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Kervyn de Volkaersbeke Philippe (1815-1881)

Portrait de Kervyn de Volkaersbeke Philippe

Kervyn de Volkaersbeke Philippe, Augustin catholique

né en 1815 à Saint-Nicolas décédé en 1881 à Nazareth

Représentant entre 1861 et 1878, élu par l'arrondissement de Gand

Biographie

(Extrait de l’Indépendance belge, du 18 juillet 1881)

NÉCROLOGIE.

M. de Volkaersbeke, ancien député clérical de Gand, ancien échevin de cette ville sous l'administration de M. Delehaye, vient de mourir. Il était encore bourgmestre de la commune de Nazareth.

Président d'honneur du Davidsfonds, M. de de Volskaersbeke était chevalier de l'ordre de Léopold et de la couronne de Chêne. Il a publié quelques documents historiques. Comme député, il n'a laissé que des souvenirs assez ternes.


(U. VERMEULEN, dans National Biografisch Woordenboek, Bruxelles, Palais des Académies, 1966, t. 2, pp.393 à 399 (traduction, texte original en néerlandais))

KERVYN DE VOLKAERSBEKE, baron Philippe Auguste, Chrétien, député, historien, archéologue.

Né à Saint-Nicolas le 19 avril 1815, décédé au château de Nazareth le 15 juillet 1881. Fils de Jean Charles (ancien officier d’ordonnance de Napoléon au sein du corps de la gendarmerie, qui quitta l’armée après Tilsit pour entrer dans l'administration des finances et devint membre de l’« Ordre équestre » de la province de Flandre-Orientale) et d’Angélique Léonie de Nève (fille de Philippe et de Marie Borluut). Marié à Gand le 25 mai 1843 avec Eugénie van Rockolhng de Nazareth (fille du bourgmestre de Nazareth). Propriétaire et rentier.

Après ses études humanistes à Bruxelles, Kervyn suivit des cours à l’université de Gand, sans toutefois obtenir de diplôme, ayant interrompu ses études prématurément. Kervyn a œuvré dans plusieurs domaines tels que l’historiographie, la recherche de sources, l’archéologie et la politique. Sa carrière politique, qui a duré plus de vingt ans, débuta en 1854 avec son élection en tant que conseiller municipal de Gand. Lorsque Delehaye accéda au poste de bourgmestre, Kervyn devint échevin des travaux publics, rôle dans lequel il contribua considérablement à l’amélioration et à l’extension des locaux de la bibliothèque municipale. Après les élections anticipées motivées par la loi sur les couvents, Kervyn présenta sa démission au roi le 28 octobre 1857. En 1861, il reprit sa carrière en succédant à son beau-père comme bourgmestre de Nazareth, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. La même année, il fut pour la première fois élu député catholique pour l’arrondissement de Gand. Aux élections de 1864, il ne fut pas réélu, mais le 14 juin 1870, il revint au Parlement avec une large majorité, représentant le même arrondissement jusqu’au 11 juin 1878. Bien qu’il ait dès 1876 exprimé à ses amis son désir de mettre un terme à sa carrière politique, il se représenta aux élections de 1878, mais ne fut pas réélu.

Au Parlement, il intervint fréquemment lors des discussions budgétaires sur les affaires intérieures et les travaux publics. Peu après son entrée à la Chambre, le 11 juin 1861, il prononça un discours remarqué dans lequel il s’opposa vigoureusement au libre-échange et au traité commercial que le gouvernement envisageait de signer avec l’Angleterre. Il plaida plus tard, en s’appuyant sur les pétitions des industriels de Bruxelles et de Gand, pour un report de l’application du traité, estimant qu’il serait désastreux pour l’industrie textile gantoise tant que celle-ci ne serait pas suffisamment préparée à la concurrence anglaise. Bien qu’il ait combattu vigoureusement ce traité avec l’Angleterre, cela ne l’empêcha pas de demander au gouvernement d’établir des relations avec le Zollverein allemand. Son attention se porta surtout sur l’amélioration et l’extension des moyens de communication dans son arrondissement, ainsi que sur l’état des institutions scientifiques et culturelles, notamment à Gand. Il s’intéressa aux agents des ponts et chaussées, à l’amélioration des routes et à l’extension des installations télégraphiques dans plusieurs communes de Flandre-Orientale. Il prit également la parole sur les études concernant le canal de Terneuzen. Cependant, il était particulièrement passionné lorsqu’il défendait les arts et les sciences. En 1863, il fit un discours remarqué à la Chambre, dans le cadre des discussions budgétaires pour les Beaux-Arts, sur les peintures murales, démontrant son expertise en matière artistique. Ce discours fut publié ultérieurement sous le titre « La peinture murale » (Gand, sans date).

