Delehaye Josse, Joseph libéral
né en 1800 à Gand décédé en 1888 à Outrijve
Représentant entre 1831 et 1878, élu par l'arrondissement de Gand Congressiste élu par l'arrondissement de Gand(Extrait et traduit de : H. BALTHAZAR, dans Nationaal Biographisch Woordenboek, Bruxelles, Palais des Académies, 1966, tome II, pp. 165-166)
DELEHAYE Josse Joseph, avocat, bourgmestre, président de la Chambre des représentants.
Né à Gand le 28 mai 1800 ; décédé à Outryve le 22 septembre 1888. Fils de Jean-Baptiste Joseph, orfèvre, et de Marie Thérèse Josèphe Couteaux. Marié à Anna Lucia Dael.
Delehaye est né dans une famille de la classe moyenne dont le nom ne s’était pas manifesté avant 1830 dans la vie politique gantoise avant 1830. Il étudia le droit à la jeune université de Gand. Son mariage avec Anna Lucia Dael le mit en contact étroit avec plusieurs figures influentes de la haute bourgeoisie. Il obtint sa première fonction publique en 1828. Le 9 juin de cette année, il est élu officier de la garde bourgeoise nouvellement instituée. Son premier rôle d’importance dans la vie politique survint avec l’insurrection de 1830. Malgré son jeune âge il est choisi pour siéger au sein du Congrès national. Son rôle y fut assez effacé, et dans ses votes, qui suivaient toujours la majorité des opinions, rien ne permettait d’imaginer l’homme de combat qu’il allait devenir plus tard.
La Société patriotique le proposa comme candidat au parlement et le 29 août 1831 il est élu à la Chambre des représentants. Son mandat s’acheva le 6 novembre 1832. C’est alors que, profitant du manque de personnel dans les cadres de magistrature, il est nommé procureur du roi à Gand. Un retentissant incident le ramena quelques années plus tard à l’avant-plan de l’actualité. Dans un contexte de conflit croissant entre les partis, Delehaye avait pris position contre le gouvernement de Theux, à qui il reprochait ses manœuvres pour empêcher l’émergence d’une opposition politique. Il se représenta donc pour l’élection législative dans un groupe d’opposition et de tendance catholico-démocratique, sur la liste du Journal des Flandres et du journal Den Vaderlanden. Sur quoi, le ministre de la Justice, Jean-Baptiste Nothomb, le releva de ses fonctions. Cet incident provoqua des troubles à Gand et contribua à accroître sa popularité. Le 11 juin 1839, il redevint représentant à la Chambre. Entre-temps, il était également devenu conseil provincial en 1836. En 1845, il devint conseiller communal à Gand. Son attitude critique contre le gouvernement, ses relations familiales avec les milieux industriels et commerciaux et les disputes entre les catholiques démocrates et Mg. Delebecque, l’évêque de Gand, poussa Delehaye dans le camp libéral. Au congrès libéral de 1846, il fut l’un des représentants de la ville de Gand.
Son auréole d’ancien membre de l’Assemblée constituante lui ouvrit la porte à des fonctions plus respectables. Le 14 novembre 1849, il devint le deuxième vice-président de la Chambre puis, le 13 novembre 1850, son premier vice-président. Toutefois, progressivement, il commença à s’éloigner de ses amis libéraux. Lorsque sous la pression de plus en plus forte des catholiques, la majorité libérale commença à s’effriter, Delehaye passa avec d’autres libéraux dans l’opposition. C’est grâce au soutien des catholiques que Delehaye succéda le 28 décembre 1854 à Constant de Kerkhove de Denterghem en tant que bourgmestre de Gand. Au Parlement aussi, la rupture avec les libéraux fut consommée : il pesa de son influence sur la formation du cabinet Dedecker et fut par la suite choisi le 30 mars 1855 comme président de la Chambre. Inévitablement, c’est sur sa personne que se focalisa désormais la propagande libérale. Sous l’appellation « Dok den draaien » (littéralement : « le copain des opportunistes »), il fut le centre de mire d’une polémique particulièrement virulente. Le triomphe libéral de 1857, tant aux élections communales qu’aux élections législatives, lui fit perdre à la fois son siège de bourgmestre et celui de parlementaire. Le 2 août 1870 et jusqu’en 1878, il fut de nouveau membre de la Chambre et cette fois, sans incident. Il se retira ensuite définitivement de la vie politique. Cette forte personnalité était prédestiné à la politique. Dans ces innombrables interventions au conseil communal, au conseil provincial, au Congrès national et au Parlement il se révéla être un politicien à la fois intelligent, franc et pragmatique.