Fleussu Joseph, Stanislas, François libéral
né en 1803 à Waremme décédé en 1858 à Liège
Représentant entre 1831 et 1847, élu par les arrondissements de Waremme et Liège Congressiste élu par l'arrondissement de Waremme(Extrait de : Ulysse CAPITAINE, Nécrologe liégeois pour l’année 1858, Liége, F. Renard, 1861, pp. 38-43)
Fleussu (Jean-François-Stanislas), officier de l’Ordre de Léopold (1849), décoré de la Croix de Fer, conseiller à la Cour d’appel de Liége, ancien membre du Congrès national, de la Chambre des représentants et du Conseil communal de Liége, membre de la Commission administrative de l’Athénée royal de Liége depuis 1837, ancien président du jury chargé de conférer le grade d’élève universitaire, ancien membre de la Commission directrice du Mont-de-Piété (1850) et du Comité de surveillance de l’Ecole primaire de Liége (1837), né à Waremme le 10 janvier 1798, est décédé à Liége le 2 juin.
Il termina avec distinction ses études à l’Université de Liége, obtint en 1819 le titre de docteur en droit, et prêta bientôt peu après serment devant la Cour d’appel. Bientôt il occupa une place distinguée au barreau.
Membre actif de l’Union, Fleussu contribua de tout son pouvoir à la régénération de la Belgique ; aussi, lors de la formation du Congrès, les électeurs du district de Waremme reconnurent les services qu’il avait rendus à la cause nationale, en l’appelant à défendre leurs intérêts au sein de cette assemblée.
Les connaissances profondes du jeune député, son caractère bienveillant, sa grande loyauté, ne tardèrent pas à lui donner une prépondérance marquée. En sa qualité de membre de la section centrale, il prit part à la discussion de la Constitution et de la Loi électorale. On lui doit d’excellents rapports sur le titre V, traitant de la force publique et sur les articles 13 et 14 du titre II relatifs à l’abolition de la mort civile et aux poursuites contre les fonctionnaires publics.
Dans sa séance du 25 novembre 1830, il avait déjà présente, avec ses collègues MM. Barbanson, Forgeur et Liedts, un projet de Constitution qui fut renvoyé à l’examen des sections. Ce projet différait beaucoup, dans plusieurs points essentiels, du travail proposé par le Comité de Constitution. Plus novateur, ces quatre députés voulaient bien accorder l’hérédité au chef de l’Etat, mais ils demandaient que la Nation fut représentée par une assemblée unique, sous le nom de Congrès national, élu directement par les citoyens. Ils excluaient de cette assemblée tous les fonctionnaires à la nomination du Roi et révocables par lui ; ils ne lui accordaient enfin qu’un acte suspensif, lequel devait cessé si la même loi était reproduite et adoptée à la législature subséquente par la majorité des trois quarts.
Fleussu prit part à la discussion de quelques-unes des plus importantes et les plus délicates qui furent soumises à la délibération du Congrès. Nous mentionnerons surtout le discours pour combattre l’institution du Sénat et pour démontrer qu’une chambre unique peut très bien se concilier avec la forme monarchique. Le 25 janvier 1831, il prit aussi avec chaleur la défense de la candidature du duc de Nemours contre celle du duc de Leutchtenberg qu’appuyait surtout monsieur Lebeau. Le débat fut très orageux et on sait que l’opinion défendue par le député de Waremme fut partagée par l’assemblée.
Parmi les votes de Fleussu émis au sein du Congrès on remarqua les suivants : pour l’exclusion des Nassau, pour l’indépendance du peuple belge, sauf les relations du Luxembourg avec la Confédération germanique ; pour l’abolition de toute distinction d’ordres ; pour la question de surveillance dans l’enseignement ; contre l’institution des deux chambres ; pour la nomination du sénat par le Roi ; contre la nomination du sénat par les électeurs de la Chambre des représentants ; contre l’inamovibilité des officiers du ministère public près des cours et tribunaux ; contre l’abaissement du cens électoral pour les campagnes ; pour la première loi électorale ; pour la deuxième loi électorale ; contre l’élection du chef de l’Etat préalable aux négociations ; pour le baron Surlet de Chokier en qualité de régent ; pour le duc de Nemours ; contre les décrets qui allouent une indemnité aux membres du Gouvernement provisoire ; contre le projet de décret relatif à l’admission au service belge d’officiers supérieurs étrangers ; contre l’adoption des 18 articles.