Kervyn défendit sans relâche la construction de nouveaux bâtiments pour les Archives générales du Royaume à Bruxelles et les Archives de l'État à Gand, l'amélioration des salaires pour le personnel des bibliothèques et des archives, ainsi que l’augmentation de la subvention pour le conservatoire de musique de Gand. Il contribua grandement, aux côtés d’A. Van Lokeren, à l’acquisition par l'État du Geraard Duivelsteen à Gand pour l’affecter aux Archives de l'État. En 1873, il obtint un crédit exceptionnel de 25 000 francs pour acheter la bibliothèque de Snellaert. Il critiqua aussi le transfert de nombreuses œuvres d’art vers Bruxelles pour y être centralisées, et mit en garde à plusieurs reprises contre la perte des archives communales due à la négligence des autorités locales. Il proposa de nommer trois inspecteurs (un par ressort des trois cours d'appel) pour conseiller les communes dans la conservation et le classement de leurs archives. Lors de la séance parlementaire du 16 mai 1878, il plaida pour l’usage du néerlandais dans les affaires administratives communales. Peu après les élections de 1871, il refusa le poste de gouverneur de la province de Flandre-Orientale, craignant qu’une élection partielle ne favorise un adversaire politique. En 1871, le roi lui conféra le titre de baron.

En dehors du Parlement, Kervyn était un homme de culture qui joua un rôle important dans les cercles scientifiques de Gand, où il était membre de nombreuses sociétés savantes et artistiques. En 1847, il fut admis dans le cercle des « Bibliophiles gantois », devint membre honoraire de la chambre rhétorique de Gand et membre de la « Commission pour la conservation des monuments de la ville ». Les rapports qu’il rédigea dans ce cadre furent plus tard utilisés pour son ouvrage Les Églises de Gand (2 volumes, Gand, 1857-1858). L'année suivante, en 1848, il devint membre de la « Société royale des Beaux-Arts et de Littérature de Gand » et de l’« Académie d’archéologie », où il siégea longtemps au comité de direction. En 1852, il fut élu et en 1858 réélu président de la Société royale de chant « Les Mélomanes » et, de 1853 à 1858, il fut vice-président de la Société des Beaux-Arts, présidée alors par le baron Julius de Saint-Genois.

En 1863, il devint membre de la « Société pour la publication des mémoires relatifs à la Belgique » à Bruxelles, où il publia son Mémoires sur les troubles de Gand (1577-1579), par François de Halewyn, seigneur de Zwevegem (Bruxelles, 1865). En 1870, il fut nommé président de la commission des bourses d’études, et en 1876, il devint membre de l’« Association internationale pour réprimer la traite et ouvrir l'Afrique centrale » et cofondateur de la « Chambre syndicale provinciale des arts industriels », dont il fut vice-président. En 1878, le roi le désigna pour participer aux festivités du cinquantenaire de l’indépendance belge. Il était aussi président d'honneur du Davidsfonds.

En 1850, il devint l’un des directeurs du Messager des Sciences historiques, périodique publié à Gand depuis 1823, dans lequel il fit paraître de nombreux articles et biographies de 1847 jusqu'à sa mort [la liste des articles n’est pas reprise dans cette version numérisée]. Kervyn publia également deux dissertations dans les Annales de l'Académie d'Archéologie d'Anvers, tandis que la Biographie Nationale contient seize biographies rédigées par lui, dont dix consacrées à un membre de la famille Borluut.

En matière historique, son intérêt se portait principalement, comme cela transparaît déjà, sur l’histoire nationale du XVIe siècle, qu’il étudia et écrivit avec assiduité. Il se distingua tout particulièrement dans la publication de sources historiques [suit la liste de ses publications, non incluse dans cette version numérisée].

Amateur de livres et passionné d’histoire nationale, il constitua une magnifique bibliothèque et acquit de riches archives. Mais Kervyn ne fut pas seulement biographe, historien et éditeur de sources ; il s’essaya également à la littérature. En 1853, il publia à Gand une nouvelle fantastique intitulée Songe d'un antiquaire, qui inclut une longue dissertation sur la révolte des Gantois de 1539 et la position de Charles Quint dans cette affaire. D’autres œuvres littéraires de 1853 incluent Cantate patriotique et Hymne sacrée, deux poèmes également publiés à Gand. La majeure partie de ses écrits littéraires, ainsi que ses notes politiques et personnelles, sont restées inédites, y compris un journal familial qu’il nomma Livre de famille.

Ses souvenirs de voyage à Rome, où il rendit visite à son fils aîné, officier dans les zouaves pontificaux, rencontrant Louis Veuillot (le rédacteur en chef de l’ultramontain L’Univers à Paris) et étant reçu en audience par le pape, n’ont pas encore été publiés. Parmi ses manuscrits non publiés, on compte Le rêve ou les métamorphoses de Lao Tseu, Conseils à un ambitieux et Miroir prophétique de l’hymen, les deux derniers étant des poèmes. Ces récits inédits étaient lus au sein du petit cercle d’amis appelé le “Doublé Six” ou “Six-Six,” où Kervyn, en tant que trésorier, se joignait à une douzaine de membres pour des dîners hebdomadaires, des discussions et des lectures poétiques. Il rédigea un ouvrage sur ce cercle intime intitulé : Lao Tseu ou Histoire de l'Académie du Six-Six, par l'historiographe de la dite Compagnie. Pékin, chez Tchin Tchin, bibliographe, iconographe et paléographe du Céleste Empire, 4207 du déluge (Gand, sans date).