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Landeloos Louis (1808-1873)

Portrait de Landeloos Louis

Landeloos Louis, Jean, Joseph catholique

né en 1808 à Louvain décédé en 1873 à Louvain

Représentant entre 1850 et 1873, élu par l'arrondissement de Louvain

Biographie

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°65)

LANDELOOS Louis-Jean-Joseph

Né à Louvain, le 8 août 1808

Représentant, élu par l’arrondissement de Louvain.

Un professeur français, qui avait quitté Dijon après la restauration de 1815, venait d'introduire à Louvain une méthode nouvelle sous le nom d' »enseignement universel. » Lorsque M. Louis Landeloos arriva à l'âge de commencer ses études, il fut confié aux soins de M. Jacotot, l'inventeur de cette méthode, et, sous l'habile direction de cet homme de bien, dont on a plus tard, à force d'exagération, dénaturé les principes pédagogiques, l'élève fit des progrès assez rapides pour obtenir son admission aux cours de philosophie de l'université de Gand. M. Landeloos n'était alors âgé que de quatorze ans. Ces cours terminés, le jeune étudiant se fit inscrire à la faculté de droit de l'université de Louvain, et fut reçu docteur en cette université, le 20 décembre 1826.

Avocat stagiaire à la cour d'appel de Bruxelles, il fut presque immédiatement chargé d'importantes affaires au barreau de sa ville natale.

Nous le trouvons, en 1829, parmi les opposants aux décrets qui faisaient passer les défenseurs belges sous les fourches caudines de la langue néerlandaise. M. Landeloos, réclama, le premier, devant le tribunal de Louvain, le droit de faire usage de la langue française dans les plaidoiries, et ce droit lui fut accordé.

Seize années de succès dans l'exercice de son honorable profession lui valurent, en 1842, une marque solennelle de la confiance publique. Le 25 octobre, M. Landeloos fut élu conseiller communal de Louvain.

Nommé échevin de la même ville en mars 1847, il ne cessa pas de se signaler dans l'administration par son assiduité et la haute expérience des affaires.

La récompense de son dévoûment à ses concitoyens lui fut décernée, le 11 juin 1850, par les électeurs de l'arrondissement de Louvain, qui le nommèrent leur représentant à la Chambre.

Dans sa carrière parlementaire, l'honorable M. Landeloos, conservateur par principe, modéré par sentiment, ne vote jamais dans un esprit de parti, et ne se laisse guider que par sa conviction.

On doit à une proposition faite en 1852 par cet honorable membre, soutenu de ses trois collègues de l'arrondissement de Louvain, d'heureuses modifications apportées à la loi de 1848 sur la garde civique, et ayant pour but de faciliter le service de la milice citoyenne, sans toucher à son organisation générale.

Lors de la discussion du projet de loi sur les céréales, projet qui a divisé tant d'esprits éclairés et qui a trouvé des adversaires dans les deux grandes divisions politiques de la Chambre, M. Landeloos ne crut pas devoir accepter les théories nouvelles, et se prononça, selon ses opinions bien arrêtées, contre la sortie des grains.

Considérant les chemins de fer comme essentiellement liés au développement du commerce et de l'industrie, le député de Louvain a toujours appuyé avec force tous les projets de voies ferrées et d'embranchements qu'il a jugés utiles au pays.

La dissolution de la Chambre en 1857 replaça M. Landeloos devant les électeurs de l'arrondissement de Louvain. Le 10 décembre, son nom sortit victorieux de l'urne électorale, et le représentant alla reprendre au Parlement le siége qu'il a su honorer par ses intentions toujours pures, ses travaux consciencieux et son empressement à défendre, en toute circonstance, les intérêts si nombreux de ses commettants.


(Extrait du Moniteur belge, du 13 juin 1873, pp. 1697-1698

Nécrologie

Funérailles de M. Landeloos, membre de la Chambre des représentants.

Mercredi ont été célébrées les funérailles de M. Landeloos, représentant de l'arrondissement de Louvain.

Une foule de notabilités s'étaient rendues en cette ville pour payer un dernier tribut d'hommages à la mémoire de cet homme de bien. A la députation officielle de la Chambre s'étaient joints tous les représentants de l'arrondissement et beaucoup de leurs collègues, entre autres MM. les ministres de la justice et de l'intérieur.

On remarquait dans le cortège un grand nombre de personnes appartenant aux principales localités de l'arrondissement.

Les coins du poêle étaient tenus par M. Thibaut, président de la Chambre des représentants, M. Delcour, ministre de l'intérieur, député de l'arrondissement, M. le baron de Man d'Attenrode, sénateur, et M. le bourgmestre de la ville de Louvain.

Quatre discours ont été prononcés à la maison mortuaire l'un par M. Thibaut, président de la Chambre; l'autre par M. Delcour, ministre de l'intérieur; le troisième par M. Roberti au nom de l'Association conservatrice de l'arrondissement, et le quatrième par M. l'avocat Jacobs, au nom d'une société flamande dont M. Landeloos était le président d'honneur. Voici le discours de M. Thibaut, président de la Chambre des représentants :

« Messieurs,

« Nous venons, au nom de la Chambre des représentants, donner au respectable collègue que la mort vient de frapper, un suprême témoignage d'estime et de regrets.

