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Le Hon Charles (1792-1868)

Biographie

(Extrait de : Th. JUSTE, dans Biographie nationale de Belgique, t. XI, 1890, col. 715-717)

LEHON (Charles-Amé-Joseph), homme politique, né à Tournai, le 10 janvier 1792, mort à Paris, le 30 avril 1868. Il fit ses études en France, d’abord au prytanée de Saint-Cyr, près de Versailles, puis au lycée Napoléon ; il les compléta en suivant à Paris les cours de l'école de droit. Il avait vingt-deux ans lorsque, le 25 juin 1814, il fut nommé adjoint du maire de Tournai. En 1817, il était membre du conseil de régence et échevin, et il fut maintenu dans ces fonctions municipales jusqu'en 1830. Depuis 1818, il était aussi membre des Etats de la province de Hainaut pour l'ordre des villes ; il continua de faire partie de cette assemblée jusqu'à son admission à la seconde chambre des Etats généraux, où il entra en 1824. Réélu en 1826 et 1829, il conserva son mandat jusqu'en 1830. Neuf années plus tard il écrivait : « Je n'ai pas cessé de lutter aux Etats généraux dans les rangs de l'opposition belge, et je me suis quelquefois placé à sa tête. » Après avoir assisté à la session extraordinaire qui se tint à La Haye, au mois de septembre 1830, Lehon fut nommé, le 28 octobre, bourgmestre de la ville de Tournai.

Le 4 novembre, il était élu député au Congrès national, et, le 30 décembre, le gouvernement provisoire l'adjoignit au comité diplomatique. Bien que Lehon se fût en quelque sorte réservé l'examen des affaires extérieures, il prit aussi une grande part aux débats sur la Constitution. Accrédité par le régent près du roi des Français en qualité d'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Belgique, Lehon remit ses lettres de créance le 19 mai 1831. Il contribua notablement à faire agréer par le gouvernement français la candidature du prince Léopold de Saxe-Cobourg. Lehon se rendit à Calais pour recevoir l'élu du Congrès à son arrivée d'Angleterre. Le 21 juillet, il assista à l'inauguration du premier roi des Belges. Léopold le confirma dans le poste d'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de. Belgique à Paris. Le 4 août, il était solennellement reçu en cette qualité par le roi des Français. Chargé de la négociation qui devait avoir pour résultat l'union du roi Léopold avec une fille de France, Lehon assista, le 28 mai 1832, à l’entrevue qui eut lieu au château de Compiègne entre Louis-Philippe et le roi des Belges ; le 9 août suivant, il assista également au mariage qui fut célébré dans la même résidence royale. Le roi Léopold Ier ne se montra point ingrat : par un arrêté du 15 juin 1836, il conféra à Lehon le titre de comte.

Pendant la crise de 1838-1839, lorsque la Belgique refusait de se séparer des populations du Limbourg et du Luxembourg qui s'étaient données à elle, le comte Lehon fut chargé encore une fois de réclamer l'appui de la France. Il échoua. Le 9 février 1839, il écrivait à de Theux, chef du ministère : « Je répondrai à l'appel tout particulier que vous m'avez fait en vous avouant que je ne vois qu'un seul parti à prendre, celui d'adhérer aux stipulations territoriales. » Le prévoyant diplomate sut également donner d'utiles informations à J. Lebeau, le successeur de Theux, lorsque, sous le ministère de Thiers, la France, offensée par le traité du 15 juillet 1840, se préparait à la guerre.

En 1842, le comte demanda sa mise en disponibilité et, dépouillé de l'inviolabilité attachée aux fonctions diplomatiques, il vint défier les calomniateurs qui avaient cherché à l’envelopper dans les malheurs de siens. Il avait été élu membre de la Chambre des représentants pour Tournai, le 29 août 1831, et avait succombé à la dissolution de 1833. Les électeurs de Tournai lui rouvrirent la carrière politique en le nommant successivement, en 1844, conseiller communal et conseiller provincial, puis, deux ans après, membre de la Chambre des représentants. Le comte Lehon siégea au premier rang des défenseurs du libéralisme pendant les neuf années qu'il fit partie de la législature. En 1856, il prit la résolution de renoncer à la vie publique et, nommé ministre d'Etat, il alla se fixer à Paris. C'est, dans la capitale la France qu’il s'éteignit, le 30 avril 1868, à l'âge de soixante-seize ans. Aux obsèques qui eurent lieu, le 4 mai, à l'église Saint-Augustin, assistaient le personnel de la légation belge ainsi qu’un représentant de la maison de l'empereur Napoléon III.