Eloy de Burdinne Pierre, Lambert catholique
né en 1776 à Namur décédé en 1855 à Burdinne
Représentant entre 1833 et 1848, élu par l'arrondissement de Waremme(Extrait de : Le Parchemin, n°192, novembre-décembre 1977, pp. 352-356)
Pierre-Lambert ELOY de BURDINNE, fils de Pierre-Lambert Eloy, docteur en médecine à Futvoie, Yvoir, et de Marie-Barbe-Malaquin. Membre des Etats provinciaux de Liège, membre de la Chambre des représentants pour Waremme, sénateur, membre de la commission d'agriculture, bourgmestre et châtelain de Burdinne, chevalier de l'Ordre de Léopold. Né à Namur le 7 octobre 1776 et décédé à Burdinne le 15 janvier 1855.
Pierre Eloy de Burdinne se montra ardent promoteur de la culture de la betterave sucrière en Belgique et particulièrement en Hesbaye.
Ceci lui vaudra une caricature dans le journal d'agriculture des Pays-Bas, qui le représente avec des betteraves dans les bras et sortant des poches. S'il se montre progressiste en agriculture, par contre, lorsque le sénat discute la construction des premiers chemins de fer, il se range d'emblée dans l'opposition.
Vers 1820, une enquête hollandaise, visant à connaître les sentiments politiques des notables du pays, dépeint Eloy de Burdinne sous un jour favorable : « maire, ancien seigneur de Burdinne », au revenu de 12.000 F par an, « bons principes politiques, instruit, très considéré ». Grand propriétaire terrien (On dénombre ses terres principalement à Burdinne (167 hectares), Lamontzée (65ha), Hannêche (3 ha), Héron, Ciplet, Ville-en-Hesbaye, etc.), s'il n'est plus seigneur du lieu (jure uxoris), il n'en est pas moins élu bourgmestre de son apanage, continuant ainsi en quelque sorte sa seigneurie. Le fonds Douxchamps conserve sur lui une foule d'archives, correspondance, registres d'administration de biens, etc.
(…) La notice élogieuse que les journaux namurois lui consacrent à sa mort (L'Ami de l'Ordre, 17 janv. 1855) parle de son dévouement à sa commune et au pays. Défenseur compétent de l'agriculture, qu'il a considérée comme la plus grande richesse de la Belgique, il a apporté de nombreux bienfaits à Burdinne, améliorant notamment la voirie communale. Les cultivateurs ont trouvé en lui des conseils sages et bienveillants. Avec son épouse, il fait au bureau de bienfaisance de Burdinne une donation de 7 hectares de terres, dont les revenus seront distribués aux pauvres. En politique, il s'est montré d'une grande indépendance de caractère. Sur le plan familial, on le voit inviter fréquemment au château de Burdinne ses neveux Douxchamps, tout particulièrement Ignace qui bénéficiera de ses appuis lorsqu'il postulera des fonctions dans l'administration des hospices civils de Namur.
Dans une chapelle funéraire à Burdinne, aujourd'hui détruite, on pouvait voir, gravée sur de hautes dalles armoriées, les noms et titres, grades et fonctions de Pierre Eloy de Burdinne et de sa seconde épouse Charlotte de Stassart, ainsi que de leur neveu Ignace Douxchamps et son épouse Louise Zoude. Voici le début de son épitaphe : ICI REPOSE MONSIEUR P. L. ELOY de BURDINNE DE LEOPOLD, SENATEUR, EX REPRESENTANT etc, etc, ect, DECEDE PIEUSEMENT A BURDINNE, LE 15 JANVIER 1855 A L'AGE DE 81 ANS R. I. P. Un appel lancé dans la famille Douxchamps a permis de réunir les fonds nécessaires au sauvetage des quatre dalles armoriées Eloy, Stassart, Douxchamps et Zoude. Grâce à la bienveillante collaboration du curé, des édiles, de la fabrique d'église de Burdinne et d'environ vingt-cinq descendants des époux Douxchamps-Zoude, ces intéressants témoins épigraphiques et héraldiques se trouvent encastrés depuis 1973 dans le fond du chœur de l'église et sauvés d'une destruction certaine.
(Commentaires propres à ce site)
Le souci d’Eloy de Burdinne de préserver les intérêts de l’agriculture est à l’origine de ses critiques nombreuses (et stéréotypées…) sur le niveau trop élevé de l’impôt foncier et des dépenses de l’Etat (notamment celles du chemin de fer). On ne peut à cet égard que citer l’intervention d’un autre député (Delfosse) qui, en séance plénière du 3 décembre 1842 s’irritait de ce que : « M. Eloy de Burdinne vient de reprocher à l’opposition de faire perdre du temps à la chambre par des discussions inutiles ; ma réponse à l’honorable membre sera brève ; si quelqu’un fait perdre du temps à la chambre, ce n’est certes pas moi, qui parle rarement, mais c’est l’honorable M. Eloy de Burdinne, dont les discours sont dix fois plus nombreux que les miens ; si quelqu’un fait perdre du temps à la chambre, ce n’est pas moi, qui ne parle guère plus d’un quart d’heure à la fois, mais c’est l’honorable M. Eloy de Burdinne qui parle jusqu’à trois jours de suite sur une seule question. »
(Eloy de Burdinne détient le record du plus long discours de l’histoire parlementaire de 1830 à 1863 (et probablement d’ailleurs de toute l’histoire parlementaire belge). En effet, Eloy de Burdinne, sous les sarcasmes et malgré les plaintes de ses collègues, va conserver la parole pendant 3 jours (le 8, le 9 et le 10 décembre 1835) pour s’opposer à la mise en œuvre de la péréquation cadastrale, dans un discours qui ne brilla pas ni par l’éloquence de son auteur, ni par la hauteur de vue, et qui affiche surtout le souci de maintenir un avantage fiscal injustifié.
Ses collègues furent probablement vengés par la réaction (pour le moins cocasse, il faut le reconnaître), des rédacteurs du Moniteur, lesquels satisfirent pleinement la demande pressante d’Eloy de Burdinne (séance du 14 décembre 1835) de reproduire intégralement et sans aucun changement le texte manuscrit de ce long discours. On renvoie pour ce trait d’ironie à la séance plénière du 19 décembre 1835.
Enfin, grand partisan des droits protectionnistes, Eloy de Burdinne proposa (et obtint) en 1834 le relèvement des droits de douanes (à l’entrée et à la sortie) sur les céréales et, en 1845, avec 20 autres députés, une nouvelle augmentation considérable des tarifs douaniers sur les céréales, laquelle provoqua une forte émotion dans l’opinion publique : cette proposition fut en effet rapidement qualifiée de « loi de famine » et le parlement reçut de très nombreuses pétitions rejetant ou soutenant cette proposition. La crise alimentaire de l’année 1845 empêcha finalement l’entrée en vigueur de cette loi protectionniste. On renvoie à cet égard au dernier chapitre du livre de J. OFFELEN : La lutte d’Anvers…)