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Desmet Eugène (1787-1872)

Biographie

(Extrait de : P. BERGMANS, dans Biographie nationale de Belgique))

SMET (Eugène DE), homme politique, né à Alost, le 31 mai 1787, mort à Gavre, le 18 janvier 1872. Fils de Jacques de Smet, grand-bailli du pays d'Alost, il devint, à la chute du régime français, en 1814, bourgmestre de la commune de Dickelvenne où il habitait l'été le château de Bouchaute. Il manifesta ses opinions nettement réactionnaires en refusant, au début de son administration, d'inscrire les naissances, mariages et décès dans les registres de l'état civil, prétextant que la tenue de ces registres serait bientôt rendue au clergé. Lui-même s'était marié devant l’église seulement et ne régularisa que plus tard son union, afin de légitimer ses enfants. Il occupa ses fonctions de bourgmestre jusqu'en 1825, puis devint juge de paix à Alost. En 1830, le Gouvernement provisoire le nomma commisaire du district d'Alost. Ses concitoyens l'envoyèrent au Congrès national, où siégeaient également ses parents l'historien Joseph-Jean de Smet et Camille de Smet, commissaire d'arrondissement d’Audenarde. Adversaire résolu de la Hollande ; il vota l'exclusion des Nassau et dénonça même au Congrès des fonctionnaires orangistes, notamment dans l'administration des finances. Ses profondes convictions catholiques lui firent préférer la candidature du duc de Leuchtenberg à celle du duc de Nemours et le déterminèrent, pour la Régence, à accorder son vote au comte Félix de Mérode, puis, pour le choix du chef de l'Etat, à signer la proposition de donner à la Belgique un chef indigène, enfin à voter de la manière suivante : « Je nomme M. Surlet de Chokier roi des Belges et je vote contre le prince de Saxe-Cobourg ». Il s’était abstenu au sujet de l'article de la Constitution abolissant toute distinction d'ordres et vota contre les dix-huit articles.

En 1831, les électeurs alostois envoyèrent de Smet à la Chambre des représentants, où il siégea sans interruption jusqu'en 1847, année de l'arrivée au pouvoir du parti libéral. Quoique peu éloquent, et desservi par un accent de terroir caractérisé, il prit une part assez active aux travaux parlementaires pour la défense de ses principes, supportant les lazzi de la minorité, qui le traitait de « fanatique bredouilleur » ; il servait notamment de tête de turc à d'Elhougne et provoqua un jour cette boutade d'Adelson Castiau : « Qu'a donc M. de Smet, que je ne saisisse rien ? » demande le jeune député à un collègue. « C'est qu'il mange ses mots. - Ah ! il faut avouer qu'il n'est pas friand. » Dans l'intérêt des cotonniers gantois, il professa un protectionnisme absolu ; il se constitua aussi le défenseur de l'ancienne industrie linière à la main et des distilleries agricoles de grains. Il fit partie de la commission officielle d'enquête sur la situation de l'industrie linière en Angleterre, en France, en Allemagne et en Belgique, fut chargé d'une enquête sur l'écoulement des eaux en Flandre et de la surveillance d'une partie du Haut Escaut ; il fut aussi appelé aux fonctions lucratives de commissaire du gouvernement près la Banque nationale.

En 1856 il rentra, à la Chambre envoyé par les électeurs de l'arrondissement de Gand. Il représentait sur la liste catholique les intérêts ruraux ; il était, en effet, venu se fixer à Gavre à la mort de son beau-père le bourgmestre Van Dooreseele, afin de s'occuper de la vaste exploitation agricole délaissée par ce dernier. On sait que le parti catholique ne put se maintenir au pouvoir ; la dissolution prononcée par le Roi le 10 novembre 1857 rendit définitivement Eugène de Smet à la vie privée et aux œuvres pieuses.

Il était décoré de la croix de fer et chevalier de l'ordre de Léopold (13 mai 1843).