression atmosphérique.
Mouvements propres du soleil et des étoiles.
Cosmographie stellaire. Deux éditions.
GEODESIE
Plusieurs mémoires pour le perfectionnement de méthodes et d'instruments à l'occasion du levé de la carte topographique du royaume.
STATISTIQUE
Mémoire sur l'organisation des caisses des veuves.
Recherches sur les pensions militaires.
Des institutions de prévoyance et des assurances sur la vie.
ÉCRIVAIN
Deux discours académiques sur la Pluralité des Mondes et sur la Structure de l’Univers. De nombreux rapports.
Notice biographique sur J.-C. Houzeau.
Sans compter plusieurs articles de journaux, dont quelques-uns, l'Indépendance belge s'en honore, ont paru dans nos colonnes.
FONCTIONS
Ancien aide et membre du comité directeur de l'Observatoire (après la retraite de Houzeau),
De l'Académie depuis 1850,
Secrétaire perpétuel de l'Académie depuis 1875,
Professeur, directeur des études,
Commandant de l'Ecole militaire,
Lieutenant général du génie,
Ministre de la guerre,
Président de la commission centrale de statistique.
(Extrait de l’Indépendance belge, du 18 janvier 1891)
Il nous est impossible de reproduire tous les discours qui ont été prononcés à l'occasion des funérailles du général Liagre, mais nous tenons à publier celui de M. Tiberghien, parce que l'honorable président de l'Académie royale de Belgique a parlé au nom du corps savant auquel le défunt, en sa qualité de secrétaire perpétuel a consacré les dernières années de sa vie, et parce que ce disours, qui résume les autres, est tout ensemble un exposé sommaire des titres publics et scientifiques de l'officier, de l'administrateur, de l'homme d'action et de l'homme d'étude, et un légitime hommage rendu au caractère du penseur.
M. Tiberghien s'est exprimé en ces termes :
« Messieurs,
« Au nom des trois classes de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, je viens rendre un suprême hommage à l'un de ceux qui ont le plus Illustré le corps savant et glorifié la Belgique, par l'élévation de la pensée, par la noblesse du caractère. par la valeur et la continuité des services rendus. Que ma parole dans ce cruel désastre soit à la fois un témoignage de reconnaissance et d'admiration !
« Jean-Baptiste Liagre naquit à Tournay le 18 février 1815. Après d’excellentes études il vit s’ouvrir devant lui une brillante carrière, consacrée en partie à l'armée et à l'école militaire ; en partie à la science et à l'Académie. Mais dans chacune de ces phases, la science fut l'objet principale de ses préoccupations. L'officier du génie devint successivement professeur, examinateur permanent, directeur des études, commandant de l’école militaire.
« D’autres se seraient arrêtés à ce poste, fiers d'être arrivés au premier rang. Mais Liagre pouvait donner plus à la patrie. Le savant et le soldat chez lui n'absorbaient pas le citoyen. Son parti fit appel à son dévouement et lui offrit une lourde charge dans un cabinet libéral. Liagre fut nommé ministre de la guerre et déploya dans ces fonctions ses hautes qualités administratives. Le Roi le récompensa de son attachement à l'armée et au pays en lui conférant libéralement les dignités civiles et militaires. Liagre reçut des promotions graduelles et parvint au rang de grand-officier de l'Ordre de Léopold et de lieutenant général.
« La carrière militaire de notre éminent confrère est terminée. Liagre a gravi toute l'échelle des honneurs, sans jamais être inférieur à sa tâche.
« Sa carrière académique et scientifique va maintenant suivre la même voie. Liagre fut élu correspondant de la classe des sciences le 15 décembre 1850, membre titulaire le 15 décembre 1853, directeur de la classe et président de l'Académie en 1861, secrétaire perpétuel, après la mort de Quetelet, le 5 mai 1874. Il appartenait à ce titre aux trois classes de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts. Il a donc rempli toutes les fonctions qu'on peut occuper à l'Académie. On peut dire justement qu'il était l'âme de ce corps savant, car lui seul en connaissait à fond les traditions et les règlements. En réalité, c'est lui qui l'administrait et le gouvernait par son autorité morale. Il en faisait partie depuis quarante ans et assistait comme secrétaire à toutes les séances depuis dix-sept ans. La perte d'un tel homme est une calamité pour la république des lettres et même un deuil public s'il est vrai que l'Académie est l'organe central de tout le mouvement intellectuel du pays, comme le disait M. Stas, le premier jour de l’an, dans son discours au Roi.
« Malgré ces occupations multiples, Liagre était encore président de la commission centrale de statistique, et là encore il trouva l'occasion de (mot illisible son rare talent d’observateur, de généralisateur et d’organisateur.
