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Jouret Joseph (1805-1884)

Portrait de Jouret Joseph

Jouret Joseph, Victorien libéral

né en 1805 à Lessines décédé en 1884 à Lessines

Représentant entre 1857 et 1870, élu par l'arrondissement de Soignies

Biographie

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°62)

JOURET, Joseph-Victorin

Chevalier de l’Ordre Léopold (décoration militaire.)

Né à Lessines, le 29 juillet 1805,

Représentant, élu par l’arrondissement de Soignies

Le père de M. J. Jouret, avocat et notaire à Lessines, destina son fils à l'étude des lois.

Élève du collége d'Ath, puis de l'université de Louvain, où il passa ses examens summa cum laude, il prit la toge en 1828, et exerça les fonctions d'auditeur de la schutery à Lessines, depuis le 27 février 1829 jusqu'au 26 septembre 1830.

Juge de paix suppléant, le 11 janvier 1831, M. J. Jouret fut nommé, le 12 août de la même année, major commandant le bataillon du premier ban de Lessines, et mobilisé avec deux compagnies pendant les affaires de Louvain ; dirigé sur Mons, il revint dans ses foyers à la conclusion de l'armistice.

Un arrêté du Gouvernement provisoire, en date du 15 novembre, appela aux armes trente mille gardes civiques M. J. Jouret fut détaché comme capitaine avec sa première compagnie au troisième bataillon de la légion du Hainaut. Quatre jours après, la Légion tout entière, composée des gardes civiques de Mons, d'Ath, de Tournai et de Charleroi, était arrivée à Anvers et prenait le service actif en face de l'ennemi. Pendant deux ans, ces jeunes citoyens, oubliant les douceurs de la famille pour ne se souvenir que des dangers de la patrie, firent avec un noble dévoûment le service de campagne, tant dans les polders qu'à l'extrême frontière.

En 1833, le licenciement des gardes civiques mobilisées rendit le capitaine Jouret aux fonctions civiles ; un arrêté du 29 juin le nomma juge de paix des deux cantons d'Alost. Des dispositions naturelles à la bienveillance, un caractère intègre et conciliant, un patriotisme à toute épreuve, de solides études perfectionnées encore dans les rares loisirs des camps, et, pendant que la légion était à Anvers, dans les fonctions de membre du conseil de guerre de la 7ème division, voilà sous quels auspices le nouveau magistrat faisait son entrée au tribunal de paix d'Alost ; la confiance de tous les citoyens de sa juridiction l'accueillit comme un frère, comme un ami. M. J. Jouret répondit à cette confiance par le plus scrupuleux accomplissement de ses devoirs : travail opiniâtre, aménité parfaite, accès facile, admirable entente de tous les intérêts, haute impartialité pour le riche comme pour le pauvre.

Le 14 décembre 1840, M. J. Jouret est créé chevalier de l'Ordre Léopold ; il porte la décoration militaire en récompense de ses anciens services dans la légion du Hainaut. C'est une vieille dette d'Anvers acquittée à Alost, la croix du soldat patriote brille sur la toge du magistrat.

L'année suivante, un arrêté royal, du 14 mai, nomme M. J. Jouret, membre de la commission administrative de la maison de détention militaire d'Alost.

En 1847, l'honorable juge de paix est élu conseiller communal, et choisi par le gouvernement pour faire partie de la commission administrative de l'école primaire supérieure de l'État.

Tant de travaux assidus n'étaient pas au-dessus du courage du fonctionnaire dévoué, mais ils surpassaient ses forces physiques. Sa santé affaiblie réclama impérieusement des soins et du repos. Le 23 janvier 1854, M. J. Jouret admis à la retraite, après plus de vingt années de magistrature, se démet de ses diverses fonctions où il avait rendu de si honorables services, et rentre à Lessines pour réparer ses forces épuisées.

Il espérait y passer ses jours dans la retraite, mais le repos absolu est-il possible à l'homme que de longs travaux et quelques forces réparées dans l'intimité de la famille, désignent incessamment à l'attention publique ?

M. J. Jouret, goûtait, depuis deux ans à peine, un repos mérité, quand ses concitoyens le portèrent, malgré lui, aux élections de 1856, comme candidat à la représentation nationale. Cent voix seulement firent échouer au scrutin cette candidature improvisée.

La revanche ne se fit pas attendre. Le 27 octobre 1857, M. Jouret fut élu conseiller communal de Lessines; et aux élections générales, du 10 décembre 1857, M. J. Jouret sollicité par ses amis, ayant accepté franchement la candidature parlementaire, fut élu à une forte majorité, membre de la Chambre des représentants pour l'arrondissement de Soignies.

Libéral sincère, député consciencieux, l'honorable M. J. Jouret s'occupe à la Chambre, de tout ce qui concerne l'utilité publique. C'est surtout à ses persévérantes instances qu'on doit la promesse faite par le gouvernement de décréter la canalisation de la Dendre, par le moyen d'écluses à sasses, conformément au système de M. l'ingénieur en chef Wellens. La Dendre canalisée développera dans le canton de Lessines les éléments de prospérité commerciale et industrielle qu'il possède.

Le budget de la justice a fourni à l'honorable député l'occasion d'émettre de précieuses observations, et de signaler des réformes utiles relativement à la loi de 1839, pour ce qui concerne les justiciables en matière d'appel de simple police.

Un projet de loi dû à l'initiative de M. J. Jouret pour la réduction des péages sur le canal de Charleroi, a été présenté à la Chambre, fortement motivé par son auteur, et reconnu de toute justice par gouvernement lui-même. Ce projet aura l'avantage de satisfaire ce district industriel du Centre, et d'amener les houilles à bon marché vers Bruxelles et les Flandres. Bientôt la cause de M. Jouret, nommé membre de la commission des péages sera gagnée, parce qu'elle émane du droit, et d'une conviction basée sur la raison et la plus stricte équité.

Lors de la discussion sur la révision de l'article 295 du code pénal concernant les ministres des cultes, le discours de M. J. Jouret fut remarqué à plus d'un titre. Son appel chaleureux à ses collègues de la gauche lui valut les plus sincères éloges.

« Messieurs, s'écria l'honorable Représentant, est-il vrai que vous soyez des hommes irréligieux, est-il vrai que vous ayez apporté au sein du Parlement des instincts de désordre, des principes subversifs, le mépris pour le prêtre, la haine pour la religion ?

« N’est-il pas vrai, au contraire, que, comme des hommes indépendants et éclairés, vous portez à la religion un dévouement profond et sincère ?

« N’est-il pas vrai que si la religion, si les libertés religieuses inscrites dans notre pacte fondamental venaient à être menacées, vous vous lèveriez tous dans cette enceinte pour les défendre ? »

Nous sommes heureux de terminer par cette citation la notice biographique de l’honorable représentant de Lessines.


(Extrait de : J.L. DE PAEPE – Ch. RAINDORF-GERARD, Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, Commission de la biographie nationale, 1996, pp. 366-367)

Docteur en droit de l'université de l'Etat de Louvain (1827)

Avocat à Lessines (1827-1833), juge de paix suppléant à Lessines, puis juge de paix des cantons d'Alost '2833-1853)

Conseiller communal d'Alost (1843-1854) et de Lessines (1857-1858)