« M. Landeloos faisait partie du parlement depuis 1850. Il fut réélu en 1854, en 1857, en 1859 et 1860, en 1863, en 1864, en 1866, en 1870 et enfin en 1872. Dix élections en vingt-deux ans démontrent qu'entre lui et le corps électoral de Louvain s'étaient formés des liens tellement étroits que la mort seule pouvait les rompre.

« Les intérêts de cet important arrondissement avaient en M. Landeloos un protecteur vigilant, persévérant et habile. On n'a pas oublié les discours qu'il prononça sur le chemin de fer de Louvain à Herenthals et d'Aerschot à Diest, sur celui de Bruxelles à Louvain, sur les bourses d'étude et bien d'autres qui tiennent une place distinguée dans les Annales parlementaires. Le dernier discours de M. Landeloos fut consacré à élucider une des grandes questions de l'avenir : celle d'un canal maritime destiné à relier à l'Escaut les ports de Bruxelles, de Malines et de Louvain. M. Landeloos n'avait pas d'ambition ; il ne consultait que son devoir. Volontiers il se plaçait à l'arrière-plan. Sa modestie donnait à tous ses actes un cachet de douceur et de bonté. Ses relations avec ses collègues étaient empreintes d'une aménité charmante. Aussi, M. Landeloos ne laisse parmi nous que de bons souvenirs et la réputation d'un catholique sincère, d'un homme d'ordre, d'un citoyen dévoué à la patrie et à ses institutions.

« Et maintenant, messieurs, il ne nous reste plus, pour dernière marque d'amitié envers le défunt, qu'à nous unir aux prières que l'Eglise va adresser au souverain Juge, en sa faveur.

« Adieu, M. Landeloos, cher collègue, adieu!»

M. Delcour, ministre de l'intérieur, s'est exprimé en ces termes :

« Messieurs,

« Au nom des députés de l'arrondissement de Louvain, je viens payer un tribut de regrets à la mémoire du plus ancien de nos collègues, que Dieu a appelé à lui d'une manière bien inopinée.

« Lorsque jeudi dernier, au Palais de la Nation, je serrai la main à mon ancien ami, j'étais bien loin de penser que, trois jours après, ce cœur si dévoué au pays aurait cessé de battre et qu'aujourd'hui nous nous trouverions réunis autour de ces restes inanimés. Cette séparation si brusque, messieurs, nous afflige profondément elle enlève à l'arrondissement de Louvain un député qui, pendant de nombreuses années, s'était dévoué avec un noble désintéressement à la chose publique ; à la cité louvaniste, un de ses plus dignes citoyens ; à tous ceux qui l'ont connu dans l'intimité, un noble et digne ami, au cœur loyal, au caractère simple et droit.

« M. Landeloos a rempli noblement une belle et utile carrière. Admis, dès l'âge de 16 ans, à suivre les cours de philosophie à l'université de Gand, il obtint, bien jeune encore, à l'université de Louvain, le grade de docteur en droit et devint bientôt un des membres les plus distingués et les plus influents du barreau de cette ville. Le poste si honorable de bâtonnier de l'ordre des avocats, auquel il fut appelé à diverses reprises, témoigne assez de la haute confiance qu'il avait su inspirer à ses confrères.

« Mais ses aptitudes devaient se révéler bientôt sur un autre théâtre. Elu, en 1812, membre du conseil communal de Louvain, nommé, en 1847, échevin de sa ville natale, il apporta dans ses nouvelles et importantes fonctions ce tact, cette sûreté de vues, ce jugement sain et droit, cette expérience des affaires, qui l'avaient distingué dans sa carrière judiciaire.

« En 1850, il fut élu membre de la Chambre des représentants par l'arrondissement de Louvain, et dix fois, en vingt-deux ans, les électeurs renouvelèrent le mandat qu'ils lui avaient confié. Ah ! messieurs, ils sont bien rares les députés qui ont reçu des preuves aussi nombreuses de la reconnaissance du corps électoral. Mais aussi peu de corps électoraux se distinguent par un attachement aussi profond et aussi constant aux grands principes d'ordre qui font la force des nations et le salut des sociétés que celui dont le corps électoral de l'arrondissement de Louvain nous offre l'exemple ; et, d'autre part, il est peu de représentants qui aient su mériter mieux que ne l'a fait mon honorable ami la reconnaissance de leurs commettants par leur zèle à défendre les intérêts divers qui leur sont confiés.

« Nous l'avons vu dans les derniers temps de sa vie, alors que sa santé, déjà fortement compromise par plusieurs maladies successives, réclamait impérieusement le repos ; il était à son poste chaque fois qu'une question intéressant l'arrondissement de Louvain ou un grand intérêt social ou politique pouvait rendre sa présence utile.

« En 1868, le Roi daigna reconnaître les services qu'il avait rendus au pays en lui décernant la croix de chevalier de son Ordre : noble récompense à laquelle tous ses concitoyens et tous ses amis applaudirent et dont lui seul, dans sa modeste simplicité, fut à s'étonner.

« Landeloos, peut-on dire, est mort au champ d'honneur. Esclave du devoir jusqu'à la fin de sa carrière, il nous a laissé à tous un noble exemple à imiter par la constance de son dévouement comme par la droiture et la loyauté de son caractère. Le souverain Dispensateur des dons célestes récompensera dans un monde meilleur, nous en avons la douce persuasion, le fidèle serviteur qui, après avoir connu la voie droite, n'en dévia jamais et dont la vie peut se résumer en trois mots : honneur, probité, dévouement !

« Adieu, Landeloos, ou plutôt au revoir ! »