« Les publications de Liagre sont importantes et nombreuses. Elles embrassent une longue série de travaux insérés dans les Mémoires, dans les Bulletins, dans l'Annuaire de l'Académie, et d'ouvrages scientifiques publiés sans le concours de la compagnie. Elles ont rapport aux mathématiques, à l'astronomie, à la géographie, à la physique et même aux institutions de prévoyance et aux assurances sur la vie. Elles renferment aussi quelques œuvres littéraires, écrites avec élégance, avec bon goût, quelquefois avec éloquence. Telles sont les notices nécrologiques consacrées à Brasseur, au général Nerenburger, au colonel Adam, et surtout à Houzeau, un ami intime de Liagre et un esprit de la même trempe.
« Parmi les œuvres mathématiques et scientifiques les plus accessibles aux esprits cultivés, qui ne sont pas des spécialistes, on peut citer les éléments de géométrie et de topographie, le calcul des probabilités et la théorie des erreurs, les études sur les mouvements propres du soleil et des étoiles, sur la vitesse de la lumière, son aberration et son absorption, le discours sur la pluralité des mondes, le discours sur la structure de l'univers, enfin la cosmographie stellaire, une des dernières, des plus belles et des plus vastes productions du savant écrivain. »
Sans entrer dans l'analyse de ces divers travaux, l'orateur a présenté ensuite les considérations générales que voici sur le mérite et les tendances du regretté défunt :
« Liagre était un esprit d'élite, qui avait pour marque distinctive l’élévation, l’étendue et la sagacité de la pensée, la délicatesse et la loyauté du sentiment, la fermeté et la droiture de la volonté, la sincérité, la bienveillance et la dignité du caractère. II avait un jugement sain et libre, indépendant des opinions reçues et des conventions sociales. Il obéissait à sa conscience, il consultait la raison, et quand sa conviction était faite, il allait jusqu'au bout, sans crainte, sans faiblesse, sans transaction. C'est ainsi qu'il marchait droit dans la vie, agissant comme il pensait, faisant simplement son devoir, toujours libre, toujours digne, toujours d'accord avec lui-même. Liagre était « quelqu’un », ce qui est rare à une époque où les passions et les intérêts ont un si grand empire. Toutes ses forces morales étaient parfaitement équilibrées, ancrées dans l'honnête et dirigées vers le haut. Sa pensée ne s'arrêtait pas aux phénomènes instables, ni son cœur aux détails vulgaires, il cherchait les lois éternelles des choses, il tendait vers l'idéal, il planait dans l'infini, comme un vrai philosophe, quoiqu'il n'eût pas reçu d'éducation philosophique.
« Dans un de ces mémorables discours que je citais tout à l'heure, il s’occupe de la structure et de l'évolution des systèmes planétaires, il constate les analogies de Mars avec la Terre au triple point de vue climatologique, physique et topographique, il expose la grande hypothèse nébulaire de Kant et de Laplace, il conclut à l'identité de constitution de toutes les parties de notre système, puis, songeant à l'humanité et à ses immortelles destinées, il s'écrie, avec l’illustre Père Angelo Secchi : « C'est avec un doux sentiment que l'homme pense à ces mondes sans nombre, ou chaque étoile est un soleil qui, ministre de la bonté divine, distribue la vie et le bonheur à d'autres êtres innombrables, bénis de la main du Tout-Puissant. Son cœur se sent inondé de joie quand il songe qu'il fait partie lui-même de cet ordre privilégié de créatures intelligentes qui, des profondeurs du ciel, adressent un hymne de louanges à leur créateur. »
« Voilà les hautes méditations et les nobles sentiments qui inspiraient Liagre il y a 32 ans, lorsqu'il n’était encore que membre de la classe des sciences, et sur ce point, je dois le dire, la philosophie spiritualiste contemporaine est complètement d’accord avec les enseignements de l'astronomie depuis Copernic.
« C'est la même pensée qui éclate avec plus de vigueur, 25 ans après, dans la conclusion de la magnifique cosmographie stellaire, qui résume les travaux astronomiques de Liagre. Ecoutons ce passage avec recueillement comme un écho de l'esprit et du cœur de notre cher confrère :
« Heureux l'homme qui, détournant son regard des vaines agitations du monde, peut se livrer en paix à la contemplation du Ciel ! Heureux celui qui borne son ambition à pouvoir suivre de l'œil et de la pensée ces innombrables mondes, animés d'une vie universelle, et entraînés d'une course éternelle travers l'immensité de l'espace ! Ce spectacle, qui le met en présence de la majestueuse ampleur de la création, élève son intelligence, agrandit, épure, anoblit sa pensée. Et si la réflexion, en mûrissant son jugement, n'a pas en même temps refroidi son cœur, chaque pas qu'il fait dans le poétique domaine lui offre un nouveau sujet d’étonnement et d'admiration.
