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Lardinois François (1794-1855)

Lardinois François, Joseph libéral

né en 1794 à Ensival décédé en 1855 à Verviers

Représentant entre 1831 et 1839, élu par l'arrondissement de Verviers Congressiste élu par l'arrondissement de Verviers

Biographie

(Extrait de : U. CAPITAINE, Nécrologe liégeois pour l’année 1855, Liége, 1856, pp. 31-34)

LARDINOIS (J.-François), industriel, décoré de la Croix de Fer (1835), chevalier de l’Ordre de Léopold (1846), ancien membre du Congrès national et de la Chambre des représentants, commissaire de l’arrondissement de Verviers, juge-suppléant près le tribunal de commerce de Verviers (1829), né à Ensival le 15 mars 1794, est mort à Verviers le 1er novembre.

L’Union libérale de Verviers du 5 novembre a donné une bonne notice sur Lardinois ; nous nous bornons à la reproduire avec quelques modifications.

Lardinois est enfant de ses œuvres. A la suite des désordres inséparables d’une grande tourmente révolutionnaire, il lui manqua, dans son adolescence, comme à la plupart de ses contemporains, ces écoles qui développent l’intelligence. Mais il possédait à un haut degré le besoin instinctif de s’instruire et, sans autre guide que son jugement droit, il a beaucoup appris. Il donnait, du reste, la preuve de sa précocité, lorsque, remontant dans son passé, il rappelait, non sans quelque orgueil, qu’à dix-huit ans il était le premier commis de la maison Ternaux, d’Ensival.

Après que cette maison eût renoncé à sa succursale d’Ensival, Lardinois s’établit. Doué d’une grande activité, il fit marcher de front la politique et ses propres affaires. Ami des libertés publiques, il s’associa à cette jeune pléiade d’écrivains qui combattaient les tendances du gouvernement hollandais et ses excès de pouvoir : dans l’ardeur de la lutte, il s’exposa à des poursuites (Note de bas de page : Lardinois écrivit pendant plusieurs années dans le « Journal de Verviers » qui fit une si rude guerre au gouvernement des Pays-Bas. Les principaux collaborateurs de cette feuille étaient en 1830 : MM. E. et L. Coumont, , J.-F. Constant, Focroulle, Lejoune et F. Mullendorf.) et se serait assis sur le même banc que ses amis politiques, victimes des premières rigueurs du gouvernement, si la révolution n’avait éclaté. Retracer sa vie à cette époque, ce serait écrire l’histoire de Verviers de 1828 à 1830. Nous voudrions pouvoir le faire et rappeler les mesures énergiques employées pour ramener l’ordre dans la cité et consolider la révolution dans le pays.

Lardinois fit partie de la Commission de sûreté publique instituée à cette époque et en devint l’un des secrétaires. Lorsqu’il fut question de réorganiser la régence, il proposa au Comité de conférer aux électeurs la nomination du bourgmestre et des échevins. Il partit pour Bruxelles et obtint du gouvernement provisoire, sous la date du 7 octobre, un décret spécial pour Verviers ; le lendemain cette mesure était généralisée et appliquée au pays tout entier.

Sur la proposition de la Commission de sûreté publique, Lardinois fut nommé commissaire d’arrondissement. C’était une satisfaction donnée au chef-lieu qui, jusqu’alors, avait vainement réclamé la résidence du commissaire d’arrondissement à Verviers.

Lors des élections pour le Congrès national, les regards des électeurs se portèrent sur Lardinois. Bercé dans les idées républicaines, entrevoyant la république, dégagée de ses excès, comme moyen de consacrer les libertés publiques et de les mettre au-dessus des atteintes du pouvoir, vaincu par les difficultés de trouver un homme qui, de l’aveu des puissances, consentît à se mettre à la tête de la nation, il vota pour la république, mais, minorité, il se rallia franchement et loyalement à l’opinion de la majorité.

Parmi les votes importants que Lardinois émit encore au sein du Congrès, nous remarquons les suivants : Pour le duc de Nemours, contre l’ordre du jour sur les pétitions ayant pour objet la réunion de la Belgique à la France, contre l’élection du prince Léopold, contre l’institution des deux chambres, contre l’adoption des 18 articles, pour l’exclusion des Nassau, contre la première et la deuxième loi électorale, pour la régence et pour M. de Surlet de Chokier.

Par arrêté du 2 avril 1835, Lardinois fut décoré de la Croix de Fer en récompense des services rendus avant et après la révolution. « Il a été, porte l’arrêté, l’un des rédacteurs du « Journal de Verviers » et il assisté au combat de Ste-Walburge avec un grand nombre de volontaires réunis par ses soins. Député au Congrès dès l’origine de cette assemblée, il contribua, par son patriotisme persévérant, à affranchir le peuple de la domination étrangère et à constituer l’indépendance nationale. »

Lardinois a fait partie de la Chambre des représentants du 29 août 1831 au 11 juin 1839. Pendant tout le temps qu’il a représenté Verviers à la Chambre, cet arrondissement a trouvé en lui un défenseur ardent et attentif à défendre ses intérêts matériels. Il était le représentant fidèle et dévoué de l’industrie drapière. Dans les questions de traités commerciaux et de douanes, il s’inspira des vœux et des besoins de l’industrie, et s’il n’a pas toujours obtenu ce qu’il demandait, on ne peut l’imputer qu’à l’insuffisance de ses efforts.

Nous ne rappellerons pas tout ce qu’il a fait pour l’arrondissement de Verviers. Disons toutefois que c’est sur sa proposition et avec l’appui de ses amis politiques qu’on a inséré dans la loi de 1834 que le chemin de fer, décrété par l’Etat, se dirigerait vers la frontière de Prusse par Verviers ; plus tard, lorsque le gouvernement, effrayé des dépenses à faire dans la vallée de la Vesdre, voulu revenir à ses anciens projets, ce fut encore par les nouveaux efforts de Lardinois que la Chambre ordonna l’exécution de la loi de 1834.

Les industriels de Verviers, avant et même après 1830, étaient exclus des fournitures de draps à l’armée. Lardinois se plaignit amèrement de cette exclusion critiqua les prix payés, indiqua ceux auxquels on pourrait obtenir les mêmes draps à Verviers et, au sortir de la séance, il fut mis en demeure, par le ministre, de fournir aux prix qu’il avait indiqués. Il ne craignit pas de prendre cet engagement et le résultat fut tel, qu’à partir de cette époque, le ministre de la guerre a mis au concours les fournitures de draps. Combien d’industriels n’ont pas eu à s’applaudir de cette mesure ?

Sur la proposition de M. Van de Weyer, alors ministre, son collège au Congrès, son frère d’armes dans les luttes avant 1830, Lardinois fut nommé, le 9 mars 1846, chevalier de l’Ordre de Léopold. Il disait à ses mais, en recevant cette distinction : « Ce qui en rehausse le prix, c’est la main du ministre libéral qui la donne. »

L’heure de la retraite des affaires publiques avait sonnée pour Lardinois. Le 3 septembre 1847, il fut remplacé comme commissaire d’arrondissement. A partir de ce moment, il rentra dans la vie privée. Frappé de cécité depuis 1853 et d’une infirmité qui le retenait dans son fauteuil, il a supporté cette infirmité avec une courageuse résignation.