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Hallet Pierre (1810-1888)

Hallet Pierre, Henri, Adrien libéral

né en 1810 à Lens-Saint-Remy, décédé en 1888 à Lens-Saint-Remy,

Représentant entre 1880 et 1886, élu par l'arrondissement de Waremme

Biographie

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(Extrait de La Meuse, du 5 juillet 1888)

D'honorables familles de la Hesbaye viennent d'être douloureusement éprouvées par la mort de M. Pierre-Henri-Adrien Hallet, ancien bourgmestre de la commune de Hannut, ancien conseiller provincial, ancien commissaire d'arrondissement, ancien membre de la Chambre des représentants, officier de l'Ordre de Léopold, né ) Lens Saint Remy le 28 juin 1810 et y décédé inopiné le 4 juillet 1888.

M. Adrien Hallet était un des citoyens leg plus estimés et les plus aimés de la Hesbaye, c'était un homme de cœur, franc, loyal , d'un libéralisme éprouvé. Dans toutes les hautes positions qu'il a occupées, il avait rendu d'éminents services à la chose publique et à l'opinion qu'il représentait.

(Extrait de La Meuse, du 9 juillet 1888)

Funérailles de M. Haller, ancien représentant

Les funérailles civiles de M. Hallet, ancien représentant, officier de l’Ordre de Léopold, ont eu lieu samedi après-midi, à Lens Sant-Remy, au milieu d'un immense concours de monde. Toute la Hesbaye y était représentée par ses principales notabilités. Un grand nombre d'hommes politiques de la province s’y étaient également rendus pour donner un dernier témoignage d'estime et de regrets à la mémoire de cet ancien député, si dévoué aux intérêts de l'opinion libérale et de l'arrondissement de Waremme. Parmi les notabilités présentes, citons : MM. le baron de Sélys-Longchamps, le comte de Looz et de Lhonneux, sénateurs ; Joseph Warnant, représentant ;- Jules Lejeune. bourgmestre de Waremme et ancien député ; Massart et Ch. de Macar, membres de la Députation permanente ; J. B. De Diest, ancien conseiller provincial ; Farcy, Hallet, Heptia, Naveau et Ghion, conseillers provinciaux ; F. Grégoire, procureur du Roi à Huy ; Boux et Docheur, juges de paix ; Rayemackers, ancien jug ; la plupart des bourgmestres des communes voisines ; MM. le baron de Hensch, A. Naveau, Ach, Ghilain, industriels, etc., etc.

Le cercueil du regretté défunt, recouvert de nombreuses couronnes de deuil, était déposé dans l’un des salons de la maison mortuaire, tendu de noir et transformés en chapelle ardente.

C’est là qu’un premier discours a été prononcé par M. le baron de Sélys-Longchamps, sénateur et professeur de la Société libérale de l’arrondissement de Waremme.

* * *

Discours de M. le baron de Sélys-Longchamps

« Messieurs, un triste événement malheureusement prévu depuis quelque temps, nous rassemble aujourd’hui autour du cercueil d’un homme justement populaire qui, pendant plus d'en demi-siècle, mit son dévouement et son intelligence au service de ses concitoyens.

« Pierre-Henri-Adrien Hallet est né à Lens Saint-Remy le 28 juin 1810.

« En 1835 (Il n'avait alors que 25 ans), la ville de Hannut le choisissait pour son bourgmestre. Le Roi le confirma plus tard dans ces honorables fonctions, qu'il continua à exercer, à la satisfaction générale des habitants, jusqu'au moment (3 février 1848) oµ, sous le ministère grand patriote Charles Rogier, il fut nommé commissaire de l'arrondissement de Waremme.

« Auparavant les habitants du canton d’Avennes lui avaient donné une marque de la confiance qu'ils plaçaient en lui en l’élisant au conseil provincial le 27 mai 1844.

« Il fut en 1846 l’un des délégués de l’arrondissement de Waremme au Congrès libéral de Bruxelles, dont le résultat fut l’adoption du programme élaboré le 14 juin, autour duquel se groupèrent tous les libéraux du pays.

« Au retour du Congrès, MM. Hallet, Degeneffe, Damien Massart et de Sélys-Longchamps, conseillers provinciaux, soumirent à l’adhésion des autres délégués et aux notables du parti un projet établissant la Société libérale de l’arrondissement de Waremme, ayant pour objet principal les élections aux Chambres et au Conseil provincial. Association qui se constitua définitivement le 7 novembre 1846.

« Le 8 juin suivant, jour mémorable par le triomphe de l’opinion libérale dans la majorité des autres arrondissements, la Société, à peine organisée, déploya son drapeau en portant M. Hallet comme candidat à la Chambre des représentants, et il s’en fallut de peu que le succès ne fût obtenu, car un déplacement de 14 voix et notre candidat eût été élu.