« Faisant alors un retour sur les choses de la terre, il prend en pitié nos préjugés religieux et nos pratiques superstitieuses ; car l'idée pure, impersonnelle, qu'il se forme de la Divinité, s'élève au-dessus des grossières fictions de nos légendes théogoniques, autant que le large dôme du ciel s’élève au-dessus des voûtes étroites de nos églises.
« Reconnaissant enfin son impuissance à remonter, par la seule force de sa raison, jusqu'à l'origine des choses, il s'arrête, avec une respectueuse résignation devant les bornes que la nature a posées à l'intelligence humaine. Sa raison s'incline devant l'incompréhensible ; mais son âme, cette pure émanation de l'éternelle source de lumière et de vie, son âme aspire et espère. » (Fin de la citation.)
« Ceci est le testament du savant. C'est une profession de foi philosophique et religieuse, dégagée de tout lien confessionnel. La mort de notre ami est un témoignage des convictions de sa vie. C'est un acte d'espérance aussi et une aspiration vers l'éternelle vérité. Ne nous arrêtons pas à la forme agnostique de cet élan. L'agnosticisme de Liagre est du même genre que celui de son confrère Houzau. Il s’en est expliqué dans sa notice nécrologique de l'année : « La formule de Houzeau, dit-il est Nescio, et non Semper ignorabimus. Bien loin de dire à la raison humaine : tu n'iras pas au delà, il regardait l'homme comme un être essentiellement perfectible, et ne posait aucune limite aux ressources futures de son intelligence. »
« Adieu, cher et vénéré confrère. Tu as noblement vécu en contemplant avec émotion les magnificences de la création, tu as aimé la vérité d'un amour pur et désintéressé, tu as fait honneur à l'Académie, à la science, à ta patrie, à l’humanité, tu as été bon, affectueux, dévoué pour ta famille et pour tes semblables, sois heureux maintenant ! Reçois la récompense qui est due à tes mérites, dans un de ces mondes glorieux que tu as si bien décrits ! Tu aspirais à l'idéal, tu espérais en Dieu. Dieu c'est la justice. Adieu ! »
(Extrait du Courrier de l’Escaut, du 18 janvier 1891)
La science vient de faire une grande perte par la mort du général Liagre, un enfant, et des plus illustres, de cette ville de Tournai quia fourni tant de brillants officiers à notre armée.
Le général Liagre, avec le général Renard, un autre Tournaisien, faisait partie de cette phalange d'officiers tournaisiens qui escortèrent le Roi quand notre souverain vint visiter la capitale du Tournaisis.
Le général Liagre fit partie de la première promotion des armes spéciales nouvellement crée par le major Chapelié.
Il ne cessa de se maintenir à la tête de sa promotion. Devenu officier du génie, il fut professeur à l’Ecole militaire, où plus tard, il devint, en qualité de major, directeur des études, succédant dans ces importantes fonctions au colonel du génie Lagrange. A la mort du général Nerenburger, il fut appelé, par la confiance royale, au commandement supérieur de cet établissement d’instruction militaire dont il s’appliqua à augmenter la légitime renommée.
Il ne quitta l’Ecole militaire, son vrai champ d’action, que pour recueillir la succession du général Renard à la tête du département de la guerre. C’est dans cette haite position qu’il fut indignement sacrifié par l’autocrate chef du cabinet, M. Frère-Orban, qui ne put lui pardonner son indépendance de caractère et sa loyauté toute militaire.
Le gouvernement libéral d'alors sacrifiait les intérêts de la défense du pays à des intérêts de boutique électorale, fit un crime au général Liagre d'avoir dénoncé en pleine Chambre, à al veille des élections de juin 1880, la nécessité qui s'imposait au pays d'assurer la défense de la trouée de la Meuse. M. Frère-Orban, furieux de cet acte de patriotisme et de noble indépendance, cassa aux gages l'éminent officier général, coupable de ne pas s'être incliné devant j'autocratie du grand lama doctrinaire. En agissant de cette façon à l'égard du général Liagre, M. Frère-Orban préludait à des procédés plus draconiens encore, quand il fit mettre en non-activité par mesure d'ordre, avec résidence obligée à Nieuport, absolument comme un sous-lieutenant perdu de dettes, la brillante illustration militaire, dont s'honore notre armée, l'éminent ingénieur que l'Europe nous envie, j'ai nommé le lieutenant-général Brialmont ! C'est cet officier général que le gouvernement actuel a choisi plus tard pour réaliser le vœu patriotique du général Liagre, en le chargeant de diriger les travaux de défense de la Meuse.