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Jamme Laurent (1779-1848)

Portrait de Jamme Laurent

Jamme Laurent, Jean, Louis indéterminée

né en 1779 à Liège décédé en 1848 à Liège

Représentant entre 1831 et 1832, élu par l'arrondissement de Liège

Biographie

(Extrait de : J.L. DE PAEPE – Ch. RAINDORF-GERARD, Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, Commission de la biographie nationale, 1996, p. 361)

Fabricant, filateur de coton (1835, 1838) ; propriétaire d’une fabrique de tabacs.

Bourgmestre de Liège (1830-1838)

Extrait de : E. DUCHESNE, dans Biographie nationale de Belgique, t. X, 1888-1889, col. 92-95)

JAMME (Lambert-Jean-Louis), bourgmestre de Liège de 1830 à 1838, né dans cette ville, le 15 octobre 1779, y mourut le 12 février 1848. Jusqu'en 1830, rien de plus paisible et de plus étranger à la politique que sa vie. Absorbé par des occupations industrielles, il consacrait à la peinture, pour laquelle il ressentait une véritable vocation intime et qu'il avait apprise sans maître, les rares loisirs que lui laissaient ses affaires. La révolution le trouva le pinceau à la main. Il ne fut pas l'un des auteurs du mouvement, ni dans la presse ni dans la rue ; patriote sincère, mais homme d'ordre avant tout, il ne se mêla à l'agitation populaire que pour la régulariser en quelque sorte, et garantir, au milieu de la tourmente révolutionnaire, le respect des personnes et de la propriété. Dès lors, il se dévoua corps et âme à cette œuvre de civisme, de salut national même, et, du jour au lendemain, il fut l’homme de la situation. Les journaux du temps contiennent de nombreux appels au peuple liégeois contresignés par Jamme, Rogier et plusieurs autres, le suppliant de rester dans la légalité et de se garder de tout acte de violence. Le 27 août 1830, Louis Jamme prit le commandement d’une compagnie de la garde bourgeoise, instituée par la commission de sûreté publique. Pendant toute la durée de la crise, il vécut pour ainsi dire sur les places de Liège. Partout où il y avait des excès à prévenir, on pouvait être sûr de le rencontrer. Le 2 septembre, quand le peuple, qui voulait s’armer, pilla les magasins des armuriers et bivouaqua au théâtre, Jamme s’employa avec Rogier à contenir la multitude composée d’éléments divers, présidant à la distribution des fusils, utilisant la nuit à des mesures d’organisation et de discipline. La nouvelle troupe se donna le nom de « garde bourgeoise auxiliaire », et reconnut pour chef les deux citoyens qui l’avaient formée ; dès le lendemain, le conseil de régence ratifia cette élection. Homme d’action et révolutionnaire ardent, Rogier partit aussitôt pour Bruxelles. Jamme, patriote tout aussi convaincu, travailla au triomphe de la cause nationale par une vois différente et non moins louable. Il songea à tirer parti de l’immense popularité qu’il avait si soudainement acquise, pour assurer le maintien du bon ordre, et si notre révolution fut une des moins troublées dont l’histoire fasse mention, c’est en partie à des citoyens du caractère de Louis Jamme qu’on le doit. Le 15 septembre, il fut nommé chef de la légion de l’Ouest de la garde urbaine, qui remplaça la garde bourgeoise. La garnison hollandaise s’était retirée dans les forts ; ce fut à la garde urbaine à veiller à la sécurité publique et, plus d’une fois encore, le dévouement de Jamme, l’autorité et l’ascendant de sa personne préservèrent la ville de scènes de violence. Des canons avaient été remisés dans la cour du palais ; le peuple voulut s’en saisir. Mais le commandant hollandais avait menacé de bombarder la ville, si l’on touchait à ces pièces. Jamme, au péril de sa vie, sut résister aux exigences aveugles d’une foule ameutée, faire taire les impatiences des plus exaltés, les siennes peut-être, et sauver Liége d’un épouvantable désastre. Le surlendemain, les canons furent enlevés la nuit et sans bruit.

Aussi, ce fut aux acclamations de la ville entière que, le 2 novembre, il fut élu bourgmestre. Dans la rue, il avait discipliné l’ardeur populaire, à l’hôtel de ville, la période de réorganisation venue, il fut à la hauteur de son nouveau rôle, et l’exercice du pouvoir, qui est le dissolvant des popularités trop soudaines, ne fit qu’affermir la sienne.

Il avait refusé l’honneur de faire partie du Congrès national ; mais il siégea l’année suivante à la première chambre des représentants. Il y pris une place active aux discussions budgétaires et, à une époque vouée au protectionnisme, il soutint la théorie de la liberté du commerce ; il combattit encore le projet de réduction des crédits accordés aux universités de l’Etat.

En juin 1832, il déclina la continuation de son mandat, résolu à, se donner entièrement à l'exercice de ses fonctions municipales. Sous son impulsion, Liège vit créer ou développer la plupart de ses institutions libérales. L’instruction publique, l'enseignement populaire surtout, lui durent une nouvelle organisation et de précieux encouragements. Comme curateur et comme bourgmestre, il prit en mains à diverses reprises la cause de l'université. Les arts, qu'il cultivait lui-même avec amour, restèrent toujours l'objet de sa plus vive sollicitude, et l'académie de dessin le compta parmi ses plus zélés protecteurs. Aussi, une médaille d'or lui fut-elle offerte le 25 août 1834, par un. grand nombre d'amis de l'instruction publique, comme expression de leur gratitude. Sur un autre terrain, il se montra le défenseur énergique des prérogatives communales vis-à-vis même du gouvernement, lors d'une affaire qui eut un certain retentissement et qu’avait provoquée la majorité du conseil de Liège en votant la publicité de ses séances.

A une austère probité, la moindre vertu du magistrat, Louis Jamme joignait le mérité d’un désintéressement qui était poussé chez lui jusqu’à l’oubli de ses affaires personnels et jusqu’au sacrifice de ses préoccupations de chef de famille. Résultat de son dévouement exclusif à la chose publique, des revers de fortune le frappèrent en même temps que se déclarait un, commencement de paralysie ; il lui fallut se résoudre à résigner son mandat et quitter l'administration communale le 19 juin 1838.

Les dix dernières années de sa vie se passèrent dans une retraite respectée. Il n'en sortait que pour soutenir de son vote, dans les luttes politiques, le parti libéral qu'il avait si souvent lui-même conduit à la victoire. Sa ville natale lui avait voté une pension civile ; elle lui fit ériger, au lendemain de ses funérailles, un monument de reconnaissance dans le cimetière de Robermont. La Société d'Emulation mit son éloge au concours ,sous le patronage de l'administration communale, et sa mémoire est restée chère aux Liégeois comme la personnification du. type le plus pur et le plus sympathique du bourgmestre.

Ses tableaux : des paysages et des fleurs, sont disséminés dans sa famille. Sa femme, qui cultivait les lettres, comme lui s'était adonné à la peinture, a laissé trois ouvrages : Le Christianisme réformateur du monde, suivi de pensées religieuses et morales, Liège, Desoer, 1849 ; De la nécessité du culte religieux, suivi de fragments sur l’éducation, idem., 1851 ; Abrégé de l’histoire sainte, idem, 1854.