« L'administration du commissaire Halley fut équitable, tolérante et toujours bien intentionnée, de sorte que la Société, en le reconnaissant plus tard aux électeurs, disait de lui après 32 ans de commissariat : « Il a administré d’une façon intelligente et avec un esprit modéré et conciliant ; aussi peut-on dire que la paix et la tranquillité morale qui règnent généralement dans nos communes sont en grande partie le résultat de sa bonne et paternelle administration. »

« A ce moment (mars 1880), nous venions de perdre l’honorable M. Emile de Lexhy, qui, depuis 25 années, représentait fidèlement l’arrondissement de Waremme.

« M. Hallet, mettant de côté ses convenances personnelles, consentit, malgré son âge et sa santé déjà altérée, à accepter la candidature que nous lui offrions. Il fut élu membre de la Chambra le 28 mars 1880, et réélu, lors du renouvellement suivant, le 13 juin 1882.

« Soumis de nouveau à réélection en 1886, il écrivait une lettre de remerciements et d’adieu aux électeurs, disant : « Ma santé, surtout dans ces dernières années, ne m’a pas permis de prendre aux travaux législatifs une part aussi active que j’en avais le désir et l’espoir. Ne me sentant plus la force nécessaire pour remplir convenablement un nouveau mandat, j’ai dû renoncer bien à regret, à une nouvelle candidature. »

« L’état de la santé de M. Hallet s’aggravait en effet, étant plus fréquemment affecté de la douloureuse maladie qui l’a finalement abattu.

« Le Roi Léopold Ier avait récompensé le dévouement du commissaire Hallet en le nommant chevalier de Son Ordre en 1862. Vingt ans après, en 1882, Léopold II témoignait son estime au représentant en lui décernant le grade d’officier du même Ordre.

« En 1846 et 1847, j’ai eu l’honneur d’être le collègue de M. Hallet au Conseil provincial et de siéger sur le même banc. Il avait une grande prédilection pour les intérêts de l’agriculture.

« Versé également dans l’étude de l’économie politique, il était porté pour le libre échange ; cependant, écrivait-il, « comme toutes les industries ont des intérêts communs, et que l’une ne saurait prospérer ou décliner sans affecter les autres d’une manière favorable ou défavorable, je suis disposé à marcher à pas mesurés vers la liberté des échanges ; mais je n’abandonnerai le principe de la protection en faveur de l’agriculture que pour autant que les autres industries se soumettent aussi à la libre concurrence. »

« C’était, on le voit, le libre échange avec une réciprocité que l’on peut d’ailleurs soutenir également au point de vue des relations internationales.

« Les questions religieuses, dans leur rapport avec l’autorité civile, préoccupèrent beaucoup M. Hallet, après les décisions du Concile du Vatican et la publication du Syllabus, condamnant les principes et les lois de la société moderne.

« Mais il était loin d’être hostile au sentiment religieux, auquel il rendait, au contraire, hommage, et qu’il considérait comme le précieux apanage de l’humanité.

« Dans un pays comme le nôtre, où, de par la Constitution, la liberté des opinions est de droit commun pour tous, nous ne pouvons que respecter les convictions sincères que d’autres se forment sur des questions qui, du reste, ne relèvent que du for intérieur et de la conscience.

« M. Hallet épousa en 1834 Mlle Euphrasie Degeneffe, appartenant à l’une des familles les plus considérées de Hannut. Ce fut un ménage modèle, où le dévouement réciproque et l’affection qui existaient entre les parents et les enfants étaient aussi grands d’un côté que de l’autre.

« Le chef de famille dont le départ est pleuré était bon époux, bon père, ami sûr, excellent citoyen.

« Au nom des habitants de la Hesbaye, au nom de la Société libérale de l’arrondissement, je viens te dire un suprême adieu !

« Adieu ! Hallet, repose en paix ! »

* * *

Après ce discours, écouté avec émotion par la foule qui se pressait autour du cercueil, un long cortège a suivi le corps jusqu’au cimetière de la commune. Les coins du poële étaient tenus par MM. de Sélys-Longchamps, J.-B. De Diest, Hallet, bourgmestre de Hannut, et Lejeune, notaire.

Le deuil était conduit par MM. Emile Hallet, commissaire d’arrondissement ; Léon Hallet, juge à Bruxelles, et les autres fils du défunt.

[Le journal La Meuse du 9 juillet 1888 contient encore deux discours prononcés, l’un par le bourgmestre de Hannut, l’autre par l’instituteur en chef de Hannut. Ces discours, disponibles sur le site de la Bibliothèque royale Albert I (Belgicapress), ne sont pas repris ici.]