Lors de l’élection du prince Léopold, Fleussu motiva en ses termes son abstention : « Convaincu que S M.R., le prince de Saxe-Cobourg ne pourra pas se rendre aux vœux des Belges, puisse qu’il a subordonné son acceptation à la condition que toutes les difficultés territoriales seraient préalablement aplanies, je crois inutile de donner mon suffrage. »
Dès que le Congrès eut voté les 18 articles, les membres de cette assemblée, à la veille de se séparer, voulurent donner à notre concitoyen un témoignage de haute estime. Ils l’appelèrent à faire partie de la députation chargée de se rendre à Londres pour annoncer au prince Léopold l’adhésion de la Belgique aux préliminaires de paix d’où dépendait son acceptation à la couronne.
Les électeurs du district de Waremme choisirent de nouveau Fleussu pour les représenter lors de la première formation de la Chambre ; mais, par un de ces revirements d’opinion si fréquents à cette époque, il ne put se faire réélire en mai 1833 et se vit remplacer par M. Eloy de Burdinne dont les convictions étaient acquises au parti catholique.
Le corps électoral de Liége devait se réunir quelques jours après pour le choix de ses mandataires. L’Union acclama le nom de Fleussu. Des cinq candidats représentés, il obtint le plus grand nombre de suffrages, et fut désigné pour occuper le siège que la loi accordait alors à l’arrondissement de Liége, alternativement avec Huy. Son mandat cessa ainsi forcément en mai 1835. (Note de bas de page : Le 14 juillet 1836, Fleussu fut élu par Liége membre du Conseil de régence ; il conserva ce mandat pendant trois ans et prit une part active aux travaux de cette assemblée. On lui doit notamment la pétition que la ville de Liége adressa aux chambres législatives en faveur de la réforme de la loi électorale.)
Le 11 juin 1839, il fut pour la seconde fois porté à la Chambre des représentants par l’Union, que défendaient alors le Politique et le Courrier de la Meuse. Arrivé à la législature en même temps de MM. David, de Behr, Max. Lesoinne et Raikem. Il ne tarda pas à se séparer des unionistes pour se ranger parmi les membres les plus dévoués de l’opinion libérale constitutionnelle, à laquelle il avait rendu d’éminents services.
Fleussu siégea à la Chambre jusqu’au mois de mai 1847, époque où des devoirs de famille le forcèrent à renoncer à son mandat. Le gouvernement, appréciant les longs et importants services que cet honorable député avait rendu au pays depuis 1830, lui offrirent différentes positions élevées, notamment celle de gouverneur de la province de Namur. Mais Fleussu refusa, ne voulant plus s’éloigner de Liége.
A la Chambre comme au Congrès, Fleussu résista aux prétentions exagérées, de quelque côté qu’elles vinssent, et sut se concilier les sympathies de ceux même dont il combattait énergiquement les opinions. Il possédait, ainsi qu’on l’a bien dit, un esprit lucide et pénétrant, un cœur droit et ferme ; il joignait à une grande franchise de caractère la plus affectueuse affabilité.
Conseiller à la Cour de Liége depuis le 4 octobre 1832, date de l’organisation de ce corps, Fleussu est à juste titre considéré comme l’un des membres les plus éminents de la magistrature belge.
Malgré le temps que réclamaient ces différentes fonctions, il trouva des loisirs à consacrer à l’instruction publique. Aimant les lettres et les cultivant même avec succès, il devint en 1837 membre de la Commission de surveillance de l’école primaire et de la Commission administrative du Collège royal. Lors de la réorganisation des Athénées, le gouvernement le désigna pour faire partie de la Commission chargée de la visite des établissements d’instruction moyenne ; plus tard, il fut encore nommé président du jury chargé de conférer le grade d’élève universitaire dans le ressort de la Cour d’appel de